AFFAIRES PIOLLE : « IL Y A UNE DIMENSION BANDE ORGANISÉE » (Me THIERRY ALDEGUER)

Le procès d'Eric Piolle qui s'ouvre ce lundi après midi à Grenoble- contre son gré- a déjà fait l'objet de révélations du "Figaro" selon lesquelles l'avocat général réclamait la condamnation d'Eric Piolle. Cette affaire soulevée à l'origine par Me Bernard Boulloud, un autre ténor du barreau grenoblois, qui a tambouriné avec le talent qu'on lui connait sur les portes des tribunaux, a cheminé très lentement au plan judiciaire, Eric Piolle bénéficiant d'une bienveillance hors normes. Car la Chambre Régionale des Comptes a mis tous les éléments du dossier sur la table en septembre 2018. Des délais de confort lui ont été systématiquement accordés par Alex Perrin, le Procureur de Valence pour qu'il puisse se représenter à la Mairie, puis à la primaire des Verts aux présidentielles, puis afin de ne pas gêner les candidats aux élections législatives...

THIERRY ALDEGUER AVOCAT DE LA SEULE VRAIE PARTIE CIVILE

Puis le tribunal correctionnel de Valence n'a rien voulu voir, "le Procureur" Laurent de Caigny jouant l'avocat de la défense, la "partie civile" étant représentée par Vincent Fristot, un Adjoint au Maire (Verts/Ades) pilier du système Avrillier depuis l'origine. La fin de la récréation a été sifflée par le Parquet qui a fait Appel de la décision.

Alors que le procès s'ouvre ce jour, nous avons interrogé Me Thierry Aldeguer, seul véritable avocat de la partie civile, à savoir le groupe d'opposition, qui veut faire entendre la voix du contribuable éventuellement lésé dans ces affaires.

"UN SENTIMENT DE JUSTICE À DEUX VITESSES"

QUESTION : Avant l’ouverture du procès en appel des marchés de la fête des Tuiles ce lundi, le week-end a été marqué par les révélations du « Figaro » sur les réquisitions du parquet en faveur de la condamnation d’Eric Piolle et de ses collaborateurs. Que signifie la position du Parquet Général ?

Me Thierry Aldeguer : "Elle est logique puisque le parquet avait fait appel de la décision du tribunal de Valence très complaisant dans ce dossier avec un Procureur sur place qui a rejoint les arguments de la défense, après une procédure qui avait trainé en longueur depuis 2018. Il en est résulté un sentiment de malaise et d’une justice à deux vitesses. Aujourd’hui l’avocate Générale rappelle simplement l’évidence qui ressort de toutes les pores de cette affaire : "il existe un cumul d’irrégularités qui vont toutes dans le même sens pour attribuer le marché à l’association Fusées". Le non respect des règles de mise en concurrence "s’explique par la volonté d’Eric Piolle que la fête des Tuiles ait lieu à n’importe quel prix. La pression des élus et de la direction de la communication en lien direct avec le Maire est incontestable et n’est contestée par personne, sauf par le principal intéressé" conclut-elle. C’est un bon résumé".

"ERIC PIOLLE EST PROCHE DES PROTAGONISTES DEPUIS 13 ANS"

Question : est-ce à dire que tout est dit et que la partie civile que vous représentez n’a rien à ajouter ?

Me Thierry Aldeguer : "Non évidemment puisque le parquet n’a accompli que la moitié du chemin. Il constate bien la volonté d’Eric Piolle de s’affranchir des règles pour attribuer ces marchés à ses amis, mais il exonère l’association Fusées et ses militants qui en sont bénéficiaires, comme s’ils étaient des oies blanches. Il occulte totalement la dimension « bande organisée » de ces forfaits commis au détriment du contribuable grenoblois. Eric Piolle est proche des protagonistes de l’association Fusées depuis les années 2010 quand il était co-président du groupe Verts au Conseil Régional, directement et à travers son collaborateur de l’époque, Gaël Roustan qui deviendra son directeur de cabinet à la Mairie. Les militants de cette association ont largement participé à sa campagne électorale de 2014, le dirigeant de fait, Pascal Auclair reconnaissant être proche du noyau dur des élus de la municipalité, le groupe Verts/Ades dont Raymond Avrillier est le parrain. Eric Piolle a rencontré souvent Pascal Auclair, il a réuni sa majorité dans les locaux de l’association Fusées".

