CHORIER-BERRIAT : BIENTÔT UNE CENTAINE DE PLACES SUPPRIMÉES

Ces derniers temps, la municipalité a avancé en catimini sur de nouveaux projets d'aménagement pour le secteur Chorier / Berriat / Saint-Bruno, qui ont été présentés lundi soir au cours d'une réunion publique. Au total, une grosse centaine de places de stationnement devraient être supprimées dans le secteur à terme.

UNE VOLONTÉ D'ÉVITER L'UNION DE QUARTIER ?

Une cinquantaine d'habitants du quartier environ étaient présents pour découvrir ce que les élus avaient à leur proposer. Ou plutôt les services de la ville puisque comme à chaque fois, les élus de la majorité se planquent derrière un technicien chargé de la présentation. À noter qu'elle tombait en même temps qu'une autre réunion importante pour le secteur, à propos d'un projet de centre de santé, organisée par l'Union de Quartier Berriat et dont la date avait été calée bien en amont. Une volonté d'éviter la présence de l'Union de Quartier, qualifiée "d'opposant politique" par l'adjoint Gilles Namur (Verts/LFI) ?

L'adjoint en charge des espaces publics Gilles Namur (Verts/LFI) et l'adjoint de secteur Olivier Bertrand (Verts/ADES) étaient présents à la réunion. Mais c'est principalement un agent de la ville qui a pris la parole. À noter au total la présence de pas moins de 7 agents ville et métro. Source photo : compte X Gilles Namur.

LE PROJET DE CHRONOVÉLO ÉLUDÉ

En préambule, les élus ont pris soin de préciser que le sujet de la Chronovélo du secteur Berriat ne serait pas abordé ce soir là. On les comprend, vue la levée de boucliers qu'elle suscite. Malgré de multiples oppositions d'habitants et commerçants, malgré une proposition alternative de l'Union de Quartier qui satisferait tout le monde, la majorité municipale fait la sourde oreille et entend imposer son projet. Et a toujours en tête d'aller encore plus loin en réalisant un second tracé qui fermerait le Cours Berriat jusqu'à Fontaine.

Le projet alternatif de l'Union de quartier Berriat pour la Chronovélo, qui permettrait de concilier tous les modes de déplacements et d'éviter une fermeture supplémentaire de Grenoble.

UNE DIZAINE DE RUES CONCERNÉES PAR DES PROJETS

Bouchayer-Viallet, Rue du Drac, Rue Marx Dormoy, Rue du Commandant Debelle, Rue Rose Garret, Rue de la Mégisserie... Plusieurs projets "d'accompagnement à l'urbanisation" ont été égrenés, tantôt pour essayer de mettre une touche de verdure dans la forêt de béton, tantôt pour revoir des plans de circulation... L'idée étant de noyer l'essentiel sous une multitude de petits projets ici et là, parfois sympathiques, ne révolutionnant rien.

RUE ABBÉ GRÉGOIRE : 48 PLACES SUPPRIMÉES DÈS LA TOUSSAINT

Car deux projets sortent particulièrement du lot par l'envergue des changements qu'ils induiront. Rue Abbé Grégoire, pour élargir le passage du bus C8 et créer un contresens cycliste, la municipalité souhaite supprimer 48 places... sur 90 existantes. Des travaux estimés à 80 000 euros, le tout sans même élargir le trottoir pour les piétons. Au niveau du calendrier c'est déjà presque trop tard puisque l'opération est programmée pour les vacances de la Toussaint ! 

AVENUE DE VIZILLE : 47 PLACES MENACÉES

Avenue de Vizille, le long du marché de l'estacade, la municipalité entend rénover la voirie (enfin !) mais aussi... végétaliser une bande de stationnement. Sans planter d'arbres pour autant... On peut craindre le pire quand on voit comme les jardinières de la ville deviennent des poubelles à détritus. Cela entrainerait la suppression de 47 places de stationnement sur les 70 existantes disponibles 24h/24 et 7J/7 (les autres étant occupées par le marché)... pour n'en laisser que 23 ! 

Le tweet de Gilles Namur prend bien garde de ne pas mentionner les 47 places supprimées... Mais soyez rassurés, il y aura plus d'arceaux vélo

UN PRÉALABLE À LA PISTE CYCLABLE

Les travaux auraient lieu à partir de janvier 2025. Le technicien de la ville a lâché le morceau sur ce calendrier pressant : il faudrait mener ces travaux avant de pouvoir mener à bien ceux de la chronovélo Berriat. Un projet déjà contesté, non concerté, amène donc un autre projet non concerté ! On voit mal pourquoi il faudrait absolument supprimer tant de stationnement pour créer la piste. D'autant plus que cette piste qui créé un sens unique, de l'aveu même de la municipalité, amènera un flux d'environ 350 véhicules par jour supplémentaires dans le sens Nord-Sud sur l'avenue. Vous sentez venir le chaos dans le secteur ? 

