PARTICIPATION CITOYENNE : ERIC PIOLLE SE FAIT RAPPELER À L’ORDRE

Tout un symbole. En ouverture du conseil municipal de lundi, juste après la présentation de la nouvelle salle rénovée avec la fameuse oeuvre d'art représentant "l'écoute", le conseil citoyen indépendant du secteur 1 (CCI1) représenté par Bruno De Lescure a démonté le leurre de la participation citoyenne à Grenoble. 

Bruno De Lescure lundi lors du conseil municipal.

UNE TENTATIVE DE CENSURE

Avant même le début de sa question orale, en préambule de son intervention, il a informé l'assemblée d'une tentative de censure de celle-ci. La municipalité leur intimant de supprimer la "déclaration des droits des habitants" annexée à la question... alors qu'elle repose sur cette déclaration. Le CCI1 n'a pas cédé, constatant que rien dans le règlement intérieur ne les y oblige, et la question a finalement pu être diffusée aux élus avec son annexe. Mais la tentative en dit long sur le niveau de musèlement où on en arrive... et cela rejoint bien le fond de la question.

LA TRAHISON DE L'ENGAGEMENT NUMÉRO 1

Celle-ci a porté sur la démocratie locale. Et Bruno De Lescure a commencé son intervention en rappelant l'engagement originel, la promesse numéro 1 d'Eric Piolle : "La démocratie locale, celle que, rappelez-vous, vous aviez placé au centre de votre programme de 2014 "Grenoble, une Ville pour tous" en en faisant le contenu de votre 1er engagement parmi les 120 que vous aviez pris à l'époque (...) Où en est-on aujourd'hui ?"

L'engagement numéro 1 de Piolle. Diagnostic partagé, scénarios alternatifs, citoyens dans les comités de pilotage, discussion des dispositifs eux-mêmes... On a rien vu de tout ça !

LA "CO-CONSTRUCTION" EST UN LEURRE

10 ans après, le constat est forcément amer. Il l'est d'autant plus que Bruno De Lescure (également Président de l'Union de Quartier Berriat) avait activement participé à la campagne des Verts/LFi à l'époque. La co-construction a été laissée à l'état de leurre : "Quasiment aucun projet urbain, aucune politique publique n'a été faite en co-construction. Ce dont témoignait il y a peu de manière particulièrement crue la fameuse "Carte des démarches participatives" du site web de la Ville. Elle n'était en effet constellée quasiment exclusivement que de petits points rouges signifiant pour chacun des projets figurés, qu'il n'y avait eu ni co-construction, ni concertation, ni consultation… juste une simple information !"

LES VERTS/LFI SUPPRIMENT LES INDICATEURS

"Depuis l'été 2021, la Carte a disparu du site web de la Ville. Tout un symbole ! Quand on veut dissimuler la "maladie", quoi de mieux que d'en casser le thermomètre…". Un grand classique des Piollistes : pour éviter que l'on ne remarque trop leur bilan qu'ils savent médiocre, ils suppriment les indicateurs et refusent de procéder à une véritable évaluation de leurs politiques publiques. On se rappelle que lors du précèdent mandat, le Président du SMMAG Yann Mongaburu avait tout simplement supprimé la publication des statistiques de la délinquance dans les transports puisque les chiffres étaient mauvais !

SOUTIEN DU RIC EN FRANCE... ET PAS À GRENOBLE

Rappelant sa "participation remarquable dans un quartier populaire" (et le résultat : 75% contre les démolitions), Bruno de Lescure évoque le "Référendum d’Initiative Citoyenne contre les démolitions à la Villeneuve de septembre 2019 qui n’a eu ni le soutien ni l’oreille de la Ville". Alors qu'en 2018/2019, Eric Piolle pérorait sur les plateaux télé pour clamer son soutien au RIC (une revendication des gilets jaunes). Faites ce que je dis, pas ce que je fais à Grenoble ! Le référendum oui, mais il ne faudrait surtout pas qu'il remette en question ses propres projets...

Les habitants de l'avenue de Washington ont peu apprécié la "participation citoyenne" à la grenobloise...

DÈS 2016, ERIC PIOLLE TUAIT SON PROPRE DISPOSITIF

Puis la question orale en vient au coeur du problème : la manière dont les dispositifs de "participation" lancés par la municipalité brident en fait toute parole des habitants qui contreviendrait aux projets municipaux. En rappelant d'abord que "l'interpellation citoyenne" était déjà vidée de son sens dès 2016 puisqu'Eric Piolle avait refusé de soumettre la pétition contre la fermeture des bibliothèques au vote des Grenoblois contrairement à ce qui était prévu par son propre dispositif. L'interpellation oui, mais seulement quand elle va dans son sens !

L'USINE À GAZ MUNICIPALE...

Le représentant du CCI1 évoque ensuite le fonctionnement actuel de ces interpellations, volontairement pensées comme une usine à gaz pour endormir les contestations : "elle ne vous contraint en rien puisque vous avez supprimé l'automaticité de votation qui existait dans le processus précédent : il faut maintenant 6 mois après une médiation infructueuse pour à nouveau repartir en campagne sans garantie aucune d'une votation. Nous passerons sur les multiples bifurcations que peut prendre une interpellation dans ce labyrinthe bureaucratique dans lequel nombre d'habitants s'essoufflent rapidement".

L'usine à gaz de la "participation citoyenne". Pendant ce temps, on impose des grands projets. Par exemple, sur le sujet structurant des pistes cyclables, les élus ne se cachent même plus que pour eux "le sujet ne se prête pas à la co-construction" !

