COMMENT ERIC PIOLLE PRÉPARE LA SUPPRESSION DES PISCINES

Eric Piolle et ses élus sont en train de consciencieusement programmer la disparition des piscines à Grenoble. Au mépris de leurs engagements de campagne.

LE SYSTÈME PIOLLE PROMETTAIT DE RÉNOVER

Dès la campagne de 2014, Eric Piolle fait de grandes promesses pour les piscines : il s'engage ainsi à lancer un "plan piscines" en lien avec la Métropole. Cette promesse sera renouvelée pour les élections de 2020 : Céline Mennetrier, devenue ensuite adjointe aux sports, expliquait que "nos équipements aquatiques ont besoin d'être rénovés" et assurait que ce serait une priorité. 

piscine grenoble
Comme d'habitude, les promesses des Verts/LFI n'engagent que ceux qui les croient.

RÉSULTAT : 2 PISCINES FERMÉES...

On voit aujourd'hui ce qu'il reste de ces promesses. La piscine des Iris à la Villeneuve a fermé dès 2015 et ne rouvrira pas. Les mêmes qui dénoncent le coût des équipements aquatiques vont dépenser 900 000 euros pour la transformer en halle "transitoire"... sans savoir ce qu'ils feront en définitive. En 2019, c'est la piscine Vaucanson vers Mistral / Bachelard qui a fermé. La fermeture était censée être temporaire et est devenue définitive. Déjà petit à petit, la Municipalité a entamé le torpillage des équipements aquatiques. À noter que les quartiers populaires du sud de la ville sont les premiers à subir ces fermetures.

...ET JEAN BRON PERD DES USAGERS

Du côté d'une des seules piscines restantes, la bien connue piscine Jean Bron situé à Championnet, la situation n'est pas pour autant meilleure. À l'été 2022, celle-ci avait perdu de l'ordre de 40 000 usagers par rapport aux années précédentes. Il faut dire que les polémiques à répétition avec le burkini qu'Eric Piolle a tenté d'autoriser, ou les bandes de ""jeunes"" qui font régner la terreur à la piscine et dans le quartier, agressant à répétition une commerçante dans l'indifférence municipale, n'ont rien arrangé à l'image et l'attractivité de cette piscine. 

L'épicerie à Championnet cible de vols et la commerçante agressée par des bandes sorties de la piscine Jean Bron tout au long de l'été dernier.

LES VERTS AVANCENT MASQUÉS

Jusque-là, les élus piollistes avançaient plutôt masqués. Pour justifier le lâchage, ils s'abritaient principalement derrière les coûts d'entretien de ces équipements (tout est question de priorités dans un budget, et si Eric Piolle engageait les réformes de structure que lui propose l'opposition, il pourrait entretenir les piscines). Ponctuellement, ils laissaient poindre la vraie raison de leur manque d'ambition pour les piscines (à part en période électorale, nous l'avons vu) : pour eux, elles représentent un problème écologique. En 2019, la ville communique ainsi sur le fait que ces équipements représentent 40% des émissions de gaz à effet de serre de... la direction des sports de la ville ! Le % fait peur et c'est l'objectif des élus Verts, mais chacun se rend bien compte de la minuscule goutte d'eau que représente la direction des sports, à l'échelle de la ville, de la métropole... de la planète.

ANNE-SOPHIE OLMOS LÂCHE LE MORCEAU

Mais la supercherie n'a pas tenu longtemps. En novembre 2021, devant des parents d'élèves, l'élue Anne-Sophie Olmos (EELV/LFI) lâche que les piscines sont "des aberrations économiques, écologiques et sanitaires" et qu'elles disparaitront "à moyen terme". Voilà qui a le mérite d'être clair. Mais face à la polémique, le système Piolle réagira par un gros mensonge en expliquant qu'ils n'envisagent pas de fermetures de piscines municipales. Un peu tard puisque les Iris et Vaucanson étaient déjà fermées. Et la suite ne va pas non plus en ce sens...

