LE LIVRE DE PIOLLE : UNE PHRASÉOLOGIE DÉSORGANISÉE et VIDE

 

Ce n'est pas parce que le "livre" d'Eric Piolle pourtant en vente sur... Amazon ne trouve pas de lecteurs -comme ses réunions ne trouvent pas d'auditeurs- qu'il ne mérite pas analyse. 

Son texte idéologique est enfermé dans son propre système doctrinal et étranger à la complexité du monde comme à ses propres contradictions. Derrière le concept d’écologie politique d’Eric Piolle, on retrouve la sémantique anticapitaliste du moment, mais à rebours du marxisme et des idéologies collectivistes. Il se positionne dans une logique de valorisation des minorités, de décentralisation et de lutte contre « le système ». Système dont, en contradiction avec cette orientation, il cherche à s’inscrire en se plaçant dans le sillage d’hommes de gauche : Jospin, Mitterrand, Jack Lang. Nous ne sommes aucunement en présence d’un texte programmatique, les propositions concrètes étant limitées, voire absentes. Comme toujours avec lui .

UNE OPPOSITION BINAIRE POUR S'ARROGER L'ÉCOLOGIE

« Pour une république écologique » ; telle est la locution choisie par Eric Piolle en guise de sous-titre. D’emblée le prétendant putatif à l’élection présidentielle place sa seule candidature derrière le rideau d’espoir que représenterait ce qu’il considère être une république écologique : une opposition binaire entre citoyenneté et nationalisme, capitalisme et décroissance, libéralisme et épanouissement. Il choisit frontalement de s’arroger l’écologie par l’intermédiaire, outre cet intitulé, par le concept d’écologie politique théorisé dans les années 70 et plus récemment redéfini par le député européen Alain Lipietz pas réputé pour son sens des réalités.

ILS ANNONCENT QUE C'EST SOUTENABLE ET JUSTE ...

La malignité de cette orientation politique réside dans son caractère transversal. Elle propose les bases d’une politique écologique pour l’environnement et la transition écologique mais également du travail, des rapports internationaux, des enjeux sociétaux. Derrière cette notion, ses théoriciens -et c’est d’ailleurs son principal intérêt- ne se contentent -pas de prophétiser que notre « maison brûle » mais proposent des outils réglementaires, économiques, juridiques pour atteindre un modèle de développement qu'ils annoncent soutenable et socialement juste.

AUCUNE PROPOSITION CLAIRE ET CONCRÈTE 

On sait ou  les peuples qui ont suivi  ces solutions globales ont toujours atterri. On peut, dès lors s’interroger sur la compréhension d’E. Piolle de ce concept qu’il érige en évidence, son ouvrage étant dénué de toute proposition claire et concrète, conformément à sa phraséologie habituelle. 

LA PROMESSE DE L'ÉCOLOGIE POLITIQUE 

La promesse de l’écologie politique selon E. Piolle, en plaçant le nous (!) au cœur de son système théorique, offrirait un cap vers une transition entre «aujourd’hui et demain » (I).

le livre de Piolle en vente sur Amazon... qu'il combat comme il combat les paradis fiscaux en étant actionnaire à Singapour

UN LOGOS TECHNOCRATIQUE DU SYSTÈME 

Dans ce cadre, la mise en œuvre en actes concrets de cette transition reste très  floue, E. Piolle ne parvenant à répondre à ses propres exigences ou préférant oblitérer une partie programmatique risquant de faire glisser son texte dans un logos technocratique du système dont il prétend être le contempteur (II).

MODESTEMENT ENTRE MACRON ET LE PEN 

Le nous d’E. Piolle définit cette "majorité culturelle" dont il parle mais qu'on ne voit jamais autour de lui, qui serait rassemblée sur une même vision du monde ; une vision portant l’unique alternative crédible et viable « au système dans lequel nous vivons ». De ce système, nous ne trouvons aucune définition ; la seule orientation proposée réside dans une tentative de décrédibilisation de l’extrême droite, se plaçant modestement  en alternative entre E. Macron et M. le Pen, ce qui n'est pas fantastiquement novateur. 

