ERIC PIOLLE CONDAMNÉ : LA FIN DU RÈGNE

Un tournant du mandat Piolle qui sera lourd de conséquence pour la suite de l'histoire de Grenoble. Eric Piolle a hier été condamné par la Cour d'Appel de Grenoble.

COUPABLE DE FAVORITISME

Il était mis en cause suite à l'attribution de marchés sans appels d'offres pour la fête des tuiles à l'association Fusées, qui avait participé à sa campagne électorale en 2014 (distribution de flyers, organisation d'évènements...). Après le procès en appel en juin, les juges de la cour d'appel ont délibéré hier et ont déclaré Eric Piolle coupable du délit de favoritisme. 

Source SaccageGrenoble.

CONDAMNÉ À 8000 EUROS D'AMENDE AVEC SURSIS

Il a été condamné à 8000 euros d'amende avec sursis. Si la peine pourrait sembler légère à certains, elle a une portée symbolique immense : elle confirme la réalité des faits qui étaient reprochés à Eric Piolle dans ce dossier. Notons que si le dossier avait été postérieur à 2016, il aurait pu être condamné à l'inégibilité d'office et donc être forcé de démissionner de son mandat de Maire. Mais la loi applicable n'était alors pas encore en vigueur. 

UNE AFFAIRE POLITICO-FINANCIÈRE

Quoi qu'il en soit, il s'agit bel et bien d'une affaire politico-financière. En 2014, l'association Fusées, dirigée par Pascal Auclair, a participé à des collages d'affiches, distribué des flyers, organisé des évènements, reçu les équipes de Piolle plusieurs fois dans ses locaux. Une participation très active à sa campagne. Un peu plus tard, elle a conçu elle-même le concept de fête des tuiles... puis s'est vue attribuer par la municipalité les marchés pour des spectacles en 2015 et 2016, sans mise en concurrence ! Des centaines de milliers d'euros d'argent public sans appel d'offres pour une association amie. Hier, Eric Piolle, son ancien directeur général François Langlois, l'ancien directeur général adjoint Paul Coste et l'ancien directeur de la communication exécutant du Maire Erwan Lecoeur ont été condamnés pour cela. 

Réunion d'Eric Piolle avec Elisa Marin, Enzo Lesourt, Pierre Mériaux, Alan Confesson dans les locaux de Fusées dans la dernière ligne droite de la campagne. Tout au long de la procédure, les protagonistes ont tenté de faire croire qu'ils n'avaient pas de "lien privilégié" !

L'OPPOSITION S'EST BATTUE SEULE PENDANT DES ANNÉES

L'avocat grenoblois Bernard Boulloud s'était saisi du dossier dès l'origine, pointant les irrégularités de ces attributions de marchés. Pendant des années, le groupe d'opposition d'Alain Carignon s'est battu inlassablement pour faire la lumière sur cette affaire, se démenant seul pendant que les autres "oppositions" restaient étrangement silencieuses. Lorsque la procédure s'est accélérée, avec Maitre Thierry Aldeguer, le groupe a formé une demande de constitution de partie civile pour s'assurer que les intérêts des Grenoblois seraient défendus au procès. 

LA PREMIÈRE INSTANCE DÉCONNECTÉE DU DOSSIER

Le procès de première instance a eu lieu en septembre 2022 à Valence, à la demande d'Eric Piolle qui ne voulait pas être jugé à Grenoble. L'exercice avait tout de la mascarade. Les avocats de la défense, celui de la ville partie civile (mais représentée par le zélé adjoint Vincent Fristot, fidèle de Piolle), et même le procureur défendant une version digne d'une fable où les protagonistes ne se connaitraient pas. Les discussions se sont éloignées du sujet, portant essentiellement sur la notion de "prestation artistique". Seul Me Aldeguer, seul contre tous, avait tenté de recentrer les débats sur la réalité du dossier, malheureusement en vain : la relaxe avait été prononcée par les juges. 

