« CONVENTION CITOYENNE POUR LE CLIMAT » : LA DÉMOCRATIE MALADE

Présentation de la convention citoyenne pour le climat à la Métropole en octobre dernier.

La Métropole a lancé une "convention citoyenne pour le climat", afin de formuler des propositions. Loin de la démagogie ambiante, décryptage de ce que ce genre d'initiative dit de ceux qui l'encensent.

100 CITOYENS TIRÉS AU SORT

Cette convention est constituée de 100 citoyens tirés au sort. Ce qui constitue déjà un premier biais. Les "professionnels de la démocratie participative", soit ces personnes très assidues pour suivre tous les gadgets en la matière (budgets participatifs, "conseils citoyens indépendants", etc.), sont évidemment plus susceptibles d'accepter de participer à ce genre de convention que les citoyens "lambdas", qui ont bien d'autres urgences dans leur quotidien. Donc forcément, les sélectionnés ne sont au final pas représentatifs de la diversité des 450 000 métropolitains.

Nicolas Pinel et Dominique Spini, conseillers d'opposition, à la présentation en octobre dernier.

UNE ÉTUDE MILITANTE COMME BASE DE RÉFLEXION...

Les 100 citoyens se sont ensuite réunis pour se former, évidemment sans vraie garantie d'impartialité des intervenants, ce qui est d'autant plus dangereux vue l'instrumentalisation idéologique d'un tel sujet. Et on comprend vite l'arnaque, car dès le préambule du rapport final, on nous explique que les citoyens "se sont appuyés notamment sur l’étude prospective engagée par la Métropole qui décline au niveau local l’étude nationale « Transition(s) 2050 » de l’ADEME". La base de leur réflexion est donc une étude de la Métropole, dirigée par des idéologues roses/rouges/verts, qui prend elle-même comme base une étude de l'ADEME... soit une institution totalement décrédibilisée aujourd'hui, tant cette officine sur-subventionnée tient plus de la boutique militante pro décroissance et anti nucléaire (l'énergie la plus bas carbone qui soit !) que de l'institution sérieuse en matière d'écologie.

DEUX QUESTIONS À TRAVAILLER

Les citoyens ont dû faire, à partir de ces mauvaises bases, des propositions pour répondre à deux questions : comment réduire les émissions de gaz à effet de serre d'ici 2030 ? Et comment atteindre la neutralité carbone d'ici 2050 ? Alors que les rouges/verts aux commandes nous professent matin midi et soir leurs prétendues solutions pour ces deux sujets, on voit bien à quel point ils se moquent du monde en faisant mine d'avoir besoin de l'aide de "citoyens" pour y répondre, alors qu'ils rejettent systématiquement tout ce qu'ils n'ont pas déjà décidé eux-mêmes. 

219 PROPOSITIONS, AUCUN FINANCEMENT

Résultat des travaux de la convention : 219 propositions. Non financées, évidemment, car elles se chiffreraient à des dizaines et des dizaines de millions d'euros. La ville de Grenoble, où les impôts et la dette explosent, n'a pas le premier sou pour les appliquer. La Métropole de Christophe Ferrari, quant à elle, est déjà surendettée, et elle prévoit quand même dans son budget 2023 que "les propositions de la convention citoyenne pour le climat sont maintenant analysées et travaillées par la Métropole lorsqu’elles relèvent de sa responsabilité ; le budget nécessaire à leur mise en œuvre sera également intégré à terme notamment par le biais de décisions modificatives”. Creuser encore davantage la dette pour satisfaire 100 citoyens : voilà où nous en sommes rendus. 

DE LA COMMUNICATION ET DES OBLIGATIONS...

