PIOLLE EN APPEL, JOUR 2 : AMENDE ET PRISON AVEC SURSIS ?

Le procès en appel d'Eric Piolle se terminait hier. La journée a notamment été marquée par les réquisitions de l'avocate générale, beaucoup plus à charge qu'en première instance.

proces piolle grenoble
Les débats ont duré 2 jours dans la salle d'audience n°16 du palais de justice de Grenoble.

Rendez-vous ici pour le compte-rendu de la première journée de procès.


AGNÈS BILLAT : RIEN VU RIEN ENTENDU

Après Eric Piolle, Erwan Lecoeur et Carmen Contamin lundi, l'audience a repris hier matin avec l'audition d'Agnès Billat, Présidente de Fusée. Après avoir expliqué les difficultés économiques de l'association pour tenter d'apitoyer la cour, elle a expliqué comme en première instance qu'elle était très éloignée du dossier. Elle habite en effet Montpellier, n'est venu à Grenoble que 2 ou 3 fois pour la préparation de la fête des tuiles et avait donné délégation de signature à Pascal Auclair. 

PASCAL AUCLAIR OUBLIE SES LIENS AVEC LES VERTS !

C'est en effet ce dernier qui était à la manœuvre du début à la fin dans ce dossier. Lui qui a conçu le concept de la fête pour la ville avant d'également vendre son spectacle, sans qu'il n'y ait mise en concurrence au sens du code de la commande publique à aucun moment. Il a assumé avoir organisé des "disco soupes" dans le cadre de la campagne de Piolle, et laissé son fils facturer des collages d'affiche pour cette même campagne... Mais a répété n'avoir aucun lien personnel avec les élus, et affirmé que Fusée n'avait pas fait la campagne de Piolle ! Devant la police qui l'auditionnait, il avait pourtant avoué être proche des Verts/ADES locaux. C'est dans ses locaux qu'Eric Piolle se réunira 2 fois juste après son élection. Quoi qu'il en dise, l'organisation des "soupes populaires" relevait bien d'une participation active à la campagne. 

"NOTRE CAMPAGNE AUDACIEUSE"

Campagne dont il assumait pleinement être partie prenante avant le début des problèmes. Extrait d'un article du postillon que vous pouvez consulter ici : "Le 25 mars, il adressait un mail à partir de son compte personnel à tous les militants de la mailing list de campagne à venir nombreux « déambuler avec Éric [Piolle] dans les rues du centre-ville  » après avoir pris un « Café des Beaux Jours » place aux Herbes. Déambulation qui avait pour but de permettre à différents médias nationaux présents (Arrêts sur images et Le Monde) de « faire quelques plans à diffuser » pour « relayer notre campagne audacieuse ». Oui, vous avez bien lu, il parlait de « notre » campagne". "Eric", "notre campagne"... Mais pas de lien personnel et pas de participation à la campagne pour Auclair, qui se moque du monde. 

Un autre moment de campagne de Piolle avec Auclair.

PAUL COSTE : CELUI QUI ASSUME LE PLUS

Paul Coste était directeur général adjoint des services de la ville à l'époque des faits. Pendant l'enquête, il avait été celui qui assume le plus, reconnaissant l'irrégularité de la procédure et la pression de la direction de la communication en lien avec les élus pour faire avancer le dossier de la fête des tuiles... Devant la cour, il a tenté d'édulcoré sa version, expliquant qu'il avait été sous pression pendant l'enquête et tentant de minorer ses propos. Et comme ses petits camarades, il a chargé les absents (en particulier Nordin Lakhal, que nous évoquions hier). Mais il a confirmé à nouveau que l'administration est bien sous pression des élus, surtout après un changement politique comme en 2014, et qu'elle veut bien faire pour ne pas leur déplaire...

FRANCOIS LANGLOIS : LE DGS QUI NE VOIT RIEN

Dernière audition : celle de François Langlois qui était alors directeur général de la ville. Comme en première instance, il a expliqué qu'il était très éloigné du dossier et n'avait rien vu bien qu'il ait avalisé un certain nombre d'irrégularités pour le faire avancer. Il a évidemment nié les pressions politiques, lui qui avait été recruté par Eric Piolle à son arrivée en 2014... 

LA PARTIE CIVILE NE DEMANDE RIEN

Après une suspension, l'audience a repris avec la plaidoirie de l'avocat de la ville partie civile... qui a une nouvelle fois prouvé que cette partie civile, représentée par le zélé adjoint au Maire Vincent Fristot, ne vise qu'à protéger Eric Piolle (on pouvait ainsi voir l'avocat discuter, très complice, avec Odile Barnola, la directrice de cabinet du Maire, en marge de l'audience). Il a presque excusé les prévenus, se contentant de demander 1 euro symbolique de dommages intérêts pour la ville si l'intention frauduleuse devait être caractérisée. Le minimum du minimum pour faire mine d'être présent et de remplir son rôle. 

