LA MISE SOUS TUTELLE IDÉOLOGIQUE DU MUSÉE DE GRENOBLE CONFIRMÉE

La municipalité de Grenoble vient d'annoncer le nom du nouveau directeur du Musée amené à remplacer Guy Tosatto, qui part à la retraite en fin d'année.

LUCILLE LHEUREUX (Verts/LFI) AVAIT ANNONCÉ LA COULEUR

Lucille Lheureux, l'adjointe à la culture qui se verrait bien succéder à Eric Piolle, avait annoncé la couleur il y a plusieurs mois. Elle attendait du futur directeur : « une attention toute particulière à une réflexion sur le parcours muséographique et les expositions temporaires tenant compte des enjeux écologiques et de la place des femmes dans l’histoire de l’art et la création contemporaine». Comprendre : le profil idéal pour la majorité municipale serait quelqu'un qui souscrirait complètement à ses dogmes.

Lucille Lheureux (Verts/LFI), l'une des adjointes les plus sectaires et idéologues du système Piolle.

UN CAMOUFLET POUR LA LIBERTÉ DE CRÉATION

L'ambition est claire : orienter la création artistique pour qu'elle serve les thèmes chers aux élus Verts/LFI, à rebours de la logique de liberté artistique qui permet aux créateurs de s'épanouir et à l'art de foisonner dans toute sa diversité. Même Clément Berthet, du Dauphiné Libéré s'inquiétait de cette approche dans un article en avril dernier : « si la description du profil est intéressante, c’est plutôt du côté des missions qu’il faut regarder. Car les récentes prises de position de Lucille Lheureux avaient de quoi laisser envisager un recrutement basé davantage sur une idéologie que sur la nature des œuvres conservées au Musée de Grenoble ».

SÉBASTIEN GÖKALP OBTIENT LE POSTE

L'heureux élu finalement recruté, qui prendra ses fonctions dès le 1er janvier 2024, s'appelle Sébastien Gökalp. Professeur agrégé d'histoire, il a ensuite été conservateur dans plusieurs institutions (Musée d'art moderne de Paris, Centre Pompidou...). Son dernier poste en date : directeur du Musée national de l'histoire de l'immigration, fonction qu'il exerce depuis 2019.

Le futur conservateur du Musée de Grenoble, Sébastien Gökalp. Capture d'écran Youtube : https://www.youtube.com/watch?v=KTf_wQGWTOc

LA PORTE OUVERTE À L'IDÉOLOGIE...

Et forcément, c'est sur cette dernière fonction que le communiqué de la ville s'attarde. La municipalité se félicite ainsi : "Sébastien Gökalp s’est notamment engagé pour informer, nourrir la réflexion et changer le regard sur l’immigration". Le message est limpide : les élus Verts/LFI se félicitent déjà de pouvoir appuyer par le prisme de l'art leurs thèses défendant l'ouverture des frontières et l'accueil inconditionnel. Thèses tristement incarnées par l'inénarrable Christine Garnier, pilier du système Verts/Rouge local depuis 30 ans qui a tranquillement défendu l'idée que l'Etat est raciste

... AVEC UN CONSERVATEUR SUR LA MÊME LIGNE

Évidemment, le nouveau conservateur est sur une ligne proche. Le Musée où il officie s'est récemment illustré avec le lancement de sa nouvelle exposition consacrée à l'histoire de l'immigration. L'affiche de promotion titrait : "c'est fou tous ces étrangers qui ont fait l'histoire de France", avec une illustration de Louis XIV qui précise "mère espagnole, grand-mère autrichienne"... Une vive polémique a suivi, plusieurs professeurs dénonçant le fait que le Roi-Soleil n'est évidemment en rien représentatif de l'immigration, et d'autres, comme Benoit Valliot (professeur agrégé et docteur en histoire), pointant à juste titre qu'on assiste là à une « essentialisation des immigrés et de leurs descendants comme d’éternels étrangers ».

