LA MAJORITÉ COMMUNIQUE SUR LE DOS DES AÎNÉS
Outre la "stratégie" de végétalisation présentée par l'inénarrable adjoint Gilles Namur (après 10 ans de mandat il serait temps d'avoir une "stratégie"), le conseil municipal de lundi a été marqué par une autre délibération-cadre pour meubler le vide.
KHEIRA CAPDEPON (Verts/RC), L'OBÉISSANCE COMME LIGNE
Le sujet du jour : les ainés, les aidants et l'intergénérationnel. C'est donc l'adjointe en charge, Kheira Capdepon (Verts / "Réseau citoyen"), qui a officié pour la présentation. Une élue présente depuis 2014 et pas particulièrement réputée pour sa liberté de parole. En 2022, alors que la bataille pour le burkini faisait rage, elle était à priori d'une conviction opposée à son autorisation, à l'instar de ses ex camarades du "réseau citoyen" Amel Zenati et Pascal Clouaire désormais exclus de la majorité. Elle aurait alors été convoqué par Eric Piolle et a finalement voté... pour. À quoi ça tient les convictions (à un poste d'adjointe et aux indemnités qui vont avec ?)...
TOUJOURS LA "VISION" ET LES "PRINCIPES"
Dès les premiers instant de la présentation, le ton est donné : la délibération-cadre vise à présenter "une vision". L'adjointe évoque une "politique municipale ambitieuse qui soutient les ainés" et se perd en généralités, "principes" et déclamations sans présenter de réalisation palpable alors qu'elle parle à plusieurs reprises "d'action concrète" ! On a désormais l'habitude, et les Verts/LFi plus encore que nous : le verbe vaut action. Près de la moitié du document-cadre est consacré à... des photos, et on n'y trouve pas trace d'un quelconque tableau budgétaire. Et bonjour les répétitions et redondances.
LES ANCIENS AMIS SE RETROUVENT...
Malgré ce vide, on a assisté, une fois n'est pas coutume, à d'émouvantes retrouvailles. Maxence Alloto, l'élu exclu de la majorité qui a ensuite fait scission des autres exclus avec des mots très durs à l'encontre de son collègue Pascal Clouaire, désormais à la tête d'un groupe "Place Publique" au conseil, a trouvé la délibération "ambitieuse" (on ne sait pas en quoi) et a vivement félicité la majorité. Même les socialistes, par la voix d'Hassen Bouzeghoub, ont été plus critiques dans leur intervention alors qu'ils sont d'ordinaires très déférents : c'est dire !
BRIGITTE BOER RAPPELLE LES FAITS
C'est Brigitte Boer, coprésidente du groupe société civile d'Alain Carignon, qui s'est chargée de rappeler la réalité de ce que vivent les ainés à Grenoble. Dénonçant un document qui patauge sans surprise dans "beaucoup d'auto-satisfaction", elle est revenue sur tout ce que la majorité passe sous silence.
LA CHUTE DÉMOGRAPHIQUE
S'appuyant sur les statistiques du document lui-même, la conseillère d'opposition a pointé le fait que Grenoble compte moins de personnes âgées que les autres villes comparables : "la population globale de Grenoble baisse depuis quelques années, depuis que vos politiques se font réellement sentir en fait. Si vos actions en faveur des plus âgés étaient effectivement réels et palpables, ils ne chercheraient pas autant à s’en aller !".
RIEN SUR LA FERMETURE DU FOYER-RESTAURANT BOUCHAYER
On ne trouve dans la délibération-cadre rien sur la fermeture du Foyer-Restaurant Bouchayer, un terrible coup porté à la lutte contre l'isolement : "au moment de sa suppression, une lettre ouverte du collectif des usagers de ce foyer disait : "En supprimant le repas en commun, vous réduisez la durée de vie des personnes âgées… En privant ainsi des personnes seules du seul repas qu’elles peuvent prendre hors de leur domicile, et leur permet parfois le seul contact extérieur, vous réduisez leur durée de vie”.
