ABBAYE : LE RAS-LE-BOL S’ÉTEND AUX PROCHES DES VERTS/LFI

Quartier de l'Abbaye, le Dauphiné Libéré est allé à la rencontre d'un collectif d'habitants qui se mobilise pour dénoncer les soucis de logement. La fronde contre la politique municipale gagne du terrain... et les Verts/LFI de l'équipe Piolle se font doubler sur leur gauche.

LE SENTIMENT D'ABANDON, LA DÉGRADATION DU CADRE DE VIE

"Dans leur collimateur aussi, la saleté, la dégradation du cadre de vie, les rats ici, les blattes ou les cafards là, le sentiment d’être sinon oubliés, du moins un peu laissés de côté par les pouvoirs publics" relate le Dauphiné. On retrouve-là les problèmes habituels de Grenoble à l'ère d'Eric Piolle & consorts, dénoncés dans tous les quartiers

HAUSSE DE CHARGES CHEZ ACTIS

La hausse des charges d'ACTIS (présidé par Pierre Bejajji, élu Vert) est également pointée du doigt. "Je fais toujours aussi attention au chauffage, à ma consommation d’eau, encore plus quand j’ai vu qu’on annonçait des hausses. Mais ça n’a pas suffi et ça reste incompréhensible pour moi" dénonce une locataire, rejoignant un autre collectif d'habitants qui s'était élevé dans le Dauphiné il y a quelques semaines pour demander d'« arrêter d’essorer les gens des quartiers défavorisés ».

LA COMPAGNIE DE CHAUFFAGE AUGMENTE AUSSI LES PRIX

"Comment la compagnie de chauffage peut-elle augmenter les prix de 20 % alors que ce sont toujours nos poubelles qui sont brûlées et fournissent l’énergie ?" questionne un autre habitant. Ce n'est pas la première fois que la politique anti-sociale de la compagnie présidée par le roquet donneur de leçons Alan Confesson (LFI) est mise en cause... Par le passé, il s'était déjà illustré à l'Abbaye justement :

Alan Confesson, adjoint LFI, Président de la compagnie de chauffage, avait fait couper le chauffage aux occupants réfugiés dans la cité vide de l'Abbaye il y a quelques années. L'humanisme et "l'accueil inconditionnel" de la municipalité...

PANNES RÉCURRENTES D'ASCENSEURS

Autre critique qui émane du Président de l'association "Handi moi Tout" : "à Grenoble, très concrètement, on a des gens en fauteuil coincés chez eux des semaines parce que l’ascenseur est en panne". Le sujet est connu, documenté, s'est régulièrement invité sur la table du conseil municipal, mais les élus Verts/LFI à la tête d'ACTIS et Grenoble-Habitat, bailleurs particulièrement sensibles à ce problèmes, en sont à réfléchir à l'idée "d'inciter" à faire des diagnostics. On avance

ABBAYE : VENT DEBOUT CONTRE LE PROJET MUNICIPAL

Mais c'est contre le projet municipal de réhabilitation de la cité de l'Abbaye que le collectif est le plus virulent. Après 10 ans sans rien faire, la majorité municipale compte réaliser 250 nouveaux logements avec ... 38 places de stationnement. Le collectif est vent debout contre, avec un vocable d'extrême-gauche, opposé à la mixité sociale : "c’est une dynamique de remplacement de catégories sociales qui est mise en œuvre".

"IL N'Y AURA PAS MOINS DE LOGEMENTS SOCIAUX"

En réalité, les habitants peuvent se rassurer : le projet Abbaye ne diffère en rien des autres projets municipaux qui tendent à paupériser la ville. Le groupe d'opposition l'avait dénoncé en conseil municipal et la première adjointe Isabelle Peters l'avoue elle-même : "il y aura toujours du logement social dans ces immeubles et, avec les constructions du Grand Châtelet, il n’y aura pas moins de logements sociaux dans le secteur 5".

L'intervention d'Alain Carignon en conseil municipal à propos du projet à l'Abbaye.

UN COLLECTIF CITOYEN QUI PENCHE D'UN CÔTÉ

Il est instructif de se pencher sur la composition de ce que le Dauphiné nomme un "collectif citoyen" (sans aller jusqu'à se demander qui se cache derrière, comme cela a pourtant été le cas pour le groupe "SaccageGrenoble"...). Inutile d'y aller par quatre chemins : le collectif est porté par des militants chevronnés de la gauche radicale. 

HANDI'MOI TOUT "PENCHE BIEN À GAUCHE"

L'association "Handi Moi Tout", qui fait partie du collectif, compte ainsi parmi ses membres actifs des Piollistes ou ex Piollistes comme Charlie Fert (militant actif en aux dernières municipales). Sur les comptes de l'association, la teneur des publications ne laisse guère de place au doute : soutien à la liste d'extrême-gauche pour les élections étudiantes, retweet du gilet jaune Jérôme Rodrigues, partage de la fête du travailleur alpin... Place Gre'net, qui s'était penché sur cette nouvelle structure, avait résumé sa tendance : "son président [NDLR : Mickaël Troussier] et sa vice-présidente ne cachent pas leurs accointances avec La France insoumise". "Une association a‑partisane qui penche bien à gauche" résumait le site d'informations.

Le logo de l'association. "Le rouge, c’est pour le parlement populaire, le jaune pour les gilets jaunes, et le vert parce que c’est la couleur de l’espoir" expliquait le fondateur au média Place Gre'net..

UN INSOUMIS CRITIQUE DE LA POLITIQUE... DES INSOUMIS

On retrouve également un certain Joseph Heysch. Sur Facebook, il se définit comme "gilet jaune depuis 2018, de "gauche" depuis l'âge de 5 ou 6 ans, et militant isérois de L'Union Populaire" (le nom du programme de la France Insoumise). Il explique au Dauphiné : "il existe une tendance chez le bailleur social, la Métropole et la Ville à déployer une politique du logement qui ne va pas dans le sens du soutien aux habitants du logement social". Un militant de la France Insoumise déplore donc la politique que mène ses amis de La France Insoumise élus à la tête des trois institutions !

RAPHAËL BETH ET LE DAL

Et forcément quand on parle extrême-gauche, le DAL (Droit au Logement) n'est jamais bien loin. Raphaël Beth, militant très actif du mouvement, s'exprime ainsi aux côtés du collectif, particulièrement remonté contre le projet de réhabilitation qu'il voit comme "un processus de gentrification"... Rien de très étonnant de la part du représentant d'un collectif désormais notoirement identifié comme bras armé du NPA (Nouveau Parti Anticapitaliste)... Le DAL est de toutes les "luttes" et concurrence férocement la municipalité à son extrême-gauche.

Raphaël Beth, la "tête" du DAL à Grenoble, un proche du NPA.

L'ESPACE DES PIOLLISTES SE RESTREINT

L'opinion politique des membres du "collectif d'habitants" qui penche donc à la gauche de la gauche n'enlève évidemment rien à la légitimité de leur expression. Celle-ci est au contraire très intéressante car elle montre bien que ce qu'il reste de la majorité municipale piolliste est pris en étau. Sur le terrain mais aussi au sein même du conseil avec les départs d'élus qui se sont enchainés. Son espace politique se restreint de jour en jour : la fin de règne s'annonce très douloureuse.

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