LES PIOLLISTES SE DÉCHIRENT AUTOUR DU PALAIS DES SPORTS

Tout au long de la semaine, le Dauphiné Libéré a consacré un dossier aux perspectives pour le palais des sports. L'occasion pour Maxence Alloto et Pascal Clouaire, tous deux élus dans la majorité d'Eric Piolle, de se déchirer sur le sujet !

UNE ÉTUDE QUE SEULE LA MAJORITÉ PIOLLE A PU CONSULTER...

La majorité municipale a en effet commandé une étude sur la réhabilitation du palais des sports, aujourd'hui sérieusement vétuste, dont les conclusions ont été rendues en septembre. Mais l'opacité est complète : le Groupe d'Opposition a écrit au Maire le 4 octobre dernier et a interpellé la première adjointe lors du conseil municipal de lundi pour lui demander, mais n'a toujours pas reçu de réponse. Une situation qui n'est pas sans rappeler celle de l'étude pour l'ancien musée de peinture : l'Opposition avait dû saisir la CADA pour en obtenir la communication...

60 MILLIONS D'EUROS POUR UNE RÉHABILITATION COMPLÈTE

Il a donc fallu attendre les articles du Dauphiné Libéré cette semaine pour découvrir que le coût total de la réhabilitation du palais des sports s'élèverait à 50 à 60 millions d'euros. Une somme colossale, qui équivaut à la construction d'un nouvel équipement. La ville, essorée par 8 ans de gestion Piolle, n'a évidemment pas les finances nécessaires. 

En 2016, Eric Piolle accueillait Edwy Plenel au palais des sports pour un discours contre l'état d'urgence... juste après les attentats du Bataclan. Une tâche sombre pour cet équipement qui a connu des heures autrement plus glorieuses, et pour l'histoire de la ville.

LA VILLE FERA LE STRICT MINIMUM...

En conséquence, la Municipalité engagera le strict minimum pour le palais des sports. Maxence Alloto, adjoint en charge de la "vitalité de proximité", annonce ainsi qu'1.1 millions d'euros seront investis pour de nouveaux éclairages, des rideaux occultants etc. Une goutte d'eau qui ne devrait pas améliorer beaucoup la situation d'un équipement qui coûte déjà 750 000 euros par an à la ville et rapporte seulement 400 000 euros, soit un trou dans les caisses municipales de 350 000 euros chaque année...

JEAN-CLAUDE COLOTTI : "ON SAIT CE QUE PIOLLE PENSE DU VÉLO"

La piste de cyclisme emblématique des 6 jours de Grenoble sera également supprimée, tournant la page d'une belle histoire qui a fait la fierté de notre ville. Jean-Claude Colotti, qui a gagné deux fois les 6 jours, ne retient pas ses critiques dans Le Dauphiné : "on sait ce que Piolle pense du vélo. Qu’on détruise une piste pour mettre des gradins en plus, il faut m’expliquer en quoi c’est écolo". Même son de cloche pour Pierangelo Bincoletto, lui aussi champion de cyclisme : "c’est catastrophique pour les amoureux du cyclisme". Avec son association, il avait tenté il y a quelques années de réutiliser la piste et donner le goût du cyclisme aux jeunes : la Municipalité (qui voudrait nous faire croire qu'elle est la capitale du vélo !) a tout fait pour l'en dissuader (Eric Piolle avait déjà lui-même supprimé les six jours de Grenoble...).

En 2014, Eric Piolle avait déjà décidé de supprimer les six jours de Grenoble. Il va maintenant détruire la piste. Photo par Ludovic Péron — Travail personnel, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=17190275.

LA VILLE EN APPELLE À LA MÉTRO

Désormais conscient de l'incapacité municipale à assumer cet équipement, le système Piolle voudrait que la Métropole vienne au secours du palais des sports. On croit rêver. Eric Piolle avait fait des pieds et des mains pour en reprendre le gestion en début de premier mandat, et il se rend désormais compte qu'il n'a pas les capacités de s'en occuper seul. Un exemple de plus de cette incurie municipale, décidément généralisée à tous les étages.

