QUARTIERS : ERIC PIOLLE DONNE DES LEÇONS QU’IL N’APPLIQUE PAS

Dans un long article sur son blog passé totalement inaperçu, Eric Piolle a décidé de dispenser son analyse et ses idées sur les quartiers populaires. Entre lieux communs, incantations et affirmations contradictoires avec la politique qu'il mène.

UN BLOG QUE PERSONNE NE LIT

Rappelez-vous en février dernier : pour faire profiter à la France entière de sa pensée éclairante, Eric Piolle lançait un blog dont il avait même relayé l'annonce à la presse nationale. À part Libération qui y avait consacré quelques lignes, la nouvelle n'avait évidemment intéressé personne tant celui qui se rêve encore Président de la République est absent des écrans radars. Après une première note de blog sur Jean-Luc Mélenchon au lancement, et une autre pour les 10 ans de son élection en avril, plus rien.

Après son analyse caricaturale de la situation politique nationale et son plaidoyer ridicule pour ses 10 ans de mandat, Piolle va maintenant nous expliquer ce qu'il faut pour les quartiers populaires.

UNE NOTE SUR LES QUARTIERS POPULAIRES

Ou du moins, c'est ce qu'on pensait. Nous étions en fait passé à côté d'une catégorie "notes de fond" où il n'y a qu'une seule note à lire. Intitulée "pour que vivent nos quartiers populaires et leurs habitant.e.s !", elle est à l'image des deux autres articles : très indigeste et décousue sur la forme. Nous nous sommes évidemment attelés (infligés?) à sa lecture pour vous en livrer quelques enseignements qui en disent en fait plus long sur l'auteur que sur les quartiers en question.

MOBILITÉ RÉSIDENTIELLE : ERIC PIOLLE OUBLIE LES CHIFFRES GRENOBLOIS

Après quelques explications basiques pour nous expliquer que les quartiers populaires concentrent beaucoup de logements sociaux, accueillent beaucoup de personnes précaires et rempliraient donc "une fonction de sas en étant la porte ouverte de la Ville sur le Monde", le phare de l'humanité nous explique "que la mobilité résidentielle y est présente". Il ne mentionne pas les chiffres de Grenoble, dont il est en bonne partie responsable puisqu'il ne s'attaque pas aux problèmes d'attractivité des quartiers : sur 17 000 demandeurs de logements sociaux, la moitié veulent quitter le leur, souvent parce que leur quartier ne leur convient pas, mais ne trouvent pas parce qu'on leur propose des quartiers pas plus attirants. Ils restent donc assignés à résidence. 

LA POLITIQUE DE CASSE DES ASSOCIATIONS DANS LES QUARTIERS

S'ensuivent quelques réflexions basiques sur le fait que les arrivants sont en général plus précaires que ceux qui partent du quartier, et sur le fait que grâce à "des politiques publiques, des associations et des communautés, c’est dans le quartier que l’on trouvera les soutiens à l’insertion linguistique, sociale, culturelle et professionnelle". Eric Piolle renouvelle plusieurs fois sa "fierté" des associations et bénévoles engagés. Mais s'il en est conscient, pourquoi avoir mis en place une politique de casse de toutes ces assos et structures qui créent le lien social, comme on l'a vu avec le Plateau à Mistral, avec la Cordée à la Villeneuve ou avec la MJC / théâtre Prémol en ce moment-même au Village Olympique ? 

DES "CLICHÉS"... DONT IL VALIDE LES FONDEMENTS

Cette ode aux quartiers "tremplin" grâce à ces acteurs qu'on étouffe pourtant à Grenoble vise à faire ce à quoi adore s'adonner la gauche : expliquer qu'elle refuse "les clichés" et la "stigmatisation". Eric Piolle martèle donc qu'il veut "tordre le cou aux clichés du ghetto ou des territoires perdus de la République"... avant d'immédiatement reconnaitre que des habitants de ces quartiers connaissent "la précarité, le sentiment d’assignation à résidence, le désœuvrement et l’isolement". Définition de "ghetto" selon le Larousse : "lieu où une minorité vit séparée du reste de la société", soit précisément ce qu'il décrit. Dès lors pourquoi parler de clichés s'il en reconnait les fondements même ?

LE TRAFIC, UNE "ÉCONOMIE DE LA DÉBROUILLE" !

