CONSEIL MÉTROPOLITAIN : LE BRADAGE DE GRENOBLE HABITAT VA-T-IL PASSER ?

Après le conseil municipal de Grenoble lundi, aujourd'hui a lieu le conseil métropolitain. Avec un ordre du jour chargé.

GRENOBLE HABITAT À L'ORDRE DU JOUR

La première délibération qui sera examinée concerne la vente de Grenoble-Habitat. Eric Piolle a en effet décidé, seul, de céder le bailleur social à Adestia, une société privée filiale de la CDC. En mars, il avait fait passer une délibération au conseil municipal pour engager le processus.

UN BRADAGE POUR BOUCLER LE BUDGET

La vente des actions de la ville rapporterait 37 millions d'euros à la ville. Un bradage qui n'a qu'un objectif : équilibrer le budget 2023. Voilà où en est rendu Eric Piolle après 10 ans de sa gestion : l'augmentation massive d'impôts (+44 millions d'euros de recettes) ne lui suffit pas, il attend le fruit de la vente de cet outil stratégique majeur pour Grenoble pour péniblement boucler son budget. 

LA VENTE DES BIJOUX DE FAMILLE

Si cette vente venait à se réaliser, il priverait ainsi la ville d'un fleuron local, indispensable pour avoir la main sur notre politique de logement et d'habitat. La perte de ce bijou de famille, valorisé par des générations de Grenoblois, s'ajouterait à celle passée de la vente de GEG à la métropole pour 30 millions d'euros, et de celle à venir de la compagnie de chauffage pour 11 millions.

Intervention d'Alain Carignon en conseil municipal pour dénoncer les motivations et les conséquences de la vente de Grenoble Habitat.

LES LOCATAIRES GRANDS OUBLIÉS

Dans cette affaire de gros chiffres, c'est toujours le citoyen qui est oublié par ces élus sachants. La CDC Habitat, qui récupérerait Grenoble Habitat, dispose déjà d'un parc de logements sociaux à Grenoble : il suffit de voir comment sont considérés ses locataires (par exemple la manière dont a été gérée l'évacuation du 10/20 galerie de l'arlequin) pour comprendre que les locataires actuels de GH ne sortiront pas gagnants de cette vente.

DES RECOURS CONTRE LA VENTE

Le groupe d'opposition d'Alain Carignon, représenté par l'avocat Me Thierry Aldeguer, a engagé un recours contre cette vente réalisée dans des conditions opaques, en parallèle de ses recours contre l'augmentation d'impôts et le budget 2023, alors qu'une autre voie est possible avec un plan d'économies et de réformes de structure. La Confédération Syndicale des Familles et le Droit au Logement ont également saisi le tribunal. Les recours sont en attente de jugement sur le fond.

LE CONSEIL MÉTROPOLITAIN DOIT DONNER SON ACCORD

Avant même la décision des juges, le conseil métropolitain d'aujourd'hui pourrait faire capoter le projet de vente d'Eric Piolle. Il doit en effet la valider pour que le processus se poursuive : "parmi les conditions suspensives mentionnées dans le projet de protocole de cession, figure « les délibérations de la Commune de la Tronche et de la Métropole de Grenoble, collectivités actionnaires de la Société, approuvant la Transaction dans ses différentes composantes et dans son ensemble »" explique la délibération.

La majorité divisée entre les clans Piolle et Ferrari paralyse le conseil métropolitain qui se déchire sur tous les grands sujets.

LA GUERRE MÉTROPOLITAINE EN TOILE DE FOND

Or, la métropole est depuis 2020 minée par une guerre interne à la majorité, fracturée avec d'un côté les soutiens d'Eric Piolle et de l'autre ceux fidèles au Président Christophe Ferrari. Les Verts/LFI du Maire de Grenoble n'ont jamais supporté la défaite de leur candidat Yann Mongaburu (Vert) pour la présidence en 2020, et s'attèlent depuis à saper la majorité de l'intérieur. Spectacle pathétique que cette querelle d'ego sur fonds publics.

