À QUOI S’ATTENDRE POUR LA BASTILLE À GRENOBLE ?
Le Dauphiné Libéré consacre son dossier de la semaine à la Bastille de Grenoble, et s'interroge sur ce que pourrait devenir ce site.
TROIS ÉLUS INTERROGÉS ...
Trois élus sont interrogés : Claus Habfast (Verts/LFI) pour la ville de Grenoble (on le découvre "délégué au projet Bastille", confirmant son rôle de fourre-tout du système Piolle), Mélina Hérenger (PS), Vice-Présidente au tourisme à la métropole, et Ludovic Bustos (PS), Vice-Président à la stratégie foncière et à l'urbanisme.
... POUR NOUS SERVIR LES PONCIFS HABITUELS
On comprend vite qu'il n'y a rien dans les tuyaux métropolitains et municipaux pour la Bastille. Les élus se contentent ainsi d'enchainer des poncifs vus et revus sur ce site emblématique. "La Bastille reste un repère immuable", "on parvient tout de suite à la repérer", "Les Grenoblois aiment ce site tel qu’il est, il faut le respecter"... Nous voilà bien avancés.
UNE "DÉMARCHE DE PROJET DE TERRITOIRE" ...
Rien de bien nouveau par rapport au conseil métropolitain de novembre dernier, qui avait voté une délibération présentée par Mélina Hérenger pour "l'engagement d'une démarche de projet de territoire" à La Bastille. Une démarche de pures intentions, avec quelques orientations générales simplistes et absolument rien de concret, et dans la droite lignée du fonctionnement usine à gaz de la métropole et de la ville.
... POUR BRASSER DE L'AIR
D'ailleurs, l'élu à l'urbanisme Ludovic Bustos admet le brassage d'air dans les colonnes du Dauphiné : "Grenoble Alpes Métropole peut être l’ensemblier pour pouvoir, dans un temps long puisqu’il n’y a pas d’argent actuellement dans le plan pluriannuel d’investissement, lancer une réflexion globale". On peut donc bien passer toute la semaine à en discuter : ville et métropole n'ont pas d'argent à consacrer à la Bastille. Mais la "réflexion globale" sur un "temps long" va permettre de brasser beaucoup de vent pour tenter de donner l'illusion qu'il se passe quelque chose.
LE BILAN DES ROUGE/VERTS : LES VOITURES PRENNENT LA BASTILLE ...
Il y a tout de même de quoi craindre le pire, car en 10 ans, le bilan de la majorité municipale et métropolitaine pour la Bastille a consisté en une urbanisation du site qui conduit les voitures à y accéder de plus en plus nombreuses (ce qui est logique vu l'accès contraint autrement). Car Grenoble (parmi les dernières de France pour la part de nature en ville, rappelons-le) et la métro ont laissé les promoteurs construire sur les friches universitaires, au détriment d'une logique de préservation de la biodiversité et de la nature du site.
... MAIS CLAUS HABFAST (VERTS/LFI) DONNE DES LEÇONS !
Mais Mélina Hérenger et Claus Habfast osent tout. La première affirme sans ciller vouloir "préserver sa diversité et sa biodiversité", car "on aura besoin à l’avenir d’îlots de fraîcheur" ! Peut-être fallait-il y penser avant de laisser urbaniser ? Claus Habfast, en fidèle tartuffe piollesque, va encore plus loin et donne des leçons sur... l'usage de la voiture : "il y a des enjeux de mobilité. La voiture ne doit servir qu’à faire ce qui ne peut pas l’être à pied. On ne va pas agrandir la route". Mais accepter un projet qui les fait monter sur les flancs de la Bastille, aucun souci.
LA MÉTRO PRÉFÈRE PRÉEMPTER LA CCI PLUTÔT QUE PRÉSERVER LA BASTILLE
Le Président du groupe d'opposition, Alain Carignon, avait encore rappelé cet acte manqué en novembre dernier : "j’avais tenté d’alerter en son temps le Conseil Métropolitain en vain sur les friches universitaires afin que la puissance publique locale les préempte. Elles valaient 2 millions d’euros, et je rappelle que nous avons préempté la CCI pour 8 millions d’euros alors qu’il y avait un projet privé de résidence de personnes âgées et de création d'un centre de santé. Du point de vue de la nature en ville, de la préservation de la biodiversité, de l’objectif de neutralité carbone, il me semblait prioritaire de ne pas urbaniser la Bastille plutôt que d’acquérir la chambre de commerce".
UN PROJET DE MONTAGNE DE LA BIODIVERSITÉ
Le groupe d'opposition portait d'ailleurs de longue date un projet alternatif pour la Bastille : parc de préservation de la biodiversité, ferme urbaine pédagogique, parcours piétons réaménagés, attention portée à la mise en valeur du patrimoine... Bref, on était loin de l'urbanisation et du retour des bagnoles, avec un développement du site respectueux de son environnement (et sans avoir besoin de créer des usines à gaz de "réflexion" pour une "démarche de territoire" !).
