LA ZFE ROUVRE (ENCORE) LA GUERRE À LA MÉTROPOLE DE GRENOBLE
Les péripéties à la Métropole se suivent et se ressemblent. À la faveur d'un nouveau vote sur la ZFE, les élus Verts/LFI du groupe d'Eric Piolle et les élus socialistes de Christophe Ferrari nous offrent un nouvel échange d'amabilités.
LE VOEU DE REPORT À L'ORIGINE DE CE NOUVEL ÉPISODE
Tout est parti du voeu de report de trois ans de la ZFE présenté en conseil métropolitain le 12 juillet dernier, et dont nous vous avons parlé il y a quelques jours. Le voeu, présenté par les communistes, avait été voté par le groupe d'opposition (Alain Carignon, Dominique Spini, Nicolas Pinel, Brigitte Boer, Chérif Boutafa, Nathalie Béranger) qui avait lui-même demandé un tel report il y a déjà plusieurs mois. Une proposition d'autant plus crédible que l'État a entretemps assoupli les règles pour la mise en place de la ZFE à Grenoble.
LA MAJORITÉ INCAPABLE DE S'ACCORDER
Ce voeu des communistes donc, qui appartiennent à la majorité métropolitaine, a été rejeté car trois autres groupes de la majorité ont voté contre : ACTES (le groupe des socialistes et apparentés), NMC (le groupe des petites communes) et MDES (le groupe des exclus de la majorité Piolle à la métro). Le groupe UMA (Verts/LFI) s'est quant à lui abstenu (à la surprise générale, puisqu'on attendait de la part de ceux qui font de la surenchère permanente un vote contre). Sur un sujet aussi important, on retrouve donc 3 positions différentes au sein même de la majorité métropolitaine...
LE CLAN DU PRÉSIDENT FERRARI DÉGAINE
Quelques jours après le conseil, au coeur du mois de juillet, les 3 groupes qui soutiennent le Président Christophe Ferrari (ACTES, NMC, MDES) ont envoyé un communiqué cinglant. Ils fustigent la position de l'État, regrettant que celui-ci n'impose plus l'application de la ZFE à marche forcée mais laisse de la marge à la Métropole pour le calendrier (c'est bien la première fois qu'on les entend se plaindre d'avoir les mains libres !)... Mais surtout, ils tirent à boulets rouges sur le groupe Verts/LFI.
"UN REVIREMENT À 180 DEGRÉS"
Ils expriment ainsi leur "stupéfaction et désarroi" face à la position des écologistes qui opèrent un "revirement à 180 degrés" avec cette abstention "surréaliste". Et rappellent à juste titre que ceux-ci n'ont cessé d'implorer "à tour de bras l’urgence sanitaire et climatique", et d'accuser les autres "d’être des élus irresponsables, sans ambition, n’allant jamais assez vite et assez loin, des criminels". "Désarçonnant. Désolant. Effarant. Décrédibilisant", concluent-ils leur communiqué. Bonne ambiance.
LES SÉNATORIALES EN LIGNE DE MIRE ?
Le clan Ferrari soulève également une possible explication à cette abstention : celui "d'intérêts politiciens et électoraux". Les élections sénatoriales auront en effet lieu dans quelques semaines. En Isère, à gauche, une liste sera menée par Guillaume Gontard, Sénateur sortant EELV. En deuxième de liste, il sera accompagné... d'une communiste. Cette abstention sur un voeu proposé par les communistes serait donc une manière de ne pas les froisser et d'assurer la paix électorale. À quoi ça tient les convictions...
LE CLAN PIOLLE RÉPOND
La réponse des Verts ne s'est pas faite attendre, mais curieusement elle n'est pas venue par la voix de leur groupe à la métropole. C'est la branche du parti EELV Métropole de Grenoble qui a envoyé un communiqué pour exprimer leur position. Cette instance est pilotée par des affidés de Piolle, qui lui obéissent au doigt et à l'oeil (on y retrouve par exemple Anne Tourmen, une cadre du parti également membre active du "conseil citoyen INDÉPENDANT" du secteur 2...).
LE GROS MENSONGE SUR LA POSITION DES VERTS
Tour de force de ce communiqué : les verts tentent de faire croire que "le vote en conseil de UMA n’est que le reflet de positions exprimées avec constance par les écologistes" ! Comment peut-on parler de constance quand on passe de plusieurs mois de tapage à réclamer une ZFE qui va plus vite, plus loin et plus fort, à une timide abstention sur le report ? Avec eux, on est plus à un mensonge près.
LE GROS MENSONGE SUR LE PDU
Parce que plus c'est gros mieux ça passe, les verts osent également remettre sur la table le sujet du PDU (Plan de Déplacements Urbains), en expliquant que la Métropole aurait "abandonné l’ambition" d'origine. On retrouve leur discours habituel sur les années Piolle/Mongaburu à la tête du SMMAG, dépeintes comme un âge d'or par le clan alors qu'ils n'ont pas construit un km de tram supplémentaire et ont réussi à faire exploser par 2 la dette de l'institution. Le PDU que les Verts avaient fait voter en 2019 s'est révélé à posteriori être une véritable supercherie comme ils savent si bien le faire : il n'était pas financé à hauteur de 70% ! Difficile de ne pas "abandonner l'ambition" quand on laisse une dette qui crève les plafonds, des projets non financés et un retard considérable sur l'investissement pour le matériel roulant.
LE GROS MENSONGE SUR LE VÉLO
Alors qu'ils imposent les autoroutes à vélo à tour de bras, les verts trouvent également le moyen de se plaindre de "l'extrême lenteur de réalisation du réseau chronovélo"... là encore "par rapport aux ambitions des années 2017-2020". Puisqu'ils ne cessent de reparler de ces années Piolle/Mongaburu, rappelons leur que ceux-ci avaient promis en 2014 de tripler la part modale du vélo d'ici 2020. Nous sommes passés de 4%... à 7% malgré des dizaines de millions d'investissement. Les "ambitions" c'est bien, les résultats ce serait mieux.
LE GROS MENSONGE SUR L'A480
Il faut également être né avant la honte pour expliquer que cette supposée lenteur du développement des autoroutes à vélo contraste "avec la vitesse d’avancée des travaux d'élargissement a 3 voies de l’autoroute". La pseudo indignation des verts est là encore malvenue, puisqu'Eric Piolle s'était couché sur son engagement de campagne et avait fini par soutenir ces travaux !
MÊME EN PLEIN ÉTÉ, LES BALLES CONTINUENT DE FUSER
On peut toutefois tirer un double enseignement de ce nouvel épisode. D'une part, les Verts/LFI de Piolle confirment qu'ils ne manœuvrent que pour des petits intérêts politiciens et sont prêts à tous les mensonges et revirements quitte à ce que leur discours démente leurs actes. D'autre part, alors que la majorité métropolitaine formait le voeu de se reparler et de repartir du bon pied au soir du sanglant conseil métropolitain du 7 juillet, on ne peut que constater que cette ambition est déjà enterrée vu l'échange de balles. Divisée entre les partisans de Piolle et ceux de Ferrari, la Métropole est trop sclérosée pour retrouver le calme. Tant que le Président n'en tirera pas les conséquences et ne tentera pas de former une autre majorité au service du territoire, les épisodes de ce genre se succéderont.