CHANGEMENT D'AMBIANCE EN APPEL 

La machine s'est ensuite enrayée lorsque le parquet général a fait appel de cette décision. Le procès a cette fois eu lieu à Grenoble en juin dernier, la demande de dépaysement d'Eric Piolle ayant été rejetée. Changement d'ambiance immédiat, avec des juges et une avocate générale bien plus à la recherche de la vérité et des prévenus malmenés. Me Aldeguer avait là encore insisté sur les liens entre les acteurs de cette affaire qui conduisent à l'attribution des marchés sans mise en concurrence. 

Eric Piolle, ici devant la salle d'audience les traits tendus, a été malmené lors du procès en appel. Son numéro de comédien qui va jusqu'à lâcher des larmes lorsqu'il est interrogé n'aura pas trompé les juges qui l'ont déclaré coupable.

LE RÉQUISITOIRE CLAIR ET NET DE L'AVOCATE GÉNÉRALE

L'avocate générale, Françoise Benezech, s'était montrée particulièrement incisive. En conclusion du procès, elle avait réclamé à l'encontre du Maire, à qui elle attribuait "la plus grande responsabilité", 15 000 euros d'amende dont 7500 avec sursis, avec une éventuelle peine de prison avec sursis symbolique. Les juges n'auront pas retenu une peine aussi lourde que celle requise, mais ils confirment la culpabilité du prévenu en prononçant la condamnation. 

JUSQU'AU BOUT, UNE DRÔLE DE COMPLAISANCE

Jusqu'au bout, Eric Piolle aura pourtant bénéficié d'une belle complaisance par certains qu'on entend habituellement très fort pour des affaires bien plus minimes. Malheureusement rien de très étonnant à ce que des officines chantres de l'exemplarité comme Anticor ou Alternatiba aient été muettes, tant elles sont infestées par les Verts/LFI et ont une fâcheuse tendance à leur servir de faire-valoir. Plus curieuse est l'attitude du journaliste du Dauphiné Stéphane Blézy, qui aura couvert cette affaire en faisant à chaque fois la part belle à la version piollesque de l'histoire et en le défendant presque lui-même (son article d'hier matin sert la soupe de manière ahurissante aux arguments de la défense). 

1ER MAIRE EELV CONDAMNÉ DANS UNE AFFAIRE POLITICO-FINANCIÈRE

Mais finalement, ces arguments ont été balayés par les juges. Eric Piolle décroche un titre dont il se serait bien passé : il devient officiellement le premier Maire d'Europe Ecologie Les Verts (EELV, son parti politique) condamné par la justice dans une affaire politico-financière. Ses ambitions nationales prennent encore un peu plus de plomb dans l'aile. Quelles réactions auront les cadres de son parti, la Présidente Marine Tondelier en tête, eux qui ne peuvent s'empêcher de donner des leçons de transparence aux autres ? Quelle sera la réaction de l'ADES, l'officine de Raymond Avrillier et Vincent Comparat, parrains des Verts/Rouges locaux qui ont édifié leur système en jouant aux chevaliers blancs ? 

1ER MAIRE DE GRENOBLE QUI DEVRA REMBOURSER LA VILLE

Eric Piolle devient également le premier Maire de Grenoble qui devra rembourser la ville. Il avait en effet fait voter le conseil municipal (l'opposition avait voté contre) pour lui accorder la protection fonctionnelle, c'est à dire la prise en charge de ses frais de justice par la ville. Mais le favoritisme est une faute détachable de ses fonctions d'élu : le contribuable grenoblois n'a donc pas à payer ses avocats. Il appartient au Maire condamné de le faire sur ses deniers personnels. 

ERIC PIOLLE A VIOLÉ LA CHARTE ANTICOR...

La charte Anticor qu'il avait signé en grande pompe est par ailleurs très claire : elle engage à "retirer définitivement les fonctions exécutives à tout élu condamné pour atteinte à la probité". Le délit de favoritisme étant une atteinte à la probité en soi, Eric Piolle va bien violer la charte s'il refuse de démissionner de son mandat de Maire. 