ON PEUT CRAINDRE LE PIRE POUR LE RABOT
Alors que le CROUS quitte le Rabot en 2025, il faut envisager la suite. Quand Habfast assure qu'"on travaille sur la programmation", Hérenger explique qu"il faudra mettre beaucoup d’acteurs autour de la table pour son aménagement" (vite, une nouvelle "délibération-cadre" !). Elle vante également le projet d'urbanisation des friches universitaires quand Ludovic Bustos ouvre la porte à un partenariat public-privé. Vue leur vision, il y a en tout cas fort à craindre qu'on soit assez éloignés d'un projet de préservation de la biodiversité et de la nature de ce site emblématique.
ILS ABIMENT TOUT CE QU'ILS TOUCHENT
Qui aurait pu imaginer, à leur élection il y a 10 ans, que les rouge/verts d'Eric Piolle ajouteraient comme pierre à leur bilan le faire d'avoir urbanisé la Bastille et d'y avoir laissé les voitures affluer ? Au sein même de la majorité municipale, le fait d'avoir laissé les promoteurs saisir cette opportunité ne fait pas l'unanimité... et on entend d'ailleurs guère d'élus s'en vanter. Une tartufferie supplémentaire qui aggrave un bilan écologique déjà assez calamiteux. Et sans doute pas la dernière alors que le devenir du Rabot arrive sur la table.
Imposture des Verts : ils bétonnent et rasent la forêt de ce site !
L’entretien des chemins et des remparts est en quasi-abandon l. Au lieu de papoter, que la Mairie fasse le nécessaire. Et sans raser sauvagement la forêt comme en 2023 au dessus du Rabot !
Que ce poumon vert de la ville reste un espace naturel préservé pour favoriser les promenades de santé et la biodiversité, et ne jamais en faire un Luna Park.
L’urbanisation de la Bastille est une honte, un scandale écologique, et une atteinte au patrimoine naturel auquel tous les grenoblois sont attachés. Il faut stopper ce saccage, préserver la faune et la flore.
Vu d’en bas, la nuit, la route est devenue une guirlande de lumière (j’en suis témoin)tant il y a de véhicules qui circulent sur la route d’accès au nouveau bâtiment. Stop aux bagnoles sur ce site, et au carnage.
Les écolos ne s’arrêteront-ils jamais de nuire à cette ville ? Il y en a marre de l’incurie de ces idéologues.
IL FAUT PRÉSERVER CE LIEU COÛTE QUE COÛTE !
Que pouvons nous faire?
Le dénommé Ludovic Bustos, au Pedigree rafiné sans doute, évoque un « ensemblier pour pouvoir dans un temps long (…) lancer une réflexion globale. »
Un ensemblier ?
Un marchand de sable plutôt, pourvu que les paupières grenobloises soient lourdes, trop lourdes…
Ce type de babillage 2.0, à la fadeur administrative sophistiquée, nous rapproche du coma général…
L’injonction « Dormez debout chère populace, nous somnolons à votre place » devrait interpeller chaque journaliste pour qu’il fouille un minimum son sujet et questionne le rapport entre élus et populations.
Dautant que Grenoble collectionne les révolutionnaires archi conservateurs, limite réacs, pour qui le statu-quo se révèle nourricier.
Avriller, Garnier… Sacrée longévité !
« Le fil rouge sur le bouton vert », du tragi-comique grenoblois indémodable ? STOP ! BOOM !!!
Ecoeurement, nausée. Que faire?
À Torcan
Les Piollistes de ma connaissance jouissent de multiples retrouvailles.
La Bobine réouverte, Bifurk, Bar Radis, MDH…de débats-rencontres studieux en apéros joyeux, vers Championnet ou ailleurs, leur quotidien est rythmé par la connivence, un lien social fort.
Je suis parfois leur hôte, ils sont capables de signaler le « marasme de ces gros nuls en Mairie », puis de partir coller des affiches pour un énième « événement » para-municipal.
Je les surnomme « Orchestre de baltringues du Titanic », ils en rigolent, leur vie est belle, Grenoble est crade, ils en sont fiers. Puis honteux. Leurs têtes sont en désordre, à s’y paumer eux-mêmes dans un tel bordel.
« L’écoeurement et la nausée » qui parfois me traversent aussi, ils y échappent par tant de liens tissés, sincères ou désinvoltes.
Jusqu’à l’absurde.
Les affligés du Piollisme, comme vous et moi, se sentent trop seuls.
Or nous sommes très nombreux.
Faudrait échapper au brouillard et prendre un peu de lumière.
Que les grenoblois se parlent en vrai, sans écran.
Car leurs boules à facettes rouges-vertes fonctionnent, elles, en continu et leur dancing ne désemplit pas.