"CES POSTES, CES MARCHÉS SONT UNE CONTREPARTIE"

"À l’issue de la campagne, en guise de ce qui ressemble beaucoup à des remerciements, 4 ou 5 militants de l’association ont bénéficié de contrats à la Mairie sans même avoir des bureaux affectés. Avec des subventions à l’association, un contrat illégal leur assurant les marchés sans concurrence, ils ont conçu la fête des Tuiles. Il apparait évident que ces postes, ces marchés sont une contrepartie. Je suis frappé par exemple en observant les comptes de campagne de Piolle par la faiblesse de la facturation du collage d’affiches par l’association Fusées et de tous les services mis en place pendant la campagne électorale par ses militants, embauchés ensuite sur des postes de complaisance. Pour moi ceci explique cela".

LA CRC AVAIT RELEVÉ LES LIENS POLITIQUES AVEC LA MUNICIPALITÉ

Question :  pour vous c’est une affaire politico-financière ?

 Me Thierry Aldeguer : "oui j’en ai la conviction. D’ailleurs dans son rapport de synthèse la commandante de la Police Judiciaire rappelait que, je cite « la CRC soulignait le contexte au moment de la conclusion des marchés à savoir des liens de personnes entre cette association Fusées et la Mairie de Grenoble, liens notamment politiques des dirigeants de faits de l’association, Pascal Auclair et Marianne Imbert, qu’elle n’a pas pu vérifier ». Pourquoi n’a-t-on pas enquêté ? Il est établi dans le dossier qu’Eric Piolle et ses collaborateurs proches, tel Erwan Lecoeur son ex directeur de campagne qui ont imposé ces postes et ces marchés se connaissent et se soutiennent depuis au moins 13 ans. Mais la longueur de la procédure retardée par le procureur Alex Perrin à Valence à la demande d’Eric Piolle permettait aux protagonistes de se mettre d’accord sur un même langage. C’est peut être ainsi qu’est née la fable, le débat surréaliste, construit après coup, sur la « prestation artistique » qui ne nécessitait pas d’appel d’offres. Cette prétendue prestation artistique originale a été mise en avant pour tenter d’habiller juridiquement le fait que le prestataire fusée avait été choisie au préalable en vertu d’une décision politique au mépris de règles gouvernant la commande publique. Thèse largement gobée par les médias. Ça ne tient juridiquement pas debout une seconde". 

"RENDRE JUSTICE AU CONTRIBUABLE GRENOBLOIS"

Question: comment expliquer une telle lenteur, une telle bienveillance quand on se souvient par exemple de la célérité de la justice concernant François Fillon en pleine campagne pour devenir potentiellement Président de la République ?    

 Me Thierry Aldeguer : "Pas besoin d’aller chercher si loin. Christian Coigné, Maire (Les Centristes) de Sassenage a été condamné à deux ans d'inéligibilité pour avoir signé en l'absence de son Adjointe la prolongation d'un logement d'urgence dont sa fille bénéficiait en toute légalité : prise illégale d'intérêt.  Dans le cas d’Eric Piolle le favoritisme est attesté par tous les éléments du dossier, le contexte comme les faits. Pourtant il a fallu la vigilance du parquet général pour faire Appel de la relaxe incompréhensible de la première instance. Maintenant il s’agit d’aller au bout du dossier afin de rendre justice au contribuable grenoblois : les protagonistes ont agi de concert et leur application à nier tous liens entre eux -jusqu’à Eric Piolle qui ne connait pratiquement pas son directeur de campagne, qui ne savait pas que ses colleurs d’affiches de Fusées étaient payés- démontre ce qu’ils veulent cacher. Le financement de Fusées et de ses militants par la ville est un renvoi d’ascenseur de campagne électorale. C’est cela que je veux faire juger à travers ce procès".

 

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