RIEN SUR LES +278% D'AUGMENTATION POUR LES TRANSPORTS...
Rien sur l'explosion du prix des transports pour les aînés : "la gratuité de ceux-ci aux plus de 65 ans était un acquis sous la municipalité Carignon. Puis on est passé sous la municipalité Destot, à des abonnements préférentiels, et sous votre municipalité à un matraquage sans précédent, puisque, pour les plus de 75 ans, l’abonnement mensuel est passé de 36€ à 136€, pour les nantis, cela va sans dire, c’est-à-dire ceux touchant 1300€ par mois. Cela faisait seulement une augmentation de 278% !".
RIEN SUR LES DEALERS QUI VIRENT LES PERSONNES ÂGÉES...
Évidemment rien sur "cette salle que les habitants âgés utilisaient à Mistral et qui a été saccagée par les dealers, avec qui il faut qu’ils apprennent à vivre, si j’en crois votre communication". Le Club Lucien Revol, l'une des plus anciennes associations du quartier, réunissait en effet les aînés chaque semaine dans cette salle polyvalente municipale. C'est terminé depuis que les dealers les ont exclu et ont saccagé l'espace.
RIEN SUR LES SUPPRESSIONS DE SERVICES AUX AÎNÉS...
Rien sur les nombreuses disparitions de services. Brigitte Boer évoque pêle-mêle les subventions aux clubs de retraités pour les sorties, la rose pour la fête des mères, le repas de Noël, le colis de Noël remplacé par une minuscule boîte de chocolat qu'il faut aller récupérer et sur laquelle presque aucune comm' n'est faite...
RIEN SUR LE DÉFICIT DE PLACES EN EHPAD...
Rien sur la baisse du nombre de places en EHPAD sous les deux mandats d'Eric Piolle : "comme vous avez supprimé 145 places (St Bruno, Teisserre et Narvik) en n’en créant que 84 à André Léo, oui, je le confirme, il y a un déficit de 61 places. (...) En moyenne, en France, le ratio est d’environ 9 places en EHPAD pour 1000 habitants, dont environ la moitié sont des places en établissements publics, ce qui fait entre 4 et 5 places pour 1000 habitants. À Grenoble, avec vos 163 places, on est à environ 1 place pour 1000 habitants".
RIEN SUR LA GABEGIE DE LA CCI...
Rien sur l'immense gabegie avec l'ex siège de la CCI : "quand un opérateur privé proposait d’acheter l’ancienne CCI pour créer une résidence pour personnes âgées et y ajouter un centre de santé, vous avez préféré la préempter, avec 8 millions de nos impôts !". C'est désormais le siège provisoire de la métro... et on ne sait pas ce qu'on en fera derrière. Alors que le projet de résidence aurait été bienvenu suite à la fermeture très brutale du foyer Notre-Dame (le seul du centre-ville) par la municipalité Piolle : 36 résidents (88 ans en moyenne) forcés de déménager sans ménagement.
RIEN SUR L'ARNAQUE DE LA RÉSIDENCE AUTONOMIE PROMISE...
Rien sur l'arnaque du "plan stratégique pour l'hébergement des personnes âgées" de 2016, qui promettait à grands renforts de comm' une nouvelle résidence autonomie quartier Jean Macé à 5 millions d'euros... et qui n'a finalement jamais vu le jour, sans que personne n'en reparle ! Alors que la majorité vend maintenant la création future d'une "Cité des Aînés et des aidants", on peut raisonnablement douter de leurs promesses.
LE VIDE DU LABEL "VILLE AMIE DES AINÉS"
Et malgré tout cela, la majorité revendique fièrement un label « ville amie des aînés » qui ne repose clairement sur rien. "J’ai cherché le dossier de Grenoble sur le site « Villes Amies des Aînés », on y trouve de belles phrases qui racontent ce que vous êtes censés faire, mais que vous ne démontrez nulle part et on ne trouve aucun chiffres ! (...) Je pense que ce label, comme celui de Capitale Verte, a été obtenu sur dossier, et sans que personne ne vienne vérifier sur place la véracité de ce que vous exposez" avance Brigitte Boer.
