GRENOBLE : NOUVELLE HAUSSE D’IMPÔTS DANS TROIS ANS ?

Eric Piolle accorde cette semaine un entretien de mi-mandat à l'hebdomadaire "L'Essor Isère"... dans lequel il laisse planer la menace d'une potentielle hausse d'impôts en début de prochain mandat. 

BILAN : ON VERRA EN... 2040 !

Interrogé par le journaliste Thomas Richardson sur le taux de réalisation de son programme, alors que nous avons dépassé la mi-mandat, Eric Piolle botte d'entrée de jeu en touche en expliquant que "le format" de ses promesses de 2020 ne se prête pas trop à la question, et que "l'horizon c'est 2040". Toujours cette technique qui consiste à faire miroiter le futur le plus lointain possible pour faire oublier la gestion présente.

LES ÉCHECS MIS EN AVANT

Le Maire ose tout de même expliquer qu'il y a "plein de choses de faites", citant... l'alimentation scolaire (le menu végétarien imposé comme norme a pourtant été refusé par 95% des parents) ou l'éducation populaire (la municipalité a supprimé pas plus tard que cette année les conventionnements de deux associations majeures, La Cordée à Villeneuve et le Plateau à Mistral !). Les projets "long terme" qu'il évoque ne font pas plus rêver : l'esplanade (les riverains s'élèvent déjà contre le projet d'aménagement prévu) et le lac de la Villeneuve (les habitants du quartier rejettent fermement la lubie de la municipalité).

Le Plateau accueillait jusqu'à 500 habitants par jour pour de multiples activités. En mettant fin au conventionnement sans proposer d'alternative, Eric Piolle a créé un vide énorme. Et il ose dire que "plein de choses ont été faites" pour l'éducation populaire. Capture d'écran Le Dauphiné.

PIOLLE RÉÉCRIT L'HISTOIRE DE LA GUERRE AVEC FERRARI

Interrogé sur ses relations avec le Président de la métropole Christophe Ferrari, Eric Piolle se paye ensuite le luxe de réécrire l'histoire de cette guerre qui paralyse la métropole depuis 2020, tentant de faire croire que Lui est ouvert au dialogue (prière de ne pas rire) et que ce serait un sujet de relations métropole/ville-centre.  Alors qu'il s'agit d'une querelle pour des postes (le candidat des Piollistes, Yann Mongaburu, ayant été battu par Christophe Ferrari pour la présidence) qui s'est transformée en haine, et que c'est bien le comportement des élus Verts/LFI qui sclérose le fonctionnement de la collectivité.

L'AUTORITARISME QUI FAIT DES DÉGÂTS...

Car au fond, c'est bien cet autoritarisme et cette incapacité à se remettre en question qui caractérisent le mieux Eric Piolle. Questionné sur les élus exclus de la majorité, il explique qu'ils auraient pu ne pas voter le budget et s'exprimer contre en quittant la majorité d'eux mêmes ; mais que s'ils le votent, ils doivent se taire. Il assume donc les avoir exclu simplement pour avoir exprimé de légers doutes. La majorité est tenue en laisse par le noyau dur du système et n'a d'autre choix que de se taire et de suivre docilement. Les élus exclus qui l'ont "découvert" sur le tard sont d'autant plus virulents contre leur ancien maitre, crédibilisant désormais le travail du groupe d'opposition à chacune de leurs sorties. 

Les 7 exclus de la majorité (dont 2 adjoints et un VP métro) pour avoir émis un petit doute quant à la hausse d'impôts. Une expression de trop pour Son Éminence.

... MAIS PIOLLE CROIT À LA "CRÉATION COLLECTIVE" !

Dans la même interview que celle où il assume donc abattre (politiquement) de sang-froid ceux de sa majorité qui toussotent pour faire entendre une légère dissonance, au milieu d'une partie de l'entretien qui vise à le rendre plus sympathique en parlant de ses lectures de chevet, Eric Piolle ose tout de même expliquer qu'il croit à la "création collective" comme méthode de management ! On touche là au summum de l'hypocrisie avec cette assertion. À moins que "collectif" signifie pour lui "je décide seul et impose, les autres exécutent" ? 

TAXE FONCIÈRE : NOUVELLE ARNAQUE SÉMANTIQUE 

Arrive ensuite le sujet des impôts. Le Maire se veut rassurant. D'une part il bricole une arnaque sémantique spectaculaire, même pour les observateurs habitués à ses contrevérités : pour lui, Grenoble ne serait pas recordman de l'impôt si on compare "l'augmentation cumulée des autres villes depuis 15 ans". Forcément, dans l'intervalle, Grenoble a moins augmenté que les autres et pour cause : elle était déjà parmi les premières villes pour l'impôt (4ème de sa strate). Mais désormais et quelle que soit la fumisterie de langage tentée par Piolle, après son +32%, la situation est très claire : Grenoble est dans le top 3 des plus fortes hausses de l'année, et 1ère des 50 plus grandes villes de France pour l'impôt. 

PAS DE HAUSSE... AVANT LES MUNICIPALES !