La campagne de comm' polémique du Musée de l'immigration.

DANS LA DROITE LIGNE DE LA DOCTRINE PIOLLESQUE

On comprend que la majorité municipale ait recruté ce profil. Cette exposition est dans la droite ligne de la doctrine défendue par les élus Verts/LFI, Eric Piolle en tête, qui voudrait que l'immigration soit forcément bénéfique pour un pays (quitte à s'arranger avec l'Histoire) et qui défend l'idée qu'il faut impérativement accueillir tous ceux qui le souhaitent. Un discours angélique sur le papier (et en réalité assez cynique car l'idée sous-jacente est également de flatter des "communautés"... électorales) qui se fracasse malheureusement sur le dur mur de la réalité.

"CHANGER LE REGARD..." SUR LES CAMPEMENTS ET SQUATS ?

Les élus se félicitent ainsi que Sébastien Gökalp travaille à "changer le regard sur l'immigration". Vaste sujet à Grenoble. Une exposition parviendra-t-elle à changer le regard des Grenoblois riverains des campements et squats de misère installés sur des terrains municipaux et sources de quantités de nuisances ? Ou le regard des habitants de logements sociaux qui voient des familles primo-arrivantes n'ayant aucuns codes culturels pour s'intégrer s'installer dans des appartements mis à disposition d'associations ? Parviendra-t-elle même à convaincre les migrants occupants de ces campements, vivant dans des conditions de salubrité indignes et victimes de filières mafieuses de passeurs, qu'immigrer c'est formidable ?

Campement du Clos d'Or, occupé par des dizaines de familles venues d'Europe de l'Est. Bientôt une exposition du musée hors-les-murs sur ce parking pour "changer de regard sur l'immigration" ?

DERRIÈRE LES DISCOURS, DES VIES HUMAINES

Car le résultat de ces discours pleins de bons sentiments et de cynisme est sous nos yeux. Pendant que d'une main Eric Piolle prône l'accueil inconditionnel à Grenoble (on se rappelle de son appel aux migrants depuis le Montgenèvre), de l'autre il n'a pas les moyens d'assurer des conditions dignes dans sa ville. Et on se retrouve avec ces campements de la honte, comme au Clos d'Or, à Diderot, par le passé Parc de l'Alliance, rue des Alliés… Ce n'est un progrès ni pour les Grenoblois, ni pour les migrants qui pensaient trouver l'eldorado dans la fameuse "ville d'accueil et de solidarité". 

L'ENTÊTEMENT PLUTÔT QUE LE BON SENS

Un tel sujet appelle à la responsabilité : il conviendrait de cesser de créer des appels d'air, de définir clairement quelles sont nos capacités d'accueil et de s'y tenir pour assurer notre devoir de solidarité sans vendre du rêve à des arrivants qui ne trouveront que la misère et sans dégrader les conditions de vie des Grenoblois. Prisonnier de son idéologie, Eric Piolle s'entête et allume des contrefeux qui ne résolvent rien plutôt que de remettre en question sa doctrine. Après s'être contenté pendant des années de rejeter la faute de l'hébergement sur l'Etat, l'idée de "changer le regard sur l'immigration" revient désormais à rejeter le problème sur... les Grenoblois, qui n'en auraient pas une vision assez positive !

En plus des campements, on retrouve des familles migrantes qui ne peuvent être logées par la ville "humaniste" jusque dans les écoles municipales.

L'AVENIR DU MUSÉE DE GRENOBLE EN SUSPENS

Quoi qu'il en soit, les Verts/LFI semblent avoir trouvé le profil qu'ils cherchaient pour le Musée. Le nouveau conservateur aura à élaborer un "projet scientifique et culturel" pour l'institution. Reste à savoir maintenant s'il reprendra consciencieusement toutes les thèses chères à ses nouveaux patrons. Ce ne serait pas une bonne nouvelle pour ce fleuron de la culture à Grenoble, qui a jusqu'ici rayonné très largement grâce à la richesse de ses collections et de ses expositions temporaires. Il devrait se rappeler les mots de Kundera : "la position de l'artiste exclut toute identification à une politique, à une religion, à une idéologie, à une morale, à une collectivité. Une non identification consciente, opiniâtre, engagée".

