LE BUDGET CATASTROPHE ADOPTÉ MALGRÉ LE REJET UNANIME DES OPPOSITIONS

Principal point à l’ordre du jour du conseil municipal d’hier, le budget 2024 proposé par la municipalité Piolle a été adopté. Malgré un rejet unanime sur les bancs des oppositions.

ALPES 1 : « UN BUDGET DIFFICILE »

Hier matin, dans un article que vous pouvez retrouver ici, le média Alpes 1 dressait un tableau conforme de l’ambiance de ce conseil : « Eric Piolle  aurait certainement préféré fêter mieux ses 10 ans de mandat en 2024 qu’avec une hausse de 30 % de la taxe foncière dans son budget (…) Car si la ville a échappé en 2016 à la mise sous tutelle par un premier "plan de sauvegarde", elle se trouvait à nouveau dans une situation dangereuse en 2023 : la hausse d’impôt la sort de la crise "provisoirement" selon l’opposition. Tout le débat financier va tourner autour de cet adjectif. »

Capture d'écran Alpes 1.

ERIC PIOLLE : "LA SITUATION DE LA VILLE EST SAINE" !

Le système Piolle s’était donc organisé pour défendre son budget catastrophe. Dès l’ouverture du conseil, Éric Piolle a osé affirmer que « la situation financière de la ville est saine ». Dans la ville première de sa strate pour les impôts, et qui explose la moyenne pour la dette par habitant et le poids des dépenses de fonctionnement. On ne peut qu'être subjugué par un tel goût pour la provocation.

LES ÉLÉMENTS DE LANGAGE DÉJÀ ENTENDUS RESSASSÉS PAR LES ADJOINTS

Pas moins de 4 adjoints (Vincent Fristot, Sylvie Fougères, Gilles Namur, Annabelle Bretton) sont ensuite montés au créneau pour ressasser les éléments de langage déjà déroulés à la presse par Lucille Lheureux et Gilles Namur (que nous avons étudiés ici ou encore ici), qui dressent un tableau idyllique et font croire à des investissements massifs alors qu'ils sont déjà en baisse comparé à 2023 (malgré la hausse d'impôts !), et que les grosses dépenses sont repoussées à plus tard (2025, 2026 ou même après les élections) pour s'acheter du temps. 

LUCILLE LHEUREUX "DISPENSÉE" D’INTERVENTION APRÈS SON INTERVIEW

À noter le mutisme remarqué de l’adjointe à la culture Lucille Lheureux, qui appartient au noyau dur des Verts et n’est d’ordinaire pas en reste pour défendre le clan Piolle. On sent clairement la volonté de la protéger en la mettant en retrait suite à son interview catastrophique dans le Dauphiné Libéré, où le journaliste Clément Berthet a démonté ses propos mensongers et approximatifs en direct.

Dans "le Dauphiné" du 5 décembre, Alain Carignon dénonçait l'opération d'enfumage d'Eric Piolle pour travestir son budget catastrophe. Une opération qui s'est poursuivie dans la présentation par les adjoints.

UNANIMITÉ DES OPPOSITIONS CONTRE LE BUDGET

Quoi qu’il en soit, les éléments de langage de la majorité n’ont pas duré. Tous les groupes d’opposition, quelle que soit leur sensibilité, ont descendu en flèche le budget. Hakim Sabri, adjoint aux finances pendant 9 ans avant d'être exclu de la majorité, a expliqué que le bouclier social et climatique est un faux. Son collègue Pascal Clouaire, exclu aussi, a rappelé que la ville paye son isolement par rapport à la métropole et aux autres institutions. Lionel Picollet (qui a quitté le groupe Piolle) a rappelé que "nous sommes au bord d’un gouffre financier et d’un drame social pour les Grenoblois". Le groupe LREM, les socialistes ou encore l'ex élu de la majorité Hosny Ben Redjeb ont également fustigé le poids de la dette, le flou du bouclier social ou encore des investissements loin d'être à la hauteur. 

