QUELLE SUPRISE : GRENOBLE N’ATTIRE PAS LE TOURISME !

La maison du tourisme, cette verrue repoussoir : assez symbolique finalement.

Le Dauphiné consacre son dossier de la semaine au tourisme à Grenoble. Personne ne sera surpris d'apprendre que nous sommes loin d'être une destination privilégiée.

DES "CLICHÉS" ?

L'article de Clément Berthet dans le Dauphiné commence mal. "Malheureusement Grenoble est souvent victime de clichés entre les embouteillages, la pollution, les faits divers…". Ce que le journaliste appelle "clichés" sont en réalité... des faits. On retrouve bien là le ton habituel de ceux qui déplorent le "Grenoble-bashing" (en général notre site est particulièrement visé), alors que c'est justement parce que l'on aime cette ville que l'on se doit de pointer ce qui ne va pas pour corriger les problèmes et retrouver une douceur de vivre... et pourquoi pas de l'attractivité touristique. Ne pas parler d'un phénomène ne fait pas disparaitre le phénomène, n'en déplaise aux autruches. 

6ÈME VILLE POUR LE TEMPS PERDU DANS LES BOUCHONS

Car pendant ce temps, Grenoble est bien dans le peloton de tête des villes les plus embouteillées de France. Nous sommes 6ème pour le temps perdu dans les bouchons. Une situation aggravée intra muros par le nouveaux plan de circulation (voir paragraphe suivant), et hors les murs par le refus dogmatique des rouges/verts d'élargir l'A480 et le Rondeau pendant 25 ans, avant de s'y résoudre (au détriment d'une de leur promesse de campagne, une fois de plus) vue ce que devenait la circulation sur cet axe congestionné. 

POLLUTION DE L'AIR : PIOLLE N'A SERVI À RIEN

Grenoble est ensuite particulièrement soumise à la pollution de l'air (3ème selon le classement de linternaute.com). Le plan de circulation d'Eric Piolle a simplement déplacé la pollution, avec quelques gagnants et de nombreux perdants. Nos champions locaux misent tout sur des mesurettes de communication risible (un pylône éclairé selon la pollution pour que l'habitant "adapte son comportement en fonction de la couleur visible" !), font du zèle par idéologie sur des sujets pourtant catastrophe sociale comme la ZFE et manquent en parallèle d'ambition dans la lutte contre la pollution liée au chauffage, pourtant bien plus impactante puisque responsable de la majorité des émissions de particules les plus dangereuses pour la santé. 

grenoble pollution
Source : linternaute.com

LE NON-DROIT GAGNE DU TERRAIN

Enfin, derrière l'appellation "faits divers" on retrouve l'insécurité et les incivilités qui gangrènent de plus en plus de quartiers (à l'image de la rue Léo Lagrange ou de Hoche qui étaient épargnés jusqu'à ces dernières années), entre menaces, dégradations, trafic de drogue, agressions. En 2022, on recensait en moyenne 12 faits de violence par jour à Grenoble (chiffres Préfecture). Les victimes apprécieront d'être qualifiées de fait-divers "cliché". 

RÉSULTAT : GRENOBLE DÉCROCHE POUR LE TOURISME

Tous ces éléments factuels doivent sans doute jouer car les chiffres sont sans appel quant à l'attractivité de Grenoble. 80% des nuitées touristiques sont pour une clientèle professionnelle, qui vient en semaine grâce à l'excellent écosystème économique et scientifique de notre territoire, héritage des générations passées. On tombe donc à 20% de nuitées pour le tourisme de loisirs. Le taux de remplissage annuel des hôtels est à pleurer : 54%. Lyon est à près de 70%, et même une ville comme Dijon nous surclasse de 10 points, relève Clément Berthet. Un nombre très faible qui atteste bien du problème : les touristes boudent massivement Grenoble

L'AUTO CONGRATULATION GÊNANTE DE "GRENOBLE ALPES TOURISME"

Dans ces conditions, les éléments de langage que déploient Mélina Herenger, Vice-Présidente de la métro en charge du tourisme et Cyril Laily, directeur de l’office de tourisme, sont assez gênants. Le Dauphiné relève qu'ils mettent en avant les rooftops de Grenoble et alentours qui "permettent de prendre de la hauteur pour apprécier la ville". Effectivement, il est indéniable que Grenoble est belle vue d'en haut (quoi que, on voit surtout du béton depuis le rooftop du bar radis...), mais il conviendrait de donner envie de vivre la ville de l'intérieur, pas que de loin. La Vice-Présidente se félicite aussi des visites guidées qui ont attiré 4000 personnes en 2022. Dont 72% viennent de la métropole. Donc à peine 1000 touristes extérieurs, et environ 0.6% des habitants du territoire. Quel succès !

LES MÊMES TRAVAILLENT SUR L'ATTRACTIVITÉ...

