LE SYSTÈME PIOLLE MIS À NU PAR LE LIVRE CHOC D’UNE ANCIENNE ÉLUE

Posted On 24 octobre 2023

Une ancienne élue de la majorité d'Eric Piolle a publié cette année un livre inspiré de son expérience municipale à Grenoble.

UNE ÉLUE DU "RÉSEAU CITOYEN"

Le livre s'appelle "Marguerite ou l'exercice du pouvoir" (Editions Maïa). Sous le pseudonyme de l'auteur, Marime Bouillon, se trouve Marie-Madeleine Bouillon qui a été élue de la majorité lors du précèdent mandat. Elle était étiquetée "Réseau Citoyen", ce groupuscule composé de personnes de gauche, à l'époque piloté par Pascal Clouaire pour donner un vernis "société civile" à la liste Verts/LFI.

PASCAL CLOUAIRE ET HAKIM SABRI FINANCENT L'OUVRAGE...

L'ouvrage a vu le jour grâce au financement participatif. On retrouve parmi les donateurs des membres ou ex membres du réseau citoyen, d'anciens élus du mandat 2014/2020 comme Alain Denoyelle Suzanne Dathe, et l'ex chien de garde Fabien Malbet... et des actuels, comme Pascal Clouaire et Hakim Sabri (désormais exclus de la majorité). Il est intéressant qu'autant d'élus ayant bien connu le fonctionnement de la municipalité Piolliste de l'intérieur, et l'ont souvent défendu, aient jugé important que paraisse un ouvrage qui s'attèle à en montrer les errements et la brutalité.

UN PORTRAIT DE L'AMBIANCE MUNICIPALE SOUS PIOLLE

Car c'est bien de cela qu'il s'agit. Dans un entretien accordé à la plateforme de financement, Marie-Madeleine Bouillon explique son ambition : "le parti pris a été d’utiliser la fiction pour essayer de restituer l’ambiance générale du milieu politique que j’ai connu". Même cher pour 100 pages (18 €), c'est plutôt réussi : le lecteur est plongé au coeur du système Piolle et découvre un fonctionnement violent et replié sur soi. Un fonctionnement clanique, sectaire, entièrement organisé pour le Bon Plaisir du Prince. Après Guy Tuscher, conseiller municipal qui avait décrit dans "le Postillon" l'univers impitoyable, le "Dallas" municipal, Marie Madeleine Bouillon confirme ce qu'on a du mal à croire en 2023.

PREMIER ENSEIGNEMENT : UN MAIRE ABSENT

Dans ce premier article consacré au livre, nous revenons sur les éléments qui confirment l'absence constante du Maire dans les prises de décision et les relations avec les citoyens et élus : il est quasiment intégralement remplacé par ses collaborateurs dans toutes ses fonctions de bases, et l'ouvrage revient régulièrement sur les problèmes que cela cause pour des élus néophytes complètement largués, se sentant livrés à eux-même.

DES PORTRAITS D'ÉLUS TRÈS PROCHES DE LA RÉALITÉ

La personnage principale dont on suit les aventures, Marguerite, élue au commerce, évolue au milieu de portraits d'élus assez fidèles à la réalité : le Maire Catalina (qui passe son temps sur son téléphone en conseil municipal, levant à peine la tête pour distribuer la parole : toute ressemblance ne serait que purement fortuite bien sûr !), des adjoints avec des titres aussi ronflants que "élu délégué à l’épanouissement et à la démocratie dans les quartiers périphériques" (ce qui n'est pas beaucoup plus ridicule que les intitulés réels des délégations !), un "simple" conseiller qui va réclamer un poste d'adjoint car son indemnité ne lui suffit pas pour rembourser un prêt, une scène de commission municipale où aucun de ces élus ne manifeste le moindre intérêt pour les sujets et tout le monde est préoccupé par le repas... 

LES ÉLUS PEUVENT VOIR LE MAIRE UNE HEURE PAR SEMESTRE...

Le Maire (Catalina/Piolle) apparait donc complètement inaccessible. Par exemple, les élus signent un contrat selon lequel ils ont le droit de le voir une heure tous les semestres pour parler des sujets qui les préoccupent. Le rendez-vous s'avère quasi impossible à tenir : Marguerite n'a pas réussi à lui parler depuis un an et demi et est reçue à la place par son conseiller spécial (un dénommé Mario, très largement inspiré d'Enzo Lesourt) qui lui explique : « chacun son job. Toi c’est la proximité. Le maire, son rôle va bien au-delà »... Plutôt qu'une rencontre, il lui demande de faire une note, puis la renvoie vers les attachés de groupe, et enfin lui dit de rédiger un mail au Maire... alors qu'il admet gérer lui-même ses messages à sa place !

