PIOLLE VA-T-IL QUITTER GRENOBLE EN 2024 ?
L'interview d'Enzo Lesourt, ancien conseiller d'Eric Piolle, pose la question de l'avenir de ce dernier. Il y dévoile notamment que le Maire est censé passer la main en 2024.
UN DÉPART BRUTAL EN JUILLET DERNIER
C'était en juillet dernier. La lettre de démission d'Enzo Lesourt, très à charge contre le système Piolle, paraissait dans la presse. Un véritable coup de tonnerre, car celui qui avait été désigné par Eric Piolle comme son "deuxième cerveau" était l'architecte du système, celui qui avait théorisé et planifié la prise de pouvoir puis l'organisation municipale et sa campagne nationale pour les primaires EELV. Enzo Lesourt dénonçait la brutalité des méthodes, la "violence éloquente" notamment avec les collaborateurs.
PIOLLE UTILISE LES MOYENS DE LA VILLE POUR UNE ACTION EN JUSTICE CONTRE LESOURT
Il évoquait ainsi dans sa lettre le cas d'une femme enceinte maltraitée, de plusieurs collaborateurs essorés... Et il rejoint désormais cette liste, lui qui avait tout donné, jusqu'à consacrer ses jours de congés à la campagne présidentielle du Maire de Grenoble. "Éric a été très dur avec tous les cadres qui ont quitté son cabinet depuis 2014" confirme-t-il au Dauphiné. Il lui avait été proposé de partir avec les droits d’un contractuel de la fonction publique de moins d’un an d’ancienneté (alors qu'il était là depuis 2008 !), malgré ce qu'Eric Piolle et sa directrice de cabinet Odile Barnola lui avaient fait miroiter. Résultat : Enzo Lesourt a formé un recours pour demander le versement des sommes qu'il estime dues. Et plutôt que de s'arranger, la ville va mobiliser ses avocats contre lui (arrêté du Maire du 6 février dernier). Petit règlement de compte entre (ex) amis sur le dos des contribuables Grenoblois, qui ne sont décidément vus que comme des vaches à lait bonnes à payer les aventures et déboires piollesques.
"J'AI CRU QU'ERIC PIOLLE PRENDRAIT LE POUVOIR SANS ÊTRE PRIS PAR LUI"
Suite à ces derniers évènements, l'ancien conseiller s'autorise donc à prendre la parole publiquement par une interview dans Le Dauphiné Libéré, sous la plume d'Eve Moulinier. Et comme dans sa lettre de démission en juillet, il n'est pas tendre. Il explique ainsi qu'Eric Piolle est devenu ce qu'ils ont combattu, qu'il pensait "qu’il prendrait le pouvoir sans être pris par lui, ce que nous reprochions à la social-démocratie". Que le Piolle "en colère, prêt à prendre des risques" de 2014 a été rattrapé par sa formation d'ingénieur et est redevenu un "bon élève" qui ne bouscule pas les règles. La charge est dure de la part de celui qui a accompagné son ascension : à l'instar d'un Michel Destot usé à la fin de trois mandats, qui lui a eu le bon sens de ne pas se représenter, Eric Piolle est déjà devenu une sorte de roi-fainéant qui n'aura pas renversé le système.
"L'AUTRE MORSURE DU POUVOIR, C'EST LA PARESSE"
Enzo Lesourt confirme cela en reparlant de la campagne pour la primaire EELV : "sans prise de risques. Éric a joué sur ses acquis". Il n'a pas su s'adapter à l'émergence de Sandrine Rousseau, adapter sa stratégie. "Éric reste un ingénieur : d’abord on pose le plan, ensuite on fonce" est peut-être le meilleur résumé du personnage, tant il explique ce que nous vivons à Grenoble : il arrive avec une idée, un programme bien arrêté en tête, et l'applique sans s'adapter aucunement aux remarques et remontées des Grenoblois. Si même Enzo Lesourt constate son incapacité pathologique à faire preuve de pragmatisme selon les circonstances...
