MISTRAL / LYS ROUGE : 9 MILLIONS POUR 2 PISTES CYCLABLES

La majorité municipale et métropolitaine a ses priorités. Pour Mistral et le Lys Rouge, les élus roses/rouges/verts mobilisent 9 millions d'euros (hors taxes) pour... faire deux pistes cyclables.

PRÈS DE 6000 EUROS LE MÈTRE DE PISTE...

Les travaux devraient démarrer cette année et durer 2 ans. L'objectif : faire une piste de 800 mètres sur la rue Anatole France et une autre de 800 mètres sur l'avenue Rhin-et-Danube. Pour 1600 mètres, le budget alloué est donc de presque 6000 euros hors taxes le mètre. À ce prix là on est en droit de s'attendre à ce que la piste soit pavée en or. 

800 mètres de piste sur Anatole France, 800 mètres sur Rhin et Danube..

...ET DES PLACES DE STATIONNEMENT EN MOINS

25 places de stationnement seront supprimées, ce qui ne surprendra personne puisque c'est désormais la norme d'à peu près chaque projet municipal pour petit à petit éradiquer la voiture de Grenoble. Tant pis si certains ne peuvent pas s'en passer, le dogmatisme idéologique l'emportant systématiquement sur les besoins des habitants. Aucun quartier n'est épargné (rue de Strasbourg / place de Metz, les élus veulent supprimer près de 60 places par exemple). 

10 HABITANTS POUR ENTENDRE LA DOXA HABITUELLE

Le média en ligne Place Gre'net relate une réunion qui a eu lieu sur place, à laquelle les élus Gilles Namur (adjoint en charge de l'espace public) et Thierry Chastagner (nouvel adjoint en charge du secteur 3) avaient convié les habitants. Vif succès puisqu'à peine une dizaine avaient fait le déplacement. On comprend le faible engouement : il faut du courage pour se coltiner la répétition des poncifs habituels ("le vélo est bon pour la santé", "il faut impulser les changements de pratique"...) assénés par les élus. 

L'UNION DE QUARTIER ET LES HABITANTS PAS CONVAINCUS

Les quelques habitants présents étaient d'ailleurs loin d'être séduits par le projet. Karim Kadri, Président de l'union de quartier COHAMIS cité par Place Gre'net, résume le sentiment général : « Je l’ai déjà dit. Sur Rhin-Danube, à mon avis, les vélos seront gênés. Il y a beaucoup de sorties de voitures de ce côté-là et cela me paraît accidentogène. Sur Anatole-France, les vélos du côté de l’école, je doute aussi que ça fonctionne bien ». Peut-être aurait-il fallu que ville et métro demandent aux principaux concernés, qui connaissent et pratiquent le secteur, avant d'imposer leur idée ?

Place Gre'net : les habitants dubitatifs...

LE SUJET "NE SE PRÊTE PAS À LA COCONSTRUCTION" !

Emeric Poncet, technicien de la métro sans doute pas assez rompu à l'exercice de la langue de bois, a lâché le morceau en révélant tout haut ce que les élus font tout bas. "Le sujet des pistes cyclables ne se prête pas à la coconstruction. Ce serait se raconter des histoires". Voilà qui a le mérite d'être clair : sur des sujets pourtant structurants pour un quartier, qui coûte ici 9 millions d'euros (presque 1/4 des recettes permises par la hausse massive d'impôts à Grenoble !), ils ne comptent même pas faire semblant de demander l'avis des habitants. Tout est ficelé et les élus imposent leurs idées à marche forcée. 

LE CCI PARLE D'AUTRE CHOSE

Pas de quoi décoiffer le "conseil citoyen indépendant" du secteur 3 (nous aurons l'occasion de revenir en détails sur ces conseils créés par Eric Piolle pour étouffer les unions de quartier plus tard, avec de nouvelles informations) qui ne s'attarde pas sur le fait qu'on utilise autant d'argent pour deux maigres pistes. Place Gre'net relate les priorités du CCI : transformer le carrefour Anatole France / Rhin et Danube en "place publique" et créer une passerelle pour relier Mistral à Seyssins. 

