FERMES URBAINES : UN ÉNIÈME ÉCHEC POUR ÉRIC PIOLLE

Lors du dernier conseil municipal, Eric Piolle a fait adopter une délibération sur l'agriculture urbaine à Grenoble. Un empilage de verbiage qui masque mal son échec en la matière.

UNE "STRATÉGIE DE DÉVELOPPEMENT" 

La délibération présentée par l'inénarrable Antoine Back (Verts/LFI) et soumise au vote des conseillers visait à définir la "stratégie de la ville de Grenoble pour le développement de l’agriculture urbaine pour la période 2023-2026". D'une part, alors que les Rouges/Verts sont au pouvoir depuis 2014, ils auront donc attendu près de 10 ans pour s'organiser sur ce sujet. Et d'autre part, comme avec la plupart de leurs rapports, on ne trouve rien de vraiment concret dans cette stratégie.

LE PÉNIBLE VERBIAGE HABITUEL

On retrouve le traditionnel verbiage des Verts, cet étalage de formules creuses : "favoriser le partage de connaissances", "systématiser la coordination entre services", "sécuriser les opportunités", "encourager", "mettre en place des réseaux"... Mais tout ceci reste vaporeux, bloqué au stade des "opportunités" sans préciser desquelles on parle exactement. 

LA MAIGREUR DU BILAN

On trouve tout de même quelques éléments sur ce qui a été fait jusque-là en matière d'agriculture urbaine. Mais c'est peu dire qu'il n'y a pas grand chose à se mettre sous la dent. Pour valoriser son action, la ville cite quelques mini jardins partagés mis en place, deux toits avec des potagers... et même l'installation d'un poulailler avec 2 poules à la cité Abry ! Tout ceci comptant pour environ 3500 mètres carrés dans toute la ville : l'auto suffisance alimentaire des Grenoblois est encore très loin, considérant que pour nourrir un seul être humain il faut 1000 à 1500m²... 

Un jardin partagé à la Villeneuve. 

5 ESPACES IDENTIFIÉS POUR L'AVENIR...

Pour ce qui est des projets à venir, ce n'est pas plus reluisant. Après avoir lancé une étude (ce qui a un prix, évidemment), la ville a identifié... cinq pauvres espaces pouvant être utilisés pour l'agriculture urbaine (des "projets potentiels"). Dans une municipalité fonctionnelle, avec des élus sur le terrain, il va sans dire que ces derniers auraient pu identifier eux-mêmes les lieux se prêtant à l'accueil de telles activités grâce aux remontées des habitants, ce qui aurait économisé l'étude. L'augmentation des dépenses de fonctionnement d'une ville déjà asphyxiée est d'ailleurs la seule chose de palpable dans cette stratégie : l'un des objectifs est ainsi de "renforcer les moyens humains" et de recruter un énième "chargé de projet". Comme si nous pouvions nous le permettre alors que la masse salariale est déjà énorme.

RIEN QUI COMPENSERA LES PROJETS D'URBANISATION

Les élus Rouges/Verts se proposent également "d’étudier le plus spécifiquement possible la faisabilité d’installer de l’agriculture urbaine dans les projets d’aménagements en cours ou à venir". Ca ne coûte rien de l'écrire, mais chacun pourra constater que cette réflexion arrive bien trop tard : il aurait fallu y penser avant de lancer la bétonisation de la caserne de Bonne, de Vigny-Musset, de la Presqu'île (cette forêt de tours sans espaces verts), tous ces quartiers qui ne bénéficieront pas de l'agriculture urbaine. Même dans les nouveaux quartiers comme Flaubert, on ne peut pas considérer que le toit-terrasse du bar-radis (qui donne une vue imprenable sur... des façades d'immeubles) soit une ferme urbaine bénéficiant véritablement aux habitants. Il y a quelque chose d'hypocrite à prétendre désormais "faciliter la mise en place de projets" alors que les choix en matière d'urbanisme de la municipalité ont hypothéqué leur faisabilité dans de très nombreux secteurs. 

La Presqu'île, environ 1m² d'espaces verts par habitant : pour des grands projets d'agriculture urbaine, on repassera.