Piscine Vaucanson. "Piolle nous fait suer" avaient collé des Grenoblois. Et ce n'est pas près de s'arrêter avec les Verts.

UNE ÉTUDE CONFIÉE À UN CABINET D'IDÉOLOGUES

À peu près à la même période, une étude sur l'avenir des piscines est lancée par la majorité municipale. Le Dauphiné en révèle hier les grandes lignes. Jamais cette étude n'a été débattue, ni même présentée, en conseil municipal. Elle a été confiée au laboratoire de recherches "Origens Medialab". Cette structure pense et parle exactement comme les Verts. Elle agite les concepts d'anthropocène et disserte sur la crise écologique qui, selon eux, "oblige à radicaliser certaines options". Le ton est donné. Mais nous sommes dans l'idéologie pure, malgré l'appellation "laboratoire de recherches". Leur équipe ne comporte absolument aucun scientifique compétent en matière d'environnement (voir leur site). Elle est composée de sociologues, de philosophes, d'enseignant en sciences de gestion, en design... En outre, l'étude part d'un biais préalable : il faudrait forcément renoncer aux piscines, et le laboratoire développe ses hypothèses à partir de cette affirmation non débattue alors que largement contestable.

UN "PROTOCOLE DE RENONCEMENT DÉMOCRATIQUE" 

Car le grand concept d'Orgiens n'est autre que le "protocole de renoncement démocratique". Jolie formule qui veut en fait dire : enfumer les citoyens en leur faisant croire qu'on leur enlève des services pour leur bien. La ville avait déjà testé ce protocole, avec le même labo, pour enquêter avec des grenoblois tirés au sort sur "les limites planétaires" et les renoncements à "choisir" pour y faire face. "Renoncements" qu'Eric Piolle, au détour d'une interview que vous pouvez lire ici, préfère qualifier de "choix éclairés". Le glissement est dangereux : les Verts piollistes se rangent du côté des idéologues qui ont abandonné le concept de résilience, d'adaptation face au changement, pour tomber du côté de ceux qui veulent imposer aux citoyens de renoncer à des éléments qui font partie de leur quotidien. 

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Extrait d'un article de la gazette des communes. Xavier Perrin, agent de la ville qui a bien appris les éléments de langage de ses élus de tutelle, défend le "protocole de renoncement démocratique aux piscines municipales"...

A. BACK (VERTS/LFI) : "VOIR CE À QUOI IL EST RAISONNABLE DE RENONCER"

Sans surprise, le protocole adopté pour l'étude sur les piscines est le même. Et l'inénarrable adjoint Antoine Back (Verts/LFI) explique au Dauphiné que "le but est de voir ce à quoi il est raisonnable de renoncer". Voilà qui est clair : adieu les piscines que connaissent encore les Grenoblois. Très sûr de lui, il affirme que "l’accès à la baignade en 2080 ne se fera plus forcément dans les grands équipements comme ceux conçus dans les années 60…". 

LE LABO ET LES ÉLUS PIOLLISTES PENSENT À ... 2081

Car les scénarios étudiés parlent de l'année... 2081. Pas 2040, 2079 ou même 2080. Nos phares de l'occident locaux, incapables de gérer des problèmes très simples en 2023, prétendent expliquer comment devront être organisées les baignades dans 60 ans. Et le moins qu'on puisse dire, c'est que ça ne fait pas rêver.

3 SCÉNARIOS QUI NE FONT PAS RÊVER

Premier scénario : les piscines municipales (ce qu'il en reste en réalité) seraient maintenues mais le nombre de piscines privées "réduit et plafonné" avec une liste d'attente (on retrouve ce traditionnel goût pour la liberté de nos chers écologistes). Deuxième scénario : on fait en sorte d'avoir une piscine ouverte  24h/24 et 7j/7 (la ville est déjà exsangue financièrement, la dette et l'impôt crèvent les plafonds : une explosion des dépenses de fonctionnement de ce type est tout simplement impossible). Troisième scénario : selon la température, on interdit aux nageurs de venir à la piscine pour accueillir ceux qui viennent pour la fraicheur, et les animaux de compagnie. Voilà à quoi ressemble le "futur désirable" des Verts, qui évoquent aussi l'idée déjà avancée petit à petit pour d'autres domaines de moduler les subventions selon les "pratiques écologiques" des clubs de natation. Étant entendu que leur but ultime est de se passer un maximum des piscines, pour trouver d'autres moyens "d'accès à la baignade"...

