DÉCHETS À GRENOBLE : DONNEZ VOTRE AVIS AU DAUPHINÉ

Le débat de la semaine dans les pages du Dauphiné Libéré porte sur la question des dépôts sauvages de déchets en ville, à Grenoble notamment. Le journal propose aux lecteurs de voter en ligne.

"EN FAIT-ON ASSEZ POUR LES ÉLIMINER ?"

En cliquant sur le lien ici, vous pouvez donner votre avis sur la question. Bien sûr, les journalistes prennent des pincettes et expliquent que c'est un problème qui concerne "toutes les communes". Certaines y sont pourtant bien plus soumises que d'autres (suivez notre regard..) et il y a de fortes différences de volontarisme entre les élus en charge d'une ville à l'autre.

GRENOBLE : L'EXEMPLE DU PIRE

Le constat s'impose à tous ceux qui parcourent les rues de Grenoble : notre ville concentre une quantité incroyable de déchets et d'encombrants, et les phares de l'humanité qui forment la majorité municipale semblent dépassés et incapables d'y faire ça. Rappelons que les mêmes prétendent avoir les solutions pour sauver la planète, rien que ça, à l'horizon 2050. Vue leur efficacité sur des sujets aussi terre à terre que la gestion des déchets, on peut être sceptiques. 

LE TRIPLE PROBLÈME GRENOBLOIS

Le phénomène grenoblois peut se décomposer en trois facteurs responsables. Premièrement, des incivilités qui prospèrent en toute impunité. Deuxièmement, un éclatement des compétences entre ville et métro qui complexifie le sujet. Troisièmement, des mécanismes difficilement lisibles et peu intuitifs à appréhender pour le citoyen. 

LA PORTE OUVERTE AUX INCIVILITÉS

Premier constat : l'accumulation de déchets sur la voie publique est le fait de l'incivilité de certaines personnes. Le problème, c'est que si la collectivité ne fait preuve d'aucune volonté pour sanctionner les contrevenants, il n'y a aucune raison pour que les gens retrouvent soudainement leur sens civique. À Grenoble, les élus de la majorité piolliste n'ont rien à proposer pour cela. Ils se bornent en général à évoquer une hypothétique "police de l'environnement métropolitaine", pourtant impossible à créer en l'état pour des raisons juridiques... et alors que nous disposons d'une police municipale ! Impossible pourtant de rejeter la faute sur des boucs émissaires : les sanctions existent dans la loi (le montant des amendes a même été revu à la hausse en 2020). Et d'autres communes font, elles, preuve de volontarisme. Dans la ville voisine de Fontaine, dont le Maire depuis 2020 est Franck Longo (Modem), la ville a pris une délibération pour compléter les sanctions prévues par la loi et des caméras de vidéoprotection mobiles ou fixes sont installées pour attraper les auteurs de dépôts. À Grenoble, encore faudrait-il que les élus veuillent les utiliser pour autre chose que la chasse à l'automobiliste !

LE BON EXEMPLE DE VOIRON 

À Voiron, avec son Maire Julien Polat (divers droite), l'amende de 135 euros est complétée par une amende supplémentaire de 250 euros, portant le montant total à 385 euros. Et ça fonctionne, puisque les récidivistes représentent moins de 10% des verbalisations, indique le premier édile au Dauphiné. Il confirme également l'utilisation des caméras pour identifier les auteurs, et explique avoir recruté un policier municipal spécifiquement dédié à la lutte contre les dépôts de déchets. Voiron et ses 20 000 habitants est capable de le faire, mais on voudrait nous faire croire que Grenoble et ses 158 000 habitants ne pourrait pas mettre les moyens ?

LA THÉORIE DE LA VITRE BRISÉE

Car ce sont bien les communes qui sont chargées de procéder à la collecte des dépôts de déchets sauvages. Et quand elles ne le font pas, ou le font mal, comme à Grenoble, c'est la porte ouverte à de nouveaux dépôts. C'est la théorie de la vitre brisée : si on ne sanctionne pas et ne répare pas rapidement les petites dégradations, la porte est grande ouverte à des dégradations de plus en plus importantes. La prolifération des tags est un autre bon exemple de l'application de cette théorie. 

Les tags à tous les coins de rue, cette autre spécialité grenobloise...