Extrait de la charte Anticor signée par Eric Piolle. S'il respectait ses engagements, il devrait démissionner. Notons qu'il aurait aussi dû être suspendu de ses fonctions dès sa mise en examen.

...MAIS IL SORT LA BATTERIE D'ÉLÉMENTS DE LANGAGE

Pour autant, cette situation n'a malheureusement pas appelé Eric Piolle à davantage d'humilité et à une remise en question. Comme d'habitude, il s'est muré derrière les éléments de langage mensongers. À la presse, il explique ne pas comprendre le raisonnement derrière ce jugement (pourtant très clair : un appel d'offres aurait dû être effectué). Il tente de distiller l'idée que Fusées est relaxée donc qu'il n'y a pas de "favorisé". Mais le délit de favoritisme qui lui est imputé consiste à "procurer ou tenter de procurer à autrui un avantage injustifié par un acte contraire aux dispositions législatives ou réglementaires ayant pour objet de garantir la liberté d'accès et l'égalité des candidats dans les marchés publics et les contrats de concession". Point à la ligne, "autrui" n'a pas à être considéré comme "favorisé" ou non. On a connu l'entourage du Maire condamné plus inspiré dans la recherche d'une ligne de défense.

La mine cramoisie d'Eric Piolle face aux caméras hier après sa condamnation. Capture d'écran TéléGrenoble.

IL SE CONSIDÈRE COMME "UN HONNÊTE HOMME", SANS "ATTEINTE À LA PROBITÉ" !

Ca ne s'arrête pas là. Eric Piolle explique, larmoyant devant les caméras, que "pour un honnête homme, c’est désagréable, une peine" ! "L'honnête homme" est pourtant bien un délinquant, comme l'a jugé la justice de l'état de droit français. Il martèle également qu'il n'y pas "atteinte à la probité" pour minimiser son cas. Ce qui est totalement faux : le favoritisme, délit consacré dans le code pénal, constitue bien une atteinte à la probité. L'agence française anticorruption est très claire là-dessus. La défense piollesque est un véritable naufrage.

Ils osent tout, c'est à ça qu'on les reconnait...

BRIGITTE BOER (OPPOSITION) LUI RÉPOND

Brigitte Boer, conseillère municipale du groupe d'opposition, n'a pas laissé passer ces mensonges et a remis les points sur les i dans une vidéo réaction. Elle rappelle au Maire qu'il y a bien atteinte à la probité et qu'en application de la charte Anticor, il devrait respecter ses engagements, respecter les Grenoblois et remettre sa démission.

Brigitte Boer (opposition) répond aux mensonges d'Eric Piolle.

SILENCE GÊNÉ DE LA MAJORITÉ

Très volubile pour commenter le moindre pet de travers du plus petit élu de droite ou macroniste au fin fond de la France, la majorité municipale a fait preuve d'un superbe silence gêné tout au long de la journée d'hier. Seul le petit roquet sectaire Alan Confesson (adjoint LFI), qui doit à peu près tout à Piolle à commencer par les indemnités qui le font vivre, a osé une sortie dont l'audace rappelle à quel point il porte bien la première partie de son nom. Pour les autres, panne de réseau !

Alan Confesson (LFI) nous explique que l'affaire Piolle n'est en fait pas "sérieuse"... en comparant le cas du Maire jugé coupable de favoritisme, condamné, à celui de Nicolas Sarkozy simplement convoqué pour une mise en examen qui ne préjuge absolument en rien de sa culpabilité. La tartufferie et la mauvaise foi habituelle de nos rouges/verts locaux.

UNE TÂCHE POUR L'IMAGE DE GRENOBLE

Après près de 10 ans de Piollisme, cette condamnation noircit encore un peu plus la tâche sombre que ce Maire aura laissé pour l'image de la ville. Les retombées médiatiques de la décision de justice vont rapidement dépasser celles de l'arnaque "capitale verte européenne", qui a fait l'effet d'un pétard mouillé. Grenoble, déjà vue comme une ville dangereuse, sale, polluée, compte désormais un Maire délinquant à sa tête. 