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Les élus ne parviennent pas à assurer l'ouverture normale d'une piscine en 2023, mais ils prétendent penser la baignade en 2081.

LES GRENOBLOIS PAYERONT CHER CES ORIENTATIONS

Quoi qu'il en soit, les Grenoblois payeraient très cher une orientation politique qui fragilise les piscines encore existantes. D'abord pour l'enjeu de santé publique que représente l'apprentissage de la natation : on ne peut pas apprendre à nager à des enfants dans une fontaine (et même si c'était possible, encore faudrait-il que celles-ci soient en eau à Grenoble !). Et ensuite pour l'enjeu de l'accès à la fraicheur. Les piscines sont le seul endroit où de nombreux Grenoblois qui ne partent pas en vacances peuvent se baigner (ce n'est pas l'hypothétique lac grillagé à la Villeneuve, projet vivement contesté, qui remplacera cette fonction). 

UN CONTRESENS DANS LA VILLE N°1 POUR LES ILOTS DE CHALEUR

Cet enjeu de fraicheur sera d'autant plus primordial qu'Eric Piolle, par ses choix en matière d'urbanisme, est en train de réchauffer Grenoble à vitesse grand V. Sous les assauts de sa politique de bétonisation à outrance depuis 10 ans, Grenoble est devenue l'an dernier la première ville de France hors Paris pour les ilots de chaleur. Un titre dont on se passerait qui se cumule à une autre triste statistique : nous sommes 27ème ville sur 31 pour la part d'espaces verts en ville. Le bilan désolant d'Eric Piolle rendra d'autant plus nécessaire l'accès à l'eau pour les Grenoblois afin de leur permettre de se rafraichir. 

LA MÉTRO VA DANS LE SENS DE LA RÉNOVATION

Pendant que les Verts/LFI s'enfoncent sur le terrain de la suppression des piscines à Grenoble, la Métropole est pour l'instant dans une logique inverse. Lors du dernier conseil métropolitain, les élus ont adopté un plan visant à aider les communes à réduire la consommation énergétique et en eau de leurs piscines. C'est exactement cet argument de la consommation qu'utilisent les Verts pour justifier leur fermeture. Et pourtant, la Métropole fait un choix tout autre en mettant de l'argent sur la table, en lien avec le Département, avec l'objectif assumé d'éviter toute fermeture de piscines. Un bel exemple d'opposition entre ceux qui n'ont que la contrainte et le renoncement à la bouche, et ceux qui se dirigent vers des solutions techniques pour adapter les équipements et les maintenir à flot. 

L'intervention de Dominique Spini à propos du plan piscines au nom du groupe d'opposition présidé par Alain Carignon.

LE COEUR DU FONCTIONNEMENT PIOLLESQUE

Ce sujet des piscines à Grenoble est symbolique de nombreux travers du fonctionnement du système Piolle. C'est l'histoire d'une promesse de campagne renouvelée qui n'a pas été respectée une seule seconde. C'est l'histoire d'élus pétris de l'arrogance de leur idéologie, persuadés de détenir une vérité unique alors que tout temps, le génie humain et le progrès technique ont permis de s'affranchir des idéologues. C'est enfin l'histoire d'un Maire féru de densification qui a engagé sa ville sur la pente du réchauffement et des ilots de chaleur, et qui ose maintenant s'attaquer à des équipements qui permettraient aux Grenoblois de se rafraichir. Eric Piolle aura réussi à transformer tout ce qu'il a touché en plomb. Ses successeurs auront une montagne de travail pour redresser le bateau Grenoble. 

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