BUDGET ET IMPÔTS : NOUVELLE EXPLOSION À LA MÉTRO

L'ordre du jour du conseil métropolitain qui s'est réuni hier comprenait notamment le vote du budget primitif 2024... qui a encore donné lieu à une vive passe d'arme au sein de la majorité entre les élus de Christophe Ferrari et ceux d'Eric Piolle.

DÉPENSES DE FONCTIONNEMENT ET MASSE SALARIALE EN HAUSSE

Le budget porté par la majorité entérine une augmentation des dépenses de fonctionnement de 16 millions d'euros par rapport à 2023. Alors que dans le Dauphiné Libéré d'hier le Président Ferrari se félicitait d'une "maitrise de la masse salariale", celle-ci augmente de 7% (8 millions supplémentaires). Encore plus vite que l'inflation. On peine à déceler la maitrise. 

Hier après-midi, le conseil métropolitain a été consacré à l'examen du budget 2024.

LA DETTE NOUS COÛTE 30 MILLIONS DE FRAIS EN PLUS 

Petite bombe qui va grever davantage le budget métropolitain : à cause de la hausse des taux d'intérêts, les emprunts de 2023 vont nous coûter plus de 30 millions d'euros de frais financiers supplémentaires ! Pour autant, la majorité n'en tire aucun enseignement et poursuit sa fuite en avant dans l'endettement avec 167 millions d'emprunts prévisionnels en 2024.

HAUSSE DES IMPÔTS SUR LES ENTREPRISES

Et pour couronner le tout, ce budget propose d'augmenter la CFE (cotisation foncière des entreprises) de 11%. Un poids supplémentaire sur les acteurs économiques du territoire qui rapportera seulement 7 millions d'euros, soit même pas de quoi couvrir les près de 9 millions que nous coûtent cette année la hausse des frais financiers ! Résultat : malgré cette augmentation de la fiscalité, les investissements prévus sont, eux, en baisse de 9 millions par rapport à l'an dernier.

GRENOBLE-HABITAT : UNE OPÉRATION OPAQUE À 52 MILLIONS 

Le sujet de Grenoble-Habitat s'est invité dans les discussions. Après le rejet de la vente au privé par la métropole, l'autre commune actionnaire et le CRHH, Eric Piolle et Christophe Ferrari négocient désormais pour un rachat des actions de la ville par la métro. Des échanges en toute opacité, pas même évoqués en commission, alors que 12 millions d'euros sont prévus pour cela dès cette année dans le budget. Eric Piolle est intervenu pour rappeler qu'il attend 52 millions de cette vente, comme l'offre qu'avait fait CDC Habitat (au passage, il a expliqué que le projet de rachat de CDC est "suspendu" mais "ne disparait pas"...). 

LE CONTRIBUABLE N'Y GAGNE RIEN

Pour le contribuable, c'est une opération blanche. D'un côté le contribuable grenoblois "gagnerait" la recette de la vente qui participerait à renflouer le budget exsangue de la ville pour permettre à Eric Piolle de tenir jusqu'aux élections sans augmentation d'impôts ; mais de l'autre, le même contribuable perd la même somme en dépenses du côté de la métro. Le Vice-Président aux finances de la métropole ayant lui même reconnu qu'en poursuivant sur ces bases financières, la collectivité n'échappera pas à une hausse d'impôts après les élections : le contribuable finira par (encore) payer plus quelque part.

L'intervention d'Alain Carignon à propos du budget de la métropole.

ALAIN CARIGNON : "PAS D'AVENIR SANS RUPTURE"

Les interventions se sont succédées sur les bancs des oppositions pour pointer tous ces éléments qui conduisent la métropole dans le mur financier. Alain Carignon a rappelé que pour relever la tête, "l'urgence, c'est de mutualiser tout ce qui est mutualisable. Il faut créer des synergies entre la ville-centre et la métropole, des gouvernances opérationnelles uniques par grand secteur, des budgets base zéro service par service en raisonnant en commun entre la ville et la métro. Economies de fonctionnement, désendettement : vous avez le modèle de la Région sous les yeux. Cette rupture dans la gestion est à portée de mains et il n'y a pas d'avenir dans la métropole sans elle". 