DANS LA CONTINUITÉ DE LA PRISE EN MAIN MUNICIPALE

On a vu les dégâts que provoque la mise sous tutelle de la municipalité Piolle. France Culture y avait consacré un long article que nous vous invitons à (re)lire en cliquant ici. La situation n'est pas allée en s'améliorant, avec désormais des critères qui subordonnent l'attribution de subventions aux acteurs culturels au respect des dogmes municipaux : "nous attendons de tout acteur soutenu qu’il se donne les moyens de progresser sur son empreinte écologique, sa mixité, son ouverture vers tous les publics". Une méthode qui courrouce nombre d'acteurs culturels de la ville, choqués par cette atteinte à la liberté artistique, mais ils ne peuvent exprimer leur colère car ils ont besoin de ces subventions. 

LE THÉÂTRE PREMIÈRE VICTIME DE CETTE FOLIE 

Le théâtre est un parfait exemple de l'échec de la politique culturelle Piollesque. À son arrivée, il a immédiatement repris la main sur la programmation pour l'encadrer. Les chiffres parlent d'eux-mêmes : de 22 000 spectateurs en 2014 (et jusqu'à 60 000 lorsque Guy Sisti, nommé par Alain Carignon, était directeur du théâtre !), nous sommes tombés à... 10 000 ! Pour l'accès à la culture au plus grand nombre, on repassera.

Les chiffres de fréquentation du théâtre. Un autre glorieux succès pour la municipalité.

LA NOUVELLE POLITIQUE TARIFAIRE MORTIFÈRE

En plus de la chape de plomb idéologique, le Musée devra composer avec la nouvelle politique tarifaire absurde. Souvenez-vous : en début d'année, pour faire passer la pilule de la hausse d'impôts, Eric Piolle et Lucille Lheureux annonçaient en grande pompe la gratuité du Musée. La fable s'était vite effondrée une fois le détail connu : les expositions permanentes deviennent bien gratuites, mais les expositions temporaires, soit celles qui attirent le plus de monde et sont les véritables temps forts du Musée, ont vu leur prix exploser ! Une petite arnaque dont la communication du Maire est friande, ne reculant devant aucune contrevérité pour entuber le gogo.

ERIC PIOLLE NE NOUS AURA RIEN ÉPARGNÉ

Le Maire condamné a beau désormais se détourner de Grenoble pour faire des "stages en immersion" ou partir en voyage à Rio, jusqu'au bout, il n'aura rien épargné aux Grenoblois, détricotant tout ce qui fonctionnait à son arrivée. En matière culturelle, après le théâtre, les musiciens du Louvre, la régie Le Ciel ou encore le bridage des subventions aux acteurs culturels, il arrive au bout de sa logique en s'attaquant au Musée. Même démarche avec l'éducation populaire, où il a torpillé des structures implantées de longue date mais jugées trop indépendantes, ou avec le monde associatif et la tentative de museler les unions de quartier.

Cette triste mandature s'achève heureusement dans moins de deux ans et demi. L'équipe qui succèdera à Eric Piolle héritera d'une ville asphyxiée idéologiquement, bridée par des élus qui auront tenté d'imposer leur projet politique par tous les pores de la société. Il appartiendra aux nouveaux élus de renouer avec la logique de liberté et d'autonomie qui a prévalu par le passé, condition sine qua non pour que Grenoble retrouve un second souffle en matière de création artistique, d'initiatives socioculturelles, d'engagement associatif après des années d'obscurité. 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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