LE THÉÂTRE DE GRENOBLE SACRIFIÉ SUR L’AUTEL DE L’IDÉOLOGIE

La majorité municipale avait refusé lundi de placer la délibération sur le Théâtre Municipal en début de séance du Conseil Municipal comme le demandaient plusieurs groupes de l'opposition. Elle avait préféré le faire intervenir vers 22 heures afin de rendre le débat inaudible au plus grand nombre.

C'était sans compter sur la ténacité et le travail de Brigitte Boer, co-présidente du groupe d'opposition qui a démonté en détail et de façon chiffrée les tartufferies de Lucille Lheureux, l'adjointe (Verts/LFI) atomisée "aux cultures" (!).

L. LHEUREUX POURSUIT DANS LE MUR

Dans un galimatias d'écriture inclusive, Lucille Lheureux présentait les nouveaux objectifs du Théâtre pour la fin du mandat. Alors que tout le monde s'attendait à ce que l'échec soit acté et qu'un nouveau départ lui soit donné, fidèles à leur sectarisme de boeufs, les Rouge/Verts grenoblois décidaient d'aggraver la tendance.

LA MUNICIPALITÉ A PRIS EN MAINS LA PROGRAMMATION

Les contraintes sur la création sont renforcées car "l'égalité femmes-hommes, la transition écologique" permettent de trier, de choisir, d'éliminer. On est déjà certain que personne ne pourra découvrir "12 hommes en colère" (!). Mais la Municipalité qui a repris dès son arrivée la programmation des théâtres (le 145, le Théâtre de Poche) à un collectif d'artistes indépendants, se donne surtout les moyens de décider ce que le public a le droit de regarder. Elle exerce la main mise par sa grosse patte.

LE THÉÂTRE A PERDU 50 000 SPECTATEURS !

Un seul chiffre pourrait résumer le désastre : 54 000 spectateurs au théâtre Municipal pour la saison 2002/2003, moins de 5000 en 2022. 50 000 spectateurs perdus par une municipalité qui prétend "élargir les publics".

B. BOER EST ALLÉ AU FOND DU DOSSIER

Ce gâchis et cette mise sous tutelle sont évidemment habillés par la logorrhée verbale habituelle, qui est une contre vérité : "les artistes au coeur du projet", "un théâtre pour tou-tes", "le théâtre dans la cité".

Brigitte Boer a refusé de survoler le sujet. Elle a énuméré patiemment tous les faits qui démentent ces affichages de propagande. Elle a rappelé l'historique et cet épisode de la municipalité Destot où l'équipement avait été un peu abandonné à son triste sort. Mais elle a surtout rappelé que sous la direction de Guy Sisti, alors directeur sous les municipalités Carignon puis Destot au début, "les troupes locales bénéficiaient de l’audience très importante du théâtre, les abonnés pouvaient non seulement prendre des places pour les spectacles programmés par le théâtre, mais également pour ceux proposés par les associations locales".

JAMAIS L'ARGENT PUBLIC N'A FINANCÉ LE THÉÂTRE PRIVÉ AVEC G. SISTI

La disparition des abonnements a entrainé la mort de la production locale qui bénéficiait de la programmation ambitieuse du théâtre municipal. Elle rappelait que, contrairement aux affirmations de la municipalité, "jamais l’argent public n’a financé un seul spectacle du théâtre de Grenoble durant les 15 saisons organisées par Guy Sisti. Le Ministère de la Culture avait même indiqué, à l’époque, que c’était le seul théâtre municipal en France qui possédait une telle économie".

LA CARICATURE DÉCRITE PAR LES ROUGE/VERTS N'EXISTE PAS

Brigitte Boer a également démonté la caricature brossée par les Rouge/Verts de la programmation antérieure rappelant son éclectisme et son ouverture au monde et aux cultures. "Danse classique avec des grands ballets de dimensions internationale (deux titres chaque saison), d’opéra (deux œuvres chaque saison), de comédies musicales. Il y avait même des conférences dans la programmation."

LES ÉLUS DE LA MAJORITÉ RICANENT AUX NOMS DES ACTEURS

Citant les ballets, les opéras, des grands noms de la scène de Georges Wilson à Michel Bouquet en passant par Laurent Terzieff jusqu'à Fabrice Luchini. Des noms qui faisaient s'esclaffer, ricaner les élus de la majorité, démontrant leur véritable nature. Ces hyperdémocrates souffrent de devoir lever les yeux. L'admiration leur pèse. Ils aspirent à être débarrassés de ce qui les dépasse.

LES TROUPES LOCALES ÉTAIENT VALORISÉES

Pour enfoncer le clou, la conseillère municipale a montré la synergie qui existait entre cette programmation et la présence de créations de troupes grenobloises : Rénata Scant (Théâtre Action), Jean-Vincent Brisa, Serge Papagalli, Yvon Chaix, Mohamed Boumeghra, Chantal Morel… "Ces compagnies créaient leurs spectacles au théâtre et le jouaient deux ou trois semaines, souvent à guichet fermé, ce qui n’est plus le cas aujourd’hui."

