LA MUNICIPALITÉ S’ATTAQUE AU MARCHÉ DE NOËL DE GRENOBLE

On va finir par croire que la municipalité Piolle ne supporte pas que quoi que ce soit fonctionne sans avoir besoin de ses dogmes à Grenoble. Après la rue de Strasbourg / Place de Metz, artère commerciale jusque-là préservée qu'elle menace, voilà le tour du marché de noël, un évènement majeur qui fait la fierté de notre ville chaque fin d'année.

UNE HAUSSE EXPLOSIVE DES TARIFS

En mai dernier, la majorité municipale a ainsi fait voter une hausse des tarifs de près de 50% supplémentaires au total (environ + 3000 euros) pour les commerçants exposants avec un chalet équipé au marché de noël. Les loyers des chalets augmentent ainsi de +6 %, le forfait eau de +360 % (de 388 € HT à 1385 € HT !), le forfait électricité de +255 % (de 194€ à 494€)... La ville facture également une journée supplémentaire d'exploitation (alors que ça ne lui coûte évidemment rien de plus).

"FRAIS DE REMISE EN ÉTAT" : UNE VRAIE ABSURDITÉ

Nos élus Rouge/Verts spécialistes du matraquage fiscal ne s'arrêtent pas là : quand il s'agit de ponctionner les autres, ils se montrent particulièrement créatifs. Leur pensée complexe a ainsi accouché d'une formidable invention : les "frais de remise en état" de la place Victor Hugo aux exposants. Chiffrés par les services des espaces verts à 15 000 €, c'est une création à but uniquement lucratif pour les caisses de la ville exsangues, car aucun autre évènement à Grenoble ne se voit facturer ces frais (que ce soit la descente des alpages, la braderie, la foire des rameaux, la course des garçons de café...). 

Des "frais de remise en état" sur une place rénovée à grands frais notamment pour qu'elle soit adaptée au marché de noël... Comme souvent on est au comble de l'absurdité.

LES COMMERCANTS SE MOBILISENT

Les commerçants, qui se sont jusqu'ici adaptés à toutes les nouvelles exigences municipales (les habituelles envolées sur les circuits-courts et l'économie "sociale et solidaire"...), se sont insurgés contre cette hausse de tarifs vue comme la goutte de trop. Dans un courrier adressé à tous les élus au nom des commerçants en mai dernier, Laurent Gras (du restaurant Le Per'Gras) a résumé le danger de ce que souhaite imposer la majorité municipale : "le cahier des charges proposé mettrait en danger la tenue même du marché de Noël. On nous propose des tarifs exponentiels sans aucune information du contenu de notre "forfait". Ces surfacturations mettraient en péril l'existence même du marché de Noël. Elles provoqueraient la défaillance de certains artisans et commerçants n'ayant pas fait leurs affaires".

LES PEINES S'ACCUMULENT POUR LE COMMERCE

Le cri d'alarme n'est en rien exagéré tant les peines se cumulent les unes aux autres pour les commerçants grenoblois. Le manque d'attractivité et d'accessibilité de la ville les fait déjà souffrir depuis des années ; s'ajoutent à cela la difficile reprise post-covid et l'inflation qui impactent leur activité ; sont ensuite passées par là les émeutes de juillet qui ont touché nombre d'eux. Et c'est cette année, dans ce contexte dramatique pour le commerce, qu'Eric Piolle et sa majorité font le choix d'augmenter les tarifs. Sans même évoquer la hausse de taxe foncière ahurissante (+32%) qui pénalise encore un peu plus les commerçants propriétaires !

Le marché de Noël a déjà été réduit avec la suppression des extensions Place Grenette et Square Docteur Martin. La hausse des tarifs est un coup de boutoir supplémentaire.

UN COMMERCANT LÀ DEPUIS 25 ANS ÉVINCÉ : "ILS VONT ME FAIRE COULER"

Dans le Dauphiné Libéré d'hier, Marc Cutayar explique avoir vu sa candidature refusée par la ville. Il ne sera pas présent sur le marché alors qu'il y prenait part depuis 25 ans ! « Je n’ai rien changé à mon activité : ni mes produits, ni mes fournisseurs. (...) J’ai de gros problèmes de santé pour moi c’est important financièrement et psychologiquement de pouvoir faire ce marché. Ils vont me faire couler. » résume le commerçant à la journaliste.

