GRENOBLE, CAPITALE DE LA DÉCIVILISATION ET DE L’ENSAUVAGEMENT ?
La violence atteint désormais des sommets à Grenoble. La fusillade à la Villeneuve étant le dernier épisode d'une guerre qui n'a plus de limites.
VILLENEUVE : 6 BLESSÉS À L'ARME DE GUERRE
Dans la nuit de lundi à mardi à la Villeneuve, une fusillade a fait 6 blessés dont trois graves. Une trentaine de pompiers ont dû être mobilisés pour les évacuer. Une arme lourde de type kalachnikov a été utilisée, et des cagoules, gilets et munitions trouvés dans un immeuble non loin où avaient été aperçues rentrer deux personnes encagoulées. Encore exceptionnelles jusqu'à il y a peu, les fusillades avec armes de guerre de ce type sont malheureusement devenues monnaie courante à Grenoble et ne nous étonnent plus tant nous nous y habituons.
EAUX-CLAIRES / LYS ROUGE : RETROUVÉ MORT DANS UN VÉHICULE INCENDIÉ
Le 24 mai, un homme criblé de balles est retrouvé, mort, dans un véhicule en feu quartier des Eaux Claires (non loin du Lys Rouge tristement connu pour le trafic de drogue). Deux jeunes ont été aperçus partir en courant après que des détonations aient été entendues, mais la police ne donne pour l'instant pas trop de détails sur cette affaire.
ABBAYE : ABATTU DANS LA RUE
Le 31 mai, un homme de 43 ans était abattu par balle dans la rue quartier de l'Abbaye, au beau milieu de la journée. Les criminels n'ont même plus besoin d'attendre la torpeur de la nuit pour commettre leurs méfaits. Le tireur était juché sur une trottinette électrique, avec laquelle il a pu prendre la fuite. Un tireur en trottinette avait déjà sévi Boulevard Foch, non loin du croisement avec le Cours, il y a quelques mois. Mobilités "douces" et délinquance font décidément bon ménage, et un esprit cynique y verrait une synthèse mordante de ce qu'est devenue Grenoble.
LA LOI DE LA JUNGLE POUR LES GANGS
Disons le d'emblée : toutes ces actualités relèvent assez clairement de règlement de comptes liés de près ou de loin à la délinquance. Selon nos informations, la fusillade à la Villeneuve est le fruit d'une ancienne équipe qui gérait le point de deal et, expulsée, s'est aujourd'hui repliée sur le Village Olympique d'où elle aurait lancé son expédition punitive. L'individu retrouvé aux eaux-claires dans le véhicule serait une des têtes du trafic au Lys Rouge. Et la personne abattue à l'Abbaye n'est autre que le père d'un gamin écroué car suspecté du meurtre par balle d'un adolescent de 17 ans dans un salon de coiffure au VO il y a quelques mois...
GRENOBLE : "LA BANALISATION DE LA VIOLENCE"
En réponse aux bonnes âmes qui voudraient une nouvelle fois faire croire qu'il n'y a pas de spécificité grenobloise, que toutes les villes de France sont soumises à la violence, un fin connaisseur du milieu grenoblois s'exprime très clairement dans Le Dauphiné Libéré d'hier : « la situation dans la région grenobloise est très différente de celle de Valence, par exemple, où deux équipes se livrent une guerre sans merci. Ce qui caractérise Grenoble, c’est la présence de nombreux groupes criminels aux intérêts imbriqués, avec des alliances qui se nouent et se dénouent, des rivalités qui éclatent à certains moments sans que l’on sache pourquoi. Sans parler des contentieux qui ne sont pas nécessairement liés aux différents trafics ». La journaliste ajoutant : "un constat particulièrement alarmant s’impose : celui de la banalisation de la violence la plus radicale comme mode de règlement de tous les contentieux". Bienvenue chez nous.
DES PLACES FORTES HISTORIQUES
On ne peut que constater une progression alarmante du trafic dans notre ville. Les points de deal historiques, installés depuis des années, sont bien connus : Mistral, le Lys Rouge, au Village Olympique, à la Villeneuve, en plein centre à l'Alma, ou encore place Saint-Bruno qui a connue plusieurs fusillades l'été dernier puis encore très récemment, et où les dealers ont même empêché le facteur de passer plusieurs jours d'affilée puisqu'ils font régner la loi et l'omerta dans le secteur...
