LE PS VA-T-IL SE RANGER DERRIÈRE LES VERTS/LFI POUR LES MUNICIPALES ?

L’émission « Dimanche en politique » sur France 3 Alpes hier revenait sur le bilan d’Eric Piolle et les élections municipales à venir à Grenoble.

INVITÉS : LE PS ET LE PCF

Jordan Guéant (France 3) recevait les journalistes Eve Moulinier (Dauphiné Libéré) et Théo Hetsch (France Bleu Isère), ainsi que Cécile Cenatiempo (conseillère municipale « d’opposition » du groupe PS et conseillère déléguée à la métropole) et Emeric Vibert (secrétaire de section du Parti communiste à Grenoble). Le bilan de la gauche vu par la gauche donc.

Cécile Cénatiempo (PS) était l'invitée de Dimanche en politique sur FR3 Alpes.

LE VÉLO PORTÉ AUX NUES…

L’émission a commencé par les aspects du bilan Piolle vus comme positifs par les invités. C’est l’époque : chacun y est évidemment allé de sa petite phrase dithyrambique sur le vélo (malgré les promesses non tenues et les critiques d’experts en la matière). Le « plan écoles » a également été porté aux nues (malgré les retards pour nombre d’établissements, et le sujet du périscolaire très problématique pour les enfants et parents).

« PAS DE GRANDE RÉALISATION QU’ON RETIENDRA »

Théo Hetsch (France Bleu) a ensuite pointé que les mandats Piolle ne comportent « pas de grande réalisation qu’on retiendra pour l’avenir ». Citant le fait qu’il n’y aura même pas eu une ligne de tram supplémentaire. Il a également évoqué, en point noir, les embouteillages (nous sommes l’une des pires villes en la matière).

LE PCF PRO « MAILLOT DE BAIN COUVRANT »

Eve Moulinier (le Dauphiné) est quant à elle revenue sur l’affaire du burkini, évoquant les dégâts pour l’image de la ville et l’explosion de la majorité que ce sujet a entraîné. Alors qu’Isabelle Peters, 1ère adjointe PCF, à voté pour, le secrétaire de section communiste Emeric Vibert a évidemment défendu le morceau avec une belle mauvaise foi. Il a ainsi expliqué qu’il préfère parler de « maillot de bain couvrant car c’est un peu plus incluant »… et a même osé avancer que « ça peut être porté par des hommes ». Les révolutionnaires d’hier font désormais dans la soumission et le justifient par des contorsions sémantiques qui n’ont rien à voir avec la réalité.

Cécile Cénatiempo (PS) et Emeric Vibert (PCF) sur le plateau de FR3 hier.

DÉSACCORD (DE FAÇADE) SUR LES IMPÔTS

Au rang des problèmes, Cécile Cenatiempo (PS) s’est indignée de l’augmentation massive d’impôts. Une dénonciation purement politicienne puisqu’elle appartient au camp de ceux qui les avaient aussi augmenté, en 2009 : socialistes et Verts ont ce même goût pour la hausse de fiscalité. Emeric Vibert a lui défendu le choix de ses camarades par le fait que l’état se désengagerait des communes. Argument aussitôt balayé par Jordan Guéant qui lui a rappelé à juste titre qu’aucune autre commune n’a augmenté les impôts comme Grenoble

LES PROPRIÉTAIRES VACHES À LAIT

Vibert a alors changé de braquet pour expliquer que la hausse est nécessaire pour « la cantine gratuite, les transports gratuits.. ». À ce niveau de mensonge (on ne voit évidemment la couleur ni de l’un ni de l’autre) on commence à se faire une idée du personnage. Ceux qui payent plein pot le remercieront. Le jeune communiste se permettant également d’expliquer que l’augmentation massive n’est pas un problème car 2/3 des grenoblois ne sont pas propriétaires (NDLR : et beaucoup de ces derniers ne votent pas à Grenoble alors qu’ils le pourraient, donc la municipalité se fiche d’eux)… avant de reconnaître tout seul que la hausse se répercutera aussi sur le loyer des locataires. Le parti héraut des classes populaires a décidément bien changé.