... AVEC DES SEUILS INATTEIGNABLES

Pour obtenir un simple RDV avec les élus sur un sujet municipal problématique, il faut 50 signatures. Avec 1000 signatures, on a droit à des citoyens tirés au sort pour réfléchir au sujet... Le seuil final de 8000 signataires de la pétition pour obtenir le vote des Grenoblois est évidemment inatteignable. Et si jamais il l'était, il faudrait alors 16 000 votants pour que l'objet de la votation l'emporte ! Piolle a inventé la démocratie participative à laquelle on ne peut pas participer. 

"LA PARTICIPATION DYSFONCTIONNE DANS LA PLUPART DES PROJETS" 

Bruno De Lescure évoque ensuite quelques uns des projets récents pour lesquels l'absence de prise en compte des citoyens a été particulièrement visible, en rappelant que "le droit d'interpellation n'intervient que dans le cas où la participation dysfonctionne. Ce qui est le cas dans la plupart des projets de la Ville". Et de citer "la Chronovélo Berriat et votre refus de discuter la mise en sens unique arbitraire de la portion Jaurès-voie de chemin de fer, le lac baignable à la Villeneuve pour lesquels les habitants ont dû recourir à l'interpellation citoyenne pour se faire entendre un minimum, l'aménagement de la rue Jeanne d'Arc".

1350 signataires contre le projet de lac "baignable à la Villeneuve", et un collectif qui regroupe de très nombreuses associations du quartier qui a organisé une concertation (près de 500 votants et seulement 14% de favorables !) : les Piollistes ne veulent rien entendre.

"UNE VOLONTÉ ANTI DÉMOCRATIQUE"

La charge ne s'arrête pas là et pointe le fait que la "co-construction" n'existe pas : elle a été remplacée par des "consultations" au rabais, qui ne permettent pas de remise en cause des décisions. "Il est évident que nous ne souhaitons pas cantonner la démocratie locale à sa partie « consultative », c'est-à-dire a posteriori des projets, après qu'ils étaient définis et bien arrêtés. (...) Ce muselage ne peut être que l’aveu d’une volonté… anti-démocratique. Notre participation ne peut être limitée à de l’occupationnel pour citoyens curieux".

UNE DÉCLARATION DES DROITS DES HABITANTS ÉLABORÉES PAR LES UNIONS DE QUARTIER

En conclusion, Bruno De Lescure a proposé au Maire de reprendre la « Déclaration des droits des Habitants et Habitantes à participer à la décision publique », écrite par les unions de quartier et leur comité de liaison. Elle vise simplement "à redonner un véritable pouvoir aux habitants en leur permettant d'intégrer les Comités de pilotage, en obligeant à produire plusieurs scénarios et en informant correctement tous les habitants concernés". Après avoir rappelé à l'assemblée qu'elle a jusqu'ici été royalement ignorée par les élus de la majorité, il a enfoncé le clou en soulignant que, pourtant, cette déclaration est "quasi-semblable à ce que vous vous étiez déjà engagé à mettre en place en 2014".

La déclaration des droits des habitants.

UNE MARQUE DE FABRIQUE : L'ABSENCE DE TRANSPARENCE

"Nous avons du mal à comprendre en quoi, la participation des habitants à tous les comités de pilotage des projets Ville vous pose-t-elle problème ? Qu’avez-vous à cacher ? Pourquoi sur un projet donné refuser l’accès à toute l’information aux habitants ? Ne souhaitez-vous pas écouter les propositions des habitants pour leur Ville ? Pourquoi toujours arriver avec un seul projet totalement ficelé avec des variantes sans importances ?" s'est encore interrogé le représentant du CCI1. Contrairement à ce qu'il clame, l'absence de transparence est bien une marque de fabrique du Piollisme (directement héritée des méthodes des Verts/ADES d'Avrillier, Comparat, Garnier et consorts et leur culte du secret). On le voit encore avec le dossier de l'eau pour lequel Eric Piolle refuse de faire toute la lumière.

Eric Piolle lundi en conseil.

ERIC PIOLLE NE RETIENT ÉVIDEMMENT RIEN

La réponse d'Eric Piolle a été comme d'habitude un étalage de mauvaise foi. Il a revendiqué avoir "inventé de nouveaux espaces démocratiques", évoquant le budget participatif (qui rassemble une poignée de votants pour s'exprimer sur des sujets très mineurs et annexes eu égard aux problématiques grenobloises) ou encore... les "chantiers ouverts au public" (les habitants ne peuvent pas donner leur avis sur un projet mais ils peuvent participer aux travaux...). Puis il a enterré la déclaration des droits des habitants en estimant que la municipalité n'a pas à valider une démarche associative. Bien sûr aucune réponse sur le fond : l'absence de co-construction et le non respect de ses promesses électorales.

LES VERTS ONT TRAHI L'ESPOIR QU'ILS ONT AGITÉ

Il reste qu'en rappelant ainsi Eric Piolle à ses engagements originels, Bruno De Lescure, qui l'avait alors soutenu avant de s'en éloigner pendant le premier mandat, soulève une réalité brutale : après 10 ans d'exercice du pouvoir, le bilan des élus Verts/LFI a trahi toutes leurs promesses. C'est vrai pour la participation citoyenne, mais ça l'est aussi pour la culture, les quartiers populaires, les enfants, le cadre de vie, l'environnement et tant d'autres sujets. 

Alors que la comm' parvient de moins en moins à occulter le bilan, ces engagements non tenus sont exposés de plus en plus clairement et l'assise électorale des Verts/LFi va continuer de s'étioler. 

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