LE DEAL ÉTEND SON EMPRISE
Mais ces dernières années, de nouvelles places jusque-là épargnées ont été contaminées. L'exemple le plus connu est Hoche, à deux pas du centre, désormais zone de jeu des dealers qui outre le trafic se permettent de menacer les habitants, et s'amusent à faire des rodéos la nuit sous les fenêtres de riverains excédés et apeurés. La rue Léo Lagrange et notamment la tour au numéro 7 est également devenue une zone de non-droit, avec des dealers qui se sont appropriés un immeuble et une cour sujette à la prostitution, sans qu'aucun élu de la majorité ne daigne se déplacer pour constater de ses yeux ce que devient le secteur. Hier, nous évoquions également le cas d'Abbaye/Washington, avec le deal qui s'est installé rue Charles Rivail et un quartier qui décline à vitesse grand V. Et qui dit trafic dit porte ouverte à ces explosions de violence entre bande rivales.
LA VIOLENCE DU QUOTIDIEN S'INTENSIFIE AUSSI
Au-delà des stupéfiants, nous assistons aussi à une explosion de la violence du quotidien. En 2022, la Préfecture dévoilait le chiffre de 12 faits de violence par jour à Grenoble, plus de 3500 sur l'année. Et nous n'étions que début octobre. Il y a fort à parier que les statistiques ne se sont pas arrangées depuis, entre violences contre la police en marge des manifestations, agressions de salariés de la TAG, ou encore plus récemment, dans la nuit d'hier, 6 personnes cours Berriat / cours Jean Jaurès qui cassaient des voitures et agressaient des passants à coups de barres de fer, avant de causer un accident.
AGRESSION AU COUTEAU À LA VILLENEUVE
À La Villeneuve hier, soit le lendemain de la fusillade, un homme a été agressé au couteau dans des circonstances qui restent à déterminer. L'auteur a fui, la victime a été prise en charge. Le Dauphiné évoque "une plaie à un bras" : chacun pourra juger de l'ampleur de l'agression en voyant la quantité de sang versé (ne lancez pas la vidéo si la vue du sang vous déplait)...
...Y COMPRIS DANS LA MÉTROPOLE
Effet tâche d'huile, le phénomène s'étend également à la Métropole. Avec, juste cette semaine, un individu interpellé par le RAID (rien que ça !) pour agression et séquestration au marteau à Saint-Martin le Vinoux, ou encore une douzaine de voitures incendiées à Eybens...
EN FINIR AVEC LA SPIRALE DU LAXISME
Dans son dossier d'hier, le Dauphiné Libéré se borne à parler de la responsabilité de l'Etat, dans l'organisation des forces de police notamment. On pourrait aussi disserter sur les lacunes du système judiciaire. Mais il convient également de s'interroger sur les raisons grenoblo-grenobloises qui aboutissent à la spécificité de notre ville, ces "contentieux" qui se règlent de la pire des manières avec une "banalisation de la violence". Une ébauche de piste : le laxisme ambiant entretenu par le climat politico-médiatique local à l'ère d'Eric Piolle.
ENFIN S'ATTAQUER AU SUJET DE LA SÉCURITÉ...
En effet, quel message envoie-t-on aux délinquants et criminels quand l'une de nos premières annonces une fois élu Maire est d'expliquer qu'on ne veut plus des caméras de vidéoprotection à Grenoble et de plaisanter sur l'idée qu'on va les vendre à la ville de Nice ? Quand on se borne ensuite à évoquer cet outil pour le contrôle des voitures mal garées, jamais pour lutter contre la délinquance ? Quand on refuse d'envoyer la police municipale patrouiller dans le 38100 après 19h ? Quand une élue de la majorité, Céline Deslattes, explique sans rougir que l'insécurité relève du "fantasme" ? Quand on a recours à des sociétés privées sans aucun moyen d'agir, qui se contentent de ne pas se mettre à dos les dealers pour ne pas avoir de problème, afin de faire semblant d'assurer la tranquillité ? Quand, systématiquement accusé par des habitants de ne faire preuve d'aucun volontarisme en matière de sécurité, on se borne à rejeter la faute sur l'Etat et à faire comprendre en creux que la Municipalité ne compte rien faire ? Garantir l'ordre public n'est pas, n'a jamais été, ne sera jamais à l'ordre du jour des objectifs qu'Eric Piolle s'est fixé alors que le Maire est le premier officier de police judiciaire de la ville et a toutes les prérogatives pour agir et efficacement apporter son concours à la police nationale. Tous les Grenoblois ne l'ont pas encore compris, ou ne veulent pas encore le comprendre. Mais les délinquants, et ceux qui vivent des fruits de l'économie souterraine, ont reçu le message 5/5. Ils ont le champ libre.