LE RECUL DU SERVICE PUBLIC

Theo Hetsch (France Bleu) a de son côté expliqué que Grenoble s’en sort financièrement au prix de cette hausse d’impôts (elle permet en effet de tenir jusqu’aux prochaines municipales avant le mur financier). Mais il a relevé le bilan « en demi teinte » (euphémisme) pour le service public : alors que le candidat Piolle promettait 0 fermeture de service public en 2014, le Maire Piolle a supprimé 2 bibliothèques dans les quartiers, mis fin au Plateau à Mistral, s’est attaqué à La Cordée à Villeneuve..

Après le plateau, la cordée, la MJC Mutualité (rue Joseph Chanrion) est aussi en danger après des suppressions de subventions municipales. Sous Piolle, l'éducation populaire a été sabrée.

LE PCF "OBLIGÉ" DE SOUTENIR LE DÉMANTÈLEMENT DU SERVICE PUBLIC

"Est-ce que c'est digne d'une politique de gauche ?" a fait mine d'interroger Jordan Guéant. Réponse lunaire du PCF : « non pas vraiment mais c’est des choses qu’on est obligés de faire (...) nous on est contre la fermeture mais le principe de réalité nous rattrape ». Les salariés du Plateau, les bibliothécaires seront ravis d'apprendre que les communistes étaient contre mais ont voté pour car "obligés" (par qui ?..) de le faire. À quoi ça tient les convictions quand il faut conserver ses postes au sein d'une majorité.

GUERRE DE SUCCESSION : PIOLLE À LA MANOEUVRE

Le sujet de la guerre de succession de Piolle s'est ensuite invité dans les débats. Eve Moulinier commençant par expliquer que « les ambitions naissent et sont contrecarrées par les volontés de certains, notamment d’Eric Piolle ». "Ce n'est pas vraiment l'équipe qui va désigner la tête de liste ?" s'est alors permis d'interroger avec malice Jordan Guéant, car cette dernière partie de la phrase va à l'encontre de ce qu'affirmait Eric Piolle sur les antennes de France 3 il y a quelques mois. Haussement d'épaules et sourire entendu d'Eve Moulinier. Piolle n'a beau pas être candidat à sa succession, il est à la manœuvre pour choisir qui sera le candidat des Verts.

"L'ARC HUMANISTE S'EFFRITE"

Une ingérence qui ne sera sans doute pas du goût des alliés des Verts. Les relations ne sont pas au beau fixe, Théo Hetsch résumant l'ambiance très clairement : "plus l’échéance approche plus cet arc humaniste s’effrite". Le bilan Piolle divise au sein même de son camp, et la question du leadership politique pour la suite également : les Verts ne se voient pas perdre la tête de liste, mais les insoumis montrent les crocs alors qu'ils ont fait les meilleurs scores de la gauche aux présidentielles et législatives à Grenoble.

Le groupe des exclus de la majorité aura également un rôle à jouer pour les municipales.

LE PCF ET LE PS DISCUTENT...

Conscient du rejet du piollisme, le PCF a lancé fin décembre un appel désespéré à l'union des gauches ("on dit que Grenoble n’est pas un acquis pour la gauche, et que les choses peuvent basculer si on ne se mobilise pas"). Appel qui inclut... le PS. Sur France 3 Alpes, Cécile Cénatiempo, pas très à l'aise sur le sujet car ne voulant pas trop s'avancer, a confirmé avoir des appels du pied d'autres personnes mais ne participer qu'aux discussions avec le PCF "et les partis de gauche" pour voir si "les désaccords qu’on a eu depuis 10 ans sont dépassables". Elle a à cette occasion confirmé la grande proximité du PS grenoblois et de la majorité Verts/LFI : « on vote beaucoup de choses, il faut se le dire, c’est normal ils sont de gauche nous sommes de gauche ».

LE "CIMENT D'UNE MAJORITÉ QUI EN MANQUE"... 

À la question de la tête de liste de cette possible union de la gauche, le représentant du PCF a botté en touche, expliquant que son parti ne la revendique pas forcément et se voit plutôt "comme le ciment d’une majorité qui en manque". "On essaye d’apporter un peu de démocratie dans la majorité" a-t-il cru bon d'ajouter, confirmant le fonctionnement autocratique et brutal du système Piolle...

NICOLAS KADA (Verts), NOUVEAU CHOUCHOU DE PIOLLE ?