LE PLAN D'ERIC PIOLLE
Mais le plus intéressant arrive en fin d'interview. L'ex deuxième cerveau dévoile le plan originel : "gagner en 2014, confirmer en 2020 et passer le relais en 2024 pour mettre le pied à l’étrier au maire suivant". En rappelant l'échéance de 2027, date à laquelle Eric Piolle se verrait bien Président de la République. Mais ces ambitions, et donc ce plan, tiennent-ils toujours considérant l'affaiblissement d'Eric Piolle sur la scène nationale ? Il a fini avant-dernier au congrès EELV ; puis s'est mis à dos une grande partie des establishments de la gauche en sortant le burkini pendant les législatives (évènement qui lui a potentiellement fait perdre la possibilité d'être tête de liste des verts aux européennes en 2024) ; et est désormais totalement inaudible au niveau national, effacé par une cohorte d'élus qui ont émergé depuis. Eric Piolle va-t-il bien passer le relais en 2024, ou va-t-il revoir ses ambitions "à la baisse" (tant cette ville n'est pour lui qu'un petit marchepied) et rester à Grenoble ?
"LE FAIT DU PRINCE N'A JAMAIS MARCHÉ À GRENOBLE"
D'autant plus qu'Enzo Lesourt semble contester le choix de succession : "ici, les futurs maires sont toujours désignés par les militants, jamais par le maire sortant". Ce qui sous-entend qu'une guerre intestine est en cours pour la succession. Voilà qui promet une belle ambiance, entre la frange LFI très ambitieuse et revigorée par les résultats des dernières élections nationales (Alan Confesson, Elisa Martin...), un clan de jeunes loups trop sectaires pour prétendre un jour être à la tête de la ville (Margot Belair, Antoine Back...), des anciennes gloires désormais démonétisées et à l'écart (Yann Mongaburu), la copie conforme d'Eric Piolle qu'il a tenté de caser partout sans succès (Maud Tavel), le clan des frondeurs insatisfaits des méthodes actuelles (Pascal Clouaire en tête), et bien sûr comme arbitres ceux qui ne veulent pas être visibles et souhaitent tenir les vraies clés du pouvoir dans l'ombre (Olivier Bertrand, Vincent Fristot...). À moins qu'Eric Piolle ait changé d'avis et souhaite se représenter, ce que certains au sein même de la majorité n'excluent pas tant il semble organiser l'anarchie autour de lui pour empêcher l'émergence d'un successeur...
UNE INTERVIEW MISE EN GARDE QUI ACCENTUE LES DIVISIONS
Cette interview d'Enzo Lesourt sonne comme une mise en garde, à l'heure où Eric Piolle est en justice contre lui. Comme une manière de rappeler qu'il peut parler et en dévoiler beaucoup, lui qui a été au coeur du système Piolle pendant 14 ans. Cette sortie s'ajoute à la pile de divisions qui minent la majorité municipale et affaiblissent considérablement Eric Piolle.
AMBIANCE FIN DE RÈGNE AVANT L'HEURE
Alors que nous sommes précisément à la mi-mandat, l'ambiance fin de règne s'accélère déjà. Aux divisions en interne s'ajoute la gronde des Grenoblois, des propriétaires qui s'apprêtent à subir un matraquage sans précèdent aux locataires de logements sociaux qui doivent payer plus cher pour des services toujours pas à la hauteur, en passant par les acteurs du socioculturel, les associations de proximité, les commerçants... C'est tout le tissu social qui, petit à petit, se dresse contre Eric Piolle. Son histoire à Grenoble risque fort de finir en eau de boudin.
Je suis natif de Grenoble, je suis attristé de voir la décadence de la ville où mes ancêtres ont vécu.
J y ai encore un appartement dont le locataire est parti.galere pour trouver un nouveau locataire..
Et les impôts….
Tout cela, parce que le Maire n’a qu’un objectif,sa carrière politique, qu’il imagine nationale.
La carrière « politique » de monsieur
Piolle se résume à : rester avant dernier, comme la primaire…