PRESQU’ÎLE / JEAN MACÉ : L’ENFUMAGE MUNICIPAL

L’union de quartier Clonfluence (quartiers Presqu’île et Jean Macé) organisait jeudi une réunion publique avec les élus. Qui ont à nouveau usé de toutes les ficelles du système Piolle pour tenter d’endormir les habitants.

RAPPEL À L’ORDRE APRÈS LA SORTIE DE NAMUR

Alain Lauriot, Président de l’union de quartier, a commencé par rappeler aux élus Verts Olivier Bertrand (adjoint de secteur) et Margot Belair (adjointe à l’urbanisme et présidente d’INNOVIA, l’aménageur de la presqu’île) que « l’union de quartier n’est pas un parti d’opposition, c’est une association d’habitants ». Un rappel à l’ordre suite aux propos de l’inénarrable adjoint vert Gilles Namur en conseil métropolitain, qui avait expliqué que l’union de quartier Berriat n’est pas représentative et qu’il s’agit d’un opposant politique pour tenter de discréditer les sujets qu’elle soulève !

Gilles Namur (Verts/LFI) en conseil métropolitain a mis en cause la légitimité de l'union de quartier Berriat. Signal inquiétant pour la démocratie participative.

PROPRETÉ, MANQUE DE VITALITÉ, RENVOI DE BALLE ENTRE SERVICES…

Avant d’entrer dans le vif, le président a dressé un petit tableau de la situation du quartier. Il a évoqué « des difficultés pour l’éclairage, c’est extraordinaire ça fait 3 ans que ça dure et chacun se renvoie la balle », le fait que le dernier docteur a mis la clé sous la porte après s’être fait agresser récemment, les problèmes de propreté (« c’est extraordinaire de voir à quel point Grenoble est sale ») et le manque de vitalité du quartier avec des commerces n’ouvrant pas le week-end.

OLIVIER BERTRAND : « UN COMPORTEMENT DE VILLE DU SUD »…

Olivier Bertrand a ouvert le bal des éléments de langage piollesques avec une nouvelle justification : « on a un comportement de ville du sud en tant qu’habitants. À Chambéry, ils mettent moins de moyens pour une propreté équivalente. Il y a un sujet avec la manière dont on vit notre ville et on la salit ». Aucune piste d’amélioration, aucune remise en question de l’adjoint : les Grenoblois sont tout simplement sales à ses yeux. Au passage on lui signera que des "villes du sud" comme Nice ou Cannes sont plus propres que Grenoble...

Les poubelles qui débordent, un "comportement de ville du sud" ?

« C’EST PAS À NOUS DE FAIRE LA POLICE »

Les réponses ont été assez vives. Un habitant a pointé le fait que la malpropreté encourage les gens à ne pas être propre. Un autre a fustigé l’éclatement des taches entre services qui nuit au bon fonctionnement : un agent se charge des poubelles, un autre de nettoyer l’espace public, un autre de vider les corbeilles… « C’est pas à nous de faire la police » a lancé une habitante à propos du sempiternel fil de la ville pour signaler les problèmes. Une autre a raconté le cas de poubelles pleines à craquer et pas vidées jusqu’à 10 jours d’affilée (qui n’incitent évidemment pas à la discipline individuelle).. parce que les services de ramassage ne connaissaient pas leur existence !

LES ÉLUS « FONT LE LIEN », « FONT REMONTER »…

Pas de quoi faire infléchir des élus campés sur leurs positions. C’est tout juste si Olivier Bertrand a reconnu « parfois un manque de coordination ».. À une habitante qui déplorait l’envahissement du jardin de son immeuble par les rats, avec une benne à ordures jamais vidée, et l’absence de réponse du bailleur Grenoble-Habitat depuis un an, Margot Belair s’est contentée de répondre qu’elle « va faire remonter au bailleur ». Rappelons que celui-ci est présidé par… leur collègue élu Vert/LFI de la majorité Claus Habfast. Idem pour les chantiers de la presqu’île où beaucoup constatent une accumulation de déchets : « on essaye de faire le lien avec les promoteurs ». Quelle leçon de volontarisme.

LES TRAVAUX DE LA PRESQU’ÎLE LOIN D’ÊTRE FINIS

Les travaux de la Presqu’île ont justement occupé la majeure partie de la réunion par la suite. Margot Belair confirmant ce qu’elle avait déjà expliqué la semaine dernière au Dauphiné Libéré, à savoir que « le projet urbain va encore s’étendre sur 10/15 ans ». Les opérations à venir présentées à l’assistance ont encore confirmé que chaque dent creuse sera bétonisée (objectif : générer des recettes...), mais l’adjointe a tout de même osé expliquer que les Verts ont « considérablement dédensifié le projet tel qu’il était conçu initialement » ! La Presqu’ile est une forêt de béton, avec seulement 1m2 d’espaces verts par habitant : mais Belair a été à bonne école avec le système Piolle, elle n’a aucun problème pour sortir des affirmations péremptoires contraires à la réalité sans rougir.

