VÉGÉTALISATION OU BÉTONISATION, IL FAUT CHOISIR

Lundi dernier le Conseil Municipal a eu droit à la punition habituelle d'une délibération fleuve sur la "stratégie de végétalisation" présentée par l'inénarrable Gilles Namur (Rouge/Verts) professionnel de l'enfilage de perles. Le procédé est répétitif pour tous les sujets : de très longs rapports censés définir une politique municipale (10 ans après être arrivé au pouvoir) et donner l'impression qu'on agit dans un domaine où l'attente est grande.

84 "ACTIONS" POUR LA VÉGÉTALISATION

Avec "5 enjeux, 24 objectifs et 84 actions pour la végétalisation", on va voir ce qu'on va voir ! Malheureusement pour la majorité municipale, les élus de l'opposition lisent ces documents. "Ridicule, ridicule" a répété plusieurs fois Alain Carignon, Président du groupe de la société civile.

UN GRAND ENJEU : "CONNAITRE ET PROTÉGER LE PATRIMOINE VÉGÉTAL" (!)

La municipalité a découvert comme "grand enjeu" de "connaitre et protéger le patrimoine végétal" (!). Avec comme "action de disposer d'une carte à jour de ce patrimoine". On croit rêver. Ou bien de "végétaliser et désimperméabiliser". On ne s'en doutait pas.

UNE ACTION : FAIRE RESPECTER LE RÈGLEMENT (!) 

À lire "les actions", le remplissage est la caractéristique principale du document. Il annonce parfois comme "action" que" le conseil municipal va délibérer", qu'on va "planter en ciblant les ilots de chaleur" ou "remplacer les arbres abattus", ou bien "améliorer le paysage et la qualité des aménagements". On lit encore "faire respecter le règlement des parcs et jardins" parmi les 84 actions. La municipalité délibère pour se rappeler ses devoirs.

DES DÉPENSES DE FONCTIONNEMENT

Mobiliser l'administration municipale pour la contraindre à rédiger ce type de rapport, à se creuser la tête pour trouver "84 actions" qui n'en sont évidemment pas est l'une des explications des dépenses de fonctionnement de la ville et de sa bureaucratisation.

NATURE EN VILLE : GRENOBLE PARMI LES DERNIÈRES VILLES

Après avoir voté un PLUI (plan d'urbanisme) densificateur, ils annoncent comme "action" de "contribuer au PLUI pour la protection des arbres". En réalité la plupart des jardins privés sont urbanisables alors qu'ils représentent la moitié de l'espace nature de la ville. Or en la matière Grenoble est 27 ème sur 31 villes pour la part de nature en ville. Elle ne dispose plus que de 19 % de couverture arborée, 21 mètres carrés par habitant et 32 % de surface arborée et herbacée. Ce qui place la capitale des Alpes derrière une ville comme Villeurbanne, que Grenoble a aussi battu en densification. Ceci explique cela. D'ailleurs sous le mandat Piolle nous sommes devenus la première grande ville de France pour les ilots de chaleur.

TARZE : UN JARDIN EXISTANT URBANISÉ

Aucun de ces éléments d'information ne figurent dans la "stratégie de végétalisation". On comprend pourquoi. Cela n'empêche pas la municipalité d'urbaniser même un jardin existant, le parc Tarze à Jean Macé qui se verra réduit pour construire un immeuble. Ce faisant, chaque fois, en réduisant les puits d'absorption de carbone,  la ville recule la date où elle pourra atteindre la neutralité carbone.

Mais peu importe le flacon, pourvu qu'on ait l'ivresse des mots. Lundi soir Gilles Namur s'est donc saoulé avec eux. Mais personne n'imagine qu'il puisse croire tromper les grenoblois par une telle pauvreté sémantique pour meubler le vide.

UN MEMBRE DU GIEC CONDAMNE L'URBANISATION DE GRENOBLE

D'autant que les écoquartiers (!) ont été jugés par Thierry Lebel, hydro-climatologue, directeur de recherche à l’Institut des géosciences de l’environnement de Grenoble, membre du GIEC et du conseil scientifique "Grenoble Capitale verte" selon lequel : "les édifices qui ont poussé sur la Presqu’île sont aberrants : construits sur du bitume, avec une mauvaise circulation d’air. Or, dans une ville comme Grenoble, qui est une cuvette, il n’y a pas eu de véritable politique de la part des collectivités territoriales"

LA MEILLEURE STRATÉGIE DE VÉGÉTALISATION EST D'ÉVITER LA BÉTONISATION

"La  meilleure "stratégie de  végétalisation" est d’éviter la bétonisation, donc la densification à outrance que vous préconisez et que vous conduisez et qui ne résout en rien les problématiques du logement et de l’hébergement d’urgence" a lancé Alain Carignon au Conseil Municipal. Pour lui, "du fait de notre géographie, notre fameuse cuvette, nous sommes plus exposés que d’autres aux canicules, nous devrions donc être en tête des villes nature et vertes. Pour le faire cela ne passe pas par des délibérations fleuves sans effets. Mais par une attention de tous les instants."

LA MUNICIPALITÉ CARIGNON A RÉALISÉ 10 % DES ESPACES NATURE DE LA VILLE

Il a rappelé que ses municipalités ont réalisé de l’ordre de 10 % de la totalité du patrimoine nature en ville en seulement 12 ans de mandat. Une vingtaine d’hectares. Les parcs Pompidou, l’extension des Champs Elysées, l’Alliance, Marliave, Valérien Perrin, le  jardin de la place Lavalette et celui de l’Evêché, le square Coppié, le square Genin... Elles ont  gardé les platanes de la caserne Reyniès, empêché que ceux de Maréchal Randon soient abattus au moment de la construction du nouveau Musée.

DES IMMEUBLES POUSSENT PRIVANT DE SOLEIL ET DE LA VUE SUR LES MONTAGNES

La logorrhée verbale municipale sur le sujet Ne couvre pas l'univers de béton qu'elle déploie sur la ville. Les chiffres accablants des comparaisons entre ville sont disponibles. La régression est considérable et se poursuit. Mais ce besoin de communication intensive démontre sa grande inquiétude. Car les citoyens voient ce qu'ils voient : des immeubles qui poussent privant de soleil et de vue sur les montagnes, alors que le précédent Adjoint à l'Urbanisme, l'inamovible Vincent Fristot (Verts/Ades) avait pourtant garanti que cela ne se produirait jamais pour toutes les nouvelles constructions.

G. NAMUR A RENONCÉ À LA FAKE DU PARC DE 7 HECTARES...

La municipalité a renoncé aussi à expliquer qu'avec tous les confettis de jardinets, devenus très souvent des poubelles à ciel ouvert, elle avait apporté l'équivalent d'un parc de 7 hectares. Même Gilles Namur qui avait lancé la tartufferie a dû trouver que c'était trop gros. C'est dire.

LES GRENOBLOIS VEULENT DE LA FRAICHEUR ET RESPIRER

Les grenoblois attendent maintenant que dans une ville faite, on cesse de densifier encore et on recherche toutes les possibilités d'espace nature permettant à la ville de respirer et de réduire l'effet ilot de chaleur. En effet, bétonner ou végétaliser, il faut choisir.

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