Eve Moulinier a alors évoqué la possibilité de Margot Belair (EELV, l'une des adjointe les plus sectaires) comme tête de liste qui a été pressentie à une époque : une hypothèse qui n'a semble-t-il pas plu à Cécile Cénatiempo, visiblement énervée, qui a sèchement coupé court au débat en expliquant que la tête de liste ne se décidera pas toute seule car les militants "et les autres partis" doivent pouvoir s'exprimer. Trois autres noms ont été évoqués : Maud Tavel et Lucille Lheureux (désormais démonétisées également), mais surtout... Nicolas Kada. L'adjoint au social, Vice-Président du CCAS serait en effet la dernière hypothèse qui monte pour porter le drapeau Vert. Un profil idoine : c'est lui qui avait acté la soumission de la municipalité aux dealers lorsque ces derniers avaient imposé une fermeture de crèche à la Villeneuve... 

creche grenoble
En 2021, sous la pression des délinquants qui avaient menacé le personnel, la crèche de la Villeneuve avait due fermer... Nicolas Kada avait immédiatement réagi... en expliquant qu'il est "crucial" que « l’animosité du groupe de personnes ayant commis des violences envers la crèche ne soit pas exacerbée » (!). Ce serait la future tête de liste de Piolle ?

CÉCILE CÉNATIEMPO (PS) ACCEPTERAIT UNE TÊTE DE LISTE INSOUMISE

La possibilité d'une tête de liste de la France Insoumise a semblé faire davantage consensus auprès du PCF et du PS. Emeric Vibert expliquant que ça pourrait effectivement être un insoumis, et qu'ils sont ouverts aux discussions (même s'il les appelle à "dépasser Mélenchon (...) on ne peut pas appeler Jean-Luc à chaque décision"...). Également interrogée sur cette éventualité, Cécile Cénatiempo, très gênée, a dénoncé une "question piégeuse" (seulement pour ceux qui veulent entretenir le flou), puis a expliqué que tout dépend du projet, du bilan etc., pour finalement admettre qu'elle n'est pas fermée à l'idée (et se sent plus proche de la ligne Ruffin que Mélenchon)... Ça tombe bien, un certain Alan Confesson, adjoint LFI particulièrement dogmatique, est très proche de la ligne Ruffin : de quoi lui faire pousser des ailes, lui qui ne vit que de la politique et a déjà les crocs ?

LE PS SUIVRA LES CONSIGNES NATIONALES

Les contorsions de Cécile Cénatiempo tiennent notamment au fait que « dans une ville comme Grenoble, le national aura un poids ». À de nombreuses reprises, elle s'est abritée derrière le fait qu'il faudra une décision du PS avant que les socialistes grenoblois ne fassent un choix. Il faut comprendre qu'elle suivra en fait les consignes nationales et s'alliera aux Verts/Rouges si le parti en décide ainsi (comme pour la NUPES en 2022). Du côté des socialistes, l'avenir des Grenoblois s'écrit donc dans des bureaux parisiens. Et pas du tout à partir du bilan et du contexte local.

L'ALTERNANCE À GRENOBLE NE VIENDRA PAS DU PS 

Cette émission a au moins le mérite de confirmer trois éléments majeurs en vue des prochaines municipales. Premièrement, le PS grenoblois a toutes les chances de finir supplétif des Rouge/Verts et de négocier sa place sur la liste des successeurs de Piolle : ceux qui espèrent un changement ne peuvent donc pas compter sur les élus socialistes Cécile Cénatiempo, Hassen Bouzeghoub, Romain Gentil. Deuxièmement, ce ralliement opportuniste du PS aux Piollistes ouvrirait un espace pour des personnalités de gauche qui ne se reconnaissent pas dans le bilan Piolle : des initiatives existent déjà en ce sens.

Et troisièmement, alors que le groupe d'opposition présidé par Alain Carignon a aujourd'hui largement le leadership pour l'alternance à Grenoble, il appartiendra à ceux qui partagent sincèrement ce désir de changement de prendre leurs responsabilités et de s'associer à cette dynamique, seule porteuse d'espoir pour éviter la reconduction des mêmes 6 années de plus.

5 Comments

Laisser un commentaire

"LES INFORMÉS" : LES COULISSES DE LA VIE GRENOBLOISE !

X