Encore une glorieuse journée pour l'image de Grenoble.

Me THIERRY ALDEGUER : "RECONNUS COUPABLES POUR UN DÉLIT POLITICO-FINANCIER"

L'avocat du groupe d'opposition, Me Aldeguer, a immédiatement réagi après la publication du délibéré. Il s'est félicité que le droit ait été dit et qu'Eric Piolle ait été condamné pour favoritisme dans une affaire politico-financière. Il a rappelé qu'il faudra désormais que le Maire rembourse la ville de ses frais de justice, puis a salué la pugnacité du groupe d'opposition d'Alain Carignon, à qui nous devons cette victoire du droit pendant que les autres "oppositions" se sont terrées dans le silence et qu'Anticor était aux abonnés absents.

LE GROUPE D'OPPOSITION DEMANDE À ÉRIC PIOLLE D'EN TIRER LES CONSÉQUENCES

Par voie de communiqué, le groupe d'opposition (Alain Carignon, Nathalie Béranger, Brigitte Boer, Chérif Boutafa, Nicolas Pinel, Dominique Spini) demande de son côté à Eric Piolle "de tirer lui-même, en responsabilité, les conséquences de cette situation" car "près de 10 ans après son élection, cette condamnation accélère l'heure du bilan". Seule une démission permettrait en effet à notre ville de retrouver un peu de sérénité. Dans la même logique, il sollicite également "le remboursement des frais pris en charge par la ville au titre de la protection fonctionnelle". 

Le communiqué complet du groupe d'opposition.

A. CARIGNON : "BATIR UNE VILLE QUI RETROUVE SA DOUCEUR DE VIVRE"

Puis dans une vidéo postée sur sa page Facebook, le Président du groupe d'opposition constate à nouveau qu'Eric Piolle est le 1er Maire EELV condamné et le 1er qui devra rembourser la ville et que cela marque un tournant. Mais il prend surtout de la hauteur, rappelant qu'il est tourné vers la suite et souhaite, avec les Grenoblois, préparer un avenir qui mette fin à la violence dans les méthodes qu'Eric Piolle a institué, pour bâtir une ville qui retrouve sa douceur de vivre. 

LE TEMPS DES INCERTITUDES

S'ouvre désormais une période de grandes incertitudes pour le système Piolle. Sa carrière personnelle va connaitre un coup d'arrêt clair et net avec cette tâche dans son parcours. Sa majorité fragilisée par les multiples départs n'est pas à l'abri de nouvelles secousses si certains élus très critiques du fonctionnement piollesque en privé profitent de cet évènement pour enfin le quitter. Gageons également que cette condamnation n'améliorera rien aux relations avec la Métropole : le Président Christophe Ferrari (PS), en guerre ouverte avec le Maire de Grenoble, doit se frotter les mains depuis hier. Les différentes chapelles de gauche, à l'intérieur comme à l'extérieur de la majorité, qui ne représentent à peu près personne en général, qui espèrent tirer leur épingle du jeu pour émerger après Piolle (mais faire tout comme lui), vont s'auto persuader que leur heure est venue et leur guéguerre stérile et déconnectée va redoubler. 

LA FIN DE RÈGNE

En réalité, cette condamnation joue le rôle d'accélérateur de la fin de règne d'Eric Piolle et de la décomposition de tout ce qui gravite autour. C'est le glas avant l'heure d'un système fondé tout entier sur l'autoritarisme, la brutalité permanente et le refus d'assumer ses responsabilités. Le piollisme a été enterré par sa mauvaise gestion, son incapacité à répondre aux attentes des Grenoblois, ses méthodes violentes qui l'ont isolé : la justice vient jeter la dernière pelletée de terre sur le cercueil. Il subsistera, ombre de lui-même tel un zombie pendant les deux ans et demi de mandat qui restent, mais l'avenir appartient désormais aux Grenoblois... et à ceux qui sauront leur proposer une alternative crédible et désirable.

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