Pour faire avaler la pilule, il prend tout de même l'engagement qu'il n'y aura plus de hausse... dans les trois prochaines années. Considérant qu'il avait déjà expliqué pendant la campagne de 2020 qu'il n'augmenterait pas les impôts pendant ce mandat, on connait la valeur de ses promesses. Mais admettons qu'il dise vrai : il repousse une éventuelle hausse d'impôts au début du prochain mandat, confirmant que le matraquage des propriétaires voté cette année, au creux du mandat, vise juste à lui donner les moyens de tenir jusqu'aux prochaines municipales.

LES ALERTES DE L'OPPOSITION (ENCORE) VALIDÉES

C'est exactement ce triste scénario que le groupe d'opposition d'Alain Carignon a anticipé : une augmentation pour tenir la tête hors de l'eau jusqu'au prochain mandat et laisser les décisions difficiles à ses successeurs, mais une nouvelle hausse qui s'annonce inéluctable si la municipalité continue de creuser les dépenses de fonctionnement et persiste à refuser les réformes de structure et solutions de mutualisation qui s'imposent. L'opposition multiplie les propositions d'action en ce sens pour éviter un nouveau matraquage fiscal. Aux prochaines élections, les Grenoblois auront le choix entre le courage de réformer pour redonner des marges de manœuvre financière à la ville et en finir avec la spirale de l'impôt et de la dette... ou la fuite en avant et de nouvelles augmentations inévitables.

En conseil municipal, Alain Carignon annonce que la ville sera à nouveau dos au mur si nous ne revoyons pas son organisation comme il le propose.

L'UNION DES PROPRIÉTAIRES IMMOBILIERS VEUT LE BLOCAGE DE L'IMPÔT

Jérôme Aubreton, Président de l'UNPI38 (Union Nationale des Propriétaires Immobiliers), s'inquiète lui aussi de futures hausses potentielles dans un article paru hier dans le Dauphiné. Après avoir rappelé l'injustice de cette taxe et que "quand on a une hausse de 30 %, c’est normalement pour financer un grand projet politique, mais je n’en vois pas", il sollicite "le blocage de la taxe foncière car rien ne nous dit que, l’an prochain, elle n’augmentera pas de nouveau". On ne peut que lui donner raison, même si on doute qu'il sera entendu par les Piollistes dépendants de l'impôt puisque incapables d'économies.

INSÉCURITÉ : IL NE PREND MÊME PLUS LA PEINE DE FAIRE SEMBLANT

Place ensuite à un autre sujet. Sur l'insécurité qui "dégrade l'image de la ville", dixit le journaliste, Eric Piolle ne prend même plus la peine de faire semblant d'agir. Il se contente de répéter comme un robot que la ville se "coordonne", est "en lien" avec l'État, ce qui ne fait absolument rien avancer alors même que la situation dégénère partout (le Dauphiné d'hier consacre par exemple une pleine page aux grands boulevards qui connaissent trafics, rodéos et prostitution). Seule action vantée par Piolle : "une campagne de communication à destination des consommateurs"... c'est à dire deux spots vidéos postés sur les réseaux de la ville et vus par à peu près personne !

Quelques centaines de vues pour le spot vidéo sur la page Facebook de la ville : voilà la grande campagne anti drogue de la municipalité.

LOGEMENT : DONNER D'UNE MAIN CE QU'ON PREND DE L'AUTRE ET CONTINUER LE DÉSASTRE

En matière de logement, le Maire confirme que son objectif est de continuer à urbaniser pour carrément dépasser le seuil de logements sociaux imposé par la loi en mettant "du logement social disséminé partout". Une poursuite de cette politique de densification/paupérisation dont nous avons pourtant l'exemple des dégâts sous les yeux, que ce soit à long terme (Villeneuve...), à moyen-terme (Vigny-Musset) ou même à court-terme (les "écoquartiers" Flaubert et Presqu'ile où déjà apparaissent des signes de "fragilité", comme la novlangue de l'administration Rouge/Verte le dit pudiquement). Il vante aussi une nouvelle convention passée lors du dernier conseil pour attribuer 1,8 millions d'euros par an à ACTIS pour la réhabilitation des logements. Une somme qui peut paraitre coquette mais qui n'est rien comparé à la hausse des dépenses que subit le bailleur à cause de ... l'augmentation de taxe foncière !

URBANISME : UNE DOCTRINE CATASTROPHIQUE

Pour l'urbanisme, Piolle confirme que sa seule doctrine consiste à rogner sur les espaces de fraicheur existants. On savait déjà qu'il est contre l'étalement urbain, donc nécessairement pour la densification de la ville-centre. Après avoir confirmé qu'il veut construire davantage, il explique aussi à l'Essor ne pas être favorable au fait de construire plus en hauteur. Son équation urbanistique est donc simple : construire plus, dans la ville-centre, mais pas en hauteur, c'est nécessairement le faire au détriment des espaces verts et des arbres, comme on peut le voir dans tous les quartiers. Et ce au détriment de la qualité de vie des Grenoblois et de l'objectif de neutralité carbone. Un contresens dans la lutte contre le réchauffement : en 2022, nous sommes devenus 1ère ville de France hors Paris pour les îlots de chaleur.