CLOUAIRE ET ALLOTO NE S'ENTENDENT PAS

Sauf que le Vice-Président de la Métropole en charge de la culture, Pascal Clouaire, ne l'entend pas de cette oreille. Il laisse ainsi clairement comprendre dans Le Dauphiné que, pour lui, le palais des sports est un équipement sportif, pas un équipement culturel, et donc qu'un transfert à la métropole n'aurait pas lieu d'être... alors que Maxence Alloto le considère bien comme équipement culturel. Il enfonce même le clou : "ce n'est pas d'actualité et puis on ne fait pas un zénith en centre-ville"... battant en brèche l'argumentaire de Maxence Alloto qui vante sa localisation. Tout ceci prêterait à sourire et ne serait qu'une nouvelle pièce dans le jeu de la rivalité ville/métropole... si Alloto et Clouaire n'étaient pas tous deux élus de Grenoble, siégeant côte à côte dans la majorité d'Eric Piolle !

Maxence Alloto et Pascal Clouaire : la majorité grenobloise, incapable d'accorder ses violons, paralyse le territoire.

PASCAL CLOUAIRE OSTRACISÉ SUITE AU BURKINI

Pascal Clouaire ne fait ainsi aucun effort pour aider ses petits camarades de la ville de Grenoble. On peut le comprendre : il a mené la fronde des élus de la majorité contre le burkini en mai dernier (13 élus de la majorité Piolle ont voté contre son autorisation dans les piscines), et en retour, il a subi les foudres du Maire qui n'a pas supporté cette incartade et cette remise en cause de sa doxa. Résultat : il a été complètement ostracisé du fonctionnement municipal, et est totalement invisibilisé par le système Piolle depuis des mois. Pascal Clouaire rongeait son frein en silence jusque-là, mais profite du dossier du palais des sports pour se désolidariser publiquement de sa majorité. Un premier pas avant une plus grande prise de distances ?

LE SYSTEME PIOLLE INCAPABLE D'ENTRETENIR LE PATRIMOINE

Maxence Alloto est donc bien seul, avec un palais des sports décrépi sur les bras. Un énième exemple de ce patrimoine Grenoblois que la Municipalité a laissé à l'abandon : on pourrait citer aussi l'ancien musée de peinture place de Verdun (20 millions d'euros pour sa réhabilitation !), les église Saint-Jacques et Saint-André qui se détériorent à vue d'œil Les associations de préservation du patrimoine ont d'ailleurs tiré la sonnette d'alarme il y a quelques semaines, mais ont bien peu de chances d'être entendues. La ville est en effet au bord de l'abime financier suite à 8 ans de mauvaises décisions, et Eric Piolle en est rendu à contracter un emprunt record et augmenter les impôts comme jamais ils n'avaient été augmentés auparavant. Tout ça pour garder la tête hors de l'eau : il n'aura pas plus de marges d'investissement, que ce soit pour le patrimoine ou pour n'importe quel projet.

La ville n'a pas les moyens de rénover l'ancien musée de peinture, qui tombe en ruines.

LE GROUPE D'OPPOSITION PROPOSE UNE DÉLÉGATION DE SERVICE PUBLIC

Le Groupe d'Opposition Municipale (Alain Carignon, Nathalie Béranger, Brigitte Boer, Chérif Boutafa, Nicolas Pinel, Dominique Spini) a réagi par un communiqué à ces bisbilles autour du palais des sports, en proposant la seule solution viable vu l'état des finances de la ville : "Pour faire face à ce niveau d’investissements, seules des délégations de service public permettraient d’attirer des opérateurs qui redonneraient à ces équipements un rôle de premier plan, relanceraient l’économie et l’animation locale, donneraient un coup de projecteur positif sur Grenoble et la remettrait au niveau des Métropoles comparables. Dans l’état financier de la ville et de la Métro, cette formule apporterait des économies de fonctionnement importantes et dégagerait leurs budgets pour des actions de solidarité et d’amélioration de la vie quotidienne. Malgré l’échec de ses ridicules « appels à projets » associatifs qui ne peuvent aucunement répondre à ces niveaux de financement, la Municipalité s’y oppose par idéologie".

Le communiqué complet du Groupe d'Opposition.

COMBIEN DE TEMPS CET ATTELAGE TIENDRA-T-IL ?

On se demande combien de temps encore tiendra la majorité Piolle. Les élus ne s'entendent plus et ne sont pas capables de faire front commun sur les grands dossiers structurants. Une poignée décide et met mal à l'aise la majorité silencieuse. À cela s'ajoutent des finances à sec, qui vont se traduire par une hausse d'impôts historique et une incapacité totale à investir pour de grands projets. La majorité se sclérose et paralyse Grenoble : pour combien de temps encore ?

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