ME ALDEGUER : LE "QUOI QU'IL EN COÛTE"

Intervenant juste après, Maitre Thierry Aldeguer représentant le groupe d'opposition (Alain Carignon, Nathalie Béranger, Chérif Boutafa, Brigitte Boer, Nicolas Pinel, Dominique Spini) a été autrement plus incisif (à noter qu'Eric Piolle avait quitté la salle à ce moment-là et n'est pas revenu de la journée). Il est revenu sur les liens politico-personnels entre les protagonistes, a rappelé le fait que Fusée a vu son chiffre d'affaires exploser grâce à cette fête des tuiles alors qu'elle vivotait avant, que 5 membres de l'association ont été embauchés à la ville après l'élection des verts (un élément absent des débat que l'avocate générale reprendra également) et qu'Auclair a conçu la fête avant de vendre son spectacle. Il a également ironisé sur Piolle, "devenu pour le besoin de l'audience Monsieur parapheur qui signe mais ne regarde pas". Enfin, Me Aldeguer a expliqué que les agents chevilles ouvrières dans cette affaire ont finalement fait un "quoi qu'il en coûte", car la pression des élus était telle que quoi qu'il en coûte la fête des tuiles devait sortir.

Me Aldeguer répondant aux sollicitations des médias en marge de l'audience.

LA CHARGE DE L'AVOCATE GÉNÉRALE

Françoise Benezech, avocate générale, a ensuite livré ses réquisitions. Elle a commencé par recadrer Eric Piolle pour son attaque personnelle déplacée et hors de propos contre le procureur général (il avait estimé lundi que ce dernier voulait le condamner et n'était pas indépendant...). Puis elle s'est livrée à une longue démonstration juridique, rappelant le principe de mise en concurrence qui prévaut et que "il ne suffit pas de dire "c'est artistique, on a tous les droits". Elle a démonté consciencieusement les arguments du jugement de Valence pour pointer la réalité de cette affaire : "un cumul d'irrégularités" avec la volonté très claire qu'il n'y ait pas de mise en concurrence. Elle a pointé la responsabilité très forte du trio de direction, Lecoeur / Coste / Langlois, qu'elle accuse de favoritisme, et a vivement critiqué leur manière d'essayer d'échapper à leurs responsabilités et de charger les absents. 

"ERIC PIOLLE A LA PLUS GRAND RESPONSABILITÉ"

Et en haut de ce trio, il y a évidemment le Maire. "Éric Piolle, qui voulait coûte que coûte l'organisation de la Fête des Tuiles, a la plus grande responsabilité" a résumé la magistrate, démontant au passage la fable montée par la défense selon laquelle la pression politique serait inexistante. Elle l'a également accusé de favoritisme, ou de complicité de favoritisme si les juges venaient à établir qu'il n'est pas à l'origine de l'octroi d'avantages indus...

AMENDE ET ÉVENTUELLEMENT PRISON ET INÉLIGIBILITÉ POUR PIOLLE

L'avocate générale a conclu en annonçant les peines requises à l'encontre des différents protagonistes. Elle a demandé la relaxe pour Fusée (refusant d'aller sur le terrain des liens entre les acteurs de cette affaire, comme rappelés par Me Aldeguer, qu'elle considère comme un mobile et pas comme un élément matériel). 5000 euros d'amende avec sursis à l'encontre de l'acheteuse, Madame Contamin. 15 000 euros avec sursis à l'encontre de Paul Coste, le DGA. 15 000 euros dont 7500 avec sursis à l'encontre du directeur de la comm Erwan Lecoeur et du DGS François Langlois. Et enfin, clou du spectacle : 15 000 euros dont 7500 avec sursis à l'encontre d'Eric Piolle, avec une éventuelle peine de prison avec sursis symbolique que l'avocate laisse à l'appréciation des juges. Elle a également précisé que la loi créant l'automaticité de l'inéligibilité date de 2017, soit après les faits : aussi elle ne l'a pas demandé, mais rien n'empêche les juges de prononcer une telle peine.

Source Saccage Grenoble

BELLE AVANCÉE DEPUIS VALENCE

Si la représentante du ministère public n'est pas tout à fait allé au bout du dossier, éludant volontairement la question des liens politiques, on peut se féliciter que la responsabilité d'Eric Piolle ait enfin été clairement soulevée dans cette affaire. Que de progrès depuis la première instance à Valence, qui s'était déroulée dans une atmosphère de "rien vu rien entendu" avec la complaisance de tous. Si le Maire venait à être condamné, les conséquences politiques pour lui seraient cataclysmiques : nous aurons l'occasion d'y revenir dans de futurs articles.

VERDICT LE 6 SEPTEMBRE

La décision a été mise en délibéré et la cour rendra son arrêt le 6 septembre. Encore un peu de patience avant le verdict final, que nous ne manquerons évidemment pas de commenter. La rentrée s'annonce sous tension pour Eric Piolle, qui voit d'ores et déjà son été gâché par le stress de l'attente...

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