LA RÉALITÉ DU QUOTIDIEN DES AÎNÉS À GRENOBLE
Comment lui donner tort quand on constate ce que vivent les aînés à Grenoble ? Qui n'a pas autour de soi un parent, un ami, un voisin âgé qui ne veut plus sortir le soir par peur d'être agressé ? Qui peste contre le manque d'éclairage des rues qui n'arrange rien ? Qui redoute le danger de la circulation anarchique des deux-roues sur les trottoirs ? Qui est parfois confronté à un véritable parcours du combattant pour simplement se déplacer à pied dans ces nombreuses rues à la voirie défoncée aux pavés démis ?
AUCUNE GÊNE POUR S'APPROPRIER LE BILAN DES AUTRES
Comme d'habitude avec ce genre de document, pour accentuer encore l'illusion de l'action, la moindre mesure qui concerne de près ou de loin les aînés est également listée, y compris lorsqu'elle n'est pas du tout portée par la ville mais par d'autres comme la métropole, le département... Pourquoi se priver de revendiquer les actions d'autrui !
KHEIRA CAPDEPON NOUS OFFRE UN COURS DE NOVLANGUE
Kheira Capdepon a évidemment repris la parole pour clôturer les débats. Mais elle a esquivé l'immense majorité des critiques et fait preuve d'une novlangue ridicule pour minorer les problèmes. Par exemple, elle ne prononce pas le mot de "fermeture" du foyer Bouchayer mais explique que c'est un "accompagnement autre" et que "tout changement perturbe"... À ceux qui pointaient que nombre de personnes âgées n'osent plus sortir, l'adjointe va jusqu'à oser dériver sur le sujet des discriminations en martelant que "les personnes âgées ont le droit de sortir le soir, pourquoi les infantiliser" ! Peut-on faire pire en matière de mauvaise foi ?
UN OBJECTIF : MEUBLER LE VIDE
Ces délibérations-cadres, qui n'engagent que ceux qui les croient, qui prônent des objectifs bien souvent contradictoire avec la réalité de la politique municipale, s'enchainent malheureusement à chaque conseil alors qu'elles sont stériles. Tous les sujets y passent à un tel rythme qu'on se demande bien comment les Piollistes vont encore pouvoir meubler les 2 ans de mandat qu'il leur reste. Pendant que les documents verbeux s'accumulent, le quotidien des Grenoblois, lui, ne connait pas d'amélioration.
Franchement, une bande de nuls.De Fait! Au point qu’ils ne se rendent même pas compte qu’ils sont nuls ou bien, ils n’ont pas de figure…Un peu les 2 non? 🙂
Encore 666 jours, tenez bon GLC.
Dans tous les domaines, on a droit à des délibérations cadres pleines… de vide ! Mais là, quand on sait ce que vivent les personnes âgées (parce que les appeler aînés ne résout rien !) dans cette ville, c’est encore un mépris de plus, inacceptable !
Petite correction : l’abonnement annuel est de 136 €, soit ~. 12 € par mois
Merci Mme Boer d’avoir dressé un bilan factuel et très clair concernant nos élus baratineurs payés à ne rien faire.
Encore un domaine où Grenoble régresse !
Un stage permet de se sensibiliser à un métier.
Celui effectué par Piolle en EHPAD ne semble pas l’avoir particulièrement remué.
Son manque de tact déteint sur les elus de la majorité… qui ont d’autres chats à fouetter que les vieux matous grenoblois !
« Vieillir ici se complique… » répètent en boucle les aînés qui, c’est vrai, ne gonflent pas les chiffres de nos autoroutes à vélos.
Certains ont même la nécessité de rouler en voiture… Beurk…