AVENUE JEANNE D’ARC : LE PROJET À 6 MILLIONS BATTU EN BRÈCHE PAR LES HABITANTS

Les réunions publiques avec les élus se suivent et se ressemblent. Celle organisée mardi sur les aménagements de l’avenue Jeanne d’Arc n’a pas fait exception avec une assemblée particulièrement remontée. Ils consistent principalement en l'aménagement d'une piste cyclable pour un coût de 6 millions d'euros (!), dont la plupart des travaux sont prévus après les prochaines élections municipales...

LES ÉLUS EN NOMBRE

Sans doute bien conscients de l’accueil qui allait leur être réservé, les élus Verts/LFI de la majorité municipale étaient venus en nombre : les adjoints Isabelle Peters, Luis Beltran Lopez, Gilles Namur, Margot Belair, Kheira Capdepon, et la conseillère départementale Verte Pauline Couvent. Plus tôt dans la journée, les piollistes avaient également tenté de mobiliser leurs sympathisants en leur rappelant la réunion dans leur boucle de diffusion. Côté opposition, Brigitte Boer et Chérif Boutafa, élus du groupe d'Alain Carignon, ont assisté à la réunion et échangé avec les habitants présents. 

La salle de la rue Moyrand était pleine à craquer mardi.

LES SERVICES FONT TAMPON

Comme d’habitude, plutôt que d’assumer leurs décisions, les élus ont laissé les services faire tampon avec les habitants en présentant le projet à leur place. Un cabinet a même été embauché pour organiser une concertation qui n’en est pas vraiment une, et animer la soirée. Les adjoints en charge intervenant le moins possible pour diluer leur responsabilité.

LA VRAIE FAUSSE CONCERTATION

Officiellement intitulée « phase 3 de la concertation », on voit en effet mal en quoi cette réunion a tenu compte des avis des habitants. L’inénarrable Gilles Namur (Verts) avouant lui-même que l’objectif ici était de « présenter l’avant projet qui ressemble à un projet définitif »… Comme d’habitude, il s’agissait en fait simplement d’exposer ce qui a déjà été ficelé par la municipalité.

LA SALLE REMONTÉE

Les points d’achoppement ont pourtant été nombreux et la salle, pleine à craquer, a vivement fait savoir son mécontentement tout au long de la soirée. Certains sujets ayant déjà été soulevés au cours des phases 1 et 2 de « concertation » sans que rien ne soit pris en compte, la tension était forcément à son comble.

10 GRANDS ARBRES ÉRADIQUÉS : UN "BILAN ULTRA POSITIF"...

Premier sujet de contestation : les arbres. Alors qu’une habitante exprimait son inquiétude pour les platanes et tilleuls de la rue, dans un formidable exercice de novlangue, Gilles Namur a expliqué que « la plupart seront bien sûr conservés »… avant d'admettre que 10 arbres seront abattus (certains à priori en mauvais état, d'autres parce que "non compatibles avec le projet"...), ce qu'il appelle un « bilan ultra positif » !

canicule grenoble
Rue Aymon de Chissé, 15 peupliers ont été abattus pour un projet de "place aux enfants" qui aurait pu se faire en les conservant. La municipalité se fout des arbres anciens pourtant autrement plus bénéfiques que les cure-dents qu'elle replante.

LA BÉTONISATION FUSTIGÉE

Il va sans dire que les bénéfices pour la planète et le réchauffement de 10 grands sujets ne seront pas compensés par les plantations nouvelles prévues avant plusieurs décennies, le temps qu'elle arrivent à maturité. « En plantant des arbustes qui vont mettre 30 ans à arriver, on remplacera pas les platanes » a rappelé un riverain. Plusieurs voix se sont élevées pour fustiger la politique d'urbanisme municipal qui n'est pas compensée par ses quelques plantations : « arrêtez de construire à outrance pour ensuite dire on met quelques arbres » a résumé une habitante du quartier. 

70% DES PLACES DE STATIONNEMENT SUPPRIMÉES

Mais les plus vives critiques ont émergé à propos du stationnement. « Combien de places vous allez supprimer ? » a simplement demandé un riverain. Après un léger blanc, on a pu entendre une personne des services discrètement demander aux élus « est-ce qu’on l’affiche ou pas ? » (!). Avant qu'une de ses collègues ne crache le morceau : 70% des places de stationnement (environ 180 actuellement) seront supprimées !

