LAURENCE RUFFIN S’AVANCE POUR LES MUNICIPALES : DU PIOLLE AU FÉMININ

Le bruit était insistant depuis plusieurs mois. Voilà que Laurence Ruffin, la soeur de François Ruffin pressentie pour être tête de liste des Rouges/Verts de Piolle aux municipales, sort du bois en acceptant de s'exprimer dans le Dauphiné Libéré.

UN PREMIER PAS VERS UNE CANDIDATURE

Bien sûr, elle ne se déclare pas officiellement candidate tout de suite. Interrogée par Eve Moulinier, elle explique pour l'instant être "intéressée pour m’impliquer pour Grenoble" et avoir l'envie de "travailler avec un collectif". Une sortie médiatique qui vise à se tester à 15 mois de l'échéance : elle pose une première pierre en indiquant qu'elle participera à la campagne du camp Piolle afin de voir comment l'idée de sa candidature est accueillie par les Grenoblois. 

Laurence Ruffin. Capture d'écran Youtube

RUFFIN NE VEUT PAS VOIR LES CRITIQUES

Une pré candidature du camp Piolle, parce qu'elle ne compte rien remettre en question du bilan des Verts/LFI ces 10 dernières années et s'inscrit dans leur droite lignée. "On a quand même une super ville ! Moi, comme la plupart des habitants, je n’aime pas quand on la critique" clame-t-elle au DL en affirmant qu'elle est "évidemment de gauche". La messe est dite : Laurence Ruffin appartient au camp de ceux qui considèrent qu'il ne faut surtout pas parler des problèmes, comme si ne pas les évoquer allait les faire disparaitre. Depuis 10 ans qu'on entasse la poussière dessous, le tapis n'est plus assez grand.

"PAS DE RUPTURE DE LIGNE"

Le quotidien de gauche Libération, qui s'est aussi penché sur le sujet en interrogeant un proche du camp Piolle, confirme que Ruffin entend dans tous les cas faire du Piolle : "on veut faire perdurer ce qu’on a créé en 2014, explique-t-on. Il va y avoir une rupture d’incarnation mais pas de rupture de ligne". Ils n'ont rien appris et entendent poursuivre exactement de la même manière. Sur le fond des politiques menées, on retrouvera la continuité de ce qu'ils créent depuis 2014 : paupérisation massive, baisse de la qualité de vie, dégradation générale de l'espace public, réchauffement de la ville... 

RUFFIN VEND DÉJÀ SA STORY ...

Mais aussi sur la forme. En bonne communicante, Ruffin commence déjà à distiller des éléments de langage pour écrire son story-telling et voir s'il prend auprès des Grenoblois. Elle se vend comme une arrivante d'Amiens qui a fait de Grenoble sa "ville de coeur", comme chef d'entreprise privée (la SCOP ALMA) mais évidemment engagée sur la question sociale, comme quelqu'un qui entend s'inscrire dans un collectif de gauche... 

... QUI EST UN COPIÉ COLLÉ DE CELLE DE PIOLLE

Vous avez l'impression de lire quelque chose que vous avez déjà vu ? C'est normal. Faites un bond de 10 ans en arrière et rappelez-vous de ce candidat originaire du Béarn venu s'installer à Grenoble ; ce cadre du privé qui vendait partout son histoire de démission d'HP au nom de grands idéaux sociaux ; ce citoyen de gauche désireux d'avancer au sein d'un rassemblement de gauche... C'est ça l'écologie : on nous propose du recyclé. 