Viennent ensuite quelques lignes assez édifiantes sur la vision qu'a Piolle du trafic de drogue. Il range cette activité "sous l’égide de « l’économie de la débrouille »"... au même titre que "la préparation de gâteaux d’anniversaire, la réparation automobile sur le parking" ! Il participe ce faisant à banaliser le deal qui ravage pourtant nombre de quartiers grenoblois. Plus loin, il confirme d'ailleurs toute sa conception du problème en affirmant qu'il faut "changer de grille de lecture" pour se pencher sur la santé publique pour celui qui consomme ou encore "la tension que cela crée dans les relations quotidiennes avec les forces de police". Le message est catastrophique : le problème serait donc surtout le consommateur ou les forces de l'ordre et il faudrait négliger de s'attaquer aux réseaux à l'origine de cette économie tentaculaire qui n'a rien d'une "débrouille" ?

ET REVOILÀ L'APPEL À LÉGALISER

Plus loin, on retrouvera d'ailleurs sa traditionnelle solution miracle aux problèmes de sécurité qui minent particulièrement les quartiers : légaliser le cannabis. C'est son seul angle pour lutter contre l'insécurité (lui emploie plutôt le terme "sentiment d'insécurité" (!) pour encore minorer cette réalité). Il fustige la police actuelle qui aurait une "posture de robocop" et explique que la légalisation aurait également comme vertu de mettre fin aux contrôles d'identité trop "vecteurs de discriminations" selon lui ! La posture relève de la forfaiture morale (en suivant le raisonnement, il faudrait donc autoriser tout ce qui est illégal et dont on peine à faire respecter l'interdiction ?) et de l'angélisme face au business des trafiquants (qui resteraient en place pour vendre toutes les autres drogues dures encore illégales, mais aussi du cannabis de contrebande moins cher)...

L'URBANISME DUBEDOUT EN BANDOULIÈRE

On a ensuite droit à la non-moins traditionnelle ode à l'urbanisme d'Hubert Dubedout. Nous sommes souvent revenus dessus : le "père des quartiers" grenoblois, auquel se réfère sans cesse la gauche, a prôné et mis en pratique l'ultra densification et l'implantation massive de logements sociaux. Cela a conduit aux résultats qu'on voit à la Villeneuve, au Lys Rouge, à l'Alma : précarité et absence de mixité, et donc disparition des commerces, incivilités etc. La Cour des Comptes a publié un rapport édifiant sur l'échec de la politique de la ville que ces mantras ont inspiré, et Eric Piolle lui-même reconnait que "nous n'avons pas réussi à faire bouger les lignes et avancer". Mais pourtant, alors qu'on procède à des démolitions à la Villeneuve pour tâcher de corriger l'erreur, les Verts/LFI répètent exactement les mêmes recettes qui conduiront aux mêmes conséquences dans les nouveaux "écoquartiers" ! 

LA FARCE DE LA PARTICIPATION DES HABITANTS

Piolle appelle ensuite à revoir le fonctionnement de l'ANRU (comprendre : mettre toujours plus d'argent même si les milliards investis en politique de la ville n'ont jusque-là rien changé) et il ose appeler à "impulser des vraies dynamiques AVEC les habitant.e.s, qui partent de leur quotidien, de leurs envies, de leur talent, de leurs appétences, de leurs compétences". Il titre même une sous-partie : "il s’agit surtout d’être fier des engagements des habitant·e·s des quartiers populaires. De leur faire confiance".

On serait presque émus d'une telle déclamation si, alors qu'il a justement l'occasion de "faire confiance" aux habitants de la Villeneuve en écoutant leur refus massif du projet de lac "baignable", il ne s'asseyait pas sur les concertations et ne méprisait pas ceux qui y ont participé en imposant ses vues au forceps sans écouter les autres propositions. La participation des habitants des quartiers oui, mais seulement s'ils sont d'accord avec les sachants Verts !

ENTRE NÉANT ET CONTRADICTIONS

"Je pense l’avoir montré, il est tout à fait possible, par l’action combinée des politiques publiques et la mobilisation des habitant.e.s, de faire des quartiers populaires où il fait bon vivre" conclut le glorieux rédacteur. Non seulement son long exposé ne montre rien, mais surtout, il n'a rien prouvé à Grenoble où on cherche encore le "bon vivre" dans ces quartiers pour lesquels il est aux commandes depuis 10 ans.

Une fois de plus avec cette note de blog, rien de nouveau sous le soleil crépusculaire du logiciel piollesque. Ses idées sont vues et revues, n'apportent rien de neuf au débat et confirment que l'aspirant candidat à l'Elysée est cramé. S'ajoute à cela l'insupportable contradiction entre ce qu'il prône et ce qu'il fait concrètement à la tête de la ville, qui achève de le démonétiser. Encore deux ans avant la fin de cette pantalonnade qui fait tant de mal aux Grenoblois.  

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