LA VILLENEUVE S’OPPOSE AU PROJET DE LAC BAIGNABLE

Le projet de création d'un lac baignable à la Villeneuve suscite une vive opposition. Les habitants se sont manifestés en nombre au cours d'une concertation pour manifester leur rejet de cette fausse bonne idée de la majorité Piolle.

VIF SUCCÈS POUR LA CONCERTATION

La ville avait décidé de confier l'organisation de la concertation à la métropole. Celle-ci a été un vif succès, avec 418 contributions des habitants, ce qui est un chiffre très élevé voire exceptionnel comparé à d'autres processus similaires. Parmi tous les projets soumis à concertation par la métropole et étudiés lors du conseil métropolitain d'hier, c'est celui qui a le plus mobilisé.

Le lac de la Villeneuve. Source photo : page Facebook Villeneuve Plage.

14% DES HABITANTS POUR, UNE PÉTITION CONTRE À 1200 SIGNATURES...

Et le moins qu'on puisse dire, c'est que l'opinion des habitants est assez claire. Seules 14% des contributions soutiennent le projet. 57% s'y opposent clairement, les autres n'ont pas d'avis tranché. En parallèle, une pétition en ligne du "collectif du lac" (qui regroupe unions de quartier, conseils syndicaux et associations) en est déjà à 1200 signatures. Le rejet est net et massif. 

UNE "UTOPIE DANGEREUSE" DÉJÀ DÉNONCÉE

Ces résultats ne sont pas vraiment une surprise. Dès mars dernier, une réunion qui a réuni une cinquantaine d'habitants pointait "une utopie dangereuse", "un fantasme de base de loisirs". Ils dénonçaient déjà un projet qui risque de générer des problèmes de sécurité (avec une profondeur d'1m80, les risques de noyade seront accrus lorsqu'il n'y aura pas de surveillance) et de restreindre la liberté des habitants (avec un nouveau site grillagé qui empêchera les animations actuellement organisée sur le site, des horaires restrictifs). Le lac serait dans les faits moins baignable qu'aujourd'hui !

UN MONTANT EXORBITANT

Le coût prévu est par ailleurs exorbitant, dans une ville aux finances exsangues : pas moins de 4,2 millions d'euros ont été évoqués par les élus pour rendre le lac "baignable", puis 400 000 euros de dépenses de fonctionnement annuelles pour l'entretien. À noter que le projet a peu de chances de voir le jour avant les élections municipales de 2026, aussi il pourrait en rester au stade de l'effet d'annonce piollesque si une autre équipe est élue. 

DES PROPOSITIONS ALTERNATIVES

Les contributions recueillies lors de la concertation ont fait émerger plusieurs propositions alternatives pour l'utilisation de ces fonds. Les habitants suggèrent ainsi l'amélioration des fontaines existantes, l'installation de brumisateurs et jets d'eaux, la création de jeux aquatiques accessibles à tous les Grenoblois... autant d'idées pour favoriser concrètement l'accès à la fraicheur, alors que la municipalité Piolle a fermé brutalement la piscine des Iris à son arrivée en 2015 et ainsi torpillé un point d'eau dans le quartier. 

BRIGITTE BOER : "IL EST PROBABLE QUE LES ÉLUS GRENOBLOIS PASSENT EN FORCE"

Lors du conseil métropolitain hier, Brigitte Boer, élue d'opposition du groupe d'Alain Carignon, a félicité la métropole pour l'organisation de la concertation mais à fait part de son scepticisme quant aux suites que donnera la ville de Grenoble aux avis des habitants : "il est probable que les élus grenoblois passent en force et imposent leur idée sans tenir compte des principaux concernés. On a désormais suffisamment d’exemples pour craindre le pire. Nous serons particulièrement vigilants quant aux suites données à ce dossier en conseil municipal, car vu le succès de cette concertation, qui témoigne de vraies attentes sur ce secteur, ce serait une trahison inacceptable de la part de ceux qui se font les chantres de la participation citoyenne que de s’entêter dans un projet mené en solitaire".

CHLOÉ PANTEL (Verts/LFI) DÉFEND SON PROJET

À demi-mots, l'adjointe de secteur Chloé Pantel (Verts/LFI) a confirmé qu'on peut s'attendre à ce que l'avis des habitants ne pèse malheureusement pas grand chose. En conseil métropolitain, elle a ainsi tenté de justifier que le projet municipal "répond à des enjeux", évoquant "la canicule en 2050"... comme si transformer ainsi le lac de la Villeneuve était le seul moyen de répondre au changement climatique. 

NICOLAS BÉRON-PEREZ (PCF) MÉCONTENT DES RÉSULTATS DE LA CONCERTATION

Son collègue de la majorité grenobloise, le communiste Nicolas Béron-Perez, a rappelé de quel fond idéologique il est l'héritier en manifestant son agacement face aux résultats de la concertation. Le Rouge était visiblement vert du rejet des habitants. Il a ainsi osé mettre en cause "la sincérité de la démarche", sous-entendant clairement que le Vice-Président de la métropole en charge de la concertation Pascal Clouaire, par ailleurs élu grenoblois exclu de la majorité, pourrait en profiter pour importer ce qu'il appelle des "enjeux politiciens" de la ville de Grenoble. 

Nicolas Béron-Perez hier en conseil métropolitain. On comprend que pour lui, il y a la bonne concertation (quand les habitants sont du même avis que lui) et la mauvaise concertation (quand ils ont un avis différent).

VERS UN PASSAGE EN FORCE DE LA MAJORITÉ PIOLLE ?

Cette posture a évidemment vite été balayée, la métropole se contentant d'organiser et ne prenant aucunement position sur le fond. Mais il y a là de quoi donner corps aux craintes du groupe d'opposition exprimées par la voix de Brigitte Boer quant aux suites données à cette concertation. Les interventions de Chloé Pantel et Nicolas Béron-Pérez en témoignent : la majorité Piolle ne semble pas prête à reculer et à revoir sa copie malgré le rejet clair et net des habitants.

UN CAS D'ÉCOLE DE DÉMOCRATIE PARTICIPATIVE

Un tel scénario, celui du passage en force, serait un camouflet terrible pour la participation citoyenne à Grenoble. Un de plus, mais celui-ci se révélerait particulièrement choquant vue l'ampleur de la mobilisation des habitants. Ça n'empêche pas Eric Piolle de passer 10 jours à Rio de Janeiro pour donner des leçons à "l'observatoire international de la démocratie participative" ! Espérons que la mobilisation des habitants, et de l'opposition en conseil municipal, permettra de revoir l'aménagement de ce secteur en tenant compte des préoccupations exprimées par les premiers concernés. Car un tel décalage entre les discours et les actes contribue gravement à creuser la fracture démocratique.

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