TRAFIC DE DROGUE : RIEN N’A CHANGÉ À SAINT-BRUNO

À Saint-Bruno, le trafic de drogue reprend son cours comme avant après un bref moment d'accalmie qui n'aura pas duré, les problèmes de fond n'étant pas traités. 

LE TRAFIC RYTHME LA VIE DU QUARTIER

Depuis des années, les dealers ont pignon sur rue à Saint-Bruno. Installés au coin de la place, y compris en pleine journée, y compris lorsque le marché bat son plein juste à côté, ils s'adonnent à leur trafic en toute liberté et font régner leur loi. Au printemps dernier, la poste avait même dû interrompre ses tournées à cause d'eux : "afin d'assurer la sécurité et la santé de votre facteur, nous avons pris la décision de suspendre provisoirement la distribution de votre courrier dans votre boîte aux lettres"

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Le courrier envoyé par La Poste aux habitants de Saint-Bruno en avril dernier.

LES HABITANTS PRIS EN OTAGES

Premières victimes des trafiquants : les habitants, qui doivent "cohabiter" avec. Et forcément, comme dans tous les quartiers gangrénés par le deal, c'est l'omerta. Par crainte des représailles de ces individus, la plupart se terrent dans le mutisme ou le déni, à l'image de cette voisine qui avait carrément expliqué que rien n'indique que ce sont les dealers qui font fuir le facteur (!). Une situation dont avait bien rendu compte le reporter de "Grenoble Saccagée" qui avait filmé le quartier en octobre dernier

LES FUSILLADES RÉCURRENTES

À cause du deal, la place est aussi le théâtre de fusillades récurrentes, fruits d'affrontements entre bandes rivales qui se disputent ce point de deal très lucratif (chiffre d'affaires estimé à 30 000 euros par jour !). De véritables scènes de western, avec des tirs à la kalachnikov en pleine journée. L'une d'entre elles avait même dégénéré en course poursuite avec la police dans les rues de Grenoble jusqu'à la Villeneuve, avec échange de balles. 

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La Place Saint-Bruno après une énième fusillade.

ÉTÉ 2023 : LA SITUATION DÉGÉNÈRE

Si le quartier est tristement coutumier de ces faits, cet été a été encore pire que d'habitude. En août, après une nouvelle fusillade, les malfaiteurs avaient renversé un enfant de 6 ans, qui s'en est heureusement sorti avec des blessures légères mais qui nous rappelle que personne n'est à l'abri d'une balle perdue ou d'un "dommage collatéral" lié à ces règlements de compte. 

LES DEALERS CRÉENT UNE ZONE DE NON-DROIT

Subissant des attaques (fusillades et agressions) d'équipes de trafiquants de quartiers du sud de la ville, les dealers de Saint-Bruno étaient allés jusqu'à ériger des barrages de fortune (avec des poubelles par exemple) pour contrôler les allées et venues sur la place et tenir leur point de vente. L'installation d'une véritable zone de non-droit sous leur joug, à l'image d'autres lieux soumis au trafic à Grenoble comme on l'a encore constaté récemment à Mistral où les délinquants ont privatisé une salle municipale pour eux

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La seule salle municipale à disposition des associations a été "privatisée" par les délinquants de Mistral.

QUELQUES SEMAINES D'ACCALMIE

La situation devenant intenable à St-Bruno, la Préfecture de l'Isère avait dû agir et les forces de l'ordres ont ainsi été mobilisées plusieurs semaines. En environ un mois, une quarantaine de suspects avaient été interpellés et plus de 400 personnes contrôlées. Le Préfet Louis Laugier rappelait tout de même que c'est un travail qu’"on ne peut mener seul". La ville, premier maillon dans la chaine de sécurité, doit en effet prendre sa part.

TROIS MOIS APRÈS, LE TRAFIC REPREND

Mais nous sommes désormais en novembre, trois mois après, et force est de constater que rien n'a changé. Le trafic reprend petit à petit "ses droits" à Saint-Bruno. L'union de quartier Berriat, présidée par Bruno De Lescure, organisait la semaine dernière une réunion sur le sujet qui a réuni près de 200 habitants. Nombre d'entre eux ont témoigné de l'impact du deal sur leur vie quotidienne, dénonçant un "degré de violence inimaginable" ou encore un trafic qui "pèse sur la santé mentale". Une habitante tombée au milieu d'une fusillade en sortant de la bibliothèque est ainsi partie en dépression. Une autre évoque l'histoire de sa petite fille qui a trouvé des bouts de shit dans les rosiers des jeux pour enfants...

