RECRUTEMENTS : OÙ PASSE L’ARGENT DES GRENOBLOIS ?

Alors que Grenoble est la première des grandes villes pour l'impôt, les offres d'emploi publiées par la municipalité donnent un certain éclairage de l'utilisation de l'argent du contribuable grenoblois.

LES DÉPENSES DE FONCTIONNEMENT EXPLOSENT LA MOYENNE

S'il y a un indicateur chiffré à retenir, c'est celui du poids des dépenses de fonctionnement. Elles représentent 1800 euros par habitant... quand la moyenne des villes de la strate est de seulement 1240 euros par habitant ! En 2014, nous en étions à environ 1600 euros par habitant. Et elles continuent d'augmenter : entre 2022 et 2023, 12 millions d'euros supplémentaires.

Les dépenses de fonctionnement n'ont cessé de se creuser ces dernières années.

DÉPENSES DE PERSONNEL EN HAUSSE...

Au sein des dépenses de fonctionnement, les dépenses de personnel (c'est à dire la masse salariale de la ville) pèsent désormais pour près de 55%. À l'arrivée des Verts aux commandes de la ville il y a 10 ans, elles représentaient moins de 51%. Et si l'on remonte encore, sous la municipalité Carignon, autour de 40%. 

... MALGRÉ LA MÉTROPOLISATION

Cette évolution à la hausse de dépenses récurrentes qui pèsent chaque année sur les finances de la ville est d'autant moins justifiable que de nombreuses compétences ont été transférées à la métropole... et près de 350 emplois qui vont avec entre 2014 et 2019. Mais en parallèle, la ville a créé de l’ordre de 150 postes supplémentaires et la Métropole de l’ordre de 200 en plus que les transferts des communes !

Le budget 2024 adopté lors du dernier conseil métropolitain entérine encore une augmentation de 7% (8 millions supplémentaires) de la masse salariale de la collectivité...

EN 2023, 95 CRÉATIONS DE POSTES

Non pas rationaliser les embauches et cesser cette spirale infernale de la hausse des dépenses de personnel, la majorité continue de creuser. En 2022, la ville avait déjà créé 25 nouveaux ETP (équivalents temps plein). Mais ce n'est rien comparé à l'année 2023, celle de tous les records avec 95 créations de postes supplémentaires !

25 RECRUTEMENTS D'ASVP

La création la plus notable étant une nouvelle brigade de... 25 agents de surveillance de la voie publique (ASVP) pour verbaliser le stationnement. On aurait aimé un tel volontarisme pour lutter contre la délinquance, avec un renforcement de la police municipale par exemple. Mais c'est plus facile de mettre le paquet pour la chasse aux voitures. On voit où sont les priorités de la majorité municipale.

Grenoble 1ère pour le prix du stationnement et bientôt 1ère pour le nombre d'ASVP ?

DES EMBAUCHES DE "CHARGÉS DE"

Un oeil sur les offres d'embauche de la ville en dit un peu plus long sur les profils recrutés. Derrière des emplois essentiels au fonctionnement de la collectivité, on trouve une litanie de "chargés de", en général fruits des créations de postes. "Chargé de projet résilience territoriale", "chargé d’études sur les enjeux de redirection écologique et les coopérations par les communs", "chargé d’appui à l’organisation de la Biennale des Villes en Transition"... 

LE NIRVANA DE LA NOVLANGUE VERTE

Le chargé d'études redirection écologique devra par exemple "accompagner la mise en œuvre des préconisations du projet pilote Bifurcations RH ! en partenariat avec l’ANACT et un consortium visant à penser les métiers/compétences/formations publics dans l’anthropocène et à approfondir le volet ressources humaines /volet social des protocoles de redirection". Mais aussi "accompagner la mission communs dans sa diffusion des démarches coopératives". Limpide. Mais au-delà des envolées abstraites qui rendent difficile à cerner l'essence des postes, on perçoit bien tout le côté usine à gaz de l'administration Piolle.

Antoine Back, adjoint au verbiage, a besoin de vous : rejoignez-le pour "sécuriser la trajectoire de #transition face au stress, aux chocs et aux ruptures de l'#Anthropocène".

DES USINES À GAZ DANS L'USINE À GAZ

On comprend ainsi que des ressources sont mobilisées pour un "chantier de transformation de l’administration intitulé « Bifurcations ! » qui vise à compter ce qui compte, coopérer en commun et rediriger ses politiques". Mais également, et il y a une création de poste pour cela, pour lancer un "campus interne de formation, baptisé "Campus des Transitions", qui vise à tirer parti des synergies et de l'engagement des femmes et des hommes impliqués en faveur des transitions". Ou encore pour "œuvrer à la mise en réseau de ces approches" et mettre en place un "Institut de la redirection écologique". Bref, on empile les usines à gaz dans une administration elle-même usine à gaz.

PLUS D'AGENT NE SIGNIFIE DÉCIDÉMENT PAS UN MEILLEUR SERVICE

Certaines de ces missions sont sans doute intellectuellement très sympathiques mais elles sont à 1000 lieues de l'essentiel : elles n'améliorent en rien le quotidien des Grenoblois. Elles gaspillent des moyens (dans une ville exsangue) alors que des ressources supplémentaires seraient bienvenues pour la propreté de la ville, pour l'accueil périscolaire, pour la sécurité... L'évolution du niveau de service rendu est inversement proportionnelle au nombre de postes créés ces dernières années !

UNE RÉORGANISATION NÉCESSAIRE

Il est possible de faire mieux avec moins, en se recentrant sur l'essentiel. Cela nécessitera d'oser revoir le fonctionnement de chaque service en partant d'un budget base 0, d'évaluer les doublons de services entre ville et métropole pour mettre en place un plan de mutualisation, et de fonctionner avec un système de gouvernance unique par missions entre les deux collectivités. C'est ce que propose inlassablement le groupe d'opposition d'Alain Carignon, et ce sera l'un des passages obligés pour redresser la ville sans recourir, à nouveau, à une hausse d'impôts.

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