Parmi les propositions, on retrouve de multiples idées d'actions de communication (la manière "soft" de fabriquer un homme nouveau)... mais aussi pas moins de 37 propositions qui visent à "obliger", "interdire" ou encore "imposer" (la manière "hard"). Bref, la marche en avant vers une société du contrôle, du flicage, de la restriction des libertés individuelles sans jamais intégrer à la réflexion la moindre once de doute quant à ses postulats de départ et l'efficacité de ses propositions, sans faire confiance au citoyen, et sans prendre en compte le génie humain, les avancées technologiques qui ont permis à l'humanité de faire face à tous les défis qui se présentaient à elle. L'eau potable devait manquer à la fin du XXème siècle selon René Dumont (!) ; le trou de la couche d'ozone était censé nous conduire à notre perte et s'est finalement résorbé ; Al Gore expliquait que la glace disparaitrait totalement du pôle Nord d'ici 2013... Autant de prophéties qui ont été surmontées et qui devraient faire relativiser le catastrophisme ambiant, et les propositions arrogantes, sans recul, de la convention et des élus à la manœuvre. 

A. CARIGNON POINTE LES PROPOSITIONS CONTRADICTOIRES AVEC LA POLITIQUE MUNICIPALE ET MÉTROPOLITAINE

Lors du dernier conseil municipal, Alain Carignon, Président du Groupe d'Opposition, est intervenu à propos de cette convention citoyenne. Il a notamment pointé des propositions que la Municipalité et la Métropole auront du mal à retenir, tant elles sont contradictoires avec leur action. Par exemple sur le développement du télétravail (alors que la métro construit un siège à 80 millions pour centraliser et que la ville a dépensé une somme phénoménale pour les locaux du crédit agricole), ou pour la lutte contre les grandes surfaces alors que ville et métropole laissent faire Neyrpic et l'extension de Grand Place. "Je vous invite à retenir la proposition qui vise à s'assurer de la mise en œuvre et du suivi de l'interdiction des constructions neuves sur les terrains végétalisés. Arrêtez tout de suite Beauvert, Tarze, Bouchayer-Viallet, Flaubert, et appliquez la convention !" a-t-il enfin lancé en référence aux multiples opérations de bétonisation qui aggrave la situation de Grenoble, déjà première pour les îlots de chaleur

L'intervention d'Alain Carignon en conseil municipal.

N. PINEL : "L'ENJEU MÉRITE QU'ON AILLE PLUS LOIN"

Nicolas Pinel, conseiller d'opposition, a rappelé que tout le monde partage l'enjeu. Mais que les moyens pour y parvenir méritent débat, pour éviter l'écologie punitive et que l'ensemble des choix résultent d'un postulat de départ biaisé (en prenant l'exemple du nucléaire qui a conduit à tant de décisions contreproductives). "Vous ne pouvez pas spolier ce débat aux 450 000 citoyens de la Métropole. Vous ne pouvez pas faire abstraction du reste de la population. Pour réussir, nous devons associer l'ensemble de la population aux propositions". 

L'intervention de Nicolas Pinel en conseil municipal.

PIOLLE / FERRARI : SURENCHÈRE DE DÉMAGOGIE

Du côté des exécutifs municipaux et métropolitains, c'est la surenchère de démagogie pour qui se félicitera le plus des travaux de la convention. Dans les discours uniquement, car la délibération de la ville précise bien qu'elle se bornera à étudier la faisabilité des propositions. Comprendre : les élus retiendront ce qui les arrange. La ficelle est grosse. Les idéologues contournent les élus d'opposition, qui ont des contrepropositions à faire et sont représentatifs, pour se cacher derrière des citoyens tirés au sort et ne retenir que les idées qui les arrangent, désormais teintes d'un vernis "démocratie participative". On a de la peine pour les participants à la convention ainsi instrumentalisés.

LA DÉMOCRATIE EN SORT AFFAIBLIE

Représentativité biaisée, propositions biaisées, élus qui ne retiendront que ce qui ne remet pas en cause leurs dogmes, collectivités qui n'ont de toute façon pas les moyens d'appliquer les actions, et valorisation outrancière d'une instance qui, en creux, dévalorise la démocratie représentative. Sans remettre en cause la bonne foi des participants, cette convention citoyenne est, de A à Z, une fumisterie. On accélère le processus de décomposition démocratique à l'œuvre : les élus ont de moins en moins de pouvoir, ils se dérésponsabilisent encore plus en faisant mine de se reposer sur le citoyen avec la création d'instances sans légitimité, ils ne retiennent finalement que ce qui les arrange et/ou ce qu'ils peuvent et aggravent ainsi davantage la fracture démocratique. 

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