LA DISCORDE SUR TOUS LES GRANDS SUJETS

Sur les sujets majeurs pour le territoire, la majorité (qui n'en a plus que le nom) s'est en conséquence divisée. Les Verts/LFI n'ont par exemple pas voté le budget, se sont opposés à la ZFE actuelle car ils en souhaitent une qui va plus loin, etc. Toujours à cause de ces querelles, la métropole va aujourd'hui se retirer du service commun avec la ville pour la gestion du patrimoine arboré, aggravant un peu plus le manque de mutualisation ! Grenoble-Habitat ne devrait pas faire exception et rester un sujet de discorde, le Président Ferrari et ceux qui le suivent ayant fait part à plusieurs reprises de leur opposition à ce projet de vente qui priverait la collectivité d'un outil indispensable au déploiement de sa politique du logement.

ÉRIC PIOLLE JETTE DE L'HUILE SUR LE FEU

Et ce n'est pas l'interview d'Eric Piolle dans le Dauphiné cette semaine qui devrait convaincre le camp Ferrari de le suivre sur Grenoble-Habitat. Le Maire condamné fait tout reposer sur le Président de la Métro. Il fait mine de tendre la main : "je dis que le dialogue est toujours possible s’il le veut"... mais passe l'entretien à le fustiger. Il le rend ainsi responsable de la perte d'un siège pour les Verts aux Sénatoriales, le traite de "baron local qui veut s’affranchir de tout, et qui veut régner en divisant" et ose nier toute responsabilité des Verts dans les tensions qui paralysent la métropole. Ce n'est pas aussi violent que la chasse au Ferrari ouverte cet été, mais voilà qui n'améliorera rien à leurs relations.

CLAUS HABFAST IMPLORE LE CONSEIL MÉTROPOLITAIN

Le Maire de Grenoble a également envoyé au charbon le Président de Grenoble-Habitat, Claus Habfast (qui a remplacé Barbara Schuman exclue de la majorité Piolle). Celui-ci s'est fendu d'un courrier aux élus métropolitains pour les implorer de voter la vente, se cachant derrière la "crise du logement" que ça ne résoudra évidemment pas. Au journaliste Jean-Benoit Vigny, il tente de faire croire que les recettes pour la ville seraient investies "pour le logement social", sans détailler dans quoi exactement. De la poudre aux yeux : les seules annonces tiennent à ce stade à 1,8 millions par an pour ACTIS votés en conseil municipal lundi (ce qui ne compenserait même pas la hausse de taxe foncière grenobloise que subit le bailleur !) et 3 millions d'euros par an pour aider les bailleurs à construire (mais rien n'est encore voté). Sur 81 millions de recettes (taxe foncière + vente de GH), on mesure à quel point cela tient de la mesurette de comm' pendant que l'immense majorité du montant sert à écoper pour boucler le budget.

Eric Piolle envoie Claus Habfast (Vert/LFI) au charbon pour défendre sa vente.

LA SUITE AUJOURD'HUI À 10H

Si le conseil métropolitain devait rejeter la vente de Grenoble-Habitat, ce serait un nouveau camouflet pour Eric Piolle qui commencé décidément bien mal l'année avec sa condamnation et la gronde des Grenoblois contre la hausse de la taxe foncière. Il devrait alors revoir son budget, amputé de 37 millions d'euros de recettes. S'offriraient alors deux choix : poursuivre la spirale de l'endettement massif qui pèsera sur les générations futures... ou enfin se saisir des propositions d'économies que lui formule le groupe d'opposition. La suite de l'histoire s'écrit aujourd'hui à partir de 10h.

 

One Comment

Laisser un commentaire

"LES INFORMÉS" : LES COULISSES DE LA VIE GRENOBLOISE !

X