GRENOBLE-HABITAT : FERRARI SORT LE CHÉQUIER POUR PASSER L’ÉTÉ

Vendredi dernier, le conseil métropolitain a été le théâtre d'un énième retournement de situation sur le dossier de Grenoble-Habitat, alors que celui-ci était au bord de l'explosion quelques heures seulement auparavant.

LE COUP DE PRESSION DES PIOLLISTES...

Jeudi dernier, dans la presse, le clan Piolle avait en effet mis le couteau sous la gorge de Christophe Ferrari. La première salve était venue du zélé Président de Grenoble-Habitat, l'adjoint Vert/LFI Claus Habfast : il expliquait alors que malgré la promesse de la métropole de racheter le bailleur social à la ville, réitérée par Christophe Ferrari il a quelques mois, les deux collectivités étaient très loin d'un accord et il exigeait des clarifications.

Deux jours auparavant, Claus Habfast avait fait parler de lui pour une autre raison... qui commence à devenir une sale habitude chez nos Verts/LFI locaux

... QUI ONT BESOIN D'ARGENT

Quelques heures plus tard, c'est Eric Piolle qui en remettait une grosse couche dans le Dauphiné Libéré. Il ne laissait que deux choix à Ferrari : soit "mettre les moyens" pour racheter (c'est à dire plusieurs dizaines de millions d'euros), soit le laisser brader le bailleur au privé comme il avait tenté de le faire en solitaire avant de devoir mettre en pause le projet face à la levée de boucliers. En bref : les Verts/LFI grenoblois s'agitent car ils cherchent désespérément des recettes d'ici 2026 pour les finances exsangues de la ville. 

UN ACCORD À LA VA-VITE LE MATIN-MÊME

On retrouve là la violence habituelle du système Piolle avec cette mise sous pression très brutale. Et forcément, on s'attendait à des débats très agités au conseil de vendredi, mais à la surprise générale, ils n'ont pas eu lieu. En préambule des débats sur le Plan Local de l'Habitat, le vice-président en charge du logement Jérôme Rubes (PCF) a en effet annoncé qu'un accord avait finalement été trouvé... le matin même.

16 MILLIONS SUR DEUX ANS

L'accord en question doit encore être débattu par le conseil métropolitain car il passera par voie de délibération en septembre. Il a par ailleurs tout d'un accord à minima puisqu'il propose une recapitalisation de 16 millions d'euros sur deux ans, soit juste ce qu'Habfast réclamait pour continuer à produire des logements sociaux. Mais le rachat des actions, exigé par les Vert, ne semble pas à l'ordre du jour.

Jérôme Rubes, le nouveau VP logement qui a remplacé son collègue communiste Nicolas Beron-Pérez démissionnaire

FERRARI S'ACHÈTE UN ÉTÉ TRANQUILLE

Mis au pied du mur par les Piollistes, le Président Ferrari a opéré un revirement à 180 degrés en sortant le chéquier pour s'acheter un conseil métropolitain tranquille et passer un été serein. Quelques heures auparavant, il convient de rappeler qu'Habfast annonçait encore que la seule proposition mise sur la table par la métropole était un prêt de 8 millions à Grenoble-Habitat. Prêt qui aurait généré des frais financiers, donc coûté plus cher au bailleur que ce qu'il lui rapporte !

L'OPACITÉ HABITUELLE RÈGNE

À juste titre, les oppositions ont donc vivement dénoncé l'opacité sur le dossier et la méthode qui aboutit à ces "16 millions sur un napperon", comme les a qualifié Dominique Escaron (droite/centre). Alors que le dossier est sur la table depuis 2018, que les bisbilles ont fait couler tant d'encre et qu'on parle ici d'un acteur incontournable du logement dans la métropole, on est mis face au fait accompli d'une réconciliation temporaire sur fond d'argent public au détour d'un couloir, sans débat ni même simple information sur les négociations des conseillers métropolitains.

ALAIN CARIGNON : "OÙ PRENEZ-VOUS LES 16 MILLIONS ?"

"Dans l'état où est la métropole, qui est en train de réduire les dépenses d'investissement qu'elle a voté pour des raisons d'économie, où prend-t-elle les 16 millions qu'elle veut accorder à Grenoble-Habitat ? Est-ce que ces 16 millions seraient des économies supplémentaires qu'il faudrait faire pour réduire encore les investissements, ou est-ce de l'emprunt ? Parce qu'en réalité, derrière les les grands mots, en ce qui concerne la ville de Grenoble et la métropole, l'un essaie de prendre dans la caisse de l'autre mais au final c'est bien le contribuable métropolitain qui paye la note" a lancé le Président du groupe société civile Alain Carignon.

Intervention d'Alain Carignon vendredi dernier au conseil métropolitain.

JEU DE CHAISES MUSICALES POUR L'ARGENT PUBLIC

Car tout le noeud du dossier est là : la tragicomédie que nous vivons depuis 2018 résulte de la même trajectoire financière moribonde. Celle fruit de la gestion piolliste pour la ville, qui cherche à vendre ses bijoux de famille (GH, GEG, Compagnie de Chauffage...) pour faire rentrer quelques recettes. Celle fruit de la gestion commune Verts/LFI/PS/PCF de la métropole, qui conduit aujourd'hui la collectivité à devoir trouver en urgence 100 millions d'économies d'investissement et qui explique que Ferrari ait freiné des quatre fers pour le rachat de GH. 

UNE "MAJORITÉ" D'ACCORD SUR RIEN

Alain Carignon a poursuivi en rappelant les sujets de discorde qui donnent à chaque fois lieu à des déchirements interminables au sein même de l'exécutif métropolitain : "vous arrivez à des équilibres après des batailles sur le dos du contribuable ; vous n’êtes pas d'accord sur la ZFE ; vous n’êtes pas d'accord sur la la pollution de la nappe ; vous n’êtes pas d'accord sur la gestion des arbres ; vous n’êtes pas d'accord sur les transports en commun ; vous n’êtes pas d'accord sur le siège de la Métro, sur les impôts, sur le pacte financier et fiscal et même vous n’êtes pas d'accord sur la charte de déontologie des élus. Ce sont des rapports de force qui aboutissent par moment à des sortes de saut de puce où on fait un chèque pour sortir d'une situation. Cette gestion bringuebalante, honnêtement, je ne vois pas comment elle pourrait durer encore 2 ans".

LE DOSSIER PRÊT À RÉEXPLOSER POUR LA FIN DE MANDAT ?

Il y a en effet fort à parier que le dossier Grenoble-Habitat réexplosera d'ici la fin du mandat. La trajectoire de la ville, malgré la hausse d'impôts massive, prévoit que les dépenses de fonctionnement et l'encours de dette continuent de s'envoler jusqu'à rendre inéluctable une autre hausse d'impôts après les élections si rien n'est entrepris. Eric Piolle devrait donc à nouveau exiger non pas une simple recapitalisation, mais le rachat des actions du bailleur par la métropole pour faire rentrer des liquidités. 

Mais de son côté, la métropole n'est pas mieux lotie : avant même de devoir trouver en urgence 100 millions d'économies, sa trajectoire similaire conduisait également à une augmentation de la fiscalité (que voulaient d'ailleurs anticiper les piollistes en augmentant dès cette année les impôts métropolitains !). Comment dès lors répondre aux exigences de rachat de la ville ?

Rendez-vous en septembre pour le prochain épisode avec, quel que soit le dénouement, toujours cette certitude : à la fin, c'est le contribuable grenoblois et/ou métropolitain qui payera.

 

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