Dans ce portrait de 2014, Libé nous faisait déjà le coup du candidat sympa, qui la joue "collectif", cadre du privé heureux de s'investir pour sa ville... 10 ans après on voit le résultat. Vous pouvez lire le portrait complet qui prêt à rire après avoir découvert le personnage toutes ces années sur ce lien

LE CÔTÉ FACE EST MOINS VENDEUR

Voilà pour leur côté pile, celui qu'on présente aux électeurs. On aura ensuite découvert le côté face de Piolle : les actions à Singapour, la confortable indemnité pour son départ d'HP, l'autoritarisme qui prime sur la décision collective, les affaires judiciaires qui commencent à se cumuler, évidemment son bilan loin des promesses originelles. Elle n'est pas encore déclarée que le côté face de Ruffin se fait jour petit à petit, comme nous vous le révélions en septembre : époux nommé par Eric Piolle directeur de la régie de quartier Villeneuve-VO pendant 9 ans, positions plus que tendancieuses sur le port de la burqa, train de vie très aisé qui lui permet de s'octroyer une longue pause en Afrique ou encore une croisière de 6 mois... 

RUFFIN À LA VILLE ET PIOLLE À LA MÉTRO ?

Mais qu'importe. Pour "faire perdurer ce qu’on a créé en 2014", le clan salive déjà du scénario dont il rêve : Ruffin comme Maire de Grenoble, Piolle comme Président de la métro. Depuis plusieurs mois il accélère en direction de cette dernière ambition, accentuant les fractures avec la majorité de Christophe Ferrari comme on l'a encore vu au dernier conseil métropolitain. Ceux qui voteraient Ruffin en pensant que ça changera de Piolle doivent bien comprendre que ce faisant, ils votent pour propulser le maire actuel à la métro... et donc lui donner encore davantage de pouvoir de nuisance pour notre ville. 

LHEUREUX ET BELAIR S'Y VOIENT AUSSI

Il reste encore du chemin avant que ce scénario catastrophe ne se réalise. D'abord le vote des Grenoblois qui peut réduire à néant les espoirs de se maintenir du clan au pouvoir, à mesure que l'alternance monte en puissance autour d'Alain Carignon. Et avant cela, la question de la tête de liste Piolliste n'est pas encore réglée puisque Libération confirme que les adjointes Vertes Margot Belair (urbanisme) et Lucille Lheureux (culture) se verraient bien dans le fauteuil.

Mais Lheureux est isolée même en interne tant ses plantades à répétition jettent l'opprobre sur les Rouges/Verts ; et Belair est une pure apparatchik écolo, simple répétitrice du discours officiel, et son compagnon conseiller départemental Vert est sous le coup d'une enquête ouverte en 2023 pour "soupçons de favoritisme". Elles sont par ailleurs marquées au fer rouge par le bilan Piolle. Pas des candidates idéales pour se faire réélire. 

LES INSOUMIS VONT-ILS LAISSER FAIRE ?

Il y a en revanche la question de la frange France Insoumise de la majorité municipale (Elisa Martin, Alan Confesson...). Motivés par des résultats électoraux qui font d'eux la locomotive de la gauche, ils pourraient revendiquer la tête de liste. En outre, pas sûr qu'ils acceptent si facilement de laisser la place à la soeur du Député François Ruffin, qui a divorcé avec fracas de Mélenchon il y a quelques mois et est depuis violemment conspué par la secte du gourou. 

AUX GRENOBLOIS D'ÉCRIRE LEUR DESTIN

Laurence Ruffin fait de son côté fi de ces questions et s'avance déjà pour occuper le terrain. Profil sociologique rigoureusement identique, même manière d'échafauder une histoire pour les électeurs, volonté de poursuivre strictement la même politique... On comprend qu'elle ne veuille pas être vue comme la "soeur de", mais il est en tout cas très clair qu'elle n'est autre que la continuatrice d'Eric Piolle au féminin. 

C'est là l'ultime trouvaille des Verts pour tenter de conserver la mairie malgré leur très fort affaiblissement après 10 ans de mandat : proposer la même chose qu'en 2014. Seul changement : le sexe de la tête de liste, en espérant faire croire aux électeurs que tout sera différent puisque Laurence Ruffin est une femme. Pari risqué : pas sûr que des cheveux plus longs suffisent à faire oublier une décennie de décrépitude de la ville. Dans 15 mois, les Grenoblois ont leur destin dans leurs mains.

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