MALRAUX / CHAVANT / LA POSTE : VERS UN TRIANGLE DES BERMUDES GRENOBLOIS

La réunion publique avec les élus de l'Union de quartier Championnet-Bonne-Condorcet-Hoche mardi dernier a été l'occasion d'en apprendre un peu plus sur trois projets qui vont changer la face du secteur Malraux / Chavant / La Poste...

LA POSTE : UN CHANTIER JUSQU'EN 2026

Un technicien de la ville accompagnant Margot Belair a présenté les projets, l'adjointe à l'urbanisme se contentant de répondre aux questions. La Poste quitte ainsi la grande tour à proximité de Chavant cette année et des travaux démarrent pour refaire l'édifice, avec une livraison prévue en 2026. Il est notamment prévu le rajout d'un étage sur une partie du bâtiment.

Le projet pour la tour de La Poste est présenté comme "un projet de mixité"...

DE NOUVEAUX LOGEMENTS SOCIAUX...

C'est un nouvel ensemble de bureaux qui verra le jour... mais aussi 82 nouveaux logements prévus. Dont 25% de social. Comme si le secteur n'en comptait pas suffisamment, avec le quartier Hoche à 50 mètres en face, et les conséquences qu'on connait de la paupérisation du quartier qui a abouti à un développement hallucinant du deal avec tous ses effets néfastes pour les habitants.

ON CONSTRUIT SANS RÉSORBER LES LOGEMENTS VACANTS

Un habitant a d'ailleurs fait remarquer aux élus qu’on continue à construire malgré un nombre de logements vacants qui ne fait qu'augmenter depuis des années. Ce que Margot Belair ne nie pas : elle a confirmé qu'il y a plus de 10 000 logements vacants à Grenoble, +1700 en deux ans ! Sans pour autant convaincre qui que ce soit de l'efficacité du système Piolle, se bornant à affirmer que la ville « réfléchit à comment elle peut intervenir » et qu'elle n'a « pas tous les outils pour réquisitionner ». Nous voilà rassurés. En réalité, la plupart de ces logements vacants sont situés dans des quartiers où plus aucun demandeur ne veut aller. Sans le courage de mener une vraie politique globale de revalorisation de ces quartiers (en s'attaquant aux attributions, à l'insécurité, à la propreté), le problème ne se résorbera pas. Et les élus continuerons à bétoniser sans utiliser pleinement l'existant.

CCI : RIEN DE PRÉVU APRÈS LE DÉPART DE LA MÉTRO

Le bâtiment de l'ex CCI, juste en face place André Malraux, est aussi amené à évoluer. Il est actuellement occupé par la métro le temps que les travaux au montant faramineux de son nouveau siège se terminent. Sauf qu'après le départ de la collectivité, en 2027, rien n'est prévu. La métropole a donc lancé une consultation pour demander aux habitants ce qu'ils souhaiteraient voir comme projet, témoignant bien de l'amateurisme des élus dans la gestion de l'immobilier public. Une utilisation raisonnée des deniers des contribuables devrait pousser à abandonner le projet de siège à 80 millions d'euros et à aménager les locaux de la CCI pour y rester installés durablement, comme l'a déjà proposé le président du groupe d'opposition Alain Carignon. En vain : la majorité métropolitaine ne veut rien entendre et persiste dans des projets dispendieux alors qu'elle n'en a pas les moyens.  

Les locaux de l'ex CCI aujourd'hui occupés par la métro. Rien n'est prévu pour l'après malgré la préemption..

LE PROJET DE MAISON DE RETRAITE PASSÉ À L'AS

Le Président de l'union de quartier, Michel Voilin, ne s'est pas privé de rappeler le soutien de l'association et de nombreux habitants à un projet de maison de retraite et de centre médical dans les locaux de l'ex CCI. Ce projet avait été écartée par la ville et la métro il y a quelques années, malgré un vrai besoin de services de ce genre dans le secteur. Les deux collectivités avaient préempté le bâtiment pour l'empêcher d'aboutir... et elles se retrouvent à ne pas savoir quoi en faire. Tout cela pourrait prêter à sourire si cela ne se jouait pas avec l'argent de collectivités surendettées, où les impôts des Grenoblois explosent pour pallier à ce genre d'incurie.