L'ABSENCE D'UNE AUTORITÉ POLITIQUE UNIQUE

Deuxième problème : l'absence d'une autorité politique unique. Et de la volonté nécessaire pour la mettre en place, alors que ce serait très facile (encore faut-il que les élus s'entendent et ne se livrent pas à une guerre des chefs comme actuellement). La gestion des déchets est aujourd'hui éclatée entre la ville et la métropole. Les communes doivent ainsi récupérer les dépôts sauvages... mais la collecte est une compétence de la métro. Les poubelles sont du ressort de la métro... mais les corbeilles de celui de la ville (l'agent de la propreté urbaine de Grenoble ne fera ainsi rien du tout s'il passe à côté d'une poubelle métro qui déborde !). Ce vice se retrouve dans les moindres détails : la ville s'occupe de nettoyer les grilles des bouches d'égouts... mais le curage est une compétence métro. Une autorité politique unique en charge du sujet permettrait de mutualiser les moyens, et de s'assurer que l'agent en charge d'une zone, quel que soit sa collectivité d'appartenance, traite tous les sujets liés aux déchets de son secteur. Mais pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ?

LES USINES À GAZ CONTRE INTUITIVES

Troisième problème, qui se cumule aux précédents. Les dysfonctionnements s'accumulent du fait de la complexité de ce système, et les élus mettent en place des usines à gaz qui noient le citoyen. Une poubelle peut ainsi rester plusieurs jours pleines car elle n'est pas à l'agenda de l'équipe qui s'en occupe. Et on fait reposer sur le citoyen la charge de demander le ramassage qui devrait, comme dans toute ville normale, être effectué sans qu'il le demande ! Les Grenoblois ont alors le choix entre appeler le "fil de la ville" pour signaler des déchets/tags, ou le service de collecte des encombrants de la métropole pour faire ramasser de gros déchets. En admettant qu'il ait appelé le bon numéro et ne soit pas trompé de collectivité (on en revient au problème de l'autorité politique unique), encore faut-il espérer que les services passent effectivement. Car de nombreux témoignages font état d'un fil de la ville qui ne passe pas mais ose indiquer que le problème a été "traité" !

En conseil municipal, Alain Carignon remet régulièrement sur la table des propositions très simples à saisir pour lutter contre les déchets à Grenoble.

LA MÉTROPOLE EN RETARD POUR LE TRI DES DÉCHETS

Côté tri sélectif, on retrouve aussi une merveille d'usine à gaz avec des poubelles marrons qui deviennent des poubelles grises, des poubelles vertes qui deviennent jaunes, un jour de ramassage supprimé... L'habitant normalement constitué se perd forcément. Et les chiffres le montrent. En 2017, les poubelles de tri contenaient en moyenne 35 à 40% d’intrus. Nous étions en retard sur la moyenne des autres villes. La situation n’a quasiment pas évolué : en 2021, 1/3 des déchets étaient encore mal triés et finissaient à l'incinérateur ! Une métropole de retard. 

A. CARIGNON : "PARTIR DES BESOINS POUR CONSTRUIRE UN SYSTÈME EFFICACE"

Dans un communiqué adressé au Dauphiné Libéré dont nous avons été destinataires, le Président du groupe d'opposition Alain Carignon intervient sur le sujet et rappelle les différentes problématiques. "Tous ces dysfonctionnements se matérialisent par un espace public très dégradé, indigne d’une grande ville. Nous préconisons à nouveau de partir des contraintes et des besoins des usagers pour construire un système  de collecte, de tri et de propreté efficace pour tous” conclut-il.

dechets grenoble
Le communiqué complet d'Alain Carignon.

UN SUJET ANGLE MORT POUR LES VERTS

La gestion des déchets, la propreté d'une ville est en fait un sujet angle mort des rouges/verts. Ils font mine de s'en préoccuper puisque les citoyens sont nombreux à y être sensibles. Mais ils ne comptent aucunement mettre en place les solutions pourtant très simples qui existent, et ils se contentent d'élucubrations et de poncifs, à l'instar du Vice-Président de la Métropole en charge des déchets Lionel Coiffard (EELV, fidèle porte-voix d'Eric Piolle) dans le Dauphiné. Leur pensée politique ne s'accommode pas de sujets aussi terre-à-terre, qui font moins rêver que les discours lyriques et la politique émotion des projections vers le futur (que eux, pas plus qu'un autre, ne sont pourtant capables de prédire). Peut-être ont-ils également un rapport à l'esthétisme, au beau, au propre, moins développé que le commun des mortels. Toujours est-il que les Grenoblois peuvent se poser la question : vote-t-on à des élections municipales pour des idéologues et des théoriciens ? Ou pour résoudre les problèmes concrets qui se présentent dans le quotidien d'une ville ?

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