CULTURE : LA PRISE EN MAINS PAR LA MUNICIPALITÉ S’ACCÉLÈRE

Un "théâtre de service public" tel que défini par Lucille Lheureux, l'Adjointe (Verts/LFI) à la culture, est un théâtre au service de l'idéologie municipale. La municipalité Piolle n'a pas repris par hasard au collectif libre de toute influence politique la programmation des théâtres. Il s'agissait pour elle d'encadrer la création artistique pour qu'elle passe dans ses fourches caudines.

"S'ENGAGER À METTRE EN OEUVRE LES PRINCIPES DE LA VILLE" (!)

Cette mainmise s'est étendue à toute la création culturelle de la ville puisqu'une "charte" est imposée à quiconque s'adresse à la ville, sous peine de ne pas pouvoir prétendre à un quelconque subventionnement.

Ceux qui "s’engagent à mettre en œuvre les principes de la ville et signent une charte basique toucheront une subvention de 1500 €" avait précisé Lucille Lheureux dans "Libération".  Ajoutant : "Nous attendons de tout acteur soutenu qu’il se donne les moyens de progresser sur son empreinte écologique, sa mixité, son ouverture vers tous les publics".

LA COM' DE LA MUNICIPALITÉ INTEGRÉE AU SPECTACLE

Cette pression a été particulièrement prégnante dans l'année "capitale verte" puisque nombre d'intervenants ont créé des "spectacles" s'insérant dans la stratégie de com' de la municipalité. On a vu des représentations avec des vélos sur scène, des parités affichées, des diversités revendiquées au détriment de tout discours sur la création elle-même.

LA SURENCHÈRE SUR "LA TRANSITION"

Malheureusement les institutions culturelles qui vivent grâce à l'argent public ne peuvent que se soumettre. Elles font de la surenchère verbale sur "la transition", se réunissent en collectifs pour élaborer une feuille de route. Ca va du "Ciel", où on ne sert plus de viande (!), jusqu'à la question de savoir "s'il faut continuer à faire venir des artistes de très loin". Celle que pose, sans y répondre, Stéphène Jourdain, directrice des Arts du récit. 

Bien entendu, ceux que "Libération" classe parmi "les proches de la municipalité", Youtci Erdos (directeur de la cie Scarlène et du festival ouverture exceptionnelle) ou Bruno Thircuir (metteur en scène de la fabrique des petites utopies) ne peuvent qu'en rajouter.

L. LHEUREUX (VERTS/LFI) GÈRE EN DIRECT LA PROGRAMMATION

Cette situation est encore plus prégnante pour le théâtre municipal, le 145 et le Théâtre de Poche puisque Lucille Lheureux les gère en direct. La fiction selon laquelle Delphine Gouard =, Directrice des trois salles et... employée municipale ferait ce qu'elle veut ne tient évidemment pas debout. Est-ce elle ou la municipalité qui a mis fin à toute pièce du théâtre privé par exemple ?

THÉÂTRE MUNICIPAL : LES ÉLÉMENTS DE LANGAGE DE LA MAJORITÉ MUNICIPALE

Elle répète d'ailleurs dans Place Gre'Net, sagement, les éléments de langage municipaux annonçant fièrement qu'elle a participé à l'élaboration "d'une charte des transitions". On ne peut pas lui reprocher d'obéir à ses patrons. Elle prévoit "une mutualisation des tournées et la promotion de repas végétariens, bio et locaux servis aux artistes et aux techniciens" (!) et "la végétalisation des abords du Théâtre de Poche". Pour la transition vers « l’égalité femmes-hommes » elle indique avoir reçu 52 % de créatrices parmi tous les auteurs, metteurs en scène et chorégraphes venus depuis trois ans.

La question de la création et de la qualité ne se pose pas. L'important est le pourcentage hommes/femmes. Programmer la pièce "12 hommes en colère" est devenu impossible !

LE THÉÂTRE A PERDU 12 000 SPECTATEURS PAR AN

Evidemment. en termes de bilan, le résultat est catastrophique : rien que 12 000 spectateurs ont été perdus en route chaque année. Les recettes passant de 600 000 € à moins de 100 000 €. Ca n'empêche pas Lucille Lheureux de pérorer. Il faut dire qu'en matière de gestion, la commerçante est douée et peut donc donner des leçons.

Sur la méthode, le journaliste de gauche de France Culture, Frédéric Martel, avait tout décrit d'un système local multipliant les oukazes, les coups de mentons et maniant l'arbitraire politique.

TANT PIS POUR L'ACCÈS À LA CULTURE

En présentant son programme tout entier tourné "vers les transitions", le Théâtre Municipal confirme que la municipalité aux abois sur bien des dossiers ne veut pas lâcher son emprise sur la part disponible du cerveau des grenoblois. Elle confirme avec cynisme sa priorité à l'égard de ses dogmes, quoi qu'il en coute en éloignement dans l'accès à la culture, en découragement de constater cette uniformisation du langage et de la création. La perte de la diversité culturelle de la ville est une tragédie.

MUNICIPALITÉ CARIGNON : LA GRANDE ÉPOQUE DU FOISONNEMENT CULTUREL

L'objectif est de retrouver cette liberté perdue, ce foisonnement hors des carcans municipaux. "Le seul maire de Grenoble qui se soit vérita­blement intéressé à Sainte­ Marie­ d’en­ Bas, qui l’ait do­té des moyens nécessaires et qui ait suivi mes spectacles, c’est Alain Carignon" déclarait Diden Berramdame, le directeur-créateur emblématique de Saint Marie d'En-Bas.

La municipalité Destot aura vendu un théâtre, celui du Rio, et pour la première fois de son histoire une municipalité a baissé la subvention de MC2 : la municipalité Piolle. Elle qui a supprimé la subvention des Musiciens du Louvre et fermé des bibliothèques. En la matière, avec le nouveau Musée de Peinture, la Médiathèque St Bruno, les crédits pour rénover MC2, la création de 3 théâtres dont deux dans le sud, à Prémol et à Villeneuve, de la bibliothèque de l'Alliance... la municipalité Carignon aura été celle de la grande époque culturelle.

M. KUNDERA : "EXCLURE TOUTE IDENTIFICATION À UNE POLITIQUE"

Aujourd'hui, la seule résistance qui pourrait intervenir doit venir des artistes. Ils doivent se rappeler les mots de Milan Kundera : "la position de l'artiste exclut toute identification à une politique, à une religion, à une idéologie, à une morale, à une collectivité. Une non identification consciente, opiniâtre, engagée".

LE JOUG D'UNE UNIFORMISATION À LA SOVIÉTIQUE

A l'aune de cette ode, ce que déverse actuellement la municipalité en termes d'obligations, de chartes et d'adhésion fait frémir. Qui aurait pu penser qu'un jour la culture Grenobloise subisse, là sous nos yeux, dans une relative indifférence, le joug d'une uniformisation à la soviétique ? 

 

 
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