"LE MAIRE N'EST PAS ACCESSIBLE ET NE LE SERA PAS PENDANT LE MANDAT"

Marguerite, l'héroïne, proteste et se plaint de ce fonctionnement. Et le Conseiller Spécial de répondre : "mais qu'est-ce que vous avez tous... Ça suffit (...) Il faut vous mettre une bonne fois dans la tête : le Maire n'est plus accessible et ne le sera pas pendant les six années du mandat. Il est le chef d'une symphonie et nous sommes un peu le le choeur de l'orchestre. (...) Toute sa vie est minutée, contaminée. Même sa mère quand elle veut le voir doit poser un rendez-vous dans son agenda. Vous avez une chance incroyable de le voir dans les réunions de Conseils Municipaux" !

MAIS QUE FAISAIT DONC ÉRIC PIOLLE EN NE VOYANT PERSONNE ?

À se tordre de rire si ce n'était significatif d'une folie instituée par Piolle autour de Sa Personne, devenue quasi sacrée. Il a visiblement basculé à moins que ce soit inné. Mais que faisait-il donc ? Si les Grenoblois ne le voient pas, ni les élus, ne produisant aucun travail particulier de chef de l'administration au vu du bilan catastrophique du fonctionnement de la ville ? Plus on avance dans la connaissance du système, plus il semble que nous ayons à faire à une vaste arnaque sur tous les plans.

VOIR LE MAIRE 20 MINUTES AU CAFÉ DE LA GARE À 6H30 !

L'élue s'obstinant, le conseiller spécial lui fixe enfin un rendez-vous avec le Maire mais qui est aussitôt annulé car "on a un conflit d'agenda, il n'est pas sur que le Maire soit là en début de semaine". Il lui propose finalement... un dimanche à 6h30 du matin. "J'aurais un peu plus de temps que mon heure trimestrielle ?" demande naïvement la protagoniste ; réponse : "ne t'emballes pas voyons, 20 mn maximum, rendez-vous au café de la gare son train est à 7h05". On retrouve bien là les habitudes de ce fuyard qu'est l'homme de Rio, s'éloignant des Grenoblois comme de ses propres élus.

DEPUIS UN AN ET DEMI, ELLE VOULAIT PARLER PROPRETÉ DE LA VILLE

Elle a un sursaut de dignité et refuse de se lever à 5h30 du matin, après un an et demi d'attente pour parler au Maire 20 pauvres minutes au café de la gare. Ça fait un an et demi qu'elle voulait lui parler des problèmes de propreté de Grenoble...

"MON CERVEAU EST EN LIEN AVEC SON CERVEAU"...

Lorsque l'élue réclame de voir le Maire pour parler stratégie politique pour sa délégation, soit la base de la base d'une relation Maire/adjoint, le Conseiller Spécial la remballe sèchement et explique clairement qui fait quoi : « la stratégie politique j’en fais mon affaire. Mon cerveau est en lien avec son cerveau, nous sommes connectés ». Ce qu'avait reconnu Piolle en qualifiant Enzo Lesourt de son "deuxième cerveau". À quoi servent donc les autres finalement ?

ENZO LESOURT A DÉCOUVERT L'ABSENCE D'HUMANITÉ DE PIOLLE

Depuis lors, rappelons-le aussi, les deux cerveaux ont été séparés, Eric Piolle et Enzo Lesourt sont en procès, le second accusant le premier de manquer totalement d'humanité dans ses rapports avec les autres. Ce qui ne nous avait pas échappé à nous, dès le départ, et qu'Enzo Lesourt, du fait de sa connexion permanente (!) a sans doute mis plus de temps à découvrir...

UNE MACHINE ALIMENTÉ PAR DES FICHES

Rouage pourtant le plus central du fonctionnement municipal, le Maire apparait finalement comme étant le protagoniste le plus absent de tout le livre. Confirmant ce que soulignent de nombreux Grenoblois dans la vraie vie sitôt qu'ils en parlent, le fameux "on ne le voit jamais". Marie-Madeleine le dépeint comme lointain, et comme une sorte de machine déshumanisée, qui est gavée de notes, de pense-bêtes par ses collaborateurs, collectionne les listes de noms sur chacun (surtout ses propres élus) avec toutes sortes d'annotations et de remarques sur eux, et se fait finalement des opinions à travers ces documents plutôt qu'en se confrontant au monde réel.

LE FONCTIONNEMENT PIOLLESQUE TOURNÉ EN RIDICULE

Globalement, toute la machine est infantilisante et réductrice pour les malheureux élus qui ne doivent qu'obéir aux collaborateurs, véritables chiens de garde du système en l'absence du Maire. Nous aurons l'occasion de poursuivre le compte-rendu de l'ouvrage et de développer cet aspect dans un prochain article. Car ce régime est toujours appliqué aux élus actuels : Piolle poursuit toujours son seul objectif, à savoir l'élection présidentielle. Mais les élus Rouge/Verts qui demeurent encore dans la majorité sont de plus en plus ridicules et démonétisés avec ces nouvelles révélations. Vont-ils, le rouge au front, continuer de défendre l'indéfendable ?