COMMERCES : L’UNIFORMISATION ET LE RECUL SE CONFIRMENT

Pour son débat de la semaine, le Dauphiné Libéré propose à ses lecteurs de donner leur avis sur le nombre de bars, cafés et restaurants à Grenoble. Confirmant au passage la tendance à une dangereuse uniformisation.

UNE CLASSIFICATION TROP LARGE

La classification retenue de "cafés, hôtels et restaurants" (qui correspond aux débits de boisson) est malheureusement trop large et englobe des réalités différentes. Les bars sont ainsi rangés dans la même catégorie que les fast-foods... ne permettant pas de faire la part des choses entre le nombre de cafés et de kebabs par exemple. Or c'est bien la prolifération de ces derniers qui est en général déplorée.

La une du Dauphiné de ce lundi 22 avril.

22% DE L'OFFRE EN CENTRE-VILLE

Le centre-ville compte ainsi 22% de cafés, hôtels et restaurants (dits "CHR") selon le décompte effectué par la métropole. Ce qui en fait le type de commerces le plus représenté juste après ceux d'équipement à la personne (23%). Une énorme différence de dynamique est à l'oeuvre et renforce années après années la part de CHR.

UNE AUGMENTATION DE 41% EN 4 ANS !

Début 2023 déjà, le Dauphiné s'interrogeait sur le sujet et pointait une chute libre des commerces alimentaires, d'équipements à la personne et de services entre 2018 et 2022 (respectivement -18%, -20,7% et -5.5%), une stagnation des commerces de culture/loisirs et d'hygiène/santé... mais une explosion des cafés, hôtels, restaurants avec une hausse de 41,1% !

AU-DESSUS DE LA MOYENNE DES VILLES COMPARABLES

Le quotidien a aussi comparé les chiffres de l'INSEE pour les débits de boisson. Ceux-ci confirment une certaine spécificité grenobloise : nous comptons 1 établissement pour 618 habitants... loin devant Rennes et Montpellier qui sont à 1 pour plus de 1000, et même devant le voisin lyonnais (1 pour 838). De quoi invalider le discours de ceux qui ne voient dans les tendances grenobloises que le miroir de phénomènes nationaux. 

Pour l'évolution des chiffre d'affaires aussi, Grenoble s'écarte de la moyenne..

LA "VILLE DE LA CONVIVIALITÉ" ?

Barbara Schuman, conseillère métropolitaine déléguée au commerce, voit dans cette trajectoire le signe que Grenoble est "la ville de la convivialité" (le terme est également repris par la journaliste qui émet l'idée que l'augmentation du nombre de CHR peut être vu comme une force)... S'il est en effet sympathique de consommer en terrasse, la cohabitation avec les riverains s'avère de plus en plus compliquée à mesure que le nombre d'établissements augmente (la situation de la rue Chenoise, très bruyante, est encore revenue sur la table lors de la réunion de l'union des habitants du centre-ville). 

LA MUNICIPALITÉ INCAPABLE DE FAIRE RESPECTER LES RÈGLES

Au sujet du bruit s'ajoutent aussi des soucis de respect de la règlementation terrasse par une poignée d'établissements qui débordent et dont certains rendent les trottoirs impraticables pour les PMR, poussettes... Avec une police municipale en sous-effectif chronique eu égard aux besoins (1 équipage qui tourne en soirée..), la municipalité est loin de se doter des moyens de faire respecter les règles. Le ras-le-bol des habitants qui subissent et ne voient pas d'amélioration est d'autant plus compréhensible face au manque de volontarisme des élus en la matière.

L'UNIFORMISATION NUIT À L'ATTRACTIVITÉ DU CENTRE

Cette uniformisation est également un frein à l'attractivité du centre-ville. Avec la chute drastique de tous les autres types d'enseignes, la fuite de la clientèle ne peut que s'accélérer. De moins en moins de boutiques différentes, ce sont aussi de moins en moins de raisons de se rendre flâner dans le centre pour faire du shopping... 

FERMETURE DES ACCÈS, PAUPÉRISATION DE LA VILLE, NEYRPIC ET GRAND PLACE

L'uniformisation autour des "CHR" est donc un facteur de dévitalisation supplémentaire, qui se cumule aux maux grenoblois bien connus : fermeture de la ville avec le prix du stationnement record et la suppression de places, problèmes de propreté/insécurité/incivilités qui font de Grenoble un repoussoir pour la clientèle extérieure, et en cerise sur le gâteau, l'extension de Grand Place et l'ouverture prochaine de Neyrpic à Saint-Martin d'Hères, coups de massue pour les commerçants du centre sans que les Verts/LFI piollistes pourtant dans la majorité à la métropole n'aient levé le petit doigt. 

L'ENGAGEMENT DE "REVITALISER" AU POINT MORT

Comme d'habitude, les élus ne font rien et se contentent de discours. À l'union des habitants du centre-ville qui lui demandait ce qu'il en était de son engagement de lancer un plan pour "revitaliser le centre-ville" en date de 2022, l'adjoint au commerce Alan Confesson (LFI) a été bien incapable de répondre, expliquant que "c'est une vaste question" avant de se lancer dans un blabla généraliste sur les problèmes que rencontrent les commerçants. Comme pour chaque sujet, les élus de la ville discourent pour meubler leur inutilité et leur inefficacité chronique. 

DES RUSTINES QUI S'ATTAQUENT AUX CONSÉQUENCES

Ce n'est guère mieux côté métropole. Le Dauphiné explique que la collectivité a "entrepris un travail de projection qui aboutira prochainement à une feuille de route". Il était temps. Tandis que la conseillère déléguée Barbara Schuman vante le droit de préemption des communes et le lancement d'une foncière pour acheter les locaux vides et les louer en-deça des prix du marché...

Des idées rustines qui reviennent à écoper la mer avec un verre d'eau et ne résolvent aucunement le problème de fond : l'attractivité et l'accessibilité du centre-ville. Le groupe d'opposition d'Alain Carignon propose de longue date de s'attaquer à la source du déclin, avec un ensemble de propositions pour requalifier la ville. Sans être entendu par les élus de la majorité incapables de changer de paradigme. 

 

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