DÉPLACEMENTS PIÉTONS : GRENOBLE RÉGRESSE

Le deuxième baromètre des villes marchables a été publié hier. Et Grenoble, qui faisait déjà pâle figure pour les conditions de circulation des piétons, a encore régressé !

UNE ÉTUDE PLUS QUE CRÉDIBLE

Nous ne sommes pas ici face à un classement fait par dessus la jambe, sans aucune méthodologie et dont les résultats seraient contestables. Ce baromètre est le fruit de mois de travail de l'association 60 millions de piétons, Rue de l'Avenir, le club des villes et territoires cyclables et marchables et la Fédération Française de Randonnée. L'enquête, qui a réunit plus de 70 000 participants, a été effectuée en partenariat avec l’Ademe, le Ministère chargé des Transports et le Ministère des Sports, gage supplémentaire de sa crédibilité. 

Capture d'écran Le Parisien / Aujourd'hui en France. Sans surprise Grenoble n'est pas évoquée parmi les "paradis des piétons".

2021 : GRENOBLE OBTENAIT 9.7 / 20

En 2021, dans le premier baromètre, Grenoble avait obtenu une note de 9,66 / 20 pour le ressenti global. Déjà le Dauphiné Libéré (28/10/21) constatait que « Grenoble n’est pas ressentie comme une ville positive pour les piétons ». La majorité municipale n'avait pas réagi à cette étude, et n'avait évidemment rien engagé pour améliorer la situation.

2023 : GRENOBLE DÉCROCHE À 7.7 / 20

Pour ce second baromètre, les associations constatent au niveau national "une très légère amélioration générale du ressenti des piétons en milieu urbain", avec une note moyenne de 9,2 / 20 pour le ressenti global. Mais pendant que la France progresse, Grenoble régresse : nous perdons 2 points, passant de 9.7 à 7.7 / 20 !

Le ressenti global des piétons à Grenoble se détériore. Pour le confort des déplacements et la qualité de la voirie, nous connaissons une "évolution significativement décroissante" !

225ÈME SUR 236 VILLES !

Avec cette note, nous nous retrouvons à la mirobolante place de ... 225ème ville sur 236 étudiées ! Bien loin des villes en tête du baromètre, avec des notes allant jusqu'à 17 / 20. Et bien loin des villes de notre strate (100 à 200 000 habitants) : Le Havre, Besançon, Dijon, Aix-en-Provence, Angers, Tours etc. nous dépassent largement. Un nouveau classement qui ridiculise Grenoble, comme ceux publiés pour tant d'autres sujets.

SÉCURITÉ : LA CIRCULATION ANARCHIQUE DES DEUX-ROUES EN CAUSE

Penchons nous sur le détails des résultats du baromètre pour Grenoble. Côté sécurité, on retrouve sans surprise un très mauvais ressenti pour la sécurité des traversées des carrefours (rue Mangin par exemple, un adolescent est décédé l'an dernier à cause de la dangerosité d'un passage) ou encore la sécurité des enfants, des poussettes, des personnes âgées et des PMR. Est logiquement pointé le danger des aménagements cyclables pour les piétons : la circulation anarchique des deux-roues à même les trottoirs met en effet en danger ceux qui marchent, et Grenoble a déjà connu de multiples accidents à cause de ce phénomène contre lequel la majorité Piolle rechigne à engager quelque contrôle que ce soit de la part de la police municipale. 

DES RÉPONDANTS ÉGALEMENT... CYCLISTES

On voit venir d'ici les mauvaises langues qui argueront que le profil des répondants grenoblois à l'étude (plus de 450) doit être résolument anti vélos. C'est raté. Non seulement le panel est très hétérogène en termes d'âge et de catégories socio-professionnels, mais 65% des répondants possèdent également... un vélo ! Soit plus que la part de ceux qui possèdent une voiture par exemple. On se retrouve donc avec des cyclistes eux-mêmes critiques sur les aménagements piétons.

Le profil des sondés grenoblois pour le baromètre 2023.

CONFORT : LE MANQUE D'ENTRETIEN FLAGRANT

Niveau confort, ce n'est pas plus reluisant. Le baromètre pointe le mauvais entretien de la voirie, les obstacles sur le passage (dépôts de déchets sauvages, poubelles d'immeubles...) et plus globalement le manque d'aménagements urbains pour les marcheurs (certains trottoirs sont ainsi inadaptés, car trop étroits pour les PMR et les poussettes notamment). Une attention à ces sujets simples à résoudre serait pourtant la base d'une ville qui vise véritablement à l'accessibilité pour tous.

LES PIÉTONS EXCLUS DES PROJETS

Concernant les efforts de la municipalité justement, l'étude constate globalement un manque de volonté, avec en particulier une très faible écoute des besoins des piétons et leur intégration dans les projets, ainsi qu'un manque de promotion de la marche à pied. C'est le moins qu'on puisse dire : les piétons sont l'angle mort d'une municipalité qui n'a que le vélo à la bouche, mode de transport pourtant moins accessible. 

AMÉNAGEMENTS : AUCUN EFFORT POUR LA SIGNALÉTIQUE

Corollaire de cette absence d'effort, les piétons déplorent forcément un manque de signalétique pour la marche du quotidien et la marche-santé. Des panneaux des temps de trajet piétons seraient pourtant peu coûteux et très utiles pour la favoriser. Le frein à la marche à pied pour les habitants est bien souvent psychologique (manque d'appréciation des distances), alors que Grenoble peut se parcourir de long en large en marchant assez rapidement.

Alain Carignon, Président du groupe d'opposition, propose inlassablement un "plan piéton" pour Grenoble.

LA MARCHE POURRAIT POURTANT SIGNIFICATIVEMENT PROGRESSER

Ces quelques mesures simples et peu onéreuses (verbalisation des 2 roues sur les trottoirs / entretien de la voirie / signalétique piétonne) permettraient de faire progresser drastiquement le nombre de piétons à Grenoble. Depuis 2014, des dizaines de millions d'euros ont été investis pour la promotion du vélo... dont la part modale dans la Métropole n'a progressé que de 3 points pour péniblement atteindre 7%. Rien n'a été investi pour la marche à pied qui plafonne autour de 30% alors qu'avec des investissements minimes elle pourrait se développer massivement dans une des villes les plus plates de France ! 

Les parts modales de la Métropole. La marche pourrait encore beaucoup augmenter avec quelques aménagements simples.

UN SUJET DU QUOTIDIEN QUI N'INTÉRESSE PAS LE MAIRE FUYARD

Voilà un sujet très concret sur lequel les élus locaux sont attendus puisqu'il relève uniquement de leur compétence. En près de dix ans de mandat, on aurait pu attendre de la majorité municipale qu'elle s'en saisisse et fasse des efforts pour les piétons, la marche à pied étant le mode de transport le plus "vert" qui soit. Peine perdue : sans doute n'est-elle pas assez "bankable" politiquement par rapport à des campagnes de comm' sur le tout-vélo, marqueur plus facile pour le marketing écolo. Avec un Maire condamné qui a choisi de fuir Grenoble, ce n'est pas dans les deux ans et demi de mandat restants que la donne changera. 

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