DERRIÈRE LA GUERRE PIOLLE / FERRARI, CELLE DES SOCIALISTES GRENOBLOIS

Les petits arrangements d'arrière-boutique des socialistes grenoblois vont prendre jour au conseil métropolitain de ce vendredi. Avec en toile de fond, la guerre des gangs Piolle / Ferrari. 

LIONEL COIFFARD (UMA) PERD SA DÉLÉGATION

Dans Le Dauphiné du 28 juin dernier, Lionel Coiffard (EELV) confirme s'être vu retirer sa délégation de Vice-Président par le Président Christophe Ferrari. Celui-ci avait en effet annoncé qu'il retirerait une délégation au groupe UMA (le groupe des élus Rouges/Verts Piollistes à la métropole) puisque celui-ci a perdu de nombreux membres depuis le début du mandat (les méthodes brutales du Maire de Grenoble font fuir de plus en plus de monde...) et qu'en application de la règle proportionnelle au sein des groupes de la majorité, ils ne méritent plus autant de Vice-Présidents.

Lionel Coiffard, Vice-Président Piolliste déchu.

LE RETRAIT DE DÉLÉGATION A RELANCÉ LA GUERRE PIOLLE / FERRARI

L'annonce de ce retrait de délégation au soir du conseil métropolitain du 26 mai dernier avait relancé la guerre des gangs Piolle / Ferrari. À la suite de cette annonce, Christophe Ferrari avait essuyé des tirs particulièrement violents par voie de presse de la part des élus piollistes, qui montaient tous au créneau les uns après les autres pour le torpiller. Les tensions, qui couvent depuis l'élection du Président de la Métropole qui avait battu Yann Mongaburu (candidat défait de Piolle) en 2020 ont alors atteint leur paroxysme avec des coups d'une rare brutalité entre personnes censées appartenir à la même majorité métropolitaine.

LE COMBAT DE COCHONS

Cet échange de tir était la suite logique de trois ans de bisbilles métropolitaines, avec un Eric Piolle qui n'a jamais digéré la défaite de son candidat et s'est en conséquence désolidarisé de sa majorité sur tous les sujets majeurs : ZFE, budget... Dernier coup de couteau en date : invité de TéléGrenoble, le Maire de Grenoble a avancé que Christophe Ferrari a augmenté son indemnité à l'insu du plein gré des élus métropolitains... mais la boule puante s'est révélée être une fake news ! Cette bagarre de chiffonniers est d'autant plus risible que les deux protagonistes sont chacun cernés par les affaires : l'un est accusé d'avoir utilisé sa voiture de fonction de Président de la Métro à des fins personnelles ; l'autre attend le délibéré de son procès en appel, au cours duquel l'avocate générale a requis une lourde amende et éventuellement de la prison avec sursis. Un vrai combat de cochons dans la boue.

Piolle et Ferrari dirigent la Métropole en tirant chacun d'un côté différent : le résultat se mesure sur le territoire.

FERRARI VA JETER UN CAILLOU DANS LE JARDIN DE PIOLLE

Mais la querelle ne va pas s'arrêter au retrait de délégation de Lionel Coiffard. Le conseil métropolitain devra élire vendredi un nouveau Vice-Président pour le remplacer. De sources concordantes, la candidate que le groupe de Ferrari présentera ne serait autre que Cécile Cénatiempo, actuelle conseillère déléguée de la métropole... et élue dans le groupe "d'opposition" socialiste à Eric Piolle à Grenoble. Une manière de la faire monter en puissance pour agacer encore un peu plus le Maire de Grenoble.

Cécile Cénatiempo (PS Grenoble). Photo source twitter.

DES CONSIDÉRATIONS PUREMENT POLITICIENNES

Bien sûr, son élection ne sera pas présentée telle quelle. Nous aurons droit à un discours lénifiant sur la nécessité de faire élire Cécile Cénatiempo au nom de l'intérêt métropolitain, de la mise en œuvre de la feuille de route de la majorité ou tout autre propos langue de bois de ce genre. Mais personne n'est dupe car celle-ci était jusqu'ici conseillère déléguée en charge de la qualité de l'air, et il y a déjà un Vice-Président chargé de l’air, de l’énergie et du climat (Pierre Verri, PS). Il n'y a donc aucune nécessité de faire monter une autre Vice-Président  sur ce thème... si ce n'est pour mettre des bâtons dans les roues à Piolle.

"C'EST JUSTE LA PRÉPARATION D'UNE AUTRE ÉCHÉANCE ELECTORALE "

Lionel Coiffard ne dit d'ailleurs pas autre chose au "Dauphiné Libéré" : "on verra qui va obtenir ma 5e vice-présidence. Si elle va au groupe socialiste Actes, si elle va à un ou une socialiste de Grenoble… On va peut-être comprendre que tout ça, c’est juste la préparation d’une autre échéance électorale. Oui, je pense que certains pensent déjà à s’immiscer dans les municipales de Grenoble de 2026". On imagine combien le Vice-Président Pierre Verri va apprécier cette petite manœuvre politicarde sur le dos de sa délégation.

COMBIEN DE VOIX OBTIENDRA CENATIEMPO ?