D. SPINI : L'OPPORTUNITÉ DE LA MUTUALISATION A ÉTÉ RÂTÉE

Dominique Spini, coprésidente du groupe d'opposition société civile à la métropole avec Alain Carignon, a dénoncé le coût de l'absence de mutualisation avec la métropole à cause de la désorganisation et de divergences politiques : "avec la construction de la métropole, la ville centre aurait dû s’adapter, partager clairement ses missions, assumer avec efficacité celles qu’elle choisissait de conserver au service de nos concitoyens. En ayant gâché cette opportunité historique, vous êtes passé à côté de votre mission de Maire. La métropolisation reste à réaliser si on veut sortir Grenoble de la crise financière dans laquelle vous l’avez plongée. Ce sera la tâche de vos successeurs rendue plus difficile parce que vous avez manqué de l’accomplir quand c’était le moment".

N. BÉRANGER SOULIGNE LE POIDS DES DÉPENSES DE FONCTIONNEMENT

Nathalie Béranger a fustigé le poids des dépenses de fonctionnement. "Entre 2023 et 2024, les dépenses de fonctionnement augmentent de 12 millions d’euros. Elles s’élèvent à 1800 € par habitant, la moyenne des villes de notre strate étant de 1240 euros par habitant (...) il est temps d’inverser le mécanisme et de traquer toutes les sources d’économies" a-t-elle expliqué avant de proposer des économies sur les dépenses de personnel et les locaux. Également conseillère régionale, elle a rappelé le bon exemple de gestion de la Région de Laurent Wauquiez : "les centaines de millions d’euros d’économies de fonctionnement ont multiplié par 2 la capacité d’investissement, la portant à 1,4 milliards d’euros par an, sans aucune augmentation des impôts pour les habitants auvergnats et rhônalpins".

B. BOER : LE PLUS COMPLIQUÉ REPOUSSÉ À DEMAIN

Brigitte Boer s'est attelée à démontrer que le niveau d'investissement promis est une supercherie : "Déjà cette année par rapport à 2023 nous constatons une baisse de plus de 6 millions d’euros (...) Vous mettez en avant des projets déjà prévus et programmés avant la hausse d’impôts tout en repoussant à demain le plus compliqué (...) On se demande où passe réellement tout l’argent que vous ponctionnez aux Grenoblois, sans parler des dettes exorbitantes que vous leur laisserez à votre départ ! (...) Il faut un certain génie négatif pour parvenir à un tel résultat que personne ne nous envie. Ce dont nous sommes certains, c’est bien qu’une telle panne d’investissements et d’entretien du patrimoine pénalise et pénalisera durablement les Grenoblois".

C. BOUTAFA : LE BOUCLIER SOCIAL, "UNE MONTAGNE QUI ACCOUCHE D'UNE SOURIS"

Chérif Boutafa, enfin, a rappelé que les piollistes surgonflent leur budget chaque année : "sur les 8 derniers exercices, vous réalisez chaque année près de 20 millions d’euros d’investissements en moins par rapport à ce que vous aviez budgété. En pourcentage, pour que les Grenoblois se rendent bien compte, cela correspond à près d’⅓ des projets que vous annoncez chaque année qui ne se réalise pas". Il a également rappelé que le bouclier de la majorité est une arnaque : "le moins qu’on puisse dire, c’est que la montagne a accouché d’une souris. Votre bouclier social et climatique, érigé en tête de gondole du funeste budget post hausse d’impôt, a consisté en… 6 malheureux millions d’euros en 2023. Sur les 44 que rapporte l’augmentation de taxe foncière".

 

Le groupe d'opposition (de gauche à droite : Chérif Boutafa, Dominique Spini, Charah Bentaleb, Nathalie Béranger, Alain Carignon, Brigitte Boer).

