ST-BRUNO : LES DEALERS FONT FUIR LES FACTEURS

Un nouvel exemple de l'emprise du trafic de drogue à Grenoble. Les habitants de la Place Saint-Bruno devront aller récupérer leur courrier au bureau de poste parce que les dealers martyrisent le facteur. 

UNE SUSPENSION DE LA DISTRIBUTION POUR "LA SÉCURITÉ ET LA SANTÉ" DU FACTEUR

Des habitants de la place nous ont ainsi transmis le courrier adressé cette semaine par la Poste : "Depuis quelques semaines, votre facteur est victime, lors de la distribution de votre courrier, d'incivilités de la part d'individus présents sur la Place Saint Bruno. Au regard de cette situation, et afin d'assurer la sécurité et la santé de votre facteur, nous avons pris la décision de suspendre provisoirement la distribution de votre courrier dans votre boîte aux lettres. Des à présent, vous pouvez donc récupérer vos courriers au bureau de Poste, à proximité, 16 place Saint Bruno, 38000 Grenoble".

UNE PLAQUE TOURNANTE DU TRAFIC

Des "individus présents sur la place", évoque très pudiquement le courrier. Chacun a bien compris de qui il s'agit : les dealers ont pignon sur rue, en plein milieu de la place, et mènent leur trafic au vu et au su de tout le monde y compris en pleine journée. Sans que rien ne sois entrepris pour les déloger et mettre fin à leur prise de possession de l'espace public. 

UN SYSTÈME QUI TIENT PAR L'OMERTA

Comme pour de nombreux autres quartiers gangrénés par le deal, c'est la loi du silence, cette omerta qui enferme les habitants dans le mutisme par peur des représailles. Circulez, y'a rien à voir. On se rappelle du reportage "Grenoble Saccagée" en octobre dernier : un habitant de Saint-Bruno avait intimé au journaliste de ne pas filmer, et les autres passants du quartier interrogés oscillaient entre déni ou peur de parler, et dénonciation de la violence. Une personne âgée interrogée, qui commençait à évoquer le sujet du trafic dans le quartier, n'avait pas osé terminer ses propos et avait du être floutée. 

"Il est dur ce quartier. C'est plus que de la violence, de l'ultra violence" témoignait un habitant (flouté) sur la Place Saint-Bruno.

UNE SCÈNE DE WESTERN QUI PART DE LA PLACE

Quelques semaines avant le reportage, une fusillade avait éclaté sur la place alors que le marché battait son plein. Evidemment sur fond de trafic de drogue. Trois hommes cagoulés étaient descendus d'une Audi, deux d'entre eux tirant des coups de feu en l'air avec des kalachnikov et l'autre entrant dans un bar à l'angle de la place (en face du lieu où les dealers sont habituellement installés). Les trois hommes et le conducteur étaient ensuite repartis rapidement, engageant une course-poursuite avec la police qui s'est terminée à la Villeneuve.

Saint-Bruno, juste après la fusillade devant le bar le 1er octobre dernier. "Une scène de western" décrira le Dauphiné Libéré.

UNE DIZAINE DE FUSILLADES CET ÉTÉ

L'été dernier, Grenoble a ainsi connu une dizaine de fusillades. La plupart du temps sur fond de trafic de drogue, et très souvent liées à la place Saint-Bruno (on y recense 3 fusillades en moins d'un mois avant celle d'octobre !). Le phénomène n'est malheureusement pas nouveau et plutôt récurrent. En 2015, en 2017... nous avons déjà maintes fois évoqué la violence que créé le deal sur la place.

UN RECUL DU SERVICE PUBLIC

Les dealers ne se contentent à l'évidence pas de violences envers les bandes rivales. Ils se permettent de mettre en danger un pauvre facteur, témoignant bien du sentiment d'impunité qui les anime et de leur jouissance de l'espace public. Résultat : un recul des services pour les habitants, désormais forcés de se rendre à leur bureau de poste pour récupérer leur courrier. 

AU LYS ROUGE AUSSI, PLUS DE RELAIS POSTAL

Dans un autre quartier particulièrement touché par le deal, le lys rouge, la Poste a également fermé son relais qui avait été ouvert au sein de la Papothèque. Les élus de la majorité municipale ont beau fermer les yeux et pérorer que tous les Grenoblois sont traités équitablement, force est de constater que chacun n'a pas droit au même niveau de service public.

Au lys rouge, un dealer en trottinette interdit à l'équipe du reportage "Grenoble Saccagée" de venir filmer le quartier.

LA CRÈCHE À LA VILLENEUVE

Comment ne pas faire le lien avec l'un des plus éclatants symbole de cette soumission municipale au deal, à savoir la fermeture de la crèche municipale à la Villeneuve ? En 2021, les dealers du secteur avaient menacé le personnel de la crèche et promis de revenir mettre le feu à la crèche. Résultat : elle avait fermé. Et le Vice-Président du CCAS et adjoint au Maire, Nicolas Kada, s'était empressé d'expliquer qu'il est "crucial" que "l’animosité du groupe de personnes ayant commis des violences envers la crèche ne soit pas exacerbée" (!). Il ne faudrait pas trop froisser les dealers.

À la Villeneuve, la crèche fermée après les menaces des dealers.

LE NON-DROIT GRENOBLOIS

L'étalement des zones de non-droit à Grenoble, qui touche désormais tous les secteurs et y compris des quartiers jusque-là plus calmes comme rue Léo Lagrange, s'accompagne d'un recul des services publics, précarisant un peu plus des quartiers déjà la plupart du temps en difficultés. C'est une autre conséquence très concrète du deal.

ERIC PIOLLE REFUSE TOUTES LES PROPOSITIONS

Et pourtant, Eric Piolle persiste à refuser toutes les propositions qui lui sont faites régulièrement par le groupe d'opposition d'Alain Carignon pour améliorer la situation. Contrôle strict des attributions de logements sociaux, développement de la vidéoprotection avec un centre de sécurité opérationnel, renforcement et armement de la police municipale, revalorisation des quartiers en y installant des services et en favorisant la mixité sociale... Les solutions existent. Mais Eric Piolle, par son dogmatisme, a largement démontré qu'il n'est pas l'homme de la situation.

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