Pour certains c'est très clair... 

 

IL OUBLIE LA CROISSANCE VERTE

Bien sûr, le système se caractérise également par son modèle économique libéral fondé sur la croissance dont « le coût environnemental est incalculable ». E. Piolle semble oublier, sans doute sciemment, que croissance économique et développement durable ne sont pas nécessairement antinomiques. Nombreux sont les ouvrages scientifiques montrant que la révolution verte est portée par le souci de tendre vers une société plus respectueuse de l’environnement, mais procède également d’une démarche rationnelle pour des agents économiques qui y voient un secteur lucratif ou un outil de communication. Une condition clé de la croissance verte : la transition vers des politiques énergétiques durables.

E.PIOLLE N'INVENTE PAS LA POUDRE 

Un des axes de Piolle qui n'invente pas la poudre, consiste à lier progrès social et croissance. Selon lui, la croissance économique ne remplissant même plus son objectif de progrès social, il nécessaire de changer de paradigme. C'est oublier bien vite, d'une part, que les décennies passées ont été le théâtre du déclin de la pauvreté dans le monde ... et d’autre part, qu’il est possible de réformer au profit de la justice sociale, de repenser nos institutions, notre modèle de redistribution, d’investir davantage dans le capital humain pour réduire un éventuel accroissement des inégalités.

UNE IMAGE ÉTRIQUÉE DE LA SOCIÉTÉ FRANÇAISE

Le « réalisme » vanté par l’auteur, si opposé à ses pratiques, soit notre capacité à prendre en compte une situation avant de prendre une décision et d’agir, est aussi chez lui une vision pourvue d’œillère, une image étriquée de la société française loin de ses conflits sociaux latents et d’une scission qui semble se dessiner entre une frange souverainiste enracinée et populaire, dont la principale priorité serait la sécurité au sens large, et une population plus libérale, mondialisée et connectée. Le numérique est d’ailleurs le grand absent du constat de Piolle ; aux trois ruptures : sanitaire, culturelle, économique et numérique, prévaut pour lui une rupture sociale, d’émancipation et d’accès aux soins.

Piolle au volant de sa voiture, sur une autoroute, en train de se faire valoir regardant un match à la TV....

 

LES MESURES DE PIOLLE SONT "JOYEUSES" ( !)

Ainsi, l’écologie politique ne serait pas punitive bien qu’elle risque de paupériser toujours plus les classes populaires ; l’écologie politique «permettra d’économiser » sans que l’on apprenne véritablement quel modèle économique le permettra; l’écologie politique serait même «joyeuse» -les grenoblois le voient tous les jours- sans doute comme l’apocalypse vers laquelle nous mènerait la société industrielle héritée du XIXème siècle.

UN STORYTELLING LOIN DE TOUTE VÉRITÉ 

Les actions de l’écologie politique sont incarnées par un récit de l’expérience d’E. Piolle à la tête de la mairie de Grenoble. Avant même de dresser ce qui se rapproche d’un bilan, le candidat se lance dans un storytelling sur sa rencontre avec l’écologie dont dérive son engagement politique. On connait sa conception de la politique qu'il vend "comme une série télé" sans rapport obligé avec la vérité. 

UNE HISTOIRE QUI N'EXISTE QUE DANS SA TÊTE 

Déjà que cet axe, que l’on imagine programmatique, n’intervient qu’au mitan de l’ouvrage, les dîtes propositions concrètes sont reportées sine die. Nous passerons sur les grossières erreurs de l’auteur concernant sa représentation de l’humanisme et de la renaissance. Piolle se définit d’emblée comme un homme de gauche, vibrant dès ses 8 ans sous les discours de François Mitterrand. Piolle s’attribue le rôle de héraut de la transition écologique et de la souveraineté économique ; un pionner du rassemblement de la gauche, un expérimentateur dont Grenoble est le témoin. Toute sa suffisance et disons-le, sa mégalomanie, se retrouvent dans ces pages qui construisent une histoire qui n'existe que dans sa tête.