DES CRITÈRES DE SÉLECTION QUI ARRANGENT BIEN LA MUNICIPALITÉ

5 ou 6 exposants historiques, bien connus sur le marché de noël, ont été évincés comme Marc Cutayar. La municipalité ne considère en effet pas l'ancienneté comme un critère mais a plutôt mis en place des quotas qui lui permettent de contrôler qui a droit à un stand et qui est écarté. On se retrouve ainsi avec des commerçants ambulants qui dépendent de ce genre d'évènement privés de marchés tandis que des commerçants qui n'ont pas du tout besoin du marché pour vivre se voient ouvrir l'accès. 

ALAN CONFESSON (LFI) À LA MANOEUVRE

L'adjoint au commerce, le jeune roquet Alan Confesson (LFI), promettait en mai dernier d'accompagner les commerçants "pour trouver des solutions". Une promesse en l'air (comme d'habitude) pour s'acheter un peu de temps : il a beau expliquer que la ville a "fait un effort en recalculant les frais de remise en état de la place" (!), les prix restent exorbitants par rapport à 2022 et on ne voit poindre aucune amorce de "solution" !

Alan Confesson, élu LFI en charge des commerces. Un profil tout à fait adapté à l'accompagnement des acteurs économiques, lui qui n'a jamais exercé dans le privé et n'a vécu que grâce à la politique.

LE GROUPE D'OPPOSITION TENTE DE RAISONNER LA MAJORITÉ

Depuis l'annonce des nouvelles modalités du marché de noël, le groupe d'opposition d'Alain Carignon tente de ramener la majorité municipale à la raison. Mais les élus Rouge/Verts, dont le sectarisme et l'absence de liberté d'expression et d'action sont désormais démontrés, font évidemment la sourde oreille et n'écoutent personne. 

DOMINIQUE SPINI : "RAPPELEZ-MOI LE COÛT DE LA FÊTE DES TUILES POUR UNE JOURNÉE?"

En mai dernier, Dominique Spini était ainsi intervenu au nom de Nathalie Béranger pour souligner que les arguments soulevés par la majorité ne tiennent pas eu égard à l'argent qu'elle est prête à perdre pour "ses" évènements bien moins populaires : "pour vous justifier de ces hausses de tarifs, vous avez dit que la ville ne rentrait pas dans ses frais. La belle affaire ! Pour un événement qui dure près d’un mois, que la ville participe un peu financièrement ne choque personne. Rappelez moi le coût de la fête des tuiles pour une seule journée ?  (...) Nous vous demandons de revenir à la raison et de reporter cette délibération. Je suis sûre qu’il y a un terrain d’entente à trouver avec les commerçants-artisans pour de belles fêtes de fin d’année". Alors que la ville estime ne pas rentrer dans ses frais à hauteur de 80 000 euros, la fête des tuiles coûte plus cher... pour un seul samedi par an et forcément bien moins d'affluence !

BRIGITTE BOER : "NOUS VOUS DEMANDONS DE FAIRE PREUVE DE BON SENS"

Lors du dernier conseil, en septembre, l'opposition est revenue à la charge par la voix de Brigitte Boer : "puisqu’il en est encore temps, nous vous demandons de faire preuve de bon sens. Rétablissez les tarifs de l’an dernier pour cette année et prenez le temps de vous entendre avec les exposants pour 2024. Ce serait un gage de sérénité et un beau signal envoyé pour la vitalité commerciale de notre ville et l’attractivité du centre". Peine perdue : les élus Piollistes persistent et signent.

L’intervention de Brigitte Boer lors du conseil municipal de Grenoble en septembre dernier.

S'ATTAQUER À CE QUI FONCTIONNE

Comme la rue de Strasbourg, le marché de noël de Grenoble est un symbole qui dépasse de loin les Rouge/Verts aux commandes. En moins de 10 ans, ils n'auront rien épargné à la ville, s'attaquant à tout ce qui fonctionne hors de leurs dogmes ou à tout ce qui est jugé comme trop indépendant. Cette extension de la mainmise municipale s'accélère à mesure que le système Piolle se replie sur lui-même, miné par les affaires, l'isolement et les décisions impopulaires. Mais en s'attaquant à un évènement aussi populaire que le marché de noël et ses commerçants, ce qu'il reste de la majorité pourrait bien être en train d'accélérer sa chute. 

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