LES COMMERÇANTS INQUIETS

Un commerçant de l'avenue (qui en compte beaucoup) présent à la réunion a exprimé ses inquiétudes quant à cette suppression, rappelant que le secteur manque déjà de stationnement avec de nombreux clients ou parents d'élèves de l'école privée de la rue finissant par se garer sur les places de livraison. Il a exprimé ses craintes de voir sa clientèle fuir : un discours qu'on entend de plus en plus régulièrement sous les Rouges/Verts. Il fait ici comme dans tant de quartiers parfaitement sens tant l'avenue de Vizille accueille de très nombreux consommateurs extérieurs qui viennent en particulier pour le marché de l'estacade. 

LES ÉLUS ENDORMENT LES HABITANTS

Bruno De Lescure, Président de l'Union de Quartier, a de son côté démonté les éléments de langage municipaux. Il a rappelé qu'ils n'ont pas assez de recul sur le taux d'occupation : à son passage en payant, la rue Jean Prévost était à 60% d'occupation, mais trois ans après, elle atteignait 100%. Il a également pris l'exemple de la rue Ampère, rénovée après des années à dépérir, et dont les travaux ont été un échec cuisant pour la végétalisation notamment. En retour, les élus ont endormi le sujet en parlant de revenir dans les commerces pour parler des "étapes", du "phasage"... évidemment jamais pour revenir sur leur décision. Le silencieux adjoint Olivier Bertrand (Verts/ADES) a daigné prendre la parole pour affirmer qu'à Grenoble l'essentiel des garages sont utilisés pour autre chose que pour le stationnement (!). Bref : comme on pouvait le craindre ils entendent passer en force et n'écoutent rien. 

ARSONVAL, DAUPHINÉ / PRÉVOST, CASIMIR BRENIER : D'AUTRES SUPPRESSIONS

D'autres secteurs seront touchés par des suppressions de places. La rue d'Arsonval, derrière l'IUT, serait ainsi piétonnisée (et le plan de circulation modifié en conséquence). Elle comptait près de 30 places de stationnement (dont 1 place PMR) qui disparaitraient. Rue Casimir Brenier, 8 places proches de la gare deviendraient des dépose-minute. La placette Dauphiné-Prévost (devant des locaux d'Alternatiba..) serait aussi piétonnisée (elle comptait 5 places dont 1 PMR). Au total, les projets présentés emporteraient la suppression d'environ 150 places de stationnement. Qui s'ajouteraient aux 1200 déjà supprimées en 10 ans, et avant celles de Mallifaud, de la place Valentin Haüy, de la place de Metz...

UN SEUL PROJET GADGET SOUMIS À CONCERTATION

Sur tous les projets présentés, un seul sera soumis à concertation. Les élus souhaitent créer une placette dans la rue Henri Le Chatelier mais n'ont pas encore d'idée précise de ce qu'il conviendrait de faire : ils ont donc ouvert la porte aux contributions des habitants. On leur demande leur avis pour un gadget en guise de lot de consolation, car ils ne seront bien sûr pas consultés pour les projets les plus impactants qui suppriment du stationnement à tour de bras. 

UNE MÉTHODE PIRE QUE POUR JEANNE D'ARC

C'est d'autant plus ironique que parmi les 7 agents de la ville et de la métropole présents dans la salle, on trouvait... un chargé de concertation. On se demande bien à quoi sert le poste alors que tout est ficelé. La méthode est ici encore pire que pour le projet de réaménagement de l'avenue Jeanne d'Arc, où les élus avaient tenté de faire gober la pilule de la suppression de 70% du stationnement en organisant des ateliers de pseudo concertation qui ne pouvaient en fait pas remettre en cause l'essence du projet. Ici, ces ateliers n'ont même pas été organisés. Les Grenoblois sont mis face au fait accompli. 

Les habitants et commerçants de l'avenue Jeanne d'Arc : un exemple de mobilisation citoyenne.

COALISER LES MÉCONTENTEMENTS 

Mais l'Avenue Jeanne d'Arc montre l'exemple, avec une mobilisation très forte de l'Union de Quartier et des commerçants qui ne reculent pas pour se faire entendre et soumettre leur projet alternatif. Avant eux, au printemps, la Rue de Strasbourg très mobilisée également est parvenue à faire reculer temporairement la municipalité qui voulait supprimer le stationnement. À Chorier-Berriat, ces exemples peuvent être suivis. Et si tous ces mécontentements se coalisent, la fronde grenobloise peut être telle que la majorité municipale n'aura d'autre choix que de reculer.

Notre collectif relayera volontiers toutes les initiatives en ce sens. Mais charge aux habitants, commerçants, associations de quartier de lancer la mobilisation.

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