LES RUES ADJACENTES SATURÉES

Face à la bronca de la salle, les présentateurs ont tenté d'expliquer qu'il existe encore le stationnement dans les rues adjacentes. « Elles sont archi pleines, allez sur le terrain avant de parler ! » leur a-t-il été sèchement rétorqué. "On appelle déjà continuellement la fourrière, comment on va faire ?" s'est inquiété un habitant rejoint par de nombreux autres anticipant déjà l'enfer pour se garer pour les résidents. D'autant plus que, comme l'ont rappelé plusieurs participants, "le quartier se densifie de plus en plus" (250 nouveaux logements cité de l'Abbaye par exemple), ce qui aggravera les besoins. Et que le stationnement dans le quartier est déjà particulièrement anarchique les soirs de match.

50% DE CLIENTÈLE EXTÉRIEURE POUR LES COMMERÇANTS 

Les commerçants vont également faire les frais de cette suppression énorme. Jean-Noël Pusel, Président de l'Union de Quartier Abbaye-Jouhaux, a ainsi rappelé qu'environ 50% de la clientèle de la trentaine de commerces de l'avenue vient de l'extérieur et s'arrête en voiture, et que les quelques places de livraison proposées ne remplaceront pas 70% de suppressions. Plusieurs commerçants présents à la réunion approuvant ses propos.

Gilles Namur (élu spécialiste de la répétition de la position municipale en réunions publiques) mardi soir.

LES ÉLUS FONT LA SOURDE OREILLE

Pas de quoi faire infléchir la position municipale puisque tout est déjà ficelé. Comme il a été rappelé par des habitants, le sujet du stationnement a pourtant bien été abordé au cours des précédentes "concertations". Sans que rien ne soit pris en compte, ce qui témoigne du peu de crédit qu'on peut accorder à ces réunions. Comme d'habitude, Gilles Namur a tenté de sortir ses éléments de langage : « c’est un projet d’apaisement », ce qui lui a valu d'être vivement sifflé, certains lui rappelant que « c’est pas une métropole apaisée ». « On est pas en train de virer des voitures » a-t-il également osé, avant d'admettre que si, acculé face à la bronca... Commençant à perdre ses nerfs, il a finalement lâché : « comment on fait ? Et ben on va se garer ailleurs » (!). Que les résidents se le tiennent pour dit.

LE RÈGNE DE LA TECHNOCRATIE 

Sur un autre sujet, les explications très technocrates sur la base de mesures obscures pour les suppressions de feux n'ont également convaincu personne. La suppression programmée de feux tricolores a ainsi été vivement contestée par les habitants craignant pour la sécurité des piétons. L'avis des élus aurait été pertinent mais ce sont les services qui se sont lancés dans des explications très techniques, expliquant s'être basés sur des "référentiels" et qu'il n'y a "pas besoin de feu pour que ça fonctionne"... 

LA PROPRETÉ "NE FAIT PAS PARTIE DU PROJET"

Un habitant a également osé demander si « vous allez en profiter pour nettoyer les tags » (plusieurs autres voix s'élevant alors pour abonder dans son sens à propos de la propreté). Fin de non-recevoir de Gilles Namur : « on est pas là pour parler propreté urbaine, ça fait pas partie du projet ». C'est justement le problème : ceux qui se sont fait élire sur l'engagement "d'embellir la ville" devraient pourtant faire de la propreté l'un de leurs "projets"

L'Abbaye devient un dépotoir mais la propreté "ne fait pas partie du projet"

LES VERTS/LFI ONT TUÉ LA PARTICIPATION CITOYENNE

Réunions après réunions, le ras-le-bol des habitants se fait chaque fois plus pesant pour des projets supposés être soumis à concertation. En dévoyant le sens des mots, en appelant "concertation" des réunions qui ne sont en fait que des exposés de projet déjà montés où l'avis des concernés est à peine écouté et leurs demandes systématiquement refusées, les Verts/LFI auront creusé le fossé qui séparent les décideurs publics des citoyens. Mais pas d'inquiétude : ça n'empêche pas le Maire de se rendre à Rio pour donner des leçons de démocratie participative...

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