"MES FRÈRES ET SOEUR SONT JALOUX DE MOI"  

Partant de son élection à Grenoble en 2014, il égrène ce qu’il considère être les principales réussites de son mandat, autour de thématiques ciblées. Les énumérer permet de comprendre le niveau du faiseur. Dans une échelle de Richter de ce type il serait à 10 :  Education et justice sociale ; Accès à la culture ; Transition énergétique avec notamment le développement de l’hydroélectricité ; Sécurité des habitants ; Démocratie participative, sont ses réussites singulières. N’avait-il pas déclaré Lui-même « tout ce que j’entreprends je le réussis. D’ailleurs mes frères et sœurs sont jaloux».

Piolle , chez le coiffeur avec ses 4 portables: il est hostile à la 5G...

UN APPEL SIGNÉ PAR SA FAMILLE et des ÉLUS GRENOBLOIS

Depuis lors, il a fait lancer un "appel" à sa candidature signé par sa famille et des élus grenoblois de son groupe. Le tir est rectifié : « nous ne cherchons pas, à travers Grenoble, un modèle exemplaire… ». Il a du recevoir des échos du réel. 

UN PAYSAGE POLITIQUE SIMPLISTE 

Dans son livre le paysage politique simpliste chez Piolle est tripartite et il en est le centre : aux côtés d’une force identitaire et sécuritaire de M. Le Pen et d’une force libérale et sécuritaire incarnée par E. Macron, il existerait une marrée  humaniste et écologiste. Qui ne l'est pas en effet ? 

LES AUTRES N'EXISTENT PAS 

Il se définit comme l'incarnant (!)  en chef de file de l’ensemble des partis de gauche, passant sous silence la nuée d’autres candidats qui chasseront un électorat similaire, de J-L Mélenchon à Anne Hidalgo et même dans son camp. De même, la droite est absente ; laissée pour morte écrasée le RN et LREM. Pourtant, d’après les récents sondage, E. Macron suscite plus de confiance auprès de l’électorat de gauche qu’à droite, laissant sous-tendre que l’espace politique se situe davantage du côté d’une droite sociale et gaulliste qu’à gauche. Mais peu importe le réel. 

.... Expliquant aux pêcheurs Bretons comment ils doivent pêcher...

DU SYMBOLIQUE INÉFFICACE

Les actions envisagées en cas d’élection à la Présidence surviennent finalement dans 40 dernières pages. L’impuissance du système actuel vilipendé par E. Piolle semble très exagérée face à sa propre faiblesse pour ériger des propositions fortes, au-delà de la très symbolique inscription dans la Constitution d’un article en faveur de la protection de l’environnement....

RIEN SUR LA SÉCURITÉ, LA DÉFENSE, LA JUSTICE ...

On perçoit également des resucées du programme de François Mitterrand, lors de l’élection de 1981, avec le fameux 1% culture, la fête de la musique ou l’éducation populaire. Que du neuf.  Le régalien est déficient, nous ne retrouvons rien -ou presque- sur la défense, la sécurité, la justice, les relations internationales et la santé -excepté un grand plan pour l’hôpital-, déjà annoncé par le gouvernement actuel. 

UNE ILLUSION DE GRENOUILLE PLUS GROSSE QUE LE BOEUF 

Ainsi, la formulation livresque de Piolle ne déroge pas à ce qu'on sait pour Grenoble : une illusion de grenouille qui veut se faire plus grosse que le bœuf et affirme maintenant pouvoir redéfinir l’ordre mondial avec pour seule arme cette phraséologie  désorganisée et vide. 

 

 
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