UN CONSEIL MUNICIPAL DE RENTRÉE SOUS TENSION POUR LA MAJORITÉ PIOLLE

Le premier conseil municipal de Grenoble depuis l'été se tient aujourd'hui à 15h. Après une rentrée déjà très compliquée pour Eric Piolle et ses élus.

LE PREMIER CONSEIL DEPUIS LA CONDAMNATION

Il s'agit en effet de la première réunion du conseil depuis la condamnation du Maire pour favoritisme le 6 septembre dernier par la cour d'appel de Grenoble. Alors que les juges l'ont déclaré coupable dans cette affaire politico-financière d'attribution de marchés, il apparaitra plus affaibli que jamais. Nul doute que l'opposition remettra le sujet sur la table et l'interpellera à ce propos.

PAS DE DÉMISSION PRÉVUE

Car s'il respectait ses engagements, Eric Piolle n'aurait pas dû être celui qui préside ce conseil : en application de la charte Anticor qu'il a signé, il aurait dû démissionner de son mandat. Mais aucune délibération en ce sens ne figure à l'ordre du jour. Il compte bien s'accrocher jusqu'au bout à son fauteuil, piétinant ses engagements sans vergogne.

Extrait de la charte Anticor signée par Eric Piolle. S'il respectait ses engagements, il devrait démissionner. Notons qu'il aurait aussi dû être suspendu de ses fonctions dès sa mise en examen.

PEUT-ON ESPÉRER UN SURSAUT D'HONNEUR ?

Alors que le Maire a fait le choix de la fuite en bricolant une histoire de stages en immersion et en repoussant un conseil pour partir 10 jours à Rio, aucune réaction d'honneur ne semble à attendre de sa part, rongé par son incapacité à se remettre en question. Peut-on espérer un sursaut de la part de ce qu'il reste de sa majorité ? Rien n'est moins sûr.

EN INTERNE, LA QUERELLE DE SUCCESSION

Car si en privé nombre d'élus de la majorité se lâchent et ne cachent pas leur ras-le-bol, les indemnités confortables garanties à à peu près tout le monde en ayant créé une armée mexicaine d'adjoints et conseillers délégués suffit à faire rester même les plus hostiles. Pour l'instant. Et les plus ambitieux ne veulent pas passer pour des traitres vis-à-vis de celui qui les a fait exister, alors qu'en interne la guerre de succession du Piollisme est ouverte et les prétendants aiguisent leurs couteaux.

Lucille Lheureux (Verts/LFI), l'une des adjointes les plus sectaires et idéologues du système Piolle, se verrait bien prendre sa suite. Elle est loin de faire l'unanimité en interne.

LE CAMOUFLET DES SÉNATORIALES NE VA RIEN ARRANGER

La succession s'avère d'autant moins aisé que les élections sénatoriales d'hier, sur lesquelles nous reviendrons plus en détails prochainement, ont réussi l'exploit de rouvrir les divisions entre les Verts, la France Insoumise et les socialistes, avec des invectives de part et d'autres. La gauche départementale s'atomise, sur le modèle et d'ailleurs en partie à cause de la gauche grenobloise qui se délite grâce à Piolle.

LE PREMIER CONSEIL DEPUIS L'EXPLOSION DES IMPÔTS

Ce conseil municipal est également le premier à se tenir depuis l'augmentation massive de la taxe foncière (+32%) qui frappe de plein fouet les propriétaires grenoblois. Si la hausse avait été décidée lors d'un conseil en mars dernier, nombre d'entre eux l'ont découverte en recevant leur avis d'imposition début septembre.

En mars dernier, de nombreux Grenoblois avaient manifesté devant le conseil à l'appel de l'opposition pour dénoncer la hausse d'impôts. Eric Piolle l'avait finalement imposée au forceps et les propriétaires découvrent l'addition salée en cette rentrée.

UN ORDRE DU JOUR DÉSESPÉRÉMENT VIDE

Les Grenoblois matraqués peuvent être d'autant plus énervés qu'il apparait de plus en plus clairement que cette hausse ne permettra rien, si ce n'est boucler péniblement le budget de la ville. L'ordre du jour du conseil, d'un vide abyssal, en témoigne. Les quelques délibérations mises en avant ont été bricolées en vitesse et n'apportent rien : une proposition "d'école du vélo", coûteux gadget loin d'être ficelé ; des renouvellements de conventions avec les MDH ; une "expérimentation" supplémentaire pour la rénovation énergétique qui ne changera rien car sans aucune ambition ; une "délibération-cadre" sur la stratégie alimentaire qui est une accumulation de verbiage sans propositions... Le système Piolle patine et remplit le vide.

LA FABLE DU "BOUCLIER SOCIAL ET CLIMATIQUE"

La fable du "bouclier social et climatique" ne tient déjà plus debout car on est loin, très loin de trouver 44 millions d'euros (ce que rapporte la hausse à la ville) d'investissements pour les Grenoblois. En prime, on ne trouve rien sur la sécurité, au sortir de semaines particulièrement mouvementées place Saint-Bruno notamment. Rien pour les campements et squats qui continuent de faire tâche d'huile en ville, au Clos d'Or (rue des Alliés) notamment. Et une succession de délibérations vise à poursuivre l'urbanisation massive de la ville, alors même que nous sommes 1ère ville hors Paris pour les îlots de chaleur et que nous avons encore connu un été caniculaire !

L'OPPOSITION SE RÉORGANISE...

Pendant que la majorité en lambeaux poursuit son déclin et se renferme sur elle-même, l'opposition se réorganise. Dans un communiqué envoyé dimanche à la presse, le groupe d'Alain Carignon, Nathalie Béranger, Brigitte Boer, Chérif Boutafa, Nicolas Pinel et Dominique Spini annonce la désignation de Brigitte Boer comme coprésidente du groupe à la ville et Dominique Spini comme coprésidente à la métropole. Les deux élues se chargeront de "la coordination du travail de l’opposition pour les conseils municipaux et métropolitains".

... POUR PRÉPARER L'ALTERNANCE

Alain Carignon reste coprésident du groupe, mais cette réorganisation lui permettra "de se consacrer pleinement à la préparation de l’alternance dont notre ville a besoin. Il poursuivra ainsi le travail de rassemblement de tous ceux qui souhaitent dessiner un autre avenir pour Grenoble qu’il a initié". À deux ans et demi des élections municipales, l'opposition enclenche donc la vitesse supérieure.

LA FIN DE MANDAT SE PROFILE

Maire condamné qui s'assoit sur ses engagements, plus isolé que jamais à la Métropole en proie à une guerre ouverte qui la paralyse, à la tête de la majorité politique la plus faible de l'histoire de la ville après le départ de 11 élus de son groupe... Et en parallèle, se révèle un peu plus chaque jour cette incapacité à répondre aux enjeux qui attendent Grenoble et aux préoccupations des Grenoblois. La fin de mandat et avec elle des années Piolle est bel et bien amorcée. Rendez-vous à 15h pour la suite de l'histoire.

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