DES SOLUTIONS QUI DIFFÈRENT

Au final, tous les groupes d'opposition se sont retrouvés sur le constat que la trajectoire financière de la ville l'emmène dans le mur si nous ne redressons pas la barre. Seules les solutions diffèrent :

  • Le groupe socialiste ne s'est engagé sur aucune proposition ; favorables à l'idée de revoir le budget, ils ont néanmoins estimé n'être pas assez préparés pour improviser des alternatives.
  • Le groupe d'opposition société civile, centre et divers droite d'Alain Carignon a rappelé les pistes qu'il prône depuis des années et avait déjà soumis au vote (sans succès) pour le budget 2023 : mutualisations avec la métropole, économies sur les dépenses de fonctionnement, rationalisation des services en élaborant des budgets base zéro, gestion raisonnée des locaux et du patrimoine de la ville...
  • Le groupe des exclus de la majorité a proposé de supprimer l'arnaque que constitue la coquille vide du bouclier climatique et social afin de baisser le taux de taxe foncière de 10 points (une proposition également votée par le groupe d'opposition société civile et par Hosny Ben Redjeb). 
  • Dans la même veine que les groupes précédents, Emilie Chalas et Delphine Bense (LREM) ont aussi proposé des économies, en proposant entre autres de stopper les chantiers de mise en accessibilité handicap des écoles, de construction d'équipement jeunesse, de rénovation des gymnases, et des suppressions massives des subventions aux associations.

ALAIN CARIGNON : UN "FRONT COMMUN" QUI INVITE À "TRAVAILLER ENSEMBLE"

Alain Carignon s'est félicité de ce front commun des oppositions, de cette prise de conscience générale alors qu'il alerte et formule des propositions d'économies depuis les élections municipales. Car les différences de propositions ne sont pas insurmontables. "Bien au-delà de ce que notre groupe représente, de nombreuses personnalités et citoyens de la ville me disent partager notre analyse et les solutions à mettre en œuvre", a-t-il rappelé. "Le moment va être venu de coaliser ces forces afin de faire face à la situation que cette municipalité a créé, et j’appelle tous ceux que le futur inquiète, qui sont conscients de la réalité de la ville, à travailler ensemble à le préparer".

L'intervention d'Alain Carignon à propos du budget 2024.

LE BUDGET ADOPTÉ AVEC LA PLUS FAIBLE MAJORITÉ QU'AIT EU UN MAIRE DE GRENOBLE

Bien sûr, le groupe Piolle a balayé toutes les pistes d'économies en faisant lire une intervention rédigée à l'avance à Margot Belair, une adjointe très zélée. Bien sûr, le budget a finalement été adopté, mais avec les seules voix de ce qu'il reste de la majorité municipale. L'intégralité des oppositions a voté contre. Ce qui en fait le budget le plus contesté de l'histoire de la ville, Eric Piolle étant à la tête de la plus faible majorité qu'ait connu le conseil en raison des départs d'élus de son groupe.

LA CONTESTATION GRANDIT

La trajectoire financière de la ville est contestée par des élus issus de la droite, du centre, de la gauche, de la société civile, et même par des anciens piollistes. Et sur les bancs de ce qu'il reste du groupe majoritaire, il ne fait pas l'unanimité non plus... Si ces derniers n'ont pas le droit à la parole, et si les plus critiques sont pour l'instant tenus par la pression du groupe, voilà qui dessine un large consensus, bien au-delà des clivages, à propos de la catastrophe budgétaire grenobloise.

UN PAS EN AVANT POUR L'APRÈS PIOLLE

« La vie politique est souvent une série de paris risqués », concluait l’article d’Alpes 1 ce matin. Éric Piolle fait ici le pari que la poudre aux yeux que constitue ce budget 2024, qui vise à gagner du temps jusqu’en 2026 et à repousser les problèmes après, suffira à tromper les électeurs aux prochaines municipales. Mais c’est d’autant plus risqué que les oppositions se rejoignent désormais toutes sur le constat du danger que constitue sa gestion. Une étape importante de franchie, qui devrait permettre à la vérité de l'emporter sur les supercheries des communicants piollesque.

LE DISCOURS DU GROUPE D'OPPOSITION CRÉDIBILISÉ

Une étape qui crédibilise le discours du groupe d'Alain Carignon, qui depuis le début du mandat a souvent prêché seul dans le désert avant d'être rejoint. Reste maintenant à faire s'entendre des sensibilités différentes autour d'un projet commun, rassembleur mais suffisamment audacieux pour permettre à Grenoble de sortir de l'ornière dans laquelle les mandats des Rouge/Verts l'auront plongé. Un autre chantier que le groupe d'opposition a entamé de longue date. 

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