PALAIS DES SPORTS : L’ABANDON ET LE MÉPRIS

Alors qu'une délibération à propos du palais des sports s'est invitée à l'ordre du jour du dernier conseil municipal, le journaliste Clément Berthet revient sur ce dossier dans le Dauphiné du 7 octobre.

LA RÉHABILITATION À 60 MILLIONS

L'équipement est particulièrement vétuste (à tel point que des opérateurs de spectacle ont fait réaliser des constats d'huissier sur l'état des lieux !). L'an dernier, une étude commandée par la ville avait révélé qu'il faudrait de l'ordre de 50 à 60 millions d'euros pour le réhabiliter. La presse avait publié le montant et l'opposition avait dû saisir la CADA pour obtenir copie de l'étude, que la majorité municipale chantre de la transparence n'entendait pas dévoiler.

palais des sports grenoble
Le palais des sports de Grenoble a été construit en 1968 et, dans son format, ne correspond plus aux besoins actuels.

1,1 MILLIONS D'INVESTISSEMENT ANNONCÉS...

Maxence Alloto, alors en charge du palais des sports (avant d'être vidé de la majorité Piolle), annonçait alors que la ville investirait 1,1 millions d'euros pour de nouveaux éclairages, des rideaux occultants... Bien loin des sommes nécessaires pour une vraie rénovation, mais chacun a bien compris que la ville est exsangue financièrement et n'a plus les moyens de faire preuve d'ambition.

... QUI SE TRANSFORMENT EN 200 000 EUROS

Au final, dévoile le Dauphiné, l'investissement promis s'est bien tassé pour atteindre... moins de 200 000 euros, afin d'acheter une grille d'éclairage et une petite tribune. On est loin de l'effet d'annonce initial, mais qu'importe pour le système Piolle, entièrement tourné vers la comm'. Le nouveau adjoint en charge de l'équipement, le zélé Olivier Bertrand (pilier des Verts/ADES), ose se féliciter : "c’est un vrai apport pour les productions [...] C’est un coût en moins pour elles".

LE MATRAQUAGE DES ORGANISATEURS D'ÉVÈNEMENTS

En réalité, derrière les éléments de langage de Bertrand, il organise le matraquage des productions. Guy Chanal, le célèbre producteur qui organise au palais plusieurs évènements, va ainsi devoir dépenser 3 à 4000 euros pour démonter la tribune dont il n'a pas besoin. Ce n'est pas tout : pour chauffer la salle, les productions devront sortir 5000 euros par jour ! Et en plein cours d'année, la taxe annoncée de 8,5% sur le chiffre d’affaires des opérateurs passe à 11% au 5 octobre. Ce qui n'était pas prévu par les organisateurs dans leurs tarifs. Le mépris piollesque est à l'oeuvre. 

D. SPINI (SOCIÉTÉ CIVILE) : "UN ÉQUIPEMENT GÉRÉ COMME UNE SALLE POLYVALENTE"

On voudrait faire fuir les opérateurs pour qu'il y ait encore moins d'évènements à Grenoble qu'on ne s'y prendrait pas autrement. Dominique Spini, conseillère municipale du groupe d'opposition, était intervenue lors du dernier conseil pour dénoncer ce matraquage et plus globalement la gestion du palais des sports par les élus piollistes : "il est désolant qu’un équipement emblématique comme le Palais des Sports, construit pour les Jeux Olympiques, soit maintenant géré à la petite semaine, comme une salle polyvalente communale".

L'intervention de Dominique Spini à propos du palais des sports (conseil municipal du 25 septembre 2023).

RÉMI PERRIER : "DES INVESTISSEMENTS SPARADRAPS"

Les tarifs ont beau s'en rapprocher désormais, "le Palais des sports n’a rien d’un Zénith" rappelle l'organisateur de concerts Rémi Perrier dans Le Dauphiné. Il dénonce des tarifs fixés sans aucune consultation des acteurs, des "investissements sparadraps", des "efforts colossaux" requis des producteurs pour organiser quoi que ce soit et un équipement pas adapté pour de nombreux artistes. Limpide.

PISTE DE CYCLISME : QUAND C'EST FLOU...

Il y a un an, l'avenir de la piste de cyclisme du Palais avait aussi beaucoup fait parler. Maxence Alloto, alors en charge, avait annoncé sa suppression. Puis devant la levée de bouclier des Grenoblois attachés à cette piste emblématique, il avait rétropédalé en catastrophe. Aujourd'hui, Olivier Bertrand explique en fait que "rien n'est acté" et que "on verra après". Un classique des méthodes Piolle qu'on retrouve par exemple avec le dossier de la piétonnisation de la rue de Strasbourg : ils temporisent pour éviter la gronde le temps de créer les conditions pour imposer leur volonté.

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L'avenir de la piste de cyclisme du palais des sports est en suspens.

OÙ EN SONT LES QUERELLES VILLE/MÉTRO SUR LA GESTION DU PALAIS ?

Fin 2022, la majorité municipale s'écharpait aussi sur le modèle de gestion du palais. Maxence Alloto plaidait pour un transfert à la métropole tandis que son collègue de la majorité Pascal Clouaire, également Vice-Président à la métro, ne voulait pas l'entendre. Alors que les deux s'écharpaient sur la place publique, ils sont désormais exclus de la majorité et tous deux dans l'exécutif de Christophe Ferrari. Ont-ils accordé leurs violons maintenant qu'ils sont réunis par une ambition commune (faire du Piolle sans Piolle) ? Maxence Alloto, notre Jacques Dutronc local, a-t-il encore retourné sa veste ? Ou a-t-il convaincu ses camarades de la métro d'évoluer en faveur d'un transfert ? Enfin, qu'en pense Olivier Bertrand désormais en charge du palais des sports pour la ville ?

UNE SEULE SOLUTION : LA DÉLÉGATION

Alors que ville et métro sont aux abois financièrement, croulent sous la dette et n'en ont peut être pas fini avec les hausses d'impôts, il n'y a en fait qu'une solution pour sortir le palais des sports de l'ornière. Celle d'une délégation de service public, par un appel d’offres international pour attirer des opérateurs privés qui ont la possibilité d’investir et de faire vivre un tel équipement. Une proposition que le groupe d'Alain Carignon est le seul à mettre sur la table, conscient que l'état des finances de la ville et de la métropole ne permettra pas de faire face aux investissements nécessaires... sauf en creusant encore la dette qui atteint ses limites ou en accentuant encore le matraquage fiscal.

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Le groupe d'opposition rappelle régulièrement sa proposition de délégation pour le palais des sports.

UN TEMPS DE RETARD

Sur ce dossier aussi, Grenoble aura pris un temps de retard. Un équipement où "aucun artiste ne vient de gaîté de cœur" dans la dernière ville d'Europe à ne pas avoir de vrai zénith, comme le rappelle encore Rémi Perrier. Un élément supplémentaire qui contribue à la perte d'attractivité de notre ville et à son déclassement. Un autre marqueur de la médiocrité de gestion de cette majorité municipale, incapable d'entretenir son patrimoine le plus élémentaire. Et un symbole fort du manque de courage de ces élus qui n'osent pas envisager des solutions sortant de leurs carcans idéologiques. 

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