BATAILLE RANGÉE À LA MÉTROPOLE POUR LE COURS BERRIAT

Le conseil métropolitain de vendredi dernier a vu revenir sur la table le sujet de l'autoroute à vélo qui passera par le Cours Berriat. Et les débats ont été houleux.

LE GROUPE D'OPPOSITION DEMANDE LE DÉBAT

À l'ordre du jour était en effet inscrite une délibération pour faire le bilan de la concertation pour l'aménagement "de l'axe structurant cycle Fontaine-Grenoble". Celle-ci aurait été soumise au vote sans aucune discussion si le groupe d'opposition (Alain Carignon, Dominique Spini, Brigitte Boer) n'avait pas expressément demandé sa mise en débat afin que les groupes puissent s'exprimer sur le sujet.

UN PROJET TRÈS CONTESTÉ...

Le projet d'autoroute à vélo méritait en effet d'être débattu. Non seulement le passage en sens unique du Cours Berriat sur la portion Jean Jaurès / pont de l'estacade est vivement contesté par les habitants, commerçants et les unions de quartier, qui proposent un aménagement alternatif conservant le double sens pour éviter un report de circulation sur les rues adjacentes (Chorier et d'Alembert notamment) et de léser les commerces.

Le projet alternatif de l'Union de quartier Berriat qui permettrait de concilier tous les modes de déplacements et d'éviter une fermeture supplémentaire de Grenoble.

...QUI EN CACHE UN AUTRE ?

Mais la municipalité, par la voix de l'inénarrable adjoint Gilles Namur (Verts/LFI), a également réaffirmé son souhait d'une autoroute à vélo qui se prolongerait sur l'intégralité du Cours Berriat jusqu'au Pont du Drac. Or, si le tracé Berriat (jusqu'à l'estacade), rue Pierre Sémard et rue du Vercors a été retenu, c'est justement en raison du rejet très fort de ce premier projet. En le remettant sur la table, les Rouge/Verts grenoblois font fi de l'expression des premiers concernés : les riverains et les commerçants.

Manifestation des habitants et commerçants contre le projet de chronovélo sur le Cours Berriat en 2021...

SYLVAIN LAVAL DÉMENT LE SECOND PROJET

La mise en débat était donc d'autant plus bienvenue qu'elle a permis au Vice-Président de la métropole en charge des mobilités, Sylvain Laval, d'affirmer à propos de ce second tracé qu'il "n'y a pas de projet chronovélo sur le Cours Berriat malgré ce que j'ai pu lire ici ou là". Une clarification bienvenue, mais qui ne résout malheureusement pas tout. 

... et nouvelle manifestation le vendredi 22 mars. Reportage du média Place Gre'net.

LE TRONCON BERRIAT BATTU EN BRÈCHE

Emilie Chalas (LREM) et Pascal Clouaire (Vice-Président à la métropole, exclu de la majorité à la ville) sont ensuite intervenus pour dénoncer les problèmes que cause le tronçon Berriat prévu (Jaurès-Estacade). Eu égard aux préoccupations que soulève cette partie du tracé (reports de circulation, suppressions de stationnement...), ils ont chacun déposé un amendement proposant de poursuivre la concertation sur cette portion spécifique. La demande a également été répétée par Hassen Bouzeghoub (élu socialiste de Grenoble), et par les communistes Jacqueline Madrennes (Echirolles) et Jean-Paul Trovero (Fontaine) réclamant de poursuivre la concertation sur l'ensemble du tracé.

ALAIN CARIGNON ENFONCE LE CLOU...

Le président du groupe d'opposition Alain Carignon est intervenu pour insister sur le problème Berriat : "il y a une controverse très importante sur la mise en sens unique jusqu'à la passerelle (...) la circulation augmenterait considérablement dans les rues adjacentes y compris devant des écoles, l'expérience existe avec la fermeture d'Agutte Sembat". Il a également réfuté les arguments techniques avancés pour refuser le projet alternatif des unions de quartier : il leur est par exemple opposé qu'on ne peut pas réduire la chronovélo à 3,5 mètres... alors que plus loin elle est de 3,2 mètres, puis 3m, puis même 2,8m !

L'intervention d'Alain Carignon en conseil métropolitain pour défendre le Cours Berriat.