BASTILLE : UN ACTE MANQUÉ

La "stratégie" pour l'agriculture urbaine omet par ailleurs d'évoquer l'acte manqué historique de cette municipalité avec la Bastille. Le groupe mené par Alain Carignon proposait de préempter les friches urbaines et créer un vaste espace de respiration pour les Grenoblois, avec une grande ferme urbaine pédagogique facilement accessible. Eric Piolle a préféré laissé un promoteur faire des lieux un complexe haut de gamme. Chacun pourra juger à quel point cette décision est pertinente pour quelqu'un qui n'a que les mots "transitions" et "neutralité carbone" à la bouche.

Un parking de 80 places a été créé devant le complexe : Eric Piolle sera le Maire qui a fait remonter des voitures de ce côté de la bastille.

ALLIBERT : LE MANQUE D'AMBITION L'EMPORTE

Tout comme le rapport omet d'expliquer comment nous sommes passés à côté d'un projet ambitieux pour le développement de l'agriculture urbaine au sud de la ville. Nicolas Pinel, conseiller d'opposition, proposait en effet de réserver une vaste réserve foncière, une dizaine d'hectares, pour créer une ferme d'ampleur sur le terrain de la friche ex-Allibert. Peine perdue : la majorité Piolle a fait le choix de l'urbanisation massive de ce site. Pour faire mine d'agir, une pauvre ferme de moins d'un hectare devrait voir le jour (on a vu plus haut à quel point cette surface est dérisoire)... bien que la municipalité ait toutes les peines du monde à trouver des candidats pour porter le projet et que celui-ci semble pour l'instant au point mort.

En conseil municipal, Nicolas Pinel (opposition) pointe les contradictions d'Eric Piolle en matière d'agriculture urbaine.

LA VILLE 1ÈRE POUR LES ILOTS DE CHALEUR ENCORE À LA TRAINE

Le problème est finalement toujours le même : Eric Piolle a une vision segmentée des dossiers, sans transversalité entre les différentes politiques qu'il mène. Car il ne conçoit la valeur d'un projet qu'en fonction de la communication qu'il pourra faire autour. On se retrouve ainsi avec une majorité municipale dont la faute originelle est d'urbaniser à outrance, octroyant à Grenoble le titre de première ville de France hors Paris pour les îlots de chaleur. Et alors qu'elle fait ainsi disparaitre petit à petit les terrains qui se prêtent au jardinage et à l'agriculture urbaine, elle se retrouve à faire des discours grandiloquents sur le développement de cette dernière (la comm', encore et toujours) mais a toutes les peines du monde à trouver quelques terrains (cinq pauvres parcelles) qui peuvent encore s'y prêter. 

A. CARIGNON : "DES RUSTINES POUR CACHER L'ESSENTIEL"

Le Président du groupe d'opposition Alain Carignon, a fustigé le fait que cette municipalité soit passée à côté des grandes opportunités qui se présentaient à elle : "derrière vos délibérations verbeuses et ronflantes, vous sacrifiez l’avenir et vous vous étendez sur des rustines pour cacher l’essentiel. Non, avec vous Grenoble n’aura pas avancé fortement pour favoriser l’agriculture urbaine, favoriser le lien entre les citoyens et la terre, la pédagogie à l’égard des jeunes générations car vous êtes passé à côté des opportunités réelles d’accomplir un saut qualitatif et quantitatif grâce à des sites qui permettaient des avancées".

L'intervention d'Alain Carignon lors du conseil municipal.

LES VERTS N'ANTICIPENT RIEN

Car ce rapport, comme de nombreux autres, restera assez anecdotique tant il ne témoigne d'aucune vision et d'aucune véritable "stratégie". Ceux qui prétendent résoudre tous les maux de la terre pour 2040 (ou pour 2081 en ce qui concerne les piscines !) ne font en fait preuve d'aucune anticipation. Ils pondent ça et là des rapports et autres "stratégies" dont le verbiage masque mal les difficultés qu'ils ont à résoudre concrètement des problèmes qu'ils créent souvent eux-mêmes, comme ici celui de la bétonisation à outrance qui hypothèque la faisabilité des fermes urbaines. Cet enfumage ne pourra pas durer longtemps. 

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