Mélina Herenger et Cyril Laily ont pour feuille de route de redorer l'image de la ville. Ils sont à la manoeuvre pour réfléchir aux conditions de son attractivité. De quoi être inquiets : ils avaient récemment pris comme exemple de villes comparables... Marseille et Naples, "longtemps perçue comme une ville peu sûre, violente, sale, “bordélique”, corrompue"... Bienvenue chez nous ! Et il faut voir la novlangue employée et les solutions proposées : « s’adosser à un style vestimentaire néo-montagnard urbain », « un vortex qui place l’impact environnemental au centre de notre engagement », « avoir un tropisme beaucoup plus ouvert sur les mobilités agiles associées, dont le vélo »... Nous sommes sauvés, les touristes viendront pour le vélo et le style "néo-montagnard". 

LE MANQUE D'ÉVÈNEMENTS

Il y a heureusement quelques personnalités locales qui font preuve de plus de réalisme (elles manquent sans doute "d'audace créative non contrôlée" au yeux de l'agence Grenoble Alpes ?). Danièle Chavant, la bien connue présidente de l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie de l'Isère, pointe ainsi dans le Dauphiné qu'il manque un évènement symbole rattaché à Grenoble (elle rappelle que Lille a sa célèbre braderie et Lyon la fête des lumières). On peut difficilement lui donner tort. L'évènement qui était censé être ce marqueur, la fête des tuiles, fait plus parler de lui pour le procès qu'elle vaut à Eric Piolle pour des accusations de favoritisme que pour la "fête" en elle-même. 

LE PATRIMOINE DÉLAISSÉ

Gilles-Marie Moreau, Président de l'Académie Delphinale, donne également son éclairage concernant le patrimoine, vecteur majeur pour le tourisme. "Il n’y a aucune réflexion de la municipalité pour valoriser le patrimoine auprès des touristes" explique-t-il clairement. "On nous parle toujours de la Tour Perret mais ça s’arrête là", ajoute-t-il, en pointant "l'état de déshérence" de notre patrimoine. La tour fait en effet figure d'arbre qui cache la forêt et permettra à Piolle de faire croire qu'il a agi en la rénovant. Pendant ce temps, l'ancien musée de peinture tombe en ruines (il faudrait 20 millions d'euros pour le réhabiliter, que la ville n'a évidemment pas). La collégiale Saint-André va fêter ses 800 ans (rien de prévu par la municipalité pour l'occasion) et elle est dans un état pathétique La chapelle des pénitents est un lieu magnifique, mais méconnu et très dégradé. Rien n'avance pour l'orangerie boulevard Jean Pain, la très belle villa Kaminsky est squattée par l'ultra-gauche... Même Stendhal, figure iconique intimement liée à Grenoble, n'est pas utilisé comme il se devrait pour en faire "une véritable carte de visite touristique", expliquait il y a peu au DL le Président de l'association Stendhal Patrick Le Bihan. 

L'ancien musée de peinture de la place de Verdun. Autrefois un fleuron, désormais à l'abandon.

LA CULTURE FAIT PÂLE FIGURE

Et si la Municipalité Piolle n'a pas de stratégie pour le patrimoine, elle en applique une catastrophique pour la culture. C'est pourtant un levier touristique majeur, et nos voisins lyonnais le démontrent. Mais le Maire aura méthodiquement déconstruit tout ce qui fonctionnait : reprise en main de la programmation des théâtres qui se traduit par un effondrement de la fréquentation, mise sous tutelle idéologique des équipements (bientôt le tour du musée de Grenoble...), extinction des festivals qui déplaisent, imposition de chartes reflétant les poncifs municipaux les subventions aux activités culturelles, autoritarisme et brutalité dans la manière de traiter les acteurs culturels... 

L'ÉTAT DE LA VILLE EST UN REPOUSSOIR

Encore plus terre à terre, on pourrait évoquer en complément des considérations (considérées comme clichés par le journaliste Clément Berthet mais qui sont à prendre en compte quand on choisit une destination), le sujet de la propreté de la ville. Projetez-vous à la place d'un touriste qui débarque à la gare de Grenoble et traverse la ville à pied pour la première fois : les déchets, la saleté des trottoirs, et les tags et graffitis sur toutes les façades ont de quoi donner envie de faire demi-tour à n'importe qui qui n'est pas habitué à ce dépotoir au quotidien. 

Le passage sous le pont à la gare : une merveille en terme d'image de la ville pour les touristes qui arrivent.

SANS UNE POLITIQUE GLOBALE, PAS D'AMÉLIORATION

Car l'attractivité d'une ville est liée tant aux fondamentaux que sont les éléments qui font le cadre de vie général (propreté, sécurité, accessibilité...) qu'à ceux qui donnent envie d'y venir (mise en valeur du patrimoine, activités...). Le regain touristique de Grenoble passera donc par une politique globale, qui s'attaque à tous les maux dont souffre la ville. Que les touristes boudent la ville n'est pas un scoop ; qu'Eric Piolle ne soit pas l'homme de la situation n'en est pas un non plus. En près de 10 ans, de mandat il a aggravé nombre de problèmes dont souffre Grenoble. Et l'image qu'il renvoie de la ville, occupé à multiplier les polémiques pour faire parler de lui (la dernière en date sur la suppression des jours fériés chrétiens..), n'arrange évidemment rien pour attirer les visiteurs.

 

 

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