LA DÉLINQUANCE A PRIS LE POUVOIR À GRENOBLE

La situation Place Saint-Bruno a dégénéré à vitesse grand V ces derniers jours. La délinquance a trouvé à Grenoble un terrain de jeu où elle opère en toute quiétude.

UN HAUT-LIEU DU DEAL À GRENOBLE

Ce n'est pas la première fois que la place Saint-Bruno connait des échauffourées. La zone est une place connue du deal à Grenoble, et le théâtre régulier d'affrontements de bandes de délinquants armés. L'été dernier par exemple, la majorité des 9 fusillades qui avaient éclaté à Grenoble étaient liées à ce secteur. On se souvient également en octobre 2022 des tirs à la kalachnikov devant un bar avant une course-poursuite avec échanges de balles ambiance far-west dans les rues de Grenoble. 

La Place Saint-Bruno après une des nombreuses fusillades qui émaillent la vie du quartier.

UN ENFANT DE 6 ANS FRÔLE LE DRAME MARDI DERNIER

En début de semaine dernière, après d'énièmes tirs à l'arme lourde sur la place, les délinquants se sont enfuis en motos et trottinettes et ont renversé un enfant de 6 ans dans leur course, qui s'en est heureusement sorti avec des blessures légères. Le Dauphiné a relaté que les fuyards se sont arrêté pour l'aider à se relever. Mais un témoin de la scène nous a contacté pour nous faire savoir qu'ils se sont en fait stoppé pour ramasser une arme tombée par terre...

SAINT-BRUNO SE BARRICADE

Dimanche soir, Saint-Bruno a à nouveau été le théâtre de coups de feu. Lundi matin, un homme de 30 ans a été passé à tabac et laissé dans un état grave. Hier matin toujours, sur le modèle des cités marseillaises où les dealers contrôlent le terrain, les délinquants ont fait des barrages de poubelles pour empêcher l'accès à la place. Ils ont été retirés par les forces de l'ordre en fin de matinée, mais remis ensuite. Hier soir, le quartier était à nouveau encerclé par ces barricades de fortune. 

LA GUERRE DES GANGS GRENOBLOISE

Les dealers subissent en fait les attaques d'autres équipes du sud de la ville qui voudraient prendre le contrôle de leur point de vente. D'où les fusillades et les barricades pour ralentir les assauts. Une guerre de territoire, dans la continuité de celles qui ont déjà émaillé l'année de fusillades et autres règlements de compte, parfois en pleine rue, en pleine journée. Et cette guerre n'est pas prête de s'arrêter, relate le Dauphiné après avoir interrogé de "bons connaisseurs de l’économie parallèle". Elle ne ferait que commencer...

LES ZONES DE NON-DROIT SONT UNE RÉALITÉ

Il faut bien se rendre compte de la situation dans laquelle Grenoble est tombée. À Saint-Bruno, où le facteur avait déjà été empêché de faire sa tournée par les dealers, les mêmes s'approprient l'espace public au point de pouvoir barricader la place pour contrôler les allées et venues. Comme dans ces autres quartiers où ils contrôlent la vie des habitants, nous sommes bel et bien face à une zone de non-droit avec des délinquants qui se sont substitués aux autorités pour faire leur propre loi. 

LE DRAME N'EST PAS LOIN

Les Grenoblois ne sont pas à l'abri de ces règlements de compte. L'enfant renversé la semaine dernière, qui s'en sort heureusement, bien le montre. Après une fusillade qui a fait un mort le 16 août au village olympique, des impacts de balle avaient été retrouvés jusque dans les appartements voisins. Cette spirale de violence finira à nouveau par faire des victimes innocentes, comme ça a déjà été le cas par le passé

"UNE RÉALITÉ QUI NE PARAIT PLUS GUÈRE ÉMOUVOIR"

Dans le Dauphiné d'hier, le journaliste Denis Masliah dresse un constat préoccupant : "les habitants doivent, dans les faits, composer avec les coups de feu qui, à intervalles réguliers, sont tirés sur la place ou à ses abords, parfois à quelques mètres des enfants qui jouent dans le square : une réalité qui, aussi incroyable que cela puisse paraître, ne paraît plus guère émouvoir quiconque à Grenoble". Effectivement, les Grenoblois s'habituent malheureusement à vivre avec ces scènes surréalistes tant elles sont fréquentes.

INSTALLER LA RÉSIGNATION...

Et c'est sans doute là une des plus grandes "victoires" de la municipalité Piolle. À la longue, elle a laissé s'installer comme nouvelle norme le fait de vivre avec la délinquance, comme si c'était inéluctable et qu'on ne pouvait rien y faire (Denis Masliah témoigne bien de cet état d'esprit : "le quartier Saint-Bruno est régulièrement le théâtre de scènes de violence que rien ne semble pouvoir endiguer"). 

... ET SE DÉRESPONSABILISER

Le système Piolle a réussi ce tour de force en jouant avec constance la carte de la défausse totale. En martelant que c'est partout pareil, alors que tous les classements placent Grenoble comme l'une des villes les plus dangereuses de France. En parlant "des" sécurités (alimentaires, sociales...) pour ne jamais parler de "la" sécurité. En rejetant sans cesse la responsabilité sur l'état pour qu'il n'ait jamais à assumer les siennes. En laissant même dire une adjointe, Céline Deslattes, que les questions de sécurité relèvent du "fantasme" (vidéo ci-dessous). 