Il sera intéressant d'observer combien de voix obtiendra Cécile Cénatiempo, qui ne fera forcément pas un carton plein. Les oppositions devraient logiquement s'abstenir, puisque tout ceci relève de querelles de personnes internes à la majorité. Au sein de la majorité, le décompte est incertain. Obtiendra-t-elle toutes les voix du groupe socialiste, où sa candidature n'a pas fait l'unanimité ? Le groupe des élus de petites communes suivra-t-il Christophe Ferrari le doigt sur la couture, comme à son habitude ? Les communistes dont certains siègent avec Eric Piolle à Grenoble vont-ils voter contre la Vice-Présidence attribuée à l'une de ses opposantes ? Le groupe des élus piollistes va-t-il s'abstenir ou présenter un candidat  ? Et restera-t-il dans la majorité métropolitaine après ce camouflet ?

PIOLLE ET COIFFARD VOUDRAIENT QUITTER LA MAJORITÉ MÉTROPOLITAINE

Lionel Coiffard dit au DL ne pas le souhaiter, trouvant désormais la majorité "médiocre" n'y étant plus lui-même. Eric Piolle ne cache pas qu'il voudrait rompre également. A cette heure il n'avait pas pu entrainer le groupe, à moins que la désignation de Cécile Cénatiempo ne l'aide ? Il affirme pouvoir y parvenir à l'automne. On ne voit pas en quoi il aurait plus de facultés d'entrainement à la rentrée avec le jugement de son procès et les douloureuses feuilles d'impôts reçues par les Grenoblois. 

UN PS GRENOBLOIS FAIBLE ET SUBDIVISÉ EN CHAPELLES

Enfin, que feront les exclus de la majorité Piolle qui ont désormais un groupe autonome au conseil métropolitain (Anouche Agobian, Maxence Alloto, Pascal Clouaire, Hakim Sabri, Barbara Schuman) ? À Grenoble, ils sont en froid avec Cécile Cénatiempo car ils se disputent le leadership "d'opposition de gauche" (une fable politicienne comme nous le verrons plus loin) : accepteront-ils que Ferrari la fasse monter en puissance, ce qui leur fera indéniablement de l'ombre ? Autant de questions qui trouveront une réponse vendredi.

Le dernier conseil métropolitain avant l'été, vendredi, s'annonce encore agité.

LES SÉNATORIALES EN TOILE DE FOND

Au-delà du conseil métropolitain, les élections sénatoriales de septembre prochain risquent d'être impactées. Résumé rapide de la tambouille à gauche : la tête de liste officielle du parti socialiste en Isère est censée être Erwan Binet (multiperdant aux élections du côté de Vienne). Le PS aurait validé comme deuxième de liste Cécile Cénatiempo. Sauf que Christophe Ferrari, ex PS désormais en froid avec le parti, a monté un mouvement autonome qui présenterait une liste concurrente aux sénatoriales avec comme tête de liste Jean-Yves Brenier (Président d'une communauté de communes du Nord-Isère). Cette liste dissidente engrangerait les soutiens venus du PS, évidemment dans la Métropole sous le joug de Ferrari, mais aussi dans le sud Isère avec des noms comme la Présidente de la communauté de communes du Trièves Coraline Saurat, (ancienne chef de cabinet de Ferrari à la métro...), et on parle même de la dernière députée socialiste iséroise, Marie-Noëlle Battistel. Pour enfoncer le clou, Cécile Cénatiempo aurait annoncé récemment renoncer à être présente sur la liste d'Erwan Binet... et pourrait bien rejoindre celle de Ferrari / Brenier. Pour une Vice-Présidence à la métro, elle abandonnerait son parti. À quoi ça tient les convictions !

CETTE GAUCHE QUI SE DISPUTE SA PETITE PART DE MARCHÉ...

Toute cette petite gauche locale apparentée PS devient folle à force de calculs et de coups fourrés internes. Tout ça pour se disputer le même positionnement politique en vue des élections municipales à Grenoble (le positionnement "gauche sans Piolle" incarné par Olivier Noblecourt en 2020 et qui a fait 11%). On retrouve ainsi sur le même créneau le groupe socialiste au conseil municipal, présidé par Cécile Cénatiempo avec comme élus Hassen Bouzeghoub (qui avait tenté de se placer pour être élu à Echirolles en 2020 avant d'être refusé et de revenir sur la liste Noblecourt. Compte tenu de ses propos contradictoires suivant les interlocuteurs personne ne sait ou il va tomber en 2026)  ; Romain Gentil (caution "société civile" pas si éloignée de la politique politicienne que ça : sa compagne serait en passe d'être embauchée au cabinet de Christophe Ferrari selon nos informations) ; et comme attaché de groupe David Bousquet (véritable apparatchik socialiste qu'on pourrait qualifier de petit Mazarin de tout ce petit monde).