CHLOÉ PANTEL (VERTS/LFI) SABORDE LA MAJORITÉ

Une critique très virulente est également venue... des rangs de la majorité elle-même, plus précisément du groupe des élus piollistes qui ne manquent pas une occasion de marquer leurs désaccords avec leurs "alliés". Dans une intervention très dure, Chloé Pantel (Verts/LFI), adjointe au maire de Grenoble, a ainsi tenu à exprimer leur "frustration" face à ce budget, arguant d'un "manque de travail collectif" sur les investissements, osant déplorer des rephasages de projets (exactement ce qu'ils font à Grenoble en décalant les gros investissements... après les municipales), fustigeant une "stratégie de communication habile" (ils sont experts en la matière !), et appelant à un nouveau cap budgétaire.

Chloé Pantel, nouvelle co-présidente du groupe Piolliste à la métro, a porté la critique contre leurs "collègues" de la majorité... et défendu une nouvelle hausse de la taxe foncière.

LES VERTS/LFI VEULENT ENCORE AUGMENTER LA TAXE FONCIÈRE !

En désaccord profond sur ce qui est le fondement même des politiques d'une collectivité, les élus d'Eric Piolle ont confirmé qu'ils n'ont rien à faire dans cette majorité où ils ne restent que par opportunité politique. Mais la diatribe de Chloé Pantel n'aurait pas été complète sans la présentation d'une série d'amendements tirés de leur chapeau visant à... augmenter la taxe foncière ! La hausse astronomique à Grenoble ne leur a pas suffi, la hausse des impôts métropolitains sur les entreprises non plus : il faudrait que le propriétaire particulier passe encore à la casserole. 

LA MAJORITÉ SE DÉCHIRE PENDANT 4H DE DÉBATS

Cette énième guérilla interne à la majorité initiée par les Verts/LFI a agité les débats pendant près de 4h, avec les répétiteurs les plus zélés (Alan Confesson, trop heureux de plaider pour le matraquage des propriétaires, Lionel Coiffard) en appui de Chloé Pantel. La 1ère Vice-Président Michelle Veyret a fustigé l'hypocrisie des Verts qui appellent à changer de cap et augmenter les impôts le jour même du vote, sans avoir rien exprimé en réunions préparatoires ou pendant le débat d'orientations budgétaires. Jean-Luc Corbet (majorité) a de son côté expliqué que la majorité ne souhaite pas attaquer davantage le pouvoir d'achat des métropolitains puisqu'il y a déjà eu des hausses dans les communes (les Grenoblois en savent quelque chose). 

DE L'AVANCE SUR L'AUGMENTATION D'IMPÔTS...

Le président du groupe d'opposition Alain Carignon a de son côté relevé que les Verts/LFI prennent finalement de l'avance sur le destin de la collectivité avec leurs amendements puisque "la trajectoire financière de la métropole conduit à l'augmentation des impôts et de la dette, car vous ne savez pas faire de synergies entre la ville-centre et la métropole"...

Après la ville, la métropole. L'équipe d'Eric Piolle est décidément obsédée par le matraquage fiscal...

LES AMENDEMENTS REJETÉS

Le Vice-Président aux finances Raphaël Guerrero a finalement conclu les débats en proposant le rejet des amendements, certains étant même irrecevables en raison d'une rédaction incorrecte et incomplète. C'est dire le sérieux des Verts/LFI dans la préparation de ce qui n'est qu'un petit coup politique. L'augmentation d'impôts a été massivement refusée par tous les autres groupes (à noter le vote pour de Nicolas Beron-Perez et l'abstention d'Isabelle Peters, communistes mais avant tout membres de la majorité Piolle à la ville).

LES VERTS SE COUCHENT

Tout ça pour ça : les Piollistes ont finalement voté le budget pour sauver cette majorité qu'ils décrient tant, mais dans laquelle ils comptent rester pour la pourrir de l'intérieur jusqu'à la fin. Non sans voter "contre" la délibération qui acte la non-augmentation de taxe foncière au passage, pour bien marquer leur obsession pour cet impôt...

LA MAJORITÉ MÉTROPOLITAINE N'EN EST PAS UNE

Tous les groupes d'opposition ont fustigé cet énième épisode de la tragicomédie qui divise les rangs de ceux supposés être des alliés depuis le début du mandat et la défaire de Yann Mongaburu pour la présidence de la métropole. Cette majorité, en désaccord sur les sujets les plus majeurs à commencer par la stratégie budgétaire, n'en a décidément que le nom. Et le bateau ivre ne risque pas de se calmer à 2 ans des municipales, et alors que l'étau judiciaire se resserre sur le Président Ferrari.

 

 

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