L’ABBAYE VA-T-ELLE SE GENTRIFIER OU DEVENIR UNE NOUVELLE VILLENEUVE ?

La municipalité organisait mercredi dernier une réunion pour tenter de défendre son projet de réhabilitation de la cité l'Abbaye, vivement contesté car, comme d'habitude, élaboré sans prendre en compte l'avis des habitants du quartier.

UN COLLECTIF QUI PENCHE À GAUCHE TOUTE

Le projet pourrait bien exploser à la figure des élus Piollistes car ils se trouvent pris en tenaille, contestés... sur leur gauche. Le 22 avril dernier, le Dauphiné Libéré rendait ainsi compte de la création d'un "collectif d'habitants" très critiques sur le devenir du quartier... mais sans préciser que celui-ci penche clairement du côté de la gauche radicale, avec en tête d'affiche un militant de la France Insoumise ou encore le Droit au Logement, représenté par Raphaël Beth, notoirement phagocyté par le NPA (Nouveau Parti Anticapitaliste).

LES VERTS/LFI BOYCOTTENT LA RÉUNION DU COLLECTIF...

Suite à son intervention dans la presse, le collectif avait organisé une réunion publique pour aborder le sujet du logement à l'Abbaye-Jouhaux. Les élus de la majorité étaient conviés mais pas un seul n'avait daigné faire le déplacement, au grand dam des organisateurs, malgré des dizaines d'habitants présents et désireux d'échanger avec ceux qui sont censés les représenter. À noter la présence de Chérif Boutafa, élu d'opposition du groupe société civile d'Alain Carignon qui était le seul représenté ce soir-là.

Le 26 avril dernier, les chaises nominatives pour les élus de la majorité Piolle... toutes vides !

... POUR ORGANISER LEUR PROPRE RÉUNION

Les Piollistes ont en fait préféré organiser leur propre réunion. On retrouve là toute la rigidité et la volonté de contrôle du système Vert/ADES : les élus ne se "confrontent" aux grenoblois que sur un terrain à chaque fois bordé et cadenassé par leurs soins pour éviter au maximum toute "fausse note" dans leur comm'. Pour la proximité on repassera. On retrouve ce fonctionnement avec les unions de quartier, où les thèmes abordés en réunion publique doivent être passés au crible préalablement par les services et les élus pour qu'aucune question ne les surprenne. Avec assez peu de succès aux yeux des habitants vue la manière dont les élus sont accueillis dans chaque quartier.

PETERS, BELAIR ET BERON-PEREZ MOBILISÉS

Une centaine de personnes étaient donc présentes mercredi dernier pour enfin avoir le privilège d'échanger avec la 1ère adjointe Isabelle Peters (PCF), l'adjointe à l'urbanisme Margot Belair (Verts), l'ex vice-président de la métropole au logement Nicolas Beron-Perez (PCF) et des représentants de la SAGES (la société d'aménagement présidée par le Maire de Meylan (divers gauche) Philippe Cardin) ou encore d'OGIC (le promoteur). Et les échanges n'ont pas été tendres.

L'EXTRÊME-GAUCHE TIRE À BOULETS ROUGES SUR LA MAJORITÉ MUNICIPALE

Le choix de deux élus communistes et d'une Verte particulièrement sectaire était plutôt logique pour faire face à la fronde du collectif constitué de militants de gauche radicale, comme l'a bien confirmé la teneur des critiques formulées à l'encontre du projet municipal. On retrouvait toute une phraséologie pourtant bien éloignée ce que produit la politique municipale : accusations de "gentrification" (dans une ville qui se précarise vitesse grand V..), de faire des "cadeaux aux capitalistes" (!) ou encore craintes de "spéculation immobilière" (alors que l'état de l'immobilier à Grenoble rebuterait même l'investisseur le moins averti)...

UN PROJET DANS LA CONTINUITÉ DE L'URBANISME PIOLLISTE

"Ce n'est pas un projet qui a été pensé pour les habitants mais pour des personnes qui se feront de l’argent avec les logements. Un comble pour une majorité municipale de gauche !" a résumé Raphaël Beth du Droit au Logement (repris par Place Gre'net) au cas où ce ne serait pas assez clair. En réalité, ce projet qui consistera en près de 250 nouveaux logements (avec seulement... 38 places de stationnement) ne changera rien à la donne grenobloise : il s'agit de bétoniser massivement, comme d'habitude, avec des taux de logements sociaux énormes, comme d'habitude.

La cité de l'Abbaye sous Piolle.