 

LA VILLE DOIT PRENDRE SA PART

En 10 ans, les résultats de cette théorisation de l'irresponsabilité sont visibles. Des bobos qui ont le privilège de vivre dans un quartier à peu près épargné (pour l'instant) gobent volontiers le discours et refusent de voir le sujet. Pendant que nombre de Grenoblois qui y sont confrontés se résignent et pensent qu'il ne sera pas possible d'inverser la vapeur. Et pourtant, on ne peut pas conclure que "rien ne semble pouvoir endiguer" la percée de la délinquance... alors qu'un maillon essentiel de la chaine de sécurité, la ville, ne s'est toujours pas engagé dans cette lutte. 

L'ADJOINTE EN CHARGE EST "EN LIEN" ET "INQUIÈTE

Pour constater l'inertie municipale et l'absence de volonté politique, il suffit en effet de lire les propos de (l'inexistante) adjointe en charge "de la tranquillité publique" (!) Maud Tavel dans le Dauphiné d'hier.  "C’est faux de dire que nous ne faisons rien. On est en lien constant avec la préfecture, avec la police nationale. On sait qu’il y a un phénomène de reprise du « marché » dans différents secteurs de la ville, et cela nous inquiète pour les riverains et les usagers des services publics. Oui, on condamne fermement ce qui se passe". Elle est en lien avec la police, elle est au courant du phénomène qui l'inquiète, et elle condamne fermement ! Les Grenoblois sont sauvés. Pour des propositions et de nouvelles actions, on repassera. 

UN PLAN SÉCURITÉ POUR GRENOBLE

Car en réalité, à peu près rien n'a pas été fait par la ville. Depuis le début du mandat, le groupe d'opposition présidé par Alain Carignon remet sans cesse sur la table un plan sécurité qui s'attaque à tous les aspects du problème : développement de la vidéoprotection, centre de sécurité urbain opérationnel 24h/24 pour pouvoir déclencher les interventions en direct, renforcement et armement de la police municipale pour qu'elle seconde efficacement la nationale...

Longue intervention d'Alain Carignon sur CNEWS pour évoquer les solutions aux problèmes d'insécurité à Grenoble.

UNE PÉTITION POUR LA VIDÉOPROTECTION

Pour tenter de faire infléchir la politique d'Eric Piolle en la matière, vous pouvez signer la pétition pour le développement de la vidéoprotection à Grenoble en vous rendant sur ce lien pour la version en ligne, ou sur ce lien pour une version papier à remplir et à retourner à societecivile38@gmail.com (ou par voie postale : Groupe d'opposition - Bureau 168 - Hôtel de ville - 11 Boulevard Jean Pain 38000 GRENOBLE). À 8000 signatures, la ville sera contrainte d'organiser un référendum sur le sujet selon ses propres règles.

S'ATTAQUER AU PROBLÈME À LA SOURCE

Il convient également de s'attaquer au problème à la source, avec le sujet du logement. Il est inconcevable que des délinquants, parfois multi condamnés pour trafic de drogue, soient installés dans des logements sociaux de bailleurs contrôlés par la ville et/ou la métropole. Et pourtant, les élus roses/rouges/verts des deux collectivités ferment les yeux. Alain Carignon propose un contrôle strict des attributions de logements et l'expulsion des dealers condamnés, ainsi qu'une large habilitation des personnels pour pouvoir dresser procès-verbal. Les Maires de Valence et de Pontoise se sont par exemple engagés sur cette voie, preuve qu'il est possible d'agir si la municipalité le veut.

Du fait de la dégradation de certains quartiers, de nombreux logements HLM sont vacants... et utilisés par les dealers pour leur business. Le groupe d'opposition était allé le constater ici au Lys Rouge.

A. CARIGNON : "LA DÉLINQUANCE A PRIS LE POUVOIR"

Par voie de communiqué, le Président du groupe d'opposition a à nouveau rappelé ses propositions pour la sécurité à Grenoble, et réagi aux nouveaux évènements de la place Saint-Bruno : "la guerre de tranchées que se livrent les gangs démontre que la délinquance a pris le pouvoir à Grenoble. Elle est logée par le pouvoir local qui ferme les yeux et refuse toute action coercitive. (...) La question n’est plus de savoir si un Grenoblois innocent va être victime d’un accident ou d’une balle perdue mais quand ? Si Éric Piolle attend le drame pour réagir, il en sera responsable".

L'HYPOCRISIE DES SOCIALISTES

Notons au passage l'hypocrisie de Cécile Cénatiempo (PS) qui réagit également dans le Dauphiné Libéré. Elle s'insurge et critique vertement la situation, comme si les socialistes pouvaient donner des leçons alors que le bilan Destot n'est pas particulièrement reluisant en la matière et alors qu'ils poursuivent avec la majorité métropolitaine une politique du logement qui continue d'entretenir les causes de conséquences qu'elle déplore. De son côté, Emilie Chalas (LREM) déplore également les évènements et n'a rien à proposer (elle privilégie comme à son habitude le discours de dénonciation sans parvenir à passer le cap des propositions). 

Sous Destot, E. Piolle estimait que la ville avait une image d'insécurité... Chacun pourra juger d'à quel point il a transformé cette image. (Dauphiné Libéré 2014)

ENRAYER LA SPIRALE DU FATALISME

Il ressort logiquement que la seule opposition à proposer une alternative, avec des propositions clés en main, est celle d'Alain Carignon. En allant au-delà du constat et de la dénonciation, le groupe d'opposition trace un sillon que notre collectif tâche également de creuser à son modeste niveau : c'est celui du refus du fatalisme, en montrant aux Grenoblois que la situation de la ville n'est pas désespérée aussi tragique soit-elle aujourd'hui, qu'il ne faut pas se résigner et que des solutions existent pour, demain, réenchanter Grenoble. Sur le sujet de la sécurité, car un coup d'arrêt clair et net peut être porté au règne de la délinquance avec un minimum de volonté politique. Mais aussi sur tous les autres sujets pour lesquels la municipalité Piolle aura failli.

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