... REVOIR LA POLITIQUE DE PRÉVENTION...
Les belles âmes souligneront que tout ne peut pas être résolu par la répression et qu'il convient de miser sur la prévention. Il est indéniable que des décisions municipales comme la fin des conventionnements avec des associations d'éducation populaire comme La Cordée à Mistral ou le Plateau à la Villeneuve, le fait d'essorer une structure d'économie sociale et solidaire comme la Papothèque au cœur du Lys Rouge, ne font rien pour arranger les choses car de telles institutions sont à même de donner d'autres perspectives aux jeunes issus de quartiers populaires, surreprésentés dans ces faits de règlements de compte sur fond de trafic. Mais il conviendrait aussi de s'interroger sur la stratégie menée en matière de politique de la ville, sur ces millions d'euros dépensés dans le cadre de "contrats de ville". Qui peut décemment affirmer que 30 ans de poursuite bête et méchante de cette politique du robinet financier sans exigence de résultats, par la ville comme par la Métropole et l'Etat, ont changé quoi que ce soit, sorti des quartiers du marasme, permis clairement à des habitants d'élever leur condition ? Début de réponse avec un rapport de la Cour des Comptes paru en 2020 sur l'évaluation de l'attractivité des quartiers prioritaires. Il estime les résultats "décevants". "En dépit des moyens financiers et humains déployés, cette attractivité a peu progressé en dix ans [...] Les moyens déployés en termes de sécurité, de propreté, d’aide à la petite enfance ou de transport répondent insuffisamment aux besoins spécifiques ou amplifiés des quartiers et de leurs habitants". Sont donc pointées avant tout des compétences municipales ou métropolitaines...
... ET S'ATTAQUER AU SUJET DU LOGEMENT
Et il y a un sujet qui n'est jamais évoqué, si ce n'est par le groupe d'opposition présidé par Alain Carignon, alors qu'il est un outil stratégique majeur : la politique d'attribution des logements. Dans la très grande majorité des cas, les délinquants, la drogue, les armes sont logés et stockés dans des appartements du parc locatif social. Or, les élus municipaux et métropolitains contrôlent ACTIS et (encore pour un petit moment) Grenoble-Habitat, deux des principaux bailleurs du territoire. En contrôlant la politique d'attribution, en expulsant les dealers condamnés, en assermentant le personnel pour dresser le procès-verbal face aux incivilités, la situation serait déjà considérablement assainie. Et plus largement, stopper cette politique de bétonisation à marche forcée qui fait pousser des quartiers avec 50% voire plus de logements sociaux permettrait de cesser de créer des nasses qui se paupérisent à vitesse grand V et où se forment donc des conditions optimales pour que prospère le trafic, voie malheureuse de l'argent facile pour des jeunes qui ne voient pas d'autres perspectives. Encore faut-il avoir un minimum de volonté politique... ce qui suppose du courage.
L’effet tâche d’huile porte un nom, loi SRU.
Au nom de l’égalité (cher à la gauche) on trouve normal que des gens habitent du HLM dans des résidences privées construites par des promoteurs.
Si le problème était concentré la gauche a trouvé une belle idée, l’éparpiller.
Saint martin le vinoux connait depuis de nombreuses années des problèmes de rodéo urbain, sur les réseaux sociaux certains habitants disent que la police municipale y est inexistante.
Liberté (des délinquants)
Egalité (nivellement par le bas)
Fraternité (no comment)