La bétonisation de la Presqu'ile se poursuit inlassablement. 

C1, CARS : LÉS ÉLUS SE DÉCHARGENT (ENCORE) SUR LES AUTRES

Les débats ont longuement porté sur la volonté de la ville d’aménager sous le pont SNCF pour que le passage des cars se fasse par la rue Winston Churchill et pour prolonger la ligne C1. Rien que les études couteraient de l’ordre de 5,5 millions d’euros mais Olivier Bertrand a exprimé son espoir qu’avec l’avis négatif pour le métrocable (que les Verts ont impulsé avant de le descendre en flèche), des sommes pourraient être orientées pour ce projet. Comme à son habitude, Margot Belair a fustigé les partenaires de la ville (métro, SMMAG, région) en expliquant avoir « envoyé des courriers » mais que « ça patine ». Comme d’habitude avec les Verts et plus particulièrement en matière de transports, le problème vient des autres : ils ont pourtant été aux commandes du SMMAG 6 ans, avaient tous les leviers et n’ont rien fait. Même la passerelle reliant Jean Macé à l’Esplanade qu’ils avaient promis a disparu des radars !

LA TARTUFFERIE DES VERTS

La suite est très révélatrice de la tartufferie de ces élus. Après avoir vivement défendu ce projet, des voix se sont élevées contre : « je suis contre ce passage des bus par le passage sur la rue Winston Churchill, ça va être un enfer pour les habitants, on a pas envie d’avoir une autoroute à bus en bas de chez nous » a témoigné une habitante soutenue par plusieurs autres. N’écoutant que leur courage, Margot Belair et Olivier Bertrand si enjoués quelques minutes auparavant ont soudainement fait machine arrière : « on en est vraiment pas là, le projet a pas le début du commencement d’un financement, on va pas créer des problèmes qui existent pas encore »… Un cas d’école du fonctionnement piolliste : le fait de n’être que dans le discours, l’effet d’annonce pour dans longtemps, permet moduler facilement le discours selon l’interlocuteur.

COMMERCE : LES « CALENDES GRECQUES »

Il a justement beaucoup été question d'effets d'annonce avec les discours sur la volonté de la ville d'implanter un supermarché, des commerces... Un habitant pas dupe s'écriant « et pas aux calendes grecques »… Car on est évidemment toujours dans le discours d'intention : rien n'est acté,les élus "dialoguent", et pour nombre de locaux économiques notamment les permis de construire ne sont même pas encore déposés. 

Tout doit disparaitre : la moindre dent creuse est promise à l'urbanisation.

« C’EST DU FOUTAGE DE GUEULE »

Sur un terrain qui sert aujourd'hui de parking sauvage, Margot Belair qui pensait endormir tout le monde s'est faite cartonner. Alors qu'elle annonçait en grande pompe une proposition d'aménager provisoirement cet espace "pour permettre de nouveaux usages" qui ne sont pas encore définis (rien n'est prévu non plus pour son usage définitif..), une habitante l'a reprise au vol : "je suis surprise de cette présentation, vous nous annonciez ça il y a un an ça pour 2024. C’est du foutage de gueule, en un an il s’est rien passé, vous réfléchissez, vous réflechissez, c'est bon au bout d'un moment". L'adjointe, penaude, n'a eu d'autre choix que de s'excuser..

« LE RESTE DU QUARTIER EST EN TRAIN DE MOURIR »

Les doléances des habitants du secteur ont été nombreuses tout au long de la soirée : l’état de certaines voiries (« la rue du Villard-de-Lans est dans un état lamentable »), de certains parcs (le cas de Tarze a notamment été cité)… Un riverain a signalé que les rues de Mens et rue de la Mure ont été refaites il y a 2/3 ans et que désormais, « dès qu’il fait chaud l’enrobé fond on se met du goudron sur les pieds » ! Réponse d’Olivier Bertrand : « on fera remonter, on a besoin de cette expertise d’habitants »… Une habitante a elle résumé le sentiment général pour les habitants du côté Jean Macé : « tout le reste du quartier est en train de mourir. Il n’y a plus de commerces. On apprend ce soir que notre médecin, le seul du quartier, cesse son activité ».

La nouvelle vue depuis Jean Macé. Adieu les montagnes.

LA MÉTHODE EST RODÉE

Réunions publiques après réunions publiques, on retrouve les mêmes méthodes des adjoints envoyés au feu. Ils vont à chaque fois plutôt dans le sens des habitants, assurant constater les mêmes problèmes qu'eux... mais par un formidable exercice de langue de bois, ils enterrent les sujets en mettant en scène l'idée que rien ne relève de leur compétence (rappelons tout de même que depuis 10 ans, ils sont aux commandes de la ville, dans la majorité à la métro, président Grenoble-Habitat et ACTIS, les SEM d'aménagement...). Le champ lexical de la communication ("faire le lien", "faire remonter") s'est substitué à celui de l'action. Pendant que les Grenoblois attendent que les résultats se substituent aux discours.

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