PAS DE PROBLÈME DE SÉCURITÉ POUR LES ÉLUS !

Pendant la réunion, pour les "gros enjeux" pour la Place Malraux, la ville s'est contentée de citer... une "suroccupation de l’automobile" et la "minéralisation". Alors que pas un seul habitant ne s'en est plaint. « Je suis surpris que les élus ne voient pas l’insécurité qui règne et que le mot sécurité n’apparaisse pas clairement » a fait remarquer l'un d'eux, vivement applaudi par la foule. Les dealers qui font vivre un enfer quotidien aux riverains sont en effet légèrement plus dérangeants que "l'occupation de la voiture".

LES ÉLÉMENTS DE LANGAGE HABITUELS

Les élus de la majorité ont alors déployé les éléments de langage habituels. Alan Confesson, adjoint de secteur, prenant d'ailleurs l'ascendant sur l'adjointe thématique Maud Tavel pour répondre aux remarques montrant bien le rapport de force au sein de la majorité municipale et l'effacement de l'ex égérie de Piolle... « On aura l’occasion de montrer qu’il y a une prise en considération de la problématique » a-t-il expliqué avant une longue tirade reprenant les poncifs habituels qui n'a, là encore, convaincu personne. Maud Tavel se contentant d'expliquer que c'est « une situation qu’on suit depuis plusieurs années avec une dégradation ». Sans blague. Michel Voilin a bien résumé la situation en conclusion : "ce que vous faites n'est pas satisfaisant et on subit de plus en plus des nuits agitées qui impactent tout l'environnement du quartier".

BIBLIOTHÈQUE D'ÉTUDE : L'ARNAQUE PIOLLESQUE

Dernier projet dans le secteur : l'extension de la bibliothèque d'étude et du patrimoine. Celui-là est particulièrement représentatif de l'arnaque Piollesque. Alors que les élus essayent de nous faire croire que l'idée correspond à une amélioration de l'offre, cette maigre extension vise à tenter de compenser... le torpillage de trois nouvelles bibliothèques de proximité : la fermeture de celle du centre-ville, celle du jardin de ville et le transfert d'une partie du personnel de la bibliothèque Kateb Yacine. Une nouvelle centralisation du réseau après la fermeture de deux bibliothèques lors du précèdent mandat, mais la propagande municipale ose essayer de faire croire que c'est un progrès !

Le réseau de proximité va encore s'affaiblir avec la fermeture de biblis dans les quartiers et la centralisation au niveau de la BEP à Chavant.

"QUESTIONNER LA PLACE DE LA NATURE" (!)

Cette extension se fera du côté de la place Valentin Hauy... et donc au détriment de nombreux arbres qui arborent la place. Ce que les habitants ont bien compris et n'ont pas manqué de déplorer au cours de la réunion. Alan Confesson a confirmé que les arbres sont amenés à être éradiqués par la charmante formule : « on va être obligés de questionner la place de la nature ». Mais non, personne ne les a obligé à bétoniser encore davantage un secteur déjà très dense dans une ville recordman des îlots de chaleur...

La Place Valentin Haüy : adieu les arbres, adieu les quelques places de stationnement pour le quartier.

LE CANARD SANS TÊTE GRENOBLOIS

Le devenir de ce secteur cumule finalement nombre de problèmes qu'on retrouve dans tout Grenoble avec la gestion Piolle : gestion inconséquente de l'immobilier municipal / métropolitain, concentration de logements sociaux qui aggrave la paupérisation, bétonisation au détriment du patrimoine arboré et des espaces verts. La ville est gérée comme un canard sans tête, avec la poursuite de recettes aux résultats catastrophiques... et qui ont un coût pour la collectivité, comme n'a pas manqué de le rappeler un habitant fustigeant la hausse historique d'impôts que subiront tous les propriétaires grenoblois.

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