HANDICAP / ACCESSIBILITÉ : LA RÉGRESSION DE GRENOBLE

Posted On 10 août 2023

L’Association Valentin Haüy a récemment lancé une pétition pour aider les aveugles et malvoyants à Grenoble, remettant le problème de l'accessibilité de la ville sur la table.

MALVOYANTS : LES GRANDS OUBLIÉS

La pétition, que vous pouvez retrouver ici, vise à permettre davantage d'autonomie aux personnes malvoyantes en sonorisant les feux piétons. En l'absence d'un tel dispositif, elles ne peuvent en effet pas sortir non accompagnées car dans l'impossibilité de traverser la rue sereinement : c'est un vrai frein à l'accessibilité.

10% DE FEUX SONORISÉS À GRENOBLE

Pour notre agglomération, l'association Valentin Haüy explique que 17% des feux seulement sont officiellement sonorisés aux dires des agents de la Métropole (26% selon les élus, ce qui révèle déjà un problème de communication interne)... Mais en réalité, toujours selon les aveux des agents, seuls 10% d'entre eux fonctionnent ! À Lyon, 98% des feux sont équipés.

LES CHOIX DE PIOLLE / FERRARI PÉNALISENT LES MALVOYANTS

Pire : les choix faits par Eric Piolle et le président de la métropole Christophe Ferrari pénalisent directement les personnes atteintes de déficiences visuelles. Lors du précèdent mandat, la grande opération de communication "métropole apaisée" (sur le papier seulement, on sait ce qu'il en est en réalité) a abouti à la suppression de feux de circulation. Une mesure qui restreint les déplacements des malvoyants et aggrave leur perte d'autonomie. 

LA TENTATIVE DE SUPPRESSION DU FEU AGUTTE SEMBAT / BONNE

Le Dauphiné Libéré, qui a interrogé l'association Valentin Haüy, rappelle la tentative de suppression du feu du croisement Boulevard Agutte Sembat / Rue de Bonne. Obnubilé par l'interdiction d'accès de cet axe aux voitures (conséquence : un déplacement de la pollution vers des écoles notamment), le système Piolle ne s'était pas rendu compte que ce choix n'avait rien "d'apaisant" pour les malvoyants. L'association avait organisé un évènement de traversée du carrefour en bandant les yeux aux passants pour que chacun se rende compte de l'enfer que cela peut être. 

L'USINE À GAZ DANS TOUTE SA SPLENDEUR

L'association pointe aussi le fonctionnement ubuesque mis en place par nos élus. Comme pour les déchets, où un ramassage correct ne s'effectue en général que si les habitants le réclament via le fameux "fil de la ville", les habitants sont invités à signaler un feu qui dysfonctionnerait en envoyant une photo sur une plateforme en ligne. Trop occupés à mettre en place ces usines à gaz qui font reposer le fonctionnement normal du service public sur le citoyen, personne ne s'est dit qu'on ne peut pas effectuer une telle démarche... si on ne voit pas !

"ON A DIT PENDANT LONGTEMPS QUE GRENOBLE ÉTAIT LA VILLE LA PLUS ACCESSIBLE..."

"... de France", explique aujourd'hui François Brun, Président de l'association Valentin Haüy à Grenoble. Il y a 2 ans, il expliquait déjà : "on a l’impression que, sur le territoire, la prise en compte de ces problématiques recule". Des propos alors confirmés par l'AFM Téléthon, qui déplorait le fait que "Grenoble a perdu son esprit pionnier en matière d'accessibilité".

LA MUNICIPALITÉ CARIGNON PRÉCURSEUR

On est en effet très loin des municipalités d'Alain Carignon, qui avaient été précurseurs en la matière. Par exemple, au terme d'un bras de fer avec Alsthom pour obtenir des rames adaptées, l'ancien Maire avait impulsé le tout premier tramway au monde accessible aux personnes en situation de handicap. Un tout autre exemple de volonté politique que celui que nous montre Eric Piolle.

LE BILAN PIOLLE : UNE "DÉLIBÉRATION CADRE"...

Le bilan de ce dernier est en effet loin d'être à la hauteur. Après près de 10 ans de mandat, il s'est contenté il y a quelques mois de faire voter une "délibération cadre" qui n'engage que ceux qui croient aux discours et n'a produit aucun effet. Pendant ce temps, la municipalité supprime des places PMR à tour de bras, les parents d'élèves en situation de handicap avaient dûs faire une pétition pour dénoncer les refus d'accueil de leurs enfants dans des MJC de Grenoble et dans le périscolaire, tandis que les personnes à mobilités réduites habitants de logement sociaux d'organismes gérés par les élus déplorent les pannes d'ascenseur récurrentes qui les assignent à résidence. Drôle de vision de la "ville pour tous".

VOIRIE : L'AUTRE SUJET PROBLÉMATIQUE

Un autre sujet est curieusement souvent oublié lorsqu'on parle de handicap : celui de la voirie. Car son état (trous dans la chaussée, pavés démis, aspérités...) est un calvaire pour ceux qui ont déjà des difficultés à se déplacer. Et ceci est directement lié à une décision catastrophique de la majorité Piolle / Ferrari à la métro en début de précèdent mandat : ils avaient sous-estimé de 35% le montant nécessaire pour l'entretien. Idem pour l'utilisation de la voirie : la circulation anarchique des vélos et trottinettes (le libre-service multiplie les accidents par 7 !) met d'abord en danger les plus vulnérables sur la voie publique.

LA RÉGRESSION GÉNÉRALISÉE DE GRENOBLE

15 000 personnes souffrent de déficiences visuelles dans notre métropole. Ce sujet est donc loin d'être anodin, et en dit finalement long sur la réalité des politiques menées par ceux qui osent prôner à longueur de temps "l'inclusion" et la "solidarité". Ce n'est évidemment pas le seul sujet où Grenoble a perdu son avance pour prendre du retard. Mais dans la grande régression qu'aura généré Eric Piolle, celui-ci est particulièrement choquant tant il dénote une absence de considération pour des personnes vulnérables qui ont le malheur de ne pas rentrer dans les clous des opérations de communication du Maire.