ERIC PIOLLE ET LA MUNICIPALITÉ AUX ABONNÉS ABSENTS

Rien de neuf sous le soleil pour le quartier donc. Il faut dire qu'au delà de l'opération coup de poings de la police nationale, bienvenue pour désamorcer l'escalade de violence, aucune action de fond n'a été engagée. Et la municipalité Piolle est toujours aux abonnés absents car elle fuit le sujet de la sécurité. Les élus rouges/verts, le Maire et son adjointe en charge de la "tranquillité publique" Maud Tavel en tête, ont théorisé leur inefficacité sur le sujet en renvoyant sans cesse le sujet à l'État et à la police nationale.

Piolle il y a quelques années sur CNEWS : "il n'y a que dans les films que les policiers poursuivent les gens avec des pistolets". Grenoble a dépassé la fiction.

SÉBASTIEN ROCHÉ : "AUX ÉTATS-UNIS, LA POLICE TRAVAILLE AVEC LES MUNICIPALITÉS"

Sébastian Roché, criminologue et sociologue, était présent à la réunion des habitants de Berriat. Ayant par le passé souvent fustigé les méthodes de la police française, plaidant pour la légalisation du cannabis (malgré l'échec dans les états qui le tentent) et contre les poursuites des petits dealers, on peut aisément le classer comme très proche de l'idéologie de la municipalité en place. Pourtant, lui-même a expliqué que l'État seul ne peut y arriver et qu'aux Etats-Unis, où le trafic a diminué de 14%, la police travaille en lien étroit avec les universitaires... et les municipalités. 

DEUX RÉUNIONS, LA BIBLIOTHÈQUE ET DES VIDÉOS EN PREMIÈRE LIGNE...

Or, qu'aura fait la municipalité pour Saint-Bruno ? Une pauvre réunion publique en septembre, et une prochaine en décembre dont rien ne sortira évidemment. Car les élus Piollistes s'évertuent à expliquer que tout est du ressort de l'État avec qui ils sont "en lien" (formidable). Ils expliquent également beaucoup miser sur un nouvel aménagement de la bibliothèque et ses abords pour lutter contre le deal (!), au grand dam des bibliothécaires qui ont exprimé leurs craintes d'être ainsi jetés en pature par des élus inconscients face aux dealers. Pour aller plus loin dans l'angélisme et la déconnexion, ils vantent également une campagne de spots vidéos sur les réseaux sociaux de la ville pour « sensibiliser les consommateurs aux externalités négatives engendrées par leur consommation ». On imagine les dealers de Saint-Bruno transis de peur face à un tel volontarisme. 

Quelques centaines de vues pour le spot vidéo sur la page Facebook de la ville : voilà la grande campagne anti drogue de la municipalité.

... PENDANT QUE L'OPPOSITION SE MOBILISE POUR LA SÉCURITÉ 

Hasard du calendrier, pendant que l'union de quartier Berriat organisait sa réunion, le Président du groupe d'opposition Alain Carignon organisait une conférence-débat avec une centaine de Grenoblois à laquelle était convié l'avocat Maitre Thierry Aldeguer pour évoquer les affaires Piolle... et Jean-Claude Borel-Garin, Contrôleur Général Honoraire de la Police Nationale et ancien Commissaire du RAID, pour faire profiter de son expertise en matière de sécurité. 

Jean-Claude Borel-Garin, Alain Carignon, Thierry Aldeguer mercredi dernier.

UN PLAN SÉCURITÉ POUR EN FINIR AVEC L'ÈRE DE L'INEFFICACITÉ 

Fort de son expérience inestimable, Jean-Claude Borel-Garin enrichit donc les propositions de l'opposition qui, depuis le début du mandat, propose un "plan sécurité" clés en main pour que la ville prenne enfin sa part. Développement de la vidéoprotection, centre de sécurité urbain opérationnel 24h/24 pour pouvoir déclencher les interventions en direct, renforcement et armement de la police municipale pour qu'elle seconde efficacement la nationale, mais aussi contrôle strict des attributions de logements et expulsion des dealers condamnés, ainsi qu'une large habilitation des personnels pour pouvoir dresser procès-verbal (les Maires de Valence et de Pontoise se sont engagés sur cette voie, preuve qu'il est possible d'agir si la municipalité le veut)...

Les solutions existent et permettront demain d'en finir avec l'ère de l'inefficacité théorisée et des grands discours pour se dédouaner. Avec ces années Piolle qui auront fait tant de mal aux Grenoblois

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