Le théâtre accueillait également les deux compagnies d’opérettes locales et toutes les écoles de danse de Grenoble, les festivals locaux comme Musée en Musique, les arts du récit, le jazz… 

PRES DE 15 % D'OUVRIERS, CHÔMEURS AU THÉÂTRE MUNICIPAL

Mais elle est allée aussi au plus près des chiffres : "parmi les quelques 8 000 abonnés, il y avait 14,03% d’ouvriers-employés-chômeurs, dont 4,46% de chômeurs ou sans activité salariée, lorsque la Maison de la Culture, à l’époque, ne dépassait pas les 1,5%. De 1990 à 2001, les recettes de la billetterie ont été en moyenne de 1 000 000€ par an, alors que les dépenses s’élevaient en moyenne à 940 000€ par an".

DE 1 000 000 d'EUROS PAR AN DE RECETTES À 120 000 AUJOURD'HUI

Dans le fouillis des comptes camouflés, Brigitte Boer a évalué la recette d'aujourd'hui à ... 120 000 €. La municipalité triche aussi sur le remplissage particulièrement faible. Elle réduit artificiellement la jauge pour faire monter le pourcentage ! Bien entendu au milieu de cette nérézina il sera question d'un "comité d'usager" dont on imagine le rôle et l'influence.

"J’ai la conviction que les artistes et leur liberté, que l’art tout simplement gène les rédacteurs du projet. Cette liberté empêche l’idéologie" a conclu la co-présidente du groupe d'opposition.

E. CHALAS ATTAQUE BRIGITTE BOER

Etonnamment, la première attaque contre elle et son analyse est venue... d'Emilie Chalas (Renaissance/Macron), une femme contre une femme. Elle a jugé que ce qu'a énoncé Brigitte Boer  aurait pu être dit "en 4 ou 5 mn". Ajoutant : "Je n'ai pas envie de passer mes nuits au Conseil Municipal", exonérant ainsi la majorité d'avoir refusé de placer ce dossier en début de Conseil Municipal et préparant la limitation du temps de parole qu'Eric Piolle voudrait instituer afin de bâillonner un peu plus l'opposition, après avoir renvoyé les questions orales en fin de Conseil Municipal.

L'intervention de Brigitte Boer en conseil municipal.

ALAIN CARIGNON : "BRIGITTE BOER MÉRITE LE RESPECT"

Cette accusation malvenue dénotant une certaine nervosité, a produit une gêne assez large dans les rangs de l'opposition et Alain Carignon a rendu hommage au travail de Brigitte Boer "qui mérite le respect. Elle a accompli ce travail au nom des grenoblois que nous représentons et nous en sommes très fiers".

E. PIOLLE : "GUY SISTI N'EST PAS MORT ?"

Côté majoritaire, on a entendu un Eric Piolle méprisant "rappelez-moi, Guy Sisti, il n'est pas mort ?", évoquant André Farcy et alignant les contre-vérités habituelles. Selon eux, ce n'est pas de leur faute si ce ridicule théâtre privé ne mettait plus les pieds à Grenoble. D'ailleurs il peut se produire à la Comédie de Grenoble et ses 49 places...

LUCILLE LHEUREUX ATTEND QU'ON VIENNE À ELLE

Nous n'avons pas de demandes du privé a expliqué Lucille Lheureux. Mais si Fabrice Luchini, Léo Ferré et d'autres venaient au Théâtre Municipal c'est bien parce qu'un directeur faisait son boulot, les séduisait suffisamment par son amour du spectacle vivant pour qu'ils se produisent dans des conditions financièrement acceptables. Il allait les chercher.

LA MUNICIPALITÉ JUGE QU'IL N'Y A PAS D'ESPACE POUR LE THÉÂTRE MUNICIPAL

À les entendre ils ne voient pas d'espace pour le Grand Théâtre, le 145 et le Théâtre de Poche au milieu des programmations de la Métropole : pourtant, même L'Agora à St Ismier, grâce à la volonté de Henri Baile, le Maire, a trouvé un format qui lui permet de se frayer un espace et de conquérir des publics.

DES VICTIMES DE LA PRISE EN MAINS

Ce dossier du spectacle vivant s'inscrit dans la lignée de la fermeture culturelle instituée par les Rouge/Verts, dénoncée sur tous les tons par tous les observateurs dont Frédéric Martel (France Culture) de façon implacable.

Le Théâtre Municipal, le 145 et le Théâtre de Poche sont les victimes de cette prise en mains idéologique qui conduit à cette désertification du public et affaiblit les créateurs locaux auxquels ce rétrécissement interdit de rencontrer un plus large public. C'est du perdant/perdant.

BRIGITTE BOER FAIT HONNEUR AU DÉBAT PUBLIC

En développant le fond et en mettant sur la place publique tous les éléments du dossier, son histoire, Brigitte Boer - à l'opposé de ce qu'a lancé agressivement et inutilement Emilie Chalas - a fait honneur au débat public en défendant les grenoblois qui aspirent à une politique culturelle ouverte, libre, diversifiée et créatrice.

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