Grenoble est aussi 27ème sur 31 villes intermédiaires pour la part de nature en ville !

POLLUTION : LA SURENCHÈRE ET L'IRRESPONSABILITÉ

Avan-dernier sujet abordé : la pollution. Après avoir rappelé que Grenoble dépasse encore les seuils de l'OMS pour la qualité de l'air, Eric Piolle dévoile sa proposition pour y remédier. Et ce n'est ni s'attaquer à la rénovation énergétique ni aux chauffages polluants, non : il a... attaqué l'État en justice pour son plan de protection de l'atmosphère. Comme pour l'hébergement d'urgence, un contrefeu pitoyable pour faire oublier sa propre responsabilité. Côté ZFE, même tartufferie : il déplore un manque de moyen national alors qu'il plaide pendant ce temps pour la déployer plus vite et plus fort, quand bien même ce serait une catastrophe sociale !

SUCCESSION : PIOLLE EN BOUCLIER POUR TENTER LE HOLD-UP

L'entretien se clôt enfin par la question de la succession, puisque Eric Piolle a confirmé qu'il ne se représenterait pas pour un autre mandat. Sa réponse au journaliste qui l'interroge est un exercice de langue de bois, expliquant qu'ils verront quelle "personne adaptée" peut poursuivre le "processus collectif"... Mais il livre tout de même une remarque intéressante : "ceux qui voudraient connaître la tête de liste de 2026, ce sont les oppositions pour savoir sur lequel on tape. Ils me tapent dessus avec énergie mais ils ne se rendent pas compte que ça m'est égal et que ce n'est pas intéressant car je ne serai pas candidat en 2026". En creux, on sent l'arnaque venir : Eric Piolle va faire bouclier, sorte de parafoudre des critiques de la gestion municipale jusqu'au bout. Et au dernier moment, il sortira un / plus probablement une candidate de sa majorité (la sectaire Lucille Lheureux ?), qui fera vaguement renouveau alors qu'issue du noyau dur. L'idée est de la protéger jusqu'au bout pour tromper les Grenoblois qui ne suivent pas en évitant qu'elle ne soit trop associée au calamiteux bilan depuis 2014.

Lucille Lheureux (Verts/LFI), l'une des adjointes les plus sectaires et idéologues du système Piolle, se verrait bien prendre sa suite. Elle est loin de faire l'unanimité en interne.

COMPTE-À-REBOURS AVANT LA FIN DE CARRIÈRE

De son côté, le Maire confirme ses ambitions nationales, sa volonté de s'engager pour les européennes (sans être candidat) mais surtout de "créer un espace qui permette de gagner la présidentielle de 2027". Quand bien même personne ne croit ni même ne parle de lui au niveau national, où la gauche (pourtant réduite à peau de chagrin) a quantité d'autres figures plus en vue. En réalité, le compte-à-rebours avant la fin de carrière est déjà enclenché pour Eric Piolle... dont l'héritage aura été de laisser une ville fracturée, exsangue et en retard sur tous les sujets.

Pour nous rendre la personnalité politique plus sympathique (il y a du boulot), l'Essor glisse ça et là des petites infos en marge de l'entretien. Comme une info selon laquelle le Maire travaillerait 80h/semaine, après 90 à 110h lors du premier mandat : outre le fait qu'on se demande à quoi il occupe l'agenda tant il est absent des sujets grenoblois, on a confirmation que la quantité n'est décidément jamais synonyme de qualité.

Ou une énumération de 4 dates-clés évidemment très favorables au storytelling de Piolle (le licenciement pour avoir soi disant refusé un plan de licenciement, l'année capitale verte...). On relèvera que la première date choisie par Eric Piolle correspond à "l'arrivée délibérée à Grenoble pour ses montagnes et son effervescence"... en 1993, quand Alain Carignon était Maire de la ville. Si les montagnes sont toujours là, difficile d'utiliser l'adjectif "effervescence" pour qualifier Grenoble sous Piolle désormais.

Pour compléter l'Essor, nous nous permettons de suggérer 4 dates-clés alternatives :

  • 1997 : le jeune Eric Piolle, déjà ambitieux, est candidat aux élections législatives dans la 8ème circonscription de l'Isère (autour de Vienne). Score obtenu : 1,35% des suffrages.
  • 2021 : rejeté par les sympathisants de son propre parti, il termine avant-dernier de la primaire des Verts pour désigner leur candidat à l'élection présidentielle.
  • 2022 : le Maire "Vert" conduit Grenoble à obtenir le titre de première ville de France (hors Paris) pour les îlots de chaleur, selon le CNRS et Météo France.
  • 2023 : Eric Piolle est condamné en appel pour favoritisme. C'est le premier Maire EELV condamné dans une affaire politico-financière.
2 Comments

Laisser un commentaire

"LES INFORMÉS" : LES COULISSES DE LA VIE GRENOBLOISE !

X