LES EXCLUS DE PIOLLE CHERCHENT UNE LEGITIMITE

Ils sont concurrencés par le nouveau groupe des exclus de la majorité Piolle (Anouche Agobian, Maxence Alloto, Pascal Clouaire, Hakim Sabri, Barbara Schuman, Amel Zenati, Laure Masson). Ceux-ci, à la faveur de leur exclusion, semblent avoir découvert la lumière et remettent en cause tout ce qu'ils ont voté et défendu docilement pendant trois ans. Ils sont vus d'un mauvais œil par le groupe Cénatiempo / Bouzeghoub / Gentil / Bousquet car ils leur font concurrence à gauche et ont l'avantage du nombre (mais le désavantage de l'absence de légitimité électorale). Pour ceux d'entre eux qui ont trahi le PS en 2020 pour rallier Piolle et se retrouvent maintenant exclus par ce dernier, le "positionnement" est plutôt délicat.

... D'AUTRES INITIATIVES SECONDAIRES...

Hors du conseil municipal, on trouve aussi une initiative conduite par une proche de Jérôme Safar (candidat PS perdant en 2014 qui n'a jamais cessé de suivre ce qu'il se passe...), Hakima Necib, pour encore concurrencer de l'extérieur sur le même positionnement. Et pour finir, comment ne pas citer l'inénarrable Stéphane Gemmani, girouette devant l'éternel jamais élu sur son nom qui a commencé son parcours à droite pour finir par explorer toutes les nuances de la gauche, et qui a récemment rejoint le PS en flairant ce qu'il pense être un filon. Bien sûr, il est très isolé de ses camarades socialistes qui méprisent le personnage passé par toutes les chapelles. Tout ce beau monde existe donc sur le même créneau, qui rappelons-le a a fait 11% en 2020... ce qui représente à peine 3000 Grenoblois !

... POUR FAIRE DU PIOLLE SANS PIOLLE

Ces personnes sont amenées à se disputer pour monter une liste... en la bâtissant uniquement sur des querelles d'ego et de postes. Car sur le fond, ils veulent concurrencer le système Piolle alors que la différence entre lui et eux tient de l'épaisseur d'une feuille de papier à cigarette. Ils veulent simplement refaire du Piolle, sans Piolle. Ils ne comptent nullement s'attaquer au sujet de l'urbanisation intensive qui nous a fait devenir première ville pour les ilots de chaleur ; ils ne comptent rien faire de plus en matière de sécurité, nourris aux mêmes écoles de pensées laxistes ; ils ne feront rien de différent en matière de politique de l'habitat et d'attribution de logements ; ils n'ont rien à proposer pour la propreté de la ville, son attractivité, son accessibilité...

NE RIEN CHANGER À LA SPIRALE DE LA DETTE ET DES IMPÔTS

Et évidemment, tous issus de l'école Michel Destot, ils sont de médiocres gestionnaires qui ne changeront rien à la spirale de la dette et des impôts qu'ils avaient concouru à creuser déjà à l'époque où les socialistes étaient aux manettes. La seule grosse différence de fond avec Eric Piolle tient finalement à leur opposition à la vente de Grenoble-Habitat : ils la refusent mais ne disent pas où ils trouveraient les économies pour compenser l'absence de vente, à la différence du groupe d'opposition présidé par Alain Carignon qui a formulé de nombreuses propositions pour redresser la ville sans avoir à se séparer des bijoux de famille

Grenoble était déjà en tête des villes pour les impôts locaux grâce au PS de Destot aujourd'hui incarné par Cénatiempo & co, et les verts de Piolle ont encore aggravé la situation.

LA MÉTROPOLE PARALYSÉE PAR CES GUÉGUERRES USANTES

Nous préfèrerions évoquer les sujets structurants pour Grenoble et pour notre Métropole, mais il est parfois indispensable d'exposer les dessous des arrière-boutiques politiciennes aux commandes de nos institutions afin de faire circuler l'information.

Et parce que les ambitions des uns et les autres, qui avancent leurs pions et se font des nœuds au cerveau avec de pathétiques coups de billard à trois bandes, ont un impact sur l'action métropolitaine. Depuis 3 ans nous vivons au gré des flux et reflux de la guerre des gangs Piolle / Ferrari, qui va désormais s'exporter plus clairement à Grenoble avec Cénatiempo.

TOUT UN TERRITOIRE EST PARALYSÉ

Tout un territoire est paralysé et incapable de se saisir des grands enjeux de demain. Jusqu'à quand tous ces acteurs se contenteront ils de ces petits calculs d'échoppes politiciennes ? Certains d'entre eux qui auraient l'intérêt du territoire à cœur vont ils travailler sérieusement à une alternative, un projet clairement assumé qui ne se contente plus d'un galimatias sans portée et de promesses irréalisables ?

LES GRENOBLOIS ATTENDENT LE "COMMENT"

A l'heure de l'augmentation massive des impôts et de la dette de Grenoble, à la veille de la même opération vers laquelle se dirige la Métropole, les grenoblois attendent que des femmes et des hommes proches de leurs préoccupations leur disent le "comment". Dans les couloirs, certains des élus cités manifestent une réaction de dignité, souhaitant qu'autour de l'opposition se construise une alternance dont Grenoble et la Métropole ont un besoin urgent. De toute façon, au vu du paysage politique et de son évolution prévisible, c'est bien avec elle que se situe l'avenir du territoire.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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