DROGUE : LES HABITANTS METTENT LES PIEDS DANS LE PLAT

Cette dernière idée est assez lumineuse en ce qu'elle permettrait aux dealers d'échapper plus facilement aux forces de l'ordre en empruntant la passerelle direction Seyssins en 2 roues (scooters ou trottinettes) ! Mais l'article de Place Gre'net se conclut finalement avec des habitants qui, en fin de réunion, osent mettre le doigt sur le problème principal qui ronge le quartier et que 9 millions d'euros auraient pu aider à traiter. Un couple s'est ainsi lâché : « Qui va venir faire du vélo ici ? Il faut voir les incivilités, les rodéos sur les routes et les dealers qui font la loi dans le quartier ! ». Un autre habitant : « Je connais des gens qui ne s’aventurent plus en voiture avenue Rhin-et-Danube. Alors je ne suis pas sûr qu’en vélo cela donnera plus envie…». Les élus n'étaient malheureusement plus présents pour répondre à ces remarques.

Etonnamment, on parle plus souvent de Mistral pour les problèmes que cause le trafic de drogue que pour le besoin de pistes cyclables

UN CAS D'ÉCOLE DE LA DÉCONNEXION MUNICIPALE...

Le sujet est pourtant bien là. A-t-on le luxe de se payer une piste à ce prix là quand le quartier est confronté aux problèmes de sécurité, stupéfiants, logement, propreté ? La Municipalité aggrave la situation en cessant le conventionnement avec le plateau, structure d'éducation populaire au cœur de la vie de nombreuses familles. Une piste cyclable ne compensera pas cette perte. Et n'améliorera en rien le quotidien des habitants, qui ne vivront pas mieux malgré les 9 millions dépensés.

Les titres du Dauphiné après la fermeture du Plateau décidée par la municipalité. Ce n'est pas une piste cyclable qui fera revivre le quartier.

... QU'ON RETROUVE AUSSI À LA VILLENEUVE

Il y a quelques mois, on retrouvait cette même déconnexion des élus à propos de la Villeneuve. Un quartier où la municipalité a décidé de consacrer 1.6 millions d'euros pour ... une étude sur l'aménagement du parc. En 2008 déjà, des centaines de milliers d'euros avaient été consacrés à une étude portant sur le même sujet. Mais la municipalité recommence, comme si ce sujet était la priorité pour le secteur

L'intervention d'Alain Carignon en conseil pour appeler à mobiliser cette somme pour d'autres priorités : commerces, sécurité, propreté du quartier..

VOILÀ OÙ PASSE L'ARGENT DU CONTRIBUABLE

Et comme si on pouvait se permettre de balancer ainsi l'argent par les fenêtres. Les habitants se posent souvent la question de savoir où passe l'argent, alors que la métropole creuse la dette tout comme la ville qui en plus augmente les impôts comme jamais auparavant et vend même les bijoux de famille pour boucler son budget. Voilà un exemple très concret de ce que se permettent les élus avec l'argent public : une dépense faramineuse qui ne répond à aucune demande des grenoblois concernés.

À QUAND UNE UTILISATION INTELLIGENTE DES MOYENS ?

Il serait intéressant de faire le ratio "budget total consacré à promouvoir le vélo depuis 2014 / nombre de nouveaux pratiquants". Le résultat serait très décevant voire carrément obscène puisque seuls 7% des déplacements s'effectuent aujourd'hui en vélo dans la métropole. En 2014, ils représentaient 4%. L'objectif de Yann Mongaburu, Président du SMMAG, et Eric Piolle était alors de "tripler la part modale du vélo d’ici 2020". Résultat : des millions d'euros engloutis pour un gain de 3 pauvres points.

LA COMM' PLUTÔT QUE LES RÉSULTATS

Mais il y a dans le matraquage du tout vélo une affaire d'idéologie et de comm' plus que d'efficacité. Car si l'objectif était effectivement de faire progresser rapidement les modes doux, une somme dérisoire comparativement à ce qui est affecté au vélo permettrait d'augmenter significativement la part modale des piétons (près d'1 déplacement sur 2 à Grenoble aujourd'hui). C'est le mode de déplacement le plus écologique qui soit, et il pourrait encore facilement progresser avec des cheminements sécurisés, une voirie correcte et une signalétique visible pour indiquer les temps de trajets à pied. Encore faudrait-il que les rouges/verts soient dans l'optique d'obtenir des résultats, pas de constamment faire de la communication facile avec les moyens du contribuable. 

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