ZFE À GRENOBLE : LES AIDES LOIN D’ÊTRE SUFFISANTES

Alors que la ZFE se met en place à Grenoble, les aides débloquées sont loin d'être à la hauteur pour compenser la nécessité de changer de véhicules pour certains.

UN DÉCALAGE ÉTAIT POSSIBLE

C'est un bon exemple d'entêtement idéologique de la majorité de Christophe Ferrari (PS repenti) et des élus piollistes à la métropole. Début juillet, le ministère a assoupli les conditions de mise en place de la ZFE. Pour Grenoble, l'obligation d'interdire les véhicules crit'air 4 en 2024 et crit'air 3 en 2025 a été levée : un report de la mise en place était donc possible.

LE VOEU DE REPORT REJETÉ

Le groupe d'opposition d'Alain Carignon réclamait ce report, en vain, depuis des mois. Au conseil métropolitain de juillet, le groupe communiste a proposé à son tour un vœu en ce sens. Peine perdue : la majorité Ferrari a fait le choix de l'acharnement et a repoussé le vœu, confirmant l'installation de la ZFE dès juillet.

Lors du conseil métropolitain de juillet, l'intervention de la conseillère d'opposition Dominique Spini en faveur du report.

L'HYPOCRISIE DES VERTS

Les élus Verts avaient été particulièrement hypocrites à l'occasion de ce vœu. Ils s'étaient abstenus, dans un médiocre calcul politique sur fond de guerre Piolle / Ferrari pour ne pas voter contre comme le Président. C'est pourtant bien le groupe Piolle qui réclame à longueur d'interventions une ZFE qui va plus vite et plus loin !

L'USINE À GAZ L'EMPORTE

En refusant de céder aux surenchères des verts et en optant pour une sorte d'entre deux qui ne satisfait personne, Christophe Ferrari a fait de la ZFE une véritable usine à gaz. Il y a des exonérations et des exceptions de toutes sortes. Elle s'applique dans la journée suivant l'horaire, pas le week-end. Et en fonction de son activité, sa voiture, sa fréquence d'utilisation, sa destination, il y a différentes modalités. Ironiquement, le Président du groupe d'opposition Alain Carignon avait lancé qu'il faudrait presque une bible à chaque conducteur pour savoir ce qu'il peut faire et ne pas faire.

L'intervention d'Alain Carignon en conseil pour dénoncer la ZFE usine à gaz.

LA VOITURE ULTRA MAJORITAIRE DANS LA MÉTROPOLE

Mais quelles que soient les modalités d'application, le problème de fond qui ne rend qu'inéluctable la catastrophe sociale annoncée reste le même : les métropolitains sont toujours ultra dépendants de la voiture. 41% d'entre eux l'utilisent, plusieurs points devant les piétons (qui sont principalement dans la ville-centre)... et très loin devant les utilisateurs de transports en commun (16%) et les cyclistes (seulement 7% malgré la propagande et les millions d'euros dépensés pour promouvoir ce mode) !

Les parts modales de la Métropole.

LES ALTERNATIVES NE SONT PAS SUFFISAMMENT DÉVELOPPÉES

Contrairement aux postulats irréfléchis des Verts, une grande partie de ces 41% d'automobilistes ne peut tout simplement pas faire autrement. Pour certains, en raison d'une mobilité réduite et/ou de l'âge qui rend les autres modes inconfortables voire impraticables. Pour beaucoup d'autres, c'est tout simplement le manque d'alternatives : les autoroutes à vélo et les transports en commun sont loin de desservir tout le territoire métropolitain. Sous la présidence Piolle / Yann Mongaburu (Vert) du SMMAG de 2014 à 2020, pas un seul km de tram supplémentaire n'a été construit et le renouvellement du matériel roulant a pris du retard malgré une explosion de la dette. On comprend que la part modale des transports en commun stagne depuis 10 ans et que le nombre d'usagers baisse

LES PLUS PRÉCAIRES PREMIERS PÉNALISÉS

Et forcément, c'était prévisible : les plus pénalisés par la ZFE sont les moins aisés. Ceux qui ont les moyens d'acheter un véhicule neuf, hybride ou électrique, n'auront en effet aucun mal à s'affranchir de la ZFE. Pour ceux qui ont tout juste de quoi boucler les fins de mois, un changement de véhicule est inenvisageable.  En ce sens, la Métropole était particulièrement attendue au tournant sur le sujet des aides.

L'AIDE LOIN D'ÊTRE SUFFISANTE

Comme redouté, elles ne sont pas à la hauteur. Un premier volet consiste à allouer de l'argent pour ceux qui se tournent vers les transports en commun ou le vélo. Mais le bât blesse pour ceux qui ne peuvent pas utiliser ces modes de déplacement au quotidien (soit une grande majorité de métropolitains !). L'aide maximale au changement de véhicule est de 3500 euros maximum. Même cumulé avec l'éventuel bonus écologique et la prime à la conversion de l'état, on est encore très loin des prix d'achats d'un véhicule hybride ou électrique. La ZFE se transforme de facto en "zone à forte exclusion" pour les moins aisés. 

zfe grenoble
En juin, Le Dauphiné révélait que 6 métropolitains sur 10 rejettent la ZFE. Plus la mesure est connue, plus elle est vilipendée.

L'IMPACT RIDICULE POUR LA POLLUTION

Ces dégâts pour de nombreux métropolitains sont d'autant plus absurdes que la ZFE touchera seulement 2 % des émissions de pollution provenant du secteur automobile, lequel représente 15 % de la pollution globale. À l'heure de la sobriété, c'est également un non-sens de mettre au rebut des milliers de véhicules qui peuvent encore rouler... pour en fabriquer de nouveaux, à la conception très polluante notamment en raison de l'extraction des métaux rares nécessaires aux batteries. Le bilan écologique est nul car on délocalise simplement la pollution sans vraiment la réduire chez nous ; mais le bilan social sera catastrophique.

LE DOGMATISME FAIT DES DÉGÂTS 

L'empressement de la majorité métropolitaine à mettre en place le dispositif résulte en fait de deux motivations. D'une part un dogmatisme idéologique, qui fait de la voiture la source de tous les maux alors qu'en parallèle ils ne font preuve d'aucune ambition dans la lutte contre la pollution liée au chauffage au bois, autrement plus dangereuse. D'autre part une manie de tout céder à la communication facile, certains que le gogo gobera que la ZFE va sauver la planète malgré son impact plus que dérisoire. Ce mode de fonctionnement emporte malheureusement des conséquences sociales très concrètes... dont les grenoblois et les métropolitains font les frais.

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