UNE DÉROGATION POUR AJOUTER ENCORE PLUS DE LOGEMENTS SOCIAUX...

Ce que Margot Belair confirme d'ailleurs, soucieuse de donner des gages pour ne pas perdre de terrain au profit de l'extrême-gauche : "nous avons dû obtenir une dérogation pour maintenir le logement social sur le quartier parce que ce n’était pas permis en bordure d’un quartier prioritaire en politique de la ville" (Place Gre'net). Comprendre : dans le sud de la ville déjà très en difficultés en raison de l'absence de mixité, la majorité Verts/LFI a fait des pieds et des mains pour ajouter encore davantage de logements sociaux juste à côté de quartiers où les taux sont déjà ahurissants. Au final, le projet comptera donc 36% de HLM ! Près de 4 logements sur 10, on est très loin de ce qu'on pourrait appeler un quartier gentrifié. 

LE MÊME SCHÉMA DANS TOUTE LA VILLE

La municipalité répète le même schéma avec tous ses "écoquartiers" : la densification au détriment de la qualité de vie et les taux de logements sociaux trop élevés dissuadent les éventuels propriétaires d'acheter (à Flaubert, 50% de HLM, la plupart des appartements à la vente l'ont été en loi Pinel donc créent aussi des locataires), et les quelques uns qui le font subissent quasi immédiatement la chute de la valeur de leur bien (on l'a vu par exemple pour Vigny-Musset). Sur la Presqu'île, dernier modèle du genre, la ville relève déjà des "signes de précarité" alarmants. À Flaubert, les propriétaires déplorent déjà des problèmes de cambriolages et des voitures si souvent vandalisées qu'ils se voient radiés de leur assurance auto ! Bâtie sur les mêmes causes, l'Abbaye va connaitre les mêmes conséquences.

Le Dauphiné avait également relevé la trajectoire de Flaubert, le fleuron des "écoquartiers" tant vantés par les Verts/LFi mais dans lesquels aucun n'a investi...

7 MILLIONS POUR UN PROJET VIVEMENT CONTESTÉ

"Il y a beaucoup d’argent qui est mis pour rénover, restructurer le quartier mais on ne voit pas beaucoup d’aide pour que les gens vivent correctement. Vous êtes un peu à côté de la plaque" a lancé une habitante, reprise par le Dauphiné Libéré. En effet : derrière les façades, rien ne change. Et l'ardoise commence à être élevée pour le quartier : 7 millions pour l'Abbaye, 6 millions pour l'avenue Jeanne d'Arc voisine, soit une dizaine de millions dépensés pour des projets très vivement contestés. Il n'y a pas d'autres urgences que de s'entêter sur des idées coûteuses et que les habitants n'attendent pas ?

RELOGEMENT : HYPOCRISIE ET PAROLES EN L'AIR

Relevons au passage le formidable exercice de langue de bois auquel s'est livrée Margot Belair, citée par le DL, pour faire croire à la fibre humaniste du clan Piolle : "j’entends vos demandes pour permettre à des personnes délogées de revenir s’installer dans le quartier. On va regarder". Évidemment rien ne bougera car ce sont des paroles en l'air et que sa volonté de "regarder" n'engage que ceux qui y croient, mais il faut tout de même ne pas connaitre la honte pour oser faire croire à un quelconque volontarisme sur le sujet du relogement quand sa propre majorité avait coupé les fluides à des occupants des immeubles vides en plein hiver pour les déloger !

Alan Confesson, adjoint LFI, Président de la compagnie de chauffage, avait fait couper le chauffage aux occupants réfugiés dans les lieux en plein hiver il y a quelques années. L'humanisme des donneurs de leçons...

LE PIOLLISME OU L'ART DE FAIRE GRENOBLE CONTRE LES GRENOBLOIS

Avec la refonte de la cité de l'Abbaye, les problèmes habituels que connait Grenoble subsisteront et s'aggraveront encore : manque de mixité sociale, manque de nature en ville à cause de la densification massive, pénurie organisée de stationnement qui créé des tensions, situation des habitants derrière les façades qui ne s'améliore pas et au contraire se paupérise.

On n'assistera sûrement pas à une "gentrification", mais le fait qu'un camp politique proche de la majorité municipale se mobilise ainsi et annonce vouloir se battre "jusqu’au bout contre ce projet" confirme à quel point l'assise politique des piollistes se réduit. Et à quel point ils se replient de plus en plus sur un noyau dur qui impulse des projets contre l'avis des Grenoblois... et pas seulement contre ceux qui n'ont pas voté pour eux.

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