...ET PROPOSE DE GRAVER DANS LE MARBRE LE REFUS DU PROJET BERRIAT

En conclusion, le président du groupe d'opposition a ensuite rappelé la volonté des élus de Grenoble de pousser un projet chronovélo sur tout le Cours et appelé à "lever ce point qui met en cause la concertation elle-même". Il a donc proposé un amendement complémentaire à ceux d'Emilie Chalas et Pascal Clouaire, en proposant non seulement de poursuivre la concertation pour le tronçon Berriat de Jaurès à l'Estacade, mais également d'acter "le passage de l’axe chronovélo par la rue Pierre Sémard et la rue du Vercors, et excluant tout aménagement de tronçon sur la partie du Cours Berriat qui s’étend du pont SNCF jusqu’au pont du Drac". 

GILLES NAMUR CONTESTE LA LÉGITIMITÉ DES UNIONS DE QUARTIER

À la fin de ces interventions, Gilles Namur (Verts/LFI) est intervenu pour réciter les éléments de langage municipaux habituels et refuser toute remise en question en se cachant derrière de faux arguments techniques déjà démontés. Rappelons qu'il est pourtant simplement proposé de poursuivre la concertation sur le double-sens pour aboutir à un consensus ! Revendiquant un soutien massif des habitants (!), il a osé lancer que "l'union de quartier n'est pas représentative des habitants, aujourd'hui c'est un opposant politique". Comprendre : si un projet municipal ne vous convient pas, vous êtes de facto un opposant donc votre avis ne compte plus. La démocratie sauce rouge/verte. 

Le répétiteur Gilles Namur vendredi dernier en conseil métropolitain.

ERIC PIOLLE CIBLE PASCAL CLOUAIRE...

Intervenant à la suite, Eric Piolle a félicité son zélé adjoint répétiteur pour son "exposé brillant"... et ouvert un nouveau front pour tenter de décrédibiliser les positions divergentes. Ciblant Pascal Clouaire, il a mimé l'indignation : "je suis gêné que la vice-président à la démocratie utilise sa casquette de vice-président pour nourrir sa casquette d'opposition à Grenoble (...) donc son amendement me semble totalement déplacé".

... SECONDÉ PAR NICOLAS BÉRON-PEREZ

Des propos appuyés par le grand démocrate élu de la majorité grenoblois Nicolas Béron-Perez (PCF), osant parler de "détournement des fonctions de Vice-Président". Quand on veut tuer son chien on dit qu'il a la rage : pour éviter le fond, les piollistes s'attaquent à un messager et dévoilent toute leur tartufferie, eux qui n'hésitent pas à utiliser leurs Vice-Présidents de la métro pour leurs intérêts grenoblois.

Nicolas Béron-Perez (PCF).

LE GROUPE D'OPPOSITION SEUL POUR DÉFENDRE LE COURS BERRIAT

Suite aux débats, les amendements ont été soumis au vote. L'amendement de prolongement de la concertation déposé par Pascal Clouaire a été voté par le groupe des exclus de la majorité Piolle, le groupe LREM (Emilie Chalas retirant son propre amendement à cette occasion), Hassen Bouzeghoub (PS), le groupe divers droite et le groupe d'opposition. Insuffisant pour qu'il soit adopté. La proposition d'exclure "tout aménagement de tronçon sur la partie du Cours Berriat qui s’étend du pont SNCF jusqu’au pont du Drac", donc de graver dans le marbre le refus du projet de seconde chronovélo porté par les Piollistes, n'a été voté que par le groupe d'opposition (Alain Carignon, Dominique Spini, Brigitte Boer). La voie reste donc également ouverte à cette funeste idée.

LA DÉLIBÉRATION ADOPTÉE

Enfin, la délibération dans son ensemble qui acte la fin de la concertation, donc l'acceptation du projet y compris pour le tronçon du Cours Berriat contesté, a finalement été votée. Le groupe d'opposition et la communiste Jacqueline Madrennes ont voté contre. Le groupe des exclus, le groupe divers droite et Hassen Bouzeghoub (PS) se sont abstenus. Les autres ont voté pour... y compris le groupe LREM dont Emilie Chalas. La conseillère d'opposition a suivi son groupe, qui compte des membres de la majorité de Fontaine favorables au projet qui relie leur ville. La "discipline de parti" l'a donc emporté sur l'intérêt des Grenoblois et son vote vient malheureusement contredire ses discours...

C'en est donc fini de la concertation sur la portion Jaurès-Estacade, et le Cours Berriat est toujours menacé puisque la majorité grenobloise défend toujours le second tracé et que l'amendement du groupe d'opposition pour l'éviter a été repoussé. La vigilance reste donc de mise car la porte reste encore grande ouverte à ce qui sonnerait comme l'achèvement de la fermeture de Grenoble à l'extérieur... et